Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

couleur et cette transparence qui a tant de charme dans les statues antiques. On voit dans cette carrière une galerie dont l'exploitation a été à peine commencée, dans l'antiquité. On y a trouvé une grande quantité de ces lampes qui servaient à éclairer les travailleurs dans l'obscurité, et qui avaient fait donner à ce marbre le nom de lychnites lapis, ou duy vatos Altos, pierre extraite a la lampe. De tous côtés on aperçoit sur ses parois les traces d'une exploitation commencée et brusquement interrompue. Ici des blocs sont à moitié détachés; là sur le mur un sculpteur ou un entrepreneur a gravé son nom et le nombre de pieds romains qu'il avait sans doute le droit d'extraire: HERMO. Loccc. LXXXVI. Il y a six inscriptions de ce genre; ce qui prouve que cette galerie était en pleine exploitation à l'époque romaine. Deux chemins devaient servir à diriger les blocs extraits de la carrière, soit vers le port de Naussa, soit vers celui de Parkia; mais il n'en reste aujourd'hui aucun vestige.

L'ile de Paros est pourvue d'excellents ports à l'ouest le port Parkia ou Parechia, près de la ville de ce nom, qui occupe l'emplacement de l'antique Paros, dont les debris ont servi à la cité moderne. Au nord, le port de Naussa, moins vaste que celui de Milo, mais mieux abrité, mieux défendu, d'une situation plus avantageuse. Naussa n'est qu'un trespetit village. Sainte-Marie est le meilleur port de l'île : la plus grande flotte y peut mouiller en sûreté, et plus commodément que dans celui d'Agoula, qui en est tout pres. On estime fort le port de Drio, sur la côte ouest. C'était là que venait ordinairement stationner la flotte turque. On y trouve de belles sources pour faire aiguade. Outre Parkia, les principaux villages de l'ile sont Costou, Lefkis, Marmora, Chepido, Kéfalo, et Dragoula. Au siecle dernier, Tournefort disait que Paros était habitée par mille cinq cents familles; sa situation n'a guère changé à cet égard.

Ses premiers habitants furent peutêtre des Phéniciens; ensuite vinrent des Crétois et des Arcadiens. Le nom de Minoa, qu'elle avait porté d'abord, atteste une colonie fondée par Minos, ou par des sujets de ce prince, auxquels Diodore,

donne pour chef un certain Alcée. Cet Alcée fonda une ville de Minoa sur la côte occidentale de l'île. Selon Apollodore, Minos etait a Paros quand il apprit la la mort de son fils Androgee, tue par les jeunes Atheniens, jaloux de sa superiorité aux jeux des Panathénées. Le même mythologue nous apprend que cette île était au pouvoir d'autres fils de Minos, Eurymedon, Chryses, Néphalion, Philolaus, lorsque Hercule la visita. Deux des compagnons du heros ayant été tués par les Minoïdes, Hercule les assiégea dans leur ville. Les meurtriers ne se rachetèrent qu'en cédant à Hercule deux des leurs, à son choix. Il choisit les deux fils d'Androgée (1). Le chef de la colonie arcadienne qui vint à Paros s'appelait Parus, et c'est de lui que l'ile recut son nom. Plus tard Clythius et Mélos s'y établirent avec des Ioniens. Au huitième siècle Paros était assez puissante pour envoyer une colonie dans l'ile de Thasos (2).

Au temps des guerres médiques elle obeisait à Naxos; elle fut, comme elle, soumise par les Perses, avec lesquels les Pariens combattirent à Marathon. Apres sa victoire, Miltiade accourut pour châtier ces insulaires. Paros fut assiegée par terre et par mer; les habitants, effrayes des progrès de l'ennemi, demandèrent à capituler; mais, ayant apercu un grand feu du côté de Mycone, ils s'imaginèrent que c'était le signal de l'arrivée des Perses, et ils ne voulurent plus entendre parler de capitulation; c'est ce qui a donné lieu au proverbe, tenir sa parole a la manière des Pariens,

vanaptáɛtv. Du reste, Herodote et Cornelius-Nepos different beaucoup sur les détails de ce siége. Ils s'accordent seulement à dire que Miltiade échoua dans cette entreprise, et que ce fut la cause de sa disgrâce (490). Après la bataille de Salamine, Thémistocle, plus heureux, força Paros à se reconnaître tributaire d'Athènes. Agitée par des dissensions intestines pendant la guerre du Péloponnèse, Paros fut rendue à ellemême après la chute de l'empire athenien. Elle fonda une colonie dans l'île de Pharos, en Adriatique, avec l'aide de

(1) Apoll., Bibl. Grec., II, 5. 9, 3. (2) Voyez plus haut, p. 374.

