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ANNEXES

DISCOURS de M. DUFOUR-Bourbier aux Funérailles de M. Pierre Marchand.

MESSIEURS,

Mes dix années de collaboration à la présidence en compagnie de l'excellent ami que nous pleurons aujourd'hui, devaient me faire échoir le triste devoir de prendre la parole au nom de l'Association chorale la Jeune France. Un sort malheureux s'est abattu sur notre Société.

Depuis le mois de février de l'année dernière, époque à laquelle nous avons perdu notre sympathique camarade Gustave Hautenusse, nous n'avons cessé de conduire à leur dernière demeure des sociétaires de longue date, des amis sincères et dévoués à notre Association !

Successivement, et enlevés d'une façon presque subite, nous avons eu le malheur de perdre MM. Ragons, Weil, Amédée Claeys, et cette triste série devait malheureusement se continuer par la mort de notre cher président, Pierre Marchand!

Sans se laisser abattre par ces épreuves pourtant si douloureuses, la Jeune France, toujours forte, les avait jusqu'ici supportées avec résignation en conservant précieusement, toutefois, le souvenir de ceux qui avaient travaillé à sa prospérité et qui avaient participé dans la mesure de leurs moyens à ses succès et à sa grande renommée.

Mais aujourd'hui, Messieurs, le deuil est général, et notre Société, émue et attristée par la brusque séparation

qui lui est imposée, vient en ma personne adresser à son cher et regretté président un suprême adieu!

Admis dans nos rangs le 1er janvier 1884 au titre de membre honoraire, Pierre Marchand fut élu le 24 décembre 1887 à la vice présidence, poste qu'il occupa pendant quatre années consécutives; ce fut pendant cette période qu'il se fit remarquer par son attachement et son dévouement à la Jeune France qu'il aimait tant.

Aussi, après la mort de M. Charpentier, fut-il tout désigné pour le remplacer dans ses fonctions si délicates et si ardues de président.

Depuis le 14 juin 1891, c'est à dire pendant près de dix ans, il se trouva à notre tète et, en maintes circonstances, présentes encore à l'esprit de tous et qui furent parfois bien difficiles, il sut toujours se tenir à la hauteur de ses fonctions.

Aux deux grands concours de Tours et d'Arras, qui eurent lieu pendant sa présidence et qui firent de notre association chorale une Société de première ligne, Pierre Marchand se dévoua véritablement et de tout cœur, et si le succès revient en partie aux exécutants et à leur chef qui ont pris part à la lutte, il y a droit également, car il sût les conduire au combat, les maintenir dans la bonne voie et les mener à la victoire.

En dehors des concours et sur la demande de diverses Sociétés de bienfaisance, Pierre Marchand organisa, avec l'aide de la Jeune France, des fêtes et des concerts: jamais, lorsqu'il s'est agi de misères à soulager, de secours à apporter, on ne le sollicita en vain et quand l'occasion s'en est présentée, il a mis toute son ardeur pour atteindre le résultat auquel visait sa nature généreuse!

C'est pour toutes ces raisons que nous conserverons de - lui, Messieurs, un souvenir ineffable.

C'est aussi avec un soin jaloux que nous garderons le drapeau de notre Association, que sa vénérée mère nous offrit sur sa demande à l'occasion de sa nomination à la présidence.

Chaque fois qu'il nous sera présenté, chaque fois que nous le verrons à notre tête pour nous conduire à l'hon

neur, nous aurons présent à la mémoire celui que nous pleurons aujourd'hui et à qui j'adresse, au nom de vous tous, Messieurs, un suprême adieu.

Puissent, mon cher Pierre, ces marques de sympathie atténuer la douleur de ta famille et lui prouver à nouveau toute l'affection que nous avions pour toi.

II

DISCOURS de M. LADUREAU, aur Funérailles de M. DIDIER

MESSIEURS,

Je n'avais pas encore l'honneur d'appartenir au Tribunal de Commerce lorsque M. Didier en était le président. Mais je ne veux pas laisser partir cet homme de bien, sans dire quels précieux souvenirs il a laissés comme magistrat consulaire.

Depuis 1865, date de son entrée au Tribunal, jusqu'en 1881, époque à laquelle il l'a quitté, M. Didier n'a pas cessé de donner l'exemple de toutes les vertus du juge. Il fut un président modèle d'une haute intelligence, d'une impartialité et d'un tact admirables, il sut allier la fermeté à la courtoisie la plus parfaite.

Pour lui, la justice était une religion et le secret profes sionnel, le premier devoir du magistrat. Il avait au plus haut point le sentiment de la haute mission que l'estime et la confiance de ses concitoyens lui avaient donnée, et il a pleinement justifié l'honneur qu'ils lui avaient fait.

Aussi sera-t il toujours pour nous un exemple que nous nous efforcerons d'imiter.

Ce n'est pas qu'au Tribunal de Commerce que M. Didier sut faire apprécier toute sa valeur.

Conseiller municipal pendant de longues années, il y fit sur plusieurs questions importantes des rapports dénotant

une rare sûreté de jugement et montrant comment ce travailleur infatigable savait étudier les questions qui lui étaient confiées.

Comme président de la Commission administrative du pilotage, il prépara la réorganisation de cet important service si intimement lié à la prospérité de notre grand port.

Avec un dévouement qui n'avait d'égal que sa modestie, il remplit pendant longtemps les utiles fonctions de trésorier de la Caisse de Secours des marins à Islande qu'il avait contribué à fonder.

Nous ne parlons que pour mémoire des services rendus à la Caisse d'Epargne et à tant d'autres œuvres de bienfaisance.

Aussi vigoureux de corps que d'intelligence, M. Didier semblait appelé à une longue et heureuse vie auprès d'une femme et d'enfants qu'il chérissait tendrement. Tout semblait lui sourire et lui accorder le bonheur auquel sa loyale existence lui donnait le droit de prétendre, lorsque la mort vint lui ravir l'un de ses fils et le frapper dans ses plus tendres affections. Tous ceux qui ont passé par cette terrible douleur comprendront tout ce qu'il dut souffrir.

Longtemps, il lutta avec énergie contre le chagrin qui le minait; il demanda à un travail acharné de le défendre contre lui-même, Mais le coup avait été trop brutal. Sans peur comme sans reproches, il vit venir la mort avec courage et presque comme une délivrance. N'allait-elle pas le ramener auprès de celui qu'il avait tant pleuré !

Aujourd'hui, il n'est plus; mais son souvenir restera vivace parmi tous ceux qui l'ont connu; et, si l'on peut dire de lui qu'il fut un remarquable magistrat, un vaillant défenseur des intérêts de la ville et un homme toujours utile à ses semblables, il fut également le plus admirable des maris et le père le plus tendre et le plus dévoué.

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