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M. Louis Perrotin, négociant en cette ville et le prie d'accepter cette charge et d'en faire en conséquence tout le nécessaire requis, et à son défunt, je nomme et subroge en sa place, avec pareille prière, M. C. L'Hoste, aussi négociant en cette ville.

Je veux et j'entends que mon testament contenant ma dernière volonté soit exécuté comme tel, et ait la même force que si c'était un acte passé par-devant notaire, d'autant plus qu'il est rédigé en cette ile de la Jamaïque; en foi de quoi, j'y ai mis ma signature et mon cachet.

Fait à Kingston (Jamaïque), le huit Juin mil huit cent dix-huit. (Signé) DOMINIQUE LE MAIRE.

Haïti, devenu de fait un état libre et indépendant, le devint de droit par suite du traité conclu avec Boyer, président de la République Haïtienne en 1824, par Charles X. Les noirs consentaient une indemnité de 150 millions en faveur des colons dépossédés.

Les héritiers de Dominique Le Maire furent admis à faire valoir leurs droits à une part de cette indemnité. M. Perrotin, exécuteur testamentaire, leur fit parvenir tous les papiers et titres nécessaires à cette réclamation par le navire Atalante, capitaine Burgin. Le dossier, dans lequel figuraient les lettres réunies dans ce volume, fut déposé à Paris sous le n° 11.001.

La commission nommée pour cette liquidation estima l'habitation de Dominique Le Maire à 332.000 fr. et il fut alloué aux héritiers Le Maire une indemnité totale de 32.825 francs, payables par annuités, dont le premier cinquième fut versé en 1831 et le dernier. vers... 1867. Inutile de faire remarquer la disproportion de cette somme en capital avec la valeur d'une propriété rapportant environ 50.000 fr. par an.

A ce point sont difficiles à réparer les ruines de la Révolution!

PREMIER SÉJOUR

A DUNKERQUE

DU ROI LOUIS XIV

(1662)

PAR

M. EMILE MANCEL

Président Honoraire

M. A. de Saint-Léger a publié dernièrement (1) un article sur l'acquisition de Dunkerque et de Mardyck par Louis XIV (1662). Au moment où vient d'être inauguré le nouvel Hotel-de-Ville de Dunkerque, il m'a semblé qu'il serait opportun d'ajouter un chapitre à l'intéressant travail de notre confrère de l'Union Faulconnier, afin de remettre en mémoire les motifs qui ont conduit la municipalité à faire placer sur la façade de la Maison de ville un bronze représentant Louis XIV à cheval (2).

Il importe en effet de ne pas oublier que ce monar

(1) Revue d'Histoire moderne et contemporaine. T. II, n° 3, Septembre-Octobre 1900.

(2) M. Edgar Boutry est l'artiste auteur de ce bronze qui a coûté 14.500 francs.

que considéra toujours l'acquisition de Dunkerque comme l'un des actes les plus heureux et les plus importants de son règne. Suivant son expression il regardait notre ville comme son «ourrage propre » (1) et cela explique l'empressement qu'il mit à venir visiter « sa bonne ville reconquise par l'or et non par le fer » (2).

Louis XIV, qui venait d'avoir vingt-quatre ans (3), allait se montrer à ses nouveaux sujets avec une Cour éclatante, dont faisaient partie les maréchaux de France les plus renommés, accompagnés par des troupes d'élite. Il venait aussi octroyer promptement aux Dunkerquois, sous l'inspiration du grand Colbert, les éléments les plus larges de richesses et de prospérité, et en particulier la franchise du port.

Par contre, notre ville devait avant peu fournir à la France de vaillants corsaires, en tête desquels brilla Jean Bart. Trop souvent, de son côté, Dunkerque était appelée à se donner elle-mème pour le salut

commun.

Le traité entre la France et l'Angleterre pour la remise de Dunkerque au Roi, fait à Londres le 27 octobre 1662, avait apporté à Louis XIV la plus vive satisfaction.

Pendant que Colbert prenait les dispositions nécessaires pour réunir promptement les fonds à faire

(1) Lettres du Roi à Nacquart. (M. Flahault. Notes et documents pour servir à l'histoire des Institutions ecclésiastiques de l'enseignement secondaire à Dunkerque à partir du XVIIe siècle. 1er fascicule. Annexe J. p. 119).

(2) H. Martin. Histoire de France.

(3) Louis XIV, né le 5 septembre 1638, avait été déclaré majeur le 7 septembre 1651.

parvenir au roi d'Angleterre (1), le Roi chargea Godefroy, comte d'Estrades (2) l'habile négociateur du traité qu'il venait de signer, de se rendre à Dunkerque pour assurer le départ des troupes anglaises et activer le moment où le pavillon fleurdelisé pourrait être arboré sur la tour de cette place devenue à jamais française.

Arrivé à Dunkerque dans le courant de novembre, d'Estrades y trouva comme gouverneur anglais lord Andrew Rutherford, qui avait servi en France, où il était devenu lieutenant-général. A l'avènement de Charles II, il avait été appelé aux fonctions qu'il occupait alors. Tout porte à penser qu'il avait conservé des relations à la cour de France et qu'il se montra disposé à entrer dans les vues de d'Estrades.

Louis XIV avait écrit directement à Rutherford pour que, suivant les ordres du roi d'Angleterre, la place fut remise le 30 novembre « surmontant pour cela toutes les difficultés qui pourraient faire retarder cette remise (3) ». Malgré toute sa bonne volonté, le

(1) Mémoires sur les affaires de finances de France pour servir à l'Histoire. (Bibliot. Nat. Mss. S. F. 3.695. Histoire de Colbert, par Pierre Clément, II, 235 et 413). Lettre de Colbert au comte d'Estrades, 3 octobre 1662. (Depping. Correspondance administrative, III, 10). Lettres de Colbert à De Bezons, intendant à Toulouse, 24 novembre1er Décembre 1662. Lettre au prince de Conti, gouverneur du Lạnguedoc, 1er décembre 1662. (Archives de la Marine, recueil de diverses lettres, fus 177, 188, 185).

(2) Aussi apte aux affaires qu'entendu à la guerre, d'Estrades fut, pendant 40 ans, depuis son premier voyage à Londres (1637) jusqu'à la paix de Nimègue (1678) toujours chargé de missions importantes, avec ce double caractère de soldat et de négociateur; presque toujours le succès couronna ses efforts. Né en 1607, il est mort le 26 février 1686. Il était maréchal de France depuis 1675. (Voir sa biographie dans l'Introduction de la Relation de la Défense de Dunkerque (1651-1652) publiée en 1872 par Tamizey de Larroque).

(3) Lettres du comte d'Estrades. Ed. de 1743, I. p. 412.

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