Denys l'Ancien (1). Puis elle se rapprocha d'Athènes, qui la défendit contre les attaques d'Alexandre, tyran de Phères. Les Macédoniens, les Lagides, Mithridate, les Romains l'occupèrent les uns après les autres. Enfin, les empereurs grecs en furent les maîtres jusqu'au temps que Marc-Sanudo fonda le duché de l'Archipel, dans lequel Paros était comprise. Elle en fut démembrée par Florence Sanudo, duchesse de l'Archipel, qui la donna pour dot à Marie, sa fille unique, épouse de Gaspard de Sommerive. Celui-ci aspirait à la souverainté de l'Archipel; mais François Crispo le força à se contenter de la possession de Paros. Quelques années après, Paros passa dans la maison des Venieri, par le mariage de François Venieri avec l'héritière des Sommerive. Ce François est le grandpère de ce fameux Venieri qui ne céda l'île de Paros à Barberousse, capitanpacha, sous Soliman II, que parce qu'il se trouva sans eau à Képhalo, dans le fort Saint-Antoine. Paros prospéra sous le gouvernement des Turcs. Elle possédait la plus belle église de l'Archipel, celle de Katapoliani, dédiée à la Panagia, près de Parkia. Les Latins y étaient peu nombreux néanmoins les capucins y avaient un joli couvent, qui a été détruit par les Albanais au service de la Russie. Les Russes ont fait beaucoup de mal à cette île pendant la guerre de 1770. Ils avaient choisi le port de Naussa pour en faire le rendez-vous de leurs forces; ils y avaient construit des casernes pour loger 4,000 Russes, 1,000 matelots, 12,000 Albanais, 3,000 Grecs. Le séjour de ces troupes fit fuir les habitants, et livra l'île aux dévastations de la soldatesque. Immobiles lors de l'expédition des Russes, les insulaires n'eurent pas besoin d'excitation étrangère pour se soulever en 1821. Paros se signala dès le commencement de l'insurection: elle envoya dans le Péloponnèse un contingent de soldats qu'on vit figurer au siége de Tripolitza, sous la conduite de Constantin Trantas et de Toussaint, fils de Démétrius. Aujourd'hui Paros relève de l'éparchie de Naxos.

De tout temps les habitants de Paros ont toujours passé pour gens de bon

(1) Diod. Sicul., XIII, 47; XV, 13, 34.

sens; et les Grecs des îles voisines les prennent souvent pour arbitres dans leurs différends. Hérodote les connaissait déjà comme tels, puisqu'il raconte que les Milésiens, ne pouvant vivre en paix entre eux, eurent recours à l'arbitrage de quelques sages Pariens. Ceux-ci visitèrent la campagne de Milet, et nommèrent administrateurs de la ville les habitants dont les terres leur parurent les mieux cultivées (1); persuadés avec raison que ceux qui savaient administrer leurs biens sauraient gouverner la chose publique. Cette solidité de bon sens pratique fait plus d'honneur aux Pariens que la célé brité que leur île devait à ses marbres, où même à ses galettes, pour parler comme le comique Alexis, cité par Athénée. « Fortuné vieillard, toi qui habites l'heureuse Paros, ton île a deux produits qui l'emportent sur les produits des autres îles : le marbre pour les dieux, et les galettes pour les mortels. »

Cependant le plus célèbre des Pariens, Archiloque, fait peu d'honneur à sa patrie:

Archilochum proprio rabies armavit iambo. Dans sa fureur, Archiloque invectivait si cruellement ses ennemis, qu'il les réduisait au désespoir. Lycambe et ses enfants ne purent survivre à ses outrages. Du reste, ce poëte, qui avait prostitué ses talents à la satyre personnelle, ne se ménageait pas plus que les autres. « On lui reproche, dit Elien, d'avoir mal parlé de lui-même; sans lui nous n'aurions jamais su qu'il était le fils d'une esclave; qu'il avait abandonné Paros, sa patrie; que pauvre et dénué de tout à Thasos, il y avait maltraité ses hôtes, exercé des haines violentes, se défiant et médisant de ses amis comme de ses ennemis, s'avouant adultère, sensuel, lâche, etc. » A ces traits, que j'affaiblis, dit M. de Marcellus, ne croirait-on pas reconnaître Jean-Jacques? Aussi ajoute-t-il spirituellement : « J'ai mis dans ma tête que le poëte de Paros n'etait pas seulement l'inventeur des ïambes, assez mal famés, mais encore qu'il avait crééles Confessions, genre de littérature relevé sans doute par la pieuse humilité desaint Augustin, mais dont ses orgueil

(1) Hérodote, V, 25.

