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Carie se réunirent en une confédération qui s'appela l'Hexapole Dorique.

prédiction ait été faite après coup, ou qu'elle ait devancé l'événement, elle n'en reproduit pas moins avec concigénéraux de cette période inconnue de l'histoire de Rhodes, qui sut, par un rare bonheur et par sa conduite parfaite, conserver pendant des siècles deux choses qu'il est bien difficile d'acquerir et de posséder simultanément, la richesse et l'indépendance (1).

ANTIQUE PROSPERITÉ MARITIME DES RHODIENS; LEURS COLONIES.―sion et exactitude les deux grands traits Ces traditions, toutes confuses et incompletes qu'elles sont, ne laissent pas de nous donner de précieux renseignements sur les origines de la population de l'île de Rhodes. Mais apres l'établissement de la colonie dorienne l'histoire ne nous transmet plus rien sur les destinées de cette ile, dont les annales offrent une lacune de six siecles environ. On sait seulement, par des indications éparses çà et là dans les anciens auteurs, que l'ile de Rhodes s'éleva à un haut degré de prospérité, et qu'elle dut au courage, au génie actif et entreprenant de ses habitants une importance supérieure aux ressourees et aux forces dont la nature l'avait pourvue. Dès le temps d'Homère la richesse des Rhodiens était déjà célèbre : « Le fils de Saturne, dit le poëte, a accordé aux Rhodiens de grandes richesses » (1).

Aussi Pindare a-t-il imaginé de dire << que le puissant roi des immortels avait arrosé d'une pluie d'or l'île de Rhodes, lorsque Minerve, avec l'aide de Vulcain, armé de sa hache de bronze, s'élança du cerveau de Jupiter en poussant un cri retentissant (2) ». Pendant toute l'antiquité, ce fut la destinée de Rhodes d'étre renommée pour son opulence. Les rhéteurs des siècles postérieurs Aristide, Philostrate, Libanius, Himérius répètent tous la fable de la pluie d'or, qui n'avait pas cessé d'être vraie, et un scoliaste d'Homère en donne une explica tion mythologique, qui, prise au sens moral, offre un bel enseignement, qui s'adresse à tous les peuples. On rapporte, dit-il, que Jupiter fit pleuvoir de l'or sur l'ile de Rhodes, parce qu'elle fut la première qui offrit des sacrifices à sa fille Minerve. Ainsi le dieu récompensait les Rhodiens de leur culte pour la sagesse en leur accordant des richesses proverbiales. L'oracle sibyllin avait dit au sujet de l'île de Rhodes: « Et toi, Rhodes, fille du dieu du jour, tu seras pendant long. temps une terre indépendante, et tu posséderas d'immenses tresors. »> Que la

(1) Hom., I., II, 670

(2) Pindar., Ol., VII, ep. 2.

L'oracle de la Sibylle avait dit encore que l'île de Rhodes aurait la domination de la mer; et elle fut en effet de toutes les îles grecques la plus puissante, par sa marine et son commerce. Bien avant l'époque où Tite-Live celebrait la supériorité de la marine rhodienne, la rapidité de ses vaisseaux, l'expérience de ses pilotes et l'adresse de ses rameurs, les Rhodiens passèrent pour les meilleurs marins de la Grèce. Ils se vantaient que chacun d'eux pouvait à lui seul conduire un vaisseau; de la ce proverbe Huss δέκα Ρόδιοι, δέκα ναῦς, dix Rhodiens, dix navires. La puissance maritime des Rhodiens, dit Strabon, précéda de beaucoup la fondation de la ville actuelle de Rhodes. Bien des années avant l'institution des jeux Olympiques, ils fondèrent de lointains établissements. Une colonie nombreuse s'établit en Ibérie ou Espagne, et y fonda la ville de Rhodes (Rosas), que les Marseillais occupèrent plus tard. Dans la terre des Opiques, c'està-dire en Campanie, ils établirent une colonie a Parthenope, qui fut plus tard la ville de Naples. Le Rhodien Elpias, ayant émigré avec des habitants de Rhodes et de Cos, fonda la ville de Salapie en Apulie. D'autres Rhodiens allerent, après la guerre de Troie, coloniser les îles Gymnasiennes ou Baléares. Les Grecs de Rhodes, qui s'étaient déja établis dans leur ile sur les debris de la domination des Phéniciens, profitèrent de la décadence de leurs colonies des Gaules, et s'emparèrent du commerce de la Méditerranée occidentale. Ils construisirent quelques villes, entre autres Rhoda et Rhodanousia, près des bouches libyques du Rhône, qui leur dut son nom. Vers l'an 600 avant l'ere chré

(1) Voyez pour toutes ces citations Meursius, Rhodus, c. xvII, p. 51 et suiv.

