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origine féodale. Plus loin, sur une éminence, est l'emplacement d'une ancienne ville, quelques restes de tour et un couvent ruiné. Le vieux Rhodes n'est pas une ville grecque, mais franque; ses débris sont de construction gothique, car à Rhodes comme dans l'île de Chypre la plupart des ruines appartiennent aux édifices construits par les Latins à l'époque des croisades. Les vestiges de l'antiquité ont presque entièrement disparu, mais partout se retrouvent la trace des Francs et les souvenirs de leur gloire.

L'ile de Rhodes a cent quarante milles de superficie, quarante-quatre villages, une capitale et un bourg, celui de Lindo. Dans le siècle dernier sa population était encore de quatre-vingt mille âmes, et la ville conservait quelque prospérité. Mais la fiscalité des gouverneurs turcs a tout ruiné: outre les impôts arbitraires et excessifs dont ils frappaient les habitants, ils s'attribuèrent les monopoles de presque toutes les denrées, soie, cire, miel, huile, oranges, raisins, etc. Ils ont accaparé toutes les productions du sol. Appauvri par leurs exactions, le cultivateur a renoncé au travail ; les jardins ont disparu, les moissons ne couvrent plus la terre. Beaucoup de cantons fertiles et autrefois bien cultivés sont devenus des solitudes, et selon le témoignage de voyageurs qui ont visité cette île après 1830, le dénombrement qu'on venait de faire par l'ordre de la Porte n'avait donné pour toute l'île que seize mille habitants (1).

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la Grèce que l'île de Rhodes était née du sein des eaux de la mer. Laissons parler Pindare, l'historien, le chantre de cette origine merveilleuse. « Les vieilles traditions des hommes racontent qu'au temps où Jupiter et les immortels se partagèrent le monde, Rhodes n'était pas encore visible sur la plaine humide; l'île se cachait dans les profondeurs de la mer. Le soleil absent, personne n'avait tiré son lot; aucun pays n'avait été assigné au chaste dieu. Cependant Jupiter, qu'il avertit, voulut établir un nouveau partage; mais lui ne le permit point, car il dit aux dieux qu'au fond de la mer blanchissante il voyait grandir une terre féconde en hommes et favorable aux troupeaux. Sur-le-champ il exigea que Lachésis au fuseau d'or étendît les mains et que les dieux ne refusassent pas de prêter le grand serment; mais qu'avec le fils de Cronos ils lui promissent que l'île qui montait à la clarté du ciel serait à l'avenir placée sur sa tête. Ces paroles souveraines s'accomplirent selon la vérité. Du sein humide de la mer germa l'île que possède le dieu générateur de la lumière radieuse, le roi des coursiers au souffle de feu. C'est là qu'il s'unit à Rhodo, qu'il engendra sept enfants, dont la sagesse éclata parmi les hommes des premiers temps; l'un d'eux engendra Camire, Jalyse l'aîné et Lindus. Mais ils vécurent séparés, après avoir fait trois parts des terres et des villes paternelles leur séjour porta leur nom (1). »

Selon Pindare, les premiers habitants de Rhodes sont les fils du Soleil, les Héliades, race d'hommes née de l'union de l'astre du jour avec la terre de Rhodes qu'il avait fécondée. Les traditions recueillies par Diodore remontent plus haut, et avant les Héliades il nomme les Telchines comme étant les premiers qui peuplèrent Rhodes (2). Il leur donne le titre de fils de la mer; ce qui les fait regarder comme des Phéniciens (3) par la plupart des critiques. Comme inventeurs et propagateurs des arts utiles, les Telchines peuvent encore être avec

(1) Pindare, Olymp., VII, Ep. 3.
(2) Diodor., V, 55.

(3) Raoul Rochette, Histoire des Colonies Grecques, I, p. 338.

vraisemblance rattachés à ce peuple industrieux qui couvrit de ses colonies les îles de la Mediterranée, alors que les Grecs étaient encore dans un état voisin de la barbarie. Les Telchines passaient pour avoir les premiers fabrique les statues des dieux, et toutes les villes de Rhodes rendaient les plus grands honneurs à celles qui étaient sorties de leurs mains. Ils étaient de puissants enchanteurs, et savaient par la magie assembler les nuages, attirer ou repousser les orages. Entin ils prenaient à leur gre toutes les formes qu'ils voulaient. Evidemment les Telchines étaient des étrangers savants et habiles, que les populations grossières des îles de l'Asie Occidentale et de la Grèce regardaient comme des magiciens et des sorciers.