[merged small][ocr errors]

leux émules ont tant abusé depuis (1). » Quelques fragments d'Archiloque donnent une haute idée de son talent; il y en a même qui expriment de grandes et nobles pensees morales; ce qui prouve qu'il savait prendre tous les tons. Mais en somme on peut dire comme Bayle: « S'il n'est presque rien resté des ouvrages d'Archiloque, c'est plutôt un gain qu'une perte par rapport aux bonnes mours; car il n'y a rien de si dangereux qu'un poëte de talent qui sait semer çà et la quelques belles maximes sur un fond de corruption et de méchanceté. Archiloque vécut méprisé de ses contemporains; il mourut comme il le méritait, assommé par un Naxien dont il avait dit du mal. Archiloque est le plus remarquable mais non le seul des hommes illustres de Paros. Événus se distingua dans la poésie élégiaque; Scopas, Agoracrite, éleve de Phidias, dans la sculpture; c'est lui qui sculpta la Némésis de Rhamnonte (2); Arcesilas et Nicanor, contemporains de Polygnote, qui comme lui furent des premiers à peindre en cire et à l'encaustique. Paros a toujours son marbre, mais elle n'a plus ses artistes. On ne voit dans cette île, disait déjà un voyageur du dernier siècle, que de misérables faiseurs de salières et de mortiers, au lieu de ces grands sculpteurs qui ont tiré des chefs-d'œuvre de ses carrières. Les médailles de Paros offrent tantôt une tête de femme, ou une chèvre, avec le nom de l'ile et du magistrat, tantôt une tête de Méduse avec un taureau.

On regrette de ne pas savoir le nom de l'auteur de la plus curieuse antiquité qui ait été découverte à Paros je veux parler de ce celebre monument de chronologie appelé indistinctement marbres d'Oxford ou d'Arundel, ou chronique de Paros. C'était un Français, le savant Peiresc, conseiller au parlement d'Aix, qui avait ordonné à Paros les fouilles d'où on tira ces marbres avec plusieurs autres inscriptions. Le commissionnaire de Peiresc, Sampso, était sur le point de faire embarquer cette collection dans le port de Smyrne lorsque ses ennemis, ou ses créanciers le mirent en prison.

(1) Épisodes litteraires, t. I, p. 205. (2) Plin., XXXVI, 4, 6.

Un agent de Thomas Howard, comte d'Arundel et de Surrey, acheta pour le compte de son maître la précieuse cargaison de Sampso, et les marbres de Paros furent envoyés en Angleterre en 1627. L'année suivante, le savant Selden envoya à Peiresc l'édition et le commentaire qu'il avait fait des marbres d'Arundel. C'était le nom qu'on donnait au monument que Peiresc avait attendu avec tant d'impatience. Il reconnut aussitôt le trésor qui avait été détourné de ses mains; mais cet excellent homme, chez qui l'amour de la science était plus fort que l'amour-propre, se consola facilement de la perte de ses marbres quand il vit l'usage qu'on en faisait en Angleterre. La chronique de Paros contient les principales époques de l'histoire grecque, à commencer depuis Cécrops, fondateur d'Athènes, jusqu'au temps d'Alexandre. Elle embrassait un intervalle de 1318 ans, et se prolongeait jusqu'à l'an 263 avant J.-C. Mais le temps a détruit les dernières époques et occasionné dans le corps de l'inscription des lacunes qui ont fait le tourment de ses interpretes, Selden, Palmer, Lydiat, Marsham, Prideaux, Bentley, Maffei, Dodwell, Maittaire, et Boeckh (1).

ÎLE D'OLIAROS OU ANTIPAROS. Antiparos est l'ancienne île d'Oliaros dont parlent Pline, Strabon, Étienne de Byzance et Héraclide de Pont. Ce dernier ajoute que les Sidoniens y fondérent une colonie. Sa stérilité, son peu d'étendue, le petit nombre de ses habitants l'ont vouée aux dedains des historieus et des géographes de l'antiquité, qui ne connaissaient pas cette grotte fameuse à laquelle elle doit aujourd'hui une juste célébrité. Cette île est à dix-huit stades de Paros : c'est, dit Tournefort, un écueil de seize milles de tour, plat, bien cultivé, lequel produit assez d'orge pour nourrir soixante à soixante-dix familles enfermées dans un méchant village à un mille de la mer. Le port d'Antiparos n'est bon que pour des barques et des tartanes, mais les grands vaisseaux peuvent mouiller dans le canal

(1) Voyez dans la collect. grecque de A. F. Didot, Fragmenta Historicorum Græcorum, t. I; et l'Introduction, p. 535.

de Paros où se trouvent les rochers de Strongilo, de Despotico et plusieurs autres écueils sans nom.

L'entrée de la grotte est à quatre milles du village, à près d'un mille et demi de la mer, à la vue des îles de Nio, de Sikino, de Policandro, qui n'en sont qu'à trente-cinq ou quarante milles. C'est une voûte de rochers assez basse, et qui n'a d'abord rien d'imposant. Au milfeu est une colonne naturelle, à laquelle, dit Choiseul-Gouffier, à qui j'emprunte la description de cette grotte, nous attachâmes la corde qui devait faciliter notre descente et assurer notre retour. Passant ensuite sur la droite, on tourne en suivant une pente assez douce, qui ramène au-dessous de la colonne; on trouve alors une cavité par la quelle on s'introduit; puis tenant la corde on se laisse couler perpendiculairement à six ou sept pieds de profondeur, sur une petite plate-forme. C'est là ce que Tournefort appelle un précipice horrible. Il debute ainsi par une exagération, à laquelle répond parfaitement la suite de son récit. Ce judicieux écrivain s'est un peu oublié dans la description de la grotte d'Antiparos; et il y a beaucoup à rabattre de ce qu'il en raconte. D'autres auteurs sont tombés après lui dans des exagérations bien plus ridicules. De la plate-forme dont il a été parlé plus haut, on descend par un talus fort roide à environ vingt-trois mètres de profondeur, et on arrive sur un rocher dont la partie supérieure est arrondie en forme de cul de lampe. C'est l'endroit le plus difficile et le seul qui puisse paraître dangereux; car si l'on glisse à droite, on risque de tomber dans des précipices sans fond. De là on descend à pic la hauteur de douze ou quinze pieds, avec une corde ou une échelle. Lorsqu'on a franchi cet endroit, on continue à descendre par une pente extrêmement roide, en appuyant toujours sur la gauche, pour évi ter les abîmes qui sont sur la droite; peu à peu la pente s'adoucit, et à la moitié de cette galerie la corde devient tout à fait inutile. Enfin, après avoir tourné un gros rocher qui semble d'abord fermer le passage, on entre dans la salle qui termine ce souterrain. Quoique de toutes les grottes connues celle d'Antiparos soit la plus vaste et la plus riche,

elle est cependant loin de répondre aux descriptions pompeuses qu'en ont faites quelques voyageurs ; ils semblent ouvrir le palais du Soleil, et leur imagination exaltée dépeint une architecture de cristal dont les faces lisses et brillantes varient, renvoient et multiplient la clarté des flambeaux. « On se croit transporté, dit un auteur moderne, dans les grottes de Thétis, au jour des noces de Pélée. » Ce langage poétique est-il celui de la vérité? doit-il être celui du voyageur? Mais si les productions qui se trouvent dans la grotte d'Antiparos n'ont pas tout l'éclat qu'on leur suppose, elles n'en sont pas moins intéressantes, par les formes variées et les contrastes piquants que leur prête une formation toujours incertaine, toujours diversifiée par le hasard. Les stalactites produites par l'infiltration des eaux tombent des voûtes en pendentifs coniques; les stalagmites que la cristallisation produit par en bas s'élèvent du sol en affectant la même forme. Quelquefois leur accroissement en sens inverse, rapproche stalactites et stalagmites, les joint ensemble et forme des colonnes qui s'achèvent et se perfectionnent peu à peu. La pièce la plus remarquable de cette salle souterraine est la superbe stalagmite qui occupe la salle d'Antiparos, et que l'on nomme l'autel, depuis que M. de Nointel, ambassadeur de Louis XIV à la Porte, y fit célébrer la messe de minuit, l'an 1673, comme on l'apprend par cette inscription, qu'on y lit encore :

ПIC IPSE CHRISTVS ADEVIT
EIVS NATALI DIE MEDIA NOCTE CELEBRATO
MDCLXXIIL

Cette stalagmite a vingt-quatre pieds de hauteur; sa base a environ vingt pieds de diamètre. Toute cette partie du souterrain est remplie de congélations dont les formes variées présentent une espèce de décoration, et peuvent avoir servi de prétexte aux peintures exagérées des voyageurs. Plusieurs masses de cette même substance, étendues en longs rideaux, tiennent de leur peu d'épaisseur une transparence dont on peut jouir à l'aide de quelques torches adroitement disposées. Mais cette lumière, ou plutôt cette lueur n'a jamais aucun éclat. Ces concrétions, quelques formes

[ocr errors]

qu'elles aient affectées, sont toutes ternes et opaques; leur surface extérieure, souvent mamelonnée, toujours raboteuse, usée par le contact de l'air et corrodée par l'acide qu'il contient, ne peut jamais offrir un spectacle qui ne peut être que du domaine de la feerie, et que beaucoup y sont alles chercher sur la parole menteuse des voyageurs qu'ils ont eu la patience de lire et la simplicité de croire (1). Jusqu'au temps de l'ambassadeur de Nointel, personne n'osait plus descendre dans ce souterrain, que les Grecs n'avaient connu euxmêmes que fort tard, et qui était redevenu ignoré depuis des siecles. Depuis 1673 il a été frequemment visité; mais il n'est encore qu'incomplétement connu; la dernière salle est environ à deux cent cinquante pieds de profondeur perpendiculaire mais on dit qu'elle n'est pas l'extrémité de ce vaste souterrain, qui s'étendrait sous les eaux jusqu'aux fles voisines (2).

ÎLE DE SIPHNOS.

L'ile appelée anciennement Siphnos ou Siphanos, a été nommée par corruption Siphano, Siphana ou Siphanto. Elle avait porté aussi dans l'antiquité les noms de Meropia et d'Acis; elle reçut de Siphnos, fils de Sunius, celui de Siph nos, qu'elle porta depuis. Elle est située à l'ouest de Paros, et elle a selon Pline vingt-huit milles de circuit; mais des géographes modernes lui donnent jusqu'a quarante milles de circonférence. L'ile de Siphnos jouit d'un climât très-sain. On y voit des vieillards de cent vingt ans. Quoiqu'elle soit couverte de granit et de marbre, elle est

fertile et bien cultivée. Elle abonde en

grains, en vignes, en fruits, en huile, et en gibier. On y recueille une soie très-recherchée. Elle était célebre autrefois par ses mines d'or et d'argent; mais à peine sait-on aujourd'hui où

(1) Choiseul-Gouffier, Voyage, t. I, p. 115

et suiv.

(2) Cette grotte célèbre appartient aujourd'hui à M. Piscatory. Elle lui a été donnée par la famille grecque qui la possédait, et qui lui a cédé ses titres de propriété, alors qu'il était ministre plénipotentiaire de France en Grèce.

elles se trouvaient. Le plomb y est aussi fort commun. On y faisait du temps des anciens, avec une pierre molle particuliere a l'ile, des vases qui supportaient très-bien le feu. Les gobelets (notypix) de Siphnos étaient aussi fort recherchés. L'ancienne ville de Siphnos s'appelait Apollonia; elle était située sur la côte nord-est, vis-a-vis d'Antiparos et du rocher de Prépésinthos, aujourd'hui Despotiko. Il n'en reste plus rien. Tournefort signale pour toutes ruines, dans cette île, les restes d'un temple de Pan, et quelques sarcophages çà et là dispersés. La ville actuelle, appelée Kastro, occupe l'emplacement de l'ancienne. Elle a un port, tres-fréquenté au dix-septième siècle. Outre le port de Castro, on cite encore ceux de Faro, de Vathi, de Kitriani, et de Kironisso. Au siecle dernier Siphanto possédait plusieurs villages et une population évajuée à 5,000 ames. Elle était couverte de couvents, de chapelles; et elle avait un grand monastère, où les femmes de l'Archipel qui voulaient entrer en religion venaient faire leurs vœux.

Son histoire est celle de toutes les Cyclades. Pour toute particularité, nous trouvons dans Hérodote (1) que cette île, tres-florissante au sixième siècle avant J.-C., tomba en décadence, au temps de Polycrate, tyran de Samos. Des Samiens exilés étaient venus s'y ils leur firent la guerre, et les mirent à refugier; mal reçus par les Siphniens, contribution. Puis leurs mines d'or et dation. Ils avaient refuse de payer la d'argent furent détruites par une inondime à Apollon Delphien le dieu les les Siphniens étaient de mauvaise foi ruina par cette calamité. Il paraît que

:

hommes; vide signifiait manquer de parole. Le plus haut sommet de l'ile s'appelle l'Hagios Ilias.

envers les dieux comme envers les

Après avoir appartenu aux Romains et aux Byzantins, Siphanto fut conde l'Archipel. Plus tard elle en fut sepaquise par Sanudo, et fit partie du duché ree, et elle passa à la famille Coronia, puis a la famille Gozadini, qui la posséda jusqu'au temps où Barberousse en fit la conquête. Les Gozadini avaient aussi

(1) Hérodote, III, 57, 58.

« ZurückWeiter »