«

tienne, ils furent remplacés dans ces parages par les Phocéens, qui y établirent la puissante cité de Marseille (1). En Sicile, des Crétois et des Rhodiens réunis fondèrent la ville de Géla, qui à son tour devint la mère patrie d'Agrigente (2). Antiphème de Rhodes et Entime de Crète, dit Thucydide (3), amenèrent des habitants à Géla, et la fondèrent en commun, quarante-cinq ans après la fondation de Syracuse. Le nom de cette ville lui vint du fleuve Gélas; l'endroit où elle est aujourd'hui, et qui fut le premier entouré d'un mur, se nomme Lindie, et ses habitants eurent les institutions doriennes. Environ cent huit ans après leur établissement, ceux de Géla fondèrent la ville d'Agrigente, à laquelle ils donnèrent le nom du fleuve Acragas; ils chargèrent de sa fondation Aristonous et Pystilos, et y établirent les lois et coutumes de Géla. » On mentionne encore des établissements rhodiens en Macédoine, à Téos en Ionie, à Soli en Cilicie, en Lycie, en Carie, et enfin dans les îles voisines de Rhodes, telles que Carpathos, Casos autrefois Achné, Nisyra, Calydna, Cos, Syme, Chalcia et quelques autres, sur lesquelles Rhodes établit son empire, et qu'on appelait les Iles Rhodiennes.

Tel fut le développement commercial et maritime des Rhodiens, du dixième au sixième siècle avant l'ère chrétienne, pendant la période inconnue de leur histoire. Les deux points extrêmes de leur navigation étaient l'Espagne, où nous avons vu qu'ils fondèrent des colonies, et l'Égypte, où sous le règne d'Amasis ils s'établirent à Naucratis, et où ils contribuèrent à la construction de l'Hellenium avec d'autres cités commerçantes de l'Asie et des îles (4). Ainsi leur commerce s'étendit sur toute la mer des anciens, et ils s'étaient assurés sur toutes les côtes, dans les îles, en Asie, en Macé(1) Am. Thierry, Hist. des Gaulois, t. I,

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doine, en Sicile, en Italie, en Gaule, en Espagne, des comptoirs et des stations. Pendant le long intervalle de temps où s'accomplirent toutes ces choses, Rhodes resta divisée en trois cités, gouvernées d'abord par des rois, comme on le voit dans Homère (1), puis transformée en république, comme tous les autres États grecs, à une époque inconnue. De ces trois cités, Lindos paraît avoir été la plus considérable. C'est d'elle dont il est le plus souvent fait mention dans les rares témoignages relatifs à cette partie de l'histoire de Rhodes.

L'ÎLE DE RHODES AU TEMPS DE LA GUERRE MÉDIQUE. - Rhodes, comme toutes les îles de ces parages, comme tous les États maritimes de l'Asie occidentale, perdit son indépendance à la fin du sixième siècle, et se vit contrainte de reconnaître la domination des Perses. Dans sa grande expédition (480) Xerxès fit marcher les Grecs d'Asie contre les Grecs d'Europe; les Doriens habitant dans le voisinage de la Carie, unis à ceux de Rhodes et de Cos, fournirent quarante vaisseaux au grand roi (2). L'entreprise de Xerxès ayant échoué, il en ré sulta de grands changements dans l'état du monde grec. Les Grecs d'Europe, qui avaient su repousser une domination que ceux d'Asie avaient reconnue, virent commencer pour eux une nouvelle ère de puissance et de gloire. Ils s'emparèrent de la suprématie intellectuelle, commerciale et politique qui jusque là avait appartenu aux cités grecques d'Asie. Athènes, qui avait tout sacrifié pour la défense de la Grèce, eut la plus grande part aux honneurs et aux bénéfices de la victoire. Elle affranchit les Grecs d'Asie du joug du grand roi, mais en se les assujettissant, et les trois cités rhodiennes furent contraintes d'entrer, à titre d'alliées, dans cette vaste confédération maritime dont Athènes fut le centre et la tête.

ÉTAT DE L'ÎLE DE RHODES PEN

(1) Meursius, Rhod., p. 62. Au temps de la guerre de Troie Tlépolème régnait à Rhodes. Sa veuve Polyxo gouverna au nom de son fils. Frontin fait mention d'un Memnon, roi rhodien, et Pausanias d'un Damagète, roi d'Ialysos, qui épousa la fille du héros messénien Aristomène; l. IV, c. xxIII.