La fable raconte que ces Telchines avaient ete chargés par Rhea du soin d'é lever Neptune. Ce dieu, devenu grand, aima Halia, sœur des Telchines, et en eut six fils et une fille appelée Rhodes, qui donna son nom à l'ile. Quelque temps après Vénus allant de Cythère en Cypre voulut aborder à Rhodes; les fils de Neptune l'en repoussèrent la déesse s'en vengea en les rendant furieux; ils outragerent leur propre mère Halia, et Neptune les punit en les enfermant dans les profondeurs de la terre. Halia, désespérée de son déshonneur, se précipità dans la mer, et reçut des honneurs divers sous le nom de Leucothoe. Ce mythe est susceptible d'interprétations bien diverses; mais il est certain que s'il n'est pas une invention faite à plaisir, il ne peut avoir été suggéré que par le souvenir confus des évenements variés de la vie aventureuse d'un peuple ou d'une colonie de navigateurs établis dans l'île de Rhodes.

Le mythe des Héliades est plus clair, et les anciens eux-mêmes en ont plus facilement saisi le sens. Les Telchines, selon Diodore, prévoyant un déluge, quittèrent l'ile, et se dispersèrent. Quelques-uns périrent surpris par l'inondation; d'autres échapperent sur de hautes montagnes. Mais le Soleil (Helios), épris de Rhodes, dessécha l'île, lui donna le nom de celle qu'il aimait, et y établit ses sept fils, Ochimus, Cercaphus, Macar, Actis, Ténagès, Triopas et Candalus. Évidemment la mythologie

exprimait ici, dans son langage figuré, l'influence bienfaisante du soleil sur une terre auparavant marécageuse, qu'il avait rendue habitable en la desséchant. Les Heliades, comme les Telchines, avec lesquels il faut peut-être les confondre, se distinguaient par la connaissance des arts, des sciences et surtout de l'astrologie. Ils réglèrent les saisons, et firent des découvertes utiles aux progrès de la navigation (1). Il est bien certain qu'il s'agit encore ici d'un peuple navigateur, et, quelle que soit la forme que prenne la légende, on voit que dans le fond elle n'a fait que conserver vaguement le souvenir des anciens établissements phéniciens. Ténagès, qui était le plus habile des Heliades, périt par la jalousie de ses frères. Le crime ayant été découvert, tous les coupables přirent la fuite. Macar se retira a Lesbos, et Candalus à Cos; Actis aborda en Égypte, et y fonda Héliopolis; Triopas s'établit en Carie, au promontoire Triopium. Quant aux autres Héliades, qui n'avaient point pris part au crime, ils demeurèrent à Rhodes, et construisirent la ville d'Achaia, dans la Jalyssie. Ochimus, l'aîné, en fut le premier roi. Cercaphus lui succéda: il fut pere de Jalysus, Camirus et Lindus, qui partagèrent l'île en trois régions et y fonderent chacune une ville.

Deux indications très-concises d'Hésychius et d'Etienne de Byzance donnent pour successeurs aux Telchines, comme habitants de l'ile de Rhodes, les Gnetes ou Ignetes, que Bochart conjecture, avec assez de raison, être le même peuple que le précédent (2). Il n'en est nullement fait mention dans Diodore.

Au temps des fils de Cercaphus, selon Diodore, Danaus, fuyant de l'Égypte, vint aborder à Lindos avec ses filles. Bien accueilli des habitants, il éleva un temple à Minerve, et lui consacra une statue. A quelque temps de là, Cadmus aborda aussi à l'île de Rhodes après une tempête, pendant laquelle il avait fait vou d'élever un temple à Neptune. Il construisit ce temple dans l'ile de Rhodes, et y laissa des Phéniciens pour le desservir. Ces Phéniciens obtinrent

(1) Diod., V, 56 et suiv.

(2) Raoul Rochette, Colonies Grecques, t. I, p. 338.

le droit de cité à Jalyssos, et la facilité avec laquelle ils se confondirent avec les habitants du pays semble prouver une communauté d'origine. Cadmus en passant à Rhodes avait honoré les divinités locales et consacré à la Minerve de Lindos un magnifique bassin d'airain. Peut-être Danaüs avait-il reconnu une déesse phénicienne dans la Minerve de Lindos.

