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PRÉROGATIVES ET PRÉSÉANCES

DU MAGISTRAT DE DUNKERQUE

DANS LES CÉRÉMONIES RELIGIEUSES

PAR

M. LE CHANOINE FLAHAULT

Membre Associé

Nous avons relevé dans la Resolutie-Boeck (Livre aux Résolutions) du Magistrat de Dunkerque, dans la seconde partie du XVIIIe siècle, un certain nombre de délibérations relatives aux choses religieuses qui étaient traditionnellement de son domaine.

II nous a semblé intéressant de les signaler et surtout de faire ressortir l'esprit chrétien qui, à Dunkerque comme dans toutes nos villes flamandes, animait l'administration communale.

Nous allons successivement envisager chacun des points qui ont attiré notre attention.

On sait que le Magistrat avait un double caractère, et qu'investi de l'autorité administrative, il assumait l'administration judiciaire.

A ce double titre, l'on comprend aisément que l'échevinage, à son renouvellement et à la reprise de ses travaux, assistait en robe à une Messe solennelle du Saint-Esprit, chantée à la paroisse. Le lendemain, il

revenait, également en robe, à une Messe de Requiem célébrée pour les membres défunts du Conseil communal (1).

On sait, en outre, que nos ancêtres, non-seulement aimaient la pompe et les cérémonies publiques, mais qu'ils tenaient encore à associer l'Eglise à tous les faits importants de leur vie communale, et ils ne négligeaient aucune occasion d'affirmer, par des manifestations extérieures, la vivacité de leur foi.

Le Magistrat assistait à toutes les cérémonies publiques dans lesquelles la Religion était appelée à figurer. C'est ainsi que dans les principales processions (2) elles étaient nombreuses au temps de nos pères non-seulement il concourait avec l'autorité ecclésiastique pour leur donner tout le relief dont elles étaient susceptibles, mais il se préoccupait encore du parcours et de la marche du cortège, les jours de la Fête-Dieu, de Saint-Jean Baptiste et de l'Assomption de la Vierge, ainsi que des procureurs et notaires qui jouissaient de l'honneur de porter le dais. C'était lui qui, chaque année, invitait l'abbé de Saint-Winoc à venir officier à la Saint-Jean et à accepter le repas que la ville avait l'habitude de donner à l'issue de la procession. Quand des difficultés surgissaient avec l'autorité épiscopale au sujet de la manière dont traditionnellement on formait le cortège semireligieux, semi-profane de la procession de la SaintJean, le Magistrat cherchait à les aplanir à l'aide de tempéraments et de modifications apportés dans la partie profane du cortège, surtout dans la suppression

(1) Voir annexe A
(2) Voir: annexe B

de certains groupes d'apparence plus ou moins licencieuse.

Quand parfois l'évêque d'Ypres assistait à l'une ou l'autre des grandes processions, l'échevinage, ayant le commandant à sa tête, suivait immédiatement le prélat et, après la cérémonie, trois députés du Conseil d'arrondissement allaient remercier l'évêque d'être venu faire la procession.

St Eloi (1) a toujours été regardé comme le patron du lieu, quoique, si nous ne nous trompons, Faulconnier assure que la première église édifiée à Dunkerque a été consacrée à St Pierre. Sa fête était célébrée très solennellement et le Magistrat ne manquait pas d'assister le 1er Décembre, en corps et en robe, à la messe paroissiale de neuf heures et à la procession qui la précédait. Une affiche en français et en flamand, conservée dans les archives du Comité Flamand, nous a permis de constater que cet usage, avec d'autres, a été remis en vigueur aussitôt après la Révolution. Le cérémonial observé par le Magistrat au jour de la fête de St Eloi était également mis en pratique aux Jours Nataux, c'est-à-dire à Noël, à Pâques, à la Pentecôte et à la Toussaint.

Il se disait des Prières de Quarante-Heures (2), à Dunkerque au mois de Juillet. Nous ne sommes pas bien renseignés sur le but de ces prières; était-ce pour les fruits de la terre? La chose paraît probable. En tous cas, les édiles, par leurs Commissaires du mois habillés de noir, prenaient part à ces pieuses supplications.

(1) Voir: annexe C. (2) id. id. C.

Une observation analogue peut se faire pour l'ouverture du Jubilé (1) accordé tous les vingt-cinq ans par l'autorité pontificale, ainsi que pour le Te Deum (2) commandé de temps à autre par l'autorité royale à l'occasion de quelque événement glorieux pour le pays.

On sait que parmi nos religieuses populations la réception d'un nouveau pasteur a été, de temps immémorial, l'objet de démonstrations qui avaient le caractère d'une véritable solennité. Il en était de même alors à Dunkerque. Le prêtre promu (3) à la cure de Saint-Eloi était toujours l'objet d'une ovation, tant de la part du Magistrat, que de celle des habitants.

Des honneurs plus grands encore étaient rendus à l'évêque d'Ypres (4) lors de sa première visite dans notre ville.

Disons, en passant, que dans toutes ces solennités la question du cérémonial et des préséances semble avoir été, souvent, une des préoccupations du Magistrat; il n'admettait, dans ces préséances, aucune innovation qui aurait été de nature à le froisser (5).

Avant la Révolution, les confréries ou corporations et geldes étaient très nombreuses et très importantes à Dunkerque.

Outre celles des corps de métiers, celles militaires autrefois, de Sainte-Barbe, de Saint-Georges, de SaintSébastien, outre celles de Saint-Michel ou de la Rhétorique, et de Sainte-Cécile, qui avaient le curé de la

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paroisse pour connétable perpétuel, on comptait: les Confréries pieuses (1) de la Sainte-Trinité (1653), du Saint-Sacrement (1697), du Sacré-Cœur (1751), du Rosaire (1584), de Saint-Roch (1720), de Sainte-Barbe (1698) et des Ames (1642), qui avaient toutes leur siège à Saint-Eloi et dont le Magistrat était le chef et le tuteur.

Voici, en effet, ce qu'on lit au Livre des Résolutions, dans un « Mémoire et Etat des confréries, congrégations et associations de dévotion constituées dans l'unique église paroissiale de la ville de Dunkerque », en date du 3 novembre 1760.

« A la tête de toutes ces confréries est le Magistrat » de Dunkerque qui nomme les directeurs qui sont » chargés de l'administration des aumônes et obla >>tions qui se font à ces congrégations qui n'ont point » de revenus fixes ni bien en fond. »

» Le Magistrat de Dunkerque ne voyant dans ces >> réunions et congrégations qu'une union de prières » à laquelle les autres fidèles peuvent se joindre, s'ils » le jugent à propos, n'a pas cru devoir empêcher ce >> qui ne peut servir qu'à l'édification publique, sans » exciter aucune inquiétude; et c'est dans cette vue >> qu'il les a protégées et maintenues, d'autant plus » qu'on a toléré en France les confréries dont les » assemblées ne se tiennent que dans les églises » publiques seulement pour réciter des prières et » pour y entendre les instructions, quoiqu'elles n'aient >> point été confirmées par des lettres-patentes, suivant » l'ordonnance du roy du 7 juin 1659, laquelle n'a

(1) Voir annexe I.

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