(2) Diod., XI, 3.

DANT LA GUERRE du PéloponnèsE.Cependant la haine que se portaient mutuellement les Athéniens et les Spartiates ayant éclaté, toute la Grèce s'engagea dans cette longue et sanglante querelle appelée la guerre du Peloponnèse. Après que les Athéniens eurent été défaits au siége de Syracuse (412), un grand nombre de leurs alliés les abandonnèrent. Les Rhodiens suivirent ce mouvement de défection, et s'engage rent dans le parti des Lacédémoniens, vers lesquels ils inclinaient en qualité de Doriens. Mindare, chef de la flotte de Sparte, jeta dans l'île deux exilés rhodiens, Doriée et Pisidore, qui s'étaient retirés à Thurium à la suite de troubles qui les avaient forcés de s'expatrier (1). C'étaient sans doute les chefs du parti aristocratique et dorien, opposé à la démocratie et à l'influence d'Athènes. Leur retour prépara le changement d'alliance que l'arrivée de la flotte lacédémonienne rendit définitif. Pendant l'hiver de l'année 312, le général spartiate Astyochus s'embarqua de Cnide, et fit voile sur Rhodes, que le grand nombre de ses marins et son armée de terre, dit Thucydide (2), rendaient déjà importante. Il vint toucher à Camiros avec quatre-vingtquatorze vaisseaux. D'abord la terreur fut grande à Camiros. La ville n'étant pas fortifiée, les habitants s'enfuirent. Mais les Lacédémoniens les rassurèrent sur leurs intentions, et déterminerent les trois cités à accepter leur alliance. Elles s'unirent à eux, et payèrent une contribution de trente-deux talents. Les Athéniens firent de vains efforts pour ressaisir cette importante possession. Ils se portèrent à l'ile de Chalcia (Carchi) en vue de Rhodes, firent des descentes dans l'île, remportèrent quelques avantages, mais sans réussir dans le but principal de leur entreprise (3). Quelque temps après, Alcibiade ayant momentanément relevé les affaires des Athéniens, leur flotte descendit dans les îles de Cos et de Rhodes, les mit au pillage, et en emporta quantité de vivres et de provisions de toute espèce (4) (408). Ce fut le

(1) Diod., XIII, 38; Pausan., VI, 7. (2) Thucyd., VIII, 44.

(3) Id., XIII, 55, 60.

(4) Diod., VIII, 69, 70.

dernier exploit des Athéniens. Sparte plaça Lysandre à la tête de ses forces navales celui-ci fit voile pour Rhodes, réunit à sa flotte tous les vaisseaux que les villes de cette île purent lui fournir, et alla vaincre Antiochus, lieutenant d'Alcibiade, sur les côtes de l'Ionie.

Cette année même la première de la quatre-vingt-treizième olympiade, en 408 avant l'ère chrétienne, les habitants de l'île de Rhodes, dit Diodore (1), qui occupaient Ialyssos, Camiros et Lindos, se réunirent dans une seule ville a laquelle ils donnèrent le nom de Rhodes. Aucun historien ne nous rend compte des motifs qui déterminèrent les Rhodiens à prendre ce parti ; Strabon, Aristide, Eustathe mentionnent ce fait, comme Diodore, avec la plus grande brièveté, et nous laissent réduits à nos conjectures sur les causes qui ont pu le produire. La cause probable de cette détermination, c'est que les Rhodiens, se voyant, par leur dispersion en trois cités, à la merci des deux villes de Sparte et d'Athènes, qui leur imposaient tour à tour leur alliance, comprirent qu'ils trouveraient en se réunissant plus de forces et de nouvelles garanties d'indépendance. En effet, la ville de Rhodes devint une des plus importantes cités des derniers temps de l'histoire grecque.

Quelques années après la fondation de Rhodes, Athenes succomba sous les coups de Sparte, qui fit peser sur les cités grecques d'Europe et d'Asie un joug plus pesant que celui des Athéniens. Rhodes fut une des premières à s'en lasser; et lorsque l'Athénien Conon parut dans les mers de l'Asie à la tête d'une flotte que lui avait fournie Artaxerxès, les Rhodiens, fermant leur port à la flotte lacédémonienne (2), y recurent Conon et ses navires. Bientôt on vit paraître en mer un grand convoi de blé que le roi d'Égypte envoyait pour l'approvisionnement des forces navales de Sparte, son alliée. Profitant de l'ignorance où étaient les conducteurs de ce convoi de la défection des Rhodiens, ceux-ci et Conon le firent entrer dans le port, et s'emparèrent aisément de ce riche butin (396). (1) Diod., XIII, 75; Meursius, Rhod., c. x, P. 27. (2) Diod., XIV, 79.

Il est évident que le peuple rhodien était divisé en deux partis qui dominaient tour à tour, et qui se portaient tantôt vers l'alliance de Sparte, tantôt vers celle d'Athènes. C'est là ce qui explique les brusques variations de la politique extérieure de Rhodes à cette époque. Cinq ans après ce retour des Rhodiens au parti d'Athènes, en 391, les partisans de Lacédémone reprirent le dessus, firent soulever le peuple, et expulsèrent de la ville ceux qui tenaient pour les Athéniens (1). Il y eut guerre civile, du sang versé et des proscriptions. Puis, craignant une réaction et des représailles, le parti vainqueur demanda du secours aux Lacédémoniens. Sparte, enchantée de cette occasion qui s'offrait de rétablir ses affaires en Asie, envoya sept trirè mes commandées par trois chefs. Ceuxci, après avoir détaché Samos des Athéniens, affermirent à Rhodes l'autorité de leurs amis, et chassèrent les Athé niens de ces parages et des côtes voi sines.

La domination de Sparte, un instant ébranlée, avait été raffermie par la bravoure d'Agésilas et la politique d'Antalcidas, qui avait su, comme autrefois Lysandre, procurer à sa patrie l'alliance du roi de Perse. Mais le joug des Lacédémoniens étant devenu de nouveau insupportable à force d'orgueil et d'insolence (2), une nouvelle défection se déclara. Athènes était redevenue puissante; Thèbes commençait à se faire connaître sous la conduite de ses deux grands hommes, Pélopidas et Epaminon das, et engageait avec Sparte une lutte qui devait lui assurer momentanément l'empire de la Grèce. Encouragés par ces circonstances favorables, les habitants de Chio et de Byzance d'abord, puis les Rhodiens, les Mityléniens et d'autres îles abandonnèrent Sparte, et revinrent à l'alliance d'Athènes. Une assemblée générale fut convoquée dans cette ville. Chaque cité confédérée y en voya ses représentants et y obtint le droit de suffrage : l'indépendance de chaque cité fut reconnue, et Athènes placée à la tête de la confédération. Ainsi se reforma l'empire maritime des

(1) Diod., XIV, 97. (2) Id., XV, 28.

Athéniens, en 377, vingt-six ans après la prise d'Athènes par Lysandre, et la des truction des murailles du Pirée.

En peu d'années la situation générale des États grecs subit de grandes modifications. Thèbes avait humilié Sparte par ses victoires, et lui enlevait la suprématie sur terre. A l'instigation d'Epaminondas, elle entreprit aussi de dépouiller Athènes de l'empire maritime. D'après les conseils de ce grand homme, les Thébains décrétèrent l'équipement d'une flotte de cent trirèmes (1). Puis Épaminondas fut envoyé à Rhodes, à Chio, à Byzance pour les détacher d'Athènes et les intéresser à la réussite de ses des. seins. En vain Athènes envoya une flotte sous la conduite de Laches pour retenir ces villes dans son alliance. Épaminondas força les Athéniens à quitter ces parages, et fit passer Rhodes et les autres villes dans le parti des Thébains (364). Enfin, ajoute Diodore, si cet homme avait vécu plus longtemps, les Thébains, de l'aveu de tout le monde, seraient devenus les maîtres sur terre et

sur mer.

GUERRE SOCIALE; LES RHODIENS SECOUENT LE JOUG D'ATHÈNES. — Après la mort d'Epaminondas, Rhodes et les autres colonies grecques d'Asie retombèrent sous la domination d'Athènes, contre laquelle elles ne tardèrent pas à se révolter. En 358 éclata la guerre sociale, ou guerre des alliés, à laquelle Rhodes prit une part active avec Cos, Chio, Byzance (2). Athènes employa pour les réduire et de grandes forces, et de grands capitaines, Chabrias, Iphicrate, Timothée, qui furent avec Phocion les derniers généraux athéniens dont les talents firent honneur à leur patrie. Mausole, roi de Carie et tributaire de la Perse, encouragea le soulevement des Rhodiens et des autres insulaires. Il aspirait à conquérir les îles voisines de ses Etats, et pour y parvenir il fallait les soustraire à l'influence d'Athènes. Les affaires des Athéniens furent fort mal conduites dans cette guerre importante. Chabrias périt dans le port de Chio; les dénonciations de Charès, général cher à la multitude, firent écarter du comman

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dement Timothée et Iphicrate, qui furent mis en accusation. Chargé seul de la direction de la guerre, Charès, ou bliant le soin de reduire les alliés, soutint la révolte du satrape Artabaze contre son maître. A l'instant Ochus menaça les Atheniens de faire marcher une flotte de trois cents voiles au secours des insulaires soulevés contre eux. Il failut songer à la paix; Isocrate y invita ses concitoyens dans le discours repì el prins, où il declare que si Athènes veut être heureuse et tranquille, il faut qu'elle renferme son domaine dans de justes bornes, et qu'elle renonce à l'empire de la mer et à la domination universelle; qu'elle consente à une paix qui laisse chaque ville, chaque peuple dans la jouissance d'une pleine liberté, et qu'elle se déclare l'ennemie irréconciliable de quiconque osera troubler cette pais et renverser cet ordre (1). La paix fut en effet conclue à ces conditions, et il fut arrêté que Rhodes, Byzance, Chio et Cos rentreraient dans la jouissance de leur liberte (356).

DEMELÉS DES RHODIENS AVEC MAUSOLE ET ARTEMISE; INTERVENTION DES ATHENIENS EN FAVEUR DES RHODIENS. La guerre sociale avait eu Je résultat que Mausole en avait espéré. Rhodes était libre, mais sans protection, et le prince carien qui l'avait aidée à secouer le joug d'Athènes ne tarda pas à Jui imposer le sien. Sous l'influence athénienne, le parti démocratique était maître des affaires. Mausole favorisa le parti des riches et des grands, qui ressaisit le pouvoir et opprima la faction contraire. Rhodes, qui avait cru s'affranchir des Atheniens, ne fit que changer de maître; elle tomba dans la dépendance d'un satrape du grand roi, et après la mort de Mausole (354) Artémise, sa veuve, soutenue par la Perse, maintint son autorité sur ces les nouvellement acquises. La mort de Mausole avait rendu aux Rhodiens l'espoir de se relever de leur abaissement. Pleins de mépris pour Artémise. qu'ils croyaient sans défense, ils entreprirent de la détrôner et de s'emparer de la Carie. Mais Artémise n'était pas tellement occupée à

(1) Isocrate, Or. de Pace, coll. Didot, 1. XXIII, p. 100.

pleurer son époux, qu'elle ne songeât aussi à conserver les conquêtes qu'il lui avait laissées. Il paraît, par une harangue de Démosthène, qu'on ne la regardait point à Athènes comme une veuve désolée et inconsolable, abîmée dans les larmes et la douleur (1). On savait au contraire quelle était son activité, et combien elle était attentive aux intérêts de son royaume. En effet, les Rhodiens, croyant la surprendre, mirent leur flotte en mer, et entrèrent dans le grand port d'Halicarnasse. La reine, avertie de leur dessein, avait ordonné aux habitants de se tenir sur les murailles, et quand les ennemis seraient arrives, de leur témoigner, par leurs cris et leurs battements de mains, qu'ils étaient prêts à leur livrer la ville. Les Rhodiens descendirent tous de leurs vaisseaux, se rendirent avec hâte dans la place, et laissèrent leur flotte vide. Pendant ce tempslà, Artémise fit sortir ses galères du petit port par une ouverture qu'elle avait fait pratiquer exprès, entra dans le grand port, se saisit de la flotte ennemie, qui était sans défense, et y ayant fait monter ses soldats et ses rameurs, elle sortit en pleine mer. Les Rhodiens enfermés dans Halicarnasse furent tous égorgés. La reine cependant s'avanca vers Rhodes. Quand les habitants apercurent de loin leurs vaisseaux ornés de couronnes de lauriers, ils jetèrent de grands cris, et recurent avec des marques de joie extraordinaires la flotte victorieuse et triomphante. Ils ne furent détrompés qu'après qu'Artémise se fut rendue maîtresse de la ville. Elle fit mourir les principaux citoyens, et fit dresser un trophée de sa victoire, avec deux statues de bronze, dont l'une représentait la ville de Rhodes et l'autre Artemise qui marquait cette ville d'un fer chaud. Vitruve, à qui nous devons ce récit (2), ajoute que les Rhodiens n'osèrent jamais faire disparaître ce trophée, parce que c'était un objet consacré par la religion, mais qu'ils l'environnèrent d'un édifice qui en dérobait la vue.

Dans cette triste et humiliante extrémité, les Rhodiens députèrent vers

(1) Demosth., Orat. de Rhodiorum libertate, coll. Didot, t. XVI, p. 100.

(2) Vitruv., De Archit., I. II, c. vIII.

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