EXPULSION DES PHÉNICIENS, COLONIES PÉLASGIQUES A RHODES. — Jusque là toutes les colonies établies dans Rhodes, Telchines, Ignètes, Héliades, compagnons de Danaüs, avaient une origine orientale, et se rattachent à l'Asie Mineure ou aux contrées maritimes de la Syrie (1). Sans doute l'examen critique de toutes ces traditions pourrait faire ressortir bien des contradictions, susciter de nombreuses difficultés, et contredire, à certains égards, les conclusions générales que nous en avons tirées, principalement en ce qui concerne les Héliades, dont l'origine asiatique est moins évidente que celle des deux autres tribus. Mais le fond de ces assertions demeure toujours, et l'on ne peut nier que l'île de Rhodes, comme la plupart des autres îles de la mer Égée, n'ait été occupée par la race phénicienne avant de l'être par la race grecque. Ce fait n'avait pas échappé aux anciens euxmêmes; il est attesté par la grave autorité de Thucydide (2), et deux Rhodiens, Polyzélus et Ergéas, qui écrivirent sur l'histoire de leur patrie, avaient recueilli les traditions relatives à l'expulsion des Phéniciens de l'île de Rhodes (3). D'après leurs récits, Phalantus, chef des Phéniciens, vigoureusement attaqué par un certain Iphiclus, s'était renfermé dans une place forte, où il faisait une bonne résistance. Ayant consulté l'oracle, il lui fut répondu que l'ennemi ne se rendrait maître de la place que lorsque l'on verrait des corbeaux blancs voler

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dans l'air et des poissons nager dans les coupes. Phalantus, croyant que ces prodiges ne se réaliseraient jamais, se crut imprenable, et se relâcha de sa vigilance. Cependant Iphiclus, informé de cet oracle qui avait rassuré Phalantus, eut recours à la ruse pour accomplir les singulières conditions qui devaient lui livrer la place qu'il assiégeait. Selon le récit d'Ergéas, s'étant emparé de Larca, un des serviteurs de Phalantus, au moment où il allait chercher de l'eau à la source voisine, Iphiclus ne le relâcha qu'à condition qu'il s'engagerait à verser dans la coupe de son maître l'eau qu'il lui rapportait, et où il avait jeté lui-même une quantité de petits poissons; ce que Larca exécuta fidèlement, comme il s'y était engagé. Quant à l'autre difficulté de l'oracle, Iphiclus sut également l'éluder en envoyant à Phalantus des corbeaux qu'il avait enduits de chaux. Selon Polyzélus, il fut aidé dans l'exécution de ces deux stratagèmes par la propre fille de son rival, qui avait conçu pour lui une violente passion. Quoi qu'il en soit, Phalantus, voyant l'oracle accompli, perdit l'espoir de pouvoir se défendre, et abandonna l'île de Rhodes, qui fut pour toujours enlevée aux Phéniciens, auxquels les Grecs succédèrent. On ne sait à quelle époque placer cet événement, dont les détails sont loin d'offrir le caractère de la vérité historique. Mais cette tradition n'en est pas moins curieuse, comme étant le seul souvenir conservé par l'histoire de la lutte qui dut nécessairement s'engager entre les deux nations qui se disputèrent dans ces temps reculés la possession de l'île de Rhodes.

Cette victoire d'Iphiclus sur Phalantus et les Phéniciens ne peut s'expliquer que par l'établissement dans l'île de Rhodes de colons grecs ou pélasgiques, qui y vinrent en assez grand nombre pour obtenir enfin la prépondérance. La première de ces colonies, selon M. Raoul Rochette, est celle de Leucippus, fils de Macar, qui était venu de Lesbos avec une troupe nombreuse. La population de Rhodes, selon Diodore (1), était alors fort réduite; Leucippus et ses compagnons furent accueillis avec joie, et ne tardèrent pas à se confondre avec les anciens habitants. Or, il faut se sou

(1) Diod., V, 81.

venir que Macar était lui-même un Héliade, qui avait quitté Rhodes pour s'établir à Lesbos. Son fils abandonna Lesbos à son tour pour revenir, avec les Pélas ges, de cette île au berceau de sa famille. Quelque temps après, il se forma à Rhodes un nouvel établissement pélasgique, sous la conduite de Phorbas, fils de Triopas, selon Hygin, et de Lapithus, selon Diodore. La mythologie paraît s'être exclusivement emparée de ce fait. S'il faut en croire Diodore, l'île était ravagée par des serpents d'une grandeur prodigieuse, qui dévoraient un grand nombre d'habitants. Pour se délivrer de ce fléau, ils consultèrent l'oracle de Délos, qui leur conseilla d'appeler à leur secours Phorbas, qui vint de Thessalie, purgea le pays des monstres qui l'infestaient, et fonda une colonie dans l'île qui lui devait sa délivrance. Il est assez singulier, ajoute M. Raoul Rochette (1), de trouver à une époque aussi ancienne l'origine des fables qui reparaissent dans l'histoire moderne de Rhodes, lorsque cette ville était au pouvoir des chevaliers de Saint-Jean de Jérusalem. Ces fables avaient sans doute un fondement réel, exagéré par l'imagination des Grecs. Comme Leucippus, Phorbas était encore originaire de l'ile de Rhodes. Son père, Triopas, avait émigré en Carie et fondé un établissement dans la presqu'ile de Cnide, que Phorbas fut obligé d'abandonner lors de l'invasion des Cariens. Il était en Thessalie, quand les Rhodiens le rappelèrent dans l'ile natale, où il revint avec une colonie pélasgique.

COLONIE CRÉTOISE D'ALTHÉMÈNE. Althémène, fils de Catrée, petit-fils de Minos, ayant reçu de l'oracle une réponse qui lui prédisait qu'il tuerait son pere, s'exila volontairement de l'île de Crete. Il vint à Rhodes, aborda à Camiros, et introduisit dans ce pays le culte de Jupiter, auquel il éleva un temple sur le mont Atabyrius, d'où l'on apercevait l'île de Crète. Cependant Catrée, désolé du départ de son fils, fit voile pour Rhodes, afin de le revoir et de le ramener en Crète. La fatalité rapprocha ainsi le père et le fils, pour assurer l'exécution des arrêts du destin. Catrée débarqua de nuit dans l'île de Rhodes.

(1) Colonies Grecques, I, 339.

Les habitants se crurent attaqués par des pirates. Ils marchèrent en armes à leur rencontre. Althémène accourut aussi pour repousser cette prétendue agression, et son javelot frappa son père, qu'il n'avait pas reconnu. Apollodore ajoute que, désespéré du crime involontaire qu'il avait commis, ce malheureux fils pria les dieux de permettre à la terre de l'engloutir, et que son vœu fut exaucé. Mais Diodore explique historiquement cette fable, et prétend que s'étant banni de la société et du commerce des hommes, il trouva dans la solitude le terme de ses chagrins et de sa vie (1). Un autre Althemene conduisit plus tard dans l'ile de Rhodes la colonie dorienne qui donna un caractère définitif à la population de cette île, composée d'éléments si divers.

COLONIE ARGIEnne de TlépoLÈME (1292 av. J.-C.).—Tlépolème, fils d'Hercule, établi à Argos, forcé de s'expatrier pour un meurtre involontaire, emigra avec une nombreuse troupe d'Argiens. Etant allé consulter l'oracle de Delphes, le dieu lui ordonna de conduire une colonie à Rhodes. Un des descendants de Cadmus, forcé de se bannir de Thèbes, à cause du meurtre d'un de ses parents, se réfugia à Athènes, d'où ses descendants accompagnèrent Tlépolème à Rhodes. Quelques Athéniens prirent également part à cette colonie, qui rebâtit et agrandit les trois villes de Lindos, Camiros et Jalyssos, dont l'existence au temps du siége de Troie est attestée par Homère. La même colonie de Tlépolème s'étendit aussi dans l'île de Cos, qui au temps de la guerre de Troie était, ainsi que l'île de Rhodes, dominée par les Héraclides. « L'Héraclide Tlépolème, dit Homère (2), grand et fort guerrier, amena de Rhodes neuf vaisseaux montés par les courageux Rhodiens. » Il périt sous les murs de Troie de la main de Sarpédon, fils de Jupiter. Voici comment Homère raconte la mort du chef des Rhodiens (3). « La cruelle destinée poussa le malheureux fils d'Hercule, le grand Tlépolème, contre le divin Sarpédon. Quand ces deux

(1) Diod. Sic., V, 59; R. Rochette, Colo. nies Grecques, t. II, p. 262. (2) Hom., I., II, 653. (3) Id., I., V, 628.

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héros, l'un fils et l'autre petit-fils du dieu qui lance le tonnerre, furent tous deux en présence et prêts à se charger, Tlépolème parla le premier, et lui adressa ces paroles : « Sarpédon, conseiller des Lyciens, quelle nécessité de venir trembler ici, toi qui ne connais pas la guerre? Ils mentent ceux qui te disent fils de Jupiter Porte-Égide; car tu es de beaucoup inférieur à ces héros anciens qui naquirent de Jupiter. Tel fut, dit-on, Hercule, mon vaillant père au cœur de Lion, qui, venu ici avec six vaisseaux seulement et un petit nombre d'hommes pour enlever les chevaux de Laomedon, saccagea la ville de Troie et désola ses rues. Mais toi, tu n'es qu'un lâche, et tes peuples périssent. Et je ne pense pas que ta venue en ce pays soit désormais d'un grand secours aux Troyens, quand même tu serais trèsrobuste; car, terrassé par moi, tu vas franchir les portes de l'enfer.

Tlépo

lème, reprend Sarpédon, il est vrai qu'Hercule ruina autrefois la ville de Troie par la faute et par l'imprudence du grand Laomedon, qui lui refusa ses chevaux qu'il lui avait promis, et pour lesquels ce héros était venu de fort loin. Ce roi parjure ne se contenta pas même de les lui refuser; il le traita indignement, quoiqu'il en eût reçu de très-grands services. Pour toi, je te prédis que tu n'auras pas le sort de ton père. Ta dernière heure t'attend ici, et, terrassé par cette pique, tu vas me couvrir de gloire, et enrichir d'une ombre l'empire du dieu des enfers. » Comme il achevait ces mots, Tiépolème lève son javelot, et le lance. Dans le même instant les traits de ces deux guerriers partent de leurs mains. Sarpédon donne du sien au milieu du cou de son ennemi, et le perce. La mort ferme ses paupières et le couvre d'une éternelle nuit. Le javelot que Tiepolème avait lancé atteignit Sarpédon à la cuisse gauche, et le fer avide, poussé avec une violence extraordinaire, entra dans l'os, et s'y attacha. Jupiter garantit son fils de la mort. »

ÉTABLISSEMENT DES DORIENS DANS L'ILE DE RHODES. A l'époque de la guerre de Troie, Rhodes, débarrassée des Phéniciens, qui l'avaient occupée d'a bord, des Cariens, qui y dominaient au temps de Minos, était devenue une île

grecque. Une dernière émigration en fit vel établissement fut un second Althéune île dorienne (1). Le chef de ce noumène, fils de Cisus, petit-fils de Téménus, qui dans la conquête du Péloponnèse par les Héraclides et les Doriens avait obtenu en partage le royaume d'Argos (2). Althémène était le plus jeune des fils de Cisus. Il quitta l'Argolide, à la suite gné d'une troupe de Doriens, auxquels d'une querelle avec ses frères, accompas'étaient joints quelques Pélasges. A cette époque les agitations dont la Grèce était le théâtre, par suite des invasions des Cadméens, des Arnéens et des Doriens, avaient déterminé parmi les anciennes populations de ce pays un mouvement d'émigration très-actif vers l'Asie Mineure et les îles. Au moment où des Athéniens sous la conduite de Nélée, Althémène s'apprêtait à quitter la Grèce, des Lacédémoniens sous celle de Deljoindre à lui et de se placer sous son phus et de Polis, lui proposèrent de se commandement. Mais il devait être impossible à ces peuples si différents d'origine et de caractère de s'entendre sur la direction à donner à leur entreprise. Les loniens voulaient aller en Asie Miriens poussaient Althémène à se rendre neure, leur terre de prédilection; les Doen Crète. Celui-ci, rejetant les offres qu'on phes, qui lui ordonna de se diriger vers lui faisait, alla consulter l'oracle de DelJupiter et le Soleil, et de s'établir dans les pays qui les reconnaissaient pour protecteurs et dieux tutélaires. Étant done parti du Péloponnèse, Althémène vint aborder en Crète, qui était particulièrepartie de sa troupe; et, poursuivant son ment consacrée à Jupiter. Il laissa une voyage avec le reste des Doriens, qui l'avaient accompagné, il vint prendre terre époque les Doriens dominèrent dans dans l'île de Rhodes. A partir de cette cette île, dont ils occupèrent les trois villes, Camiros, Jalyssos, Lindos, qui férents. Ils s'établirent aussi dans l'île avaient déjà reconnu tant de maîtres difde Cos, et sur le continent, à Cnide et à Halicarnasse. Les Doriens de ces six villes des îles de Cos, de Rhodes et de la

(1) Voy. sur l'usage de la langue dorienne à
Rhodes Meursius, Rhod., 1. II, c. 1.
(2) Conon ap. Meurs., Rhod., p. 15.

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