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pour la longue coulevrine; deux cents coulevrines garnies de formes, louchets, cornets et chargeoirs; trois cents piques ferrées, cent pelles de fer à la façon du Brabant ; trois quarterons de pics et hoyaux envoyés d'Aire; huit tonneaux de grosse poudre et deux petits de poudre fine; neuf tonneaux de grosse poudre amenés de l'Ecluse, deux de fine et six de salpêtre, deux chaudières et deux bassins d'airain pour affiner la poudre et faire feu artificiel (feux d'artifices); vingt-six livres de feuilles d'airain pour faire des chargeoirs; deux cents livres de poudre de résine; cinquante livres de soufre vif; un tonneau et demi de poix noire; douze mains de papier gris; vingt lots d'huile de lin; vingt livres de tormentine (térébenthine); quatre tonneaux de tercq (goudron); quatre cents tourteaux pour falots; trente-neuf lots de vinaigre; cent soixante-quatre livres de vieux linges; soixante-et-une livres de salpêtre; quatre tamis pour passer la poudre; trois cents cercles de plusieurs sortes; huit livres de saindoux; vingt-huit brasses de vieille corde pour faire des tourteaux; dix livres de coton à faire des chandelles; une douzaine de grans aspergès (grands goupillons); un cent de pots à faire des grenades; quinze lits, tant vieux que neufs; mil huit cent soixante-six livres de soufre; huit cent vingt livres de plomb; cinq tonneaux de tercq; cinquante hallebardes. Les vivres et munitions consistaient en cinquante-cinq razières et demie de blé, mesure de St-Omer; cinquante-quatre razières d'orge, mesure de Bergues-St-Winocq; trente-huit razières d'avoine, même mesure; quarante-sept fromages de Flandre; sept tonneaux de beurre; trois sacs de houblon à brasser. Charles-Quint obligea les Quatre-Membres de Flandre à faire rebâtir à leurs frais les quatre principaux bastions qui prirent leur nom: le bastion de Gand ou

Le prince fait
rebâtir
les bastions.

Ce

que Gravelines

doit au

Charles-Quint el

son fils Philippe.

bastion rouge; de Bruges (1) ou de la digue; d'Ypres ou grand-maître; du Franc, plus tard bastion Gassion. Ces bastions, avec celui du château et celui du Roi ou bastion royal, devaient concourir à la défense de la place et de tout le pays.

En outre, on peut voir dans nos archives les lettres grand Empereur. de Charles V (1537) accordant l'autorisation de doubler les impôts sur les vins et cervoises consommés dans ladite ville de Gravelines « pour les deniers en être >> employés au paiement des aides et aux frais d'entre» tien des fortifications » (2).

à Gravelines.

(1549)

Karel keyser, dont le nom est aussi populaire en Flandre que celui de Henri IV en France, ne se plut pas seulement à étendre la puissance militaire de Gravelines, il favorisa son commerce, en s'intéressant à l'entretien du port et des digues (3); il sanctionna ses franchises communales et lui octroya plusieurs lettres d'exemption de charges (4). Enfin, le 30 juillet 1549, le vieil empereur vint, dans un pompeux cortège, présenter à nos populations Philippe II, son fils et successeur. (A suivre)

(1) Dans la Flandre, les villes de Gand, Bruges, Ypres (1399-1400) et, dès les premières années du XVe siècle, le Franc de Bruges (Franconatus, het vry Brugsche ambacht), formèrent comme de petits Etats dans l'Etat, connus sous le nom de Quatre-Membres ou quartiers de Flandre qui dirigèrent à eux seuls toutes les affaires. L'ordonnance du 24 février 1542 et le règlement du 19 septembre développèrent encore leurs pouvoirs. GRAVELINES, Dunkerque, Bergues, Bourbourg, Mardyck, Furnes et Loo (en Belgique), dépendaient du Membre de Bruges. (Wieland: Recueil des ant. de Fl.)

(2) Arch. mun. CC-1, année 1537.

(3) Lettres par lesquelles il confirme l'appointement fait entre Bourbourg, Gravelines, Saint-Omer et Bergues, relativement à la digue du havre, et les impôts sur le sel établis pour l'entretien dudit havre. (Arch. mun. AA-3).

(4) Lettres par lesquelles il quitte et exempte la ville de Gravelines du paiement de la somme de 56 livres 5 sols, qu'elle devait payer pour sa quote-part dans celle des 150.000 florins. Idem, par lesquelles il quitte la ville de Gravelines de la somme de 87 florins 10 sols Carolus. (Arch. mun. AA-3).

UNE

ÉMEUTE A DUNKERQUE

en 1792

PAR

M. HENRI LEMATTRE

Membre Actif

M. Louis Morin, publiciste, a eu l'amabilité de m'adresser, pour l'Union Faulconnier, copie de quelques lettres trouvées dans la correspondance de Pierre Girardon de Bar-sur-Aube, officier distingué qui servit dans l'armée du Nord pendant la période révolutionnaire.

Les brillants états de service de cet officier et ses nombreuses blessures reçues sur le champ de bataille, attestent sa bravoure et son ardent patriotisme. Ce vaillant soldat, imbu des idées révolutionnaires, manifestait une animosité outrée contre les émigrés qui servaient dans les rangs de l'étranger et contre les aristocrates qui ne partageaient pas ses aspirations. politiques.

Ces lettres, qui n'étaient pas destinées à la publicité, relatent des faits particuliers ignorés ou négligés par les historiens.

A diverses reprises, Girardon se plaint amèrement

de l'insuffisance des ressources des officiers qui étaient payés en assignats dont la dépréciation était alors de 50%.

Nous ne reproduisons que deux lettres concernant notre région. Dans l'une d'elles, il dépeint vigoureusement des excès engendrés par l'affolement et les idées subversives d'une époque troublée.

Cet épisode lamentable, provoqué par quelques révolutionnaires, ne saurait ternir notre histoire

locale.

Victor Derode, dans son Histoire de Dunkerque, mentionne cette échauffourée, mais il ne donne pas des détails aussi précis que ceux qui sont renfermés dans les lignes suivantes :

Dunkerque, 12 Février 1792.

Girardon commence sa lettre par raconter à son frère qu'il a eu le plaisir de voir la mer pour la première fois et il entre dans de nombreux détails sur ses promenades à la plage et en mer. L'une de ses excursions lui inspire cette profession de foi :

J'ai sauvé la vie à une plie qui était sur le rivage qui attendait avec grande impatience le reflux. Je l'ai mise dans son élément; je l'ai vue reprendre petit à petit le courant de l'eau; elle s'est échappée à ma vue et j'ai été satisfait. Je n'en ferais pas autant pour les aristocrates; au lieu de leur donner la vie, si j'étais assez fort je leur donnerais la mort.

J'aurais bien désiré voir l'Angleterre, mais mes cinq jours de permission sont insuffisants. Je ne désespère pas d'y faire un petit séjour avant de rentrer au pays, si nous ne sommes pas trahis, car je vois de grandes perfidies. Je crains beaucoup l'intérieur. La Flandre est en partie aristocrate, Dunkerque est très patriote; les villes où j'ai passé sont aristocrates. Cassel et Bergues ne sont pas tout à fait dans le sens de la Révolution. Je désirerais leur inspirer du patriotisme, mais je ne suis pas à

portée de les voir. J'ai voyagé dans la voiture publique avec un particulier de Bergues; il était aristocrate en diable. Il commença par me dire qu'il n'avait pas grande confiance dans les quatrevingt-dix mille hommes de troupes pas soldés et qu'il n'en donnerait pas deux liards. La moutarde m'est montée sur le champ au nez et je l'ai traité en bon patriote. Je lui ai dit que je ne lui pardonnerais jamais, que son propos était insultant et, comme officier, je voulais lui faire voir qu'un seul était dans le cas de lui donner une idée des patriotes. Je lui proposai de descendre de la voiture pour le saluer. Il n'avait qu'un sabre; je tirai de ma poche une paire de pistolets et je lui dis que c'en était assez pour le faire changer d'avis. Il commença à s'excuser, sentit ses torts et remit la partie à demain matin. Les voyageurs lui ont tombé sur le corps et se sont mis de mon côté. Nous l'avons traité comme un gueux. Il est sorti, heureusement, car je sentais ma bile s'échauffer. Il aurait passé avec moi un mauvais quart d'heure. Il se rappellera sans doute que ses propos étaient malhonnêtes; je lui ai donné une leçon, je désire qu'elle lui profite.

Je quitte la plume pour me mettre à table avec cinq ou six demoiselles, plus jolie l'une que l'autre.

Haubourdin, 18 Février 1792.

Mon cher ami. Mon voyage de Dunkerque a été retardé de deux jours et demi de plus. La plus grande insurrection a eu lieu dans ce pays là. Je peux vous donner une idée du désastre qui s'y est commis. Je me suis trouvé à toutes les horreurs où le peuple s'est abandonné.

Depuis cinq ou six mois on chargeait du blé dans des chalands pour le conduire à Bordeaux. Le peuple fatigué de ces convois vint en arrêter le cours, disant qu'on voulait amener la disette et que ce blé passait à l'étranger. Ils se sont portés sur le port et ont protesté qu'il ne partirait pas. On commençait à le piller. Le régiment de Penthièvre est arrivé et a empêché le vol. On leur a promis, pour apaiser leur rage, qu'il ne partirait pas et qu'on allait le déposer aux Capucins, lieu de sûreté. Les deux bélandres contenaient à peu près deux cents voitures.

Le lundy treize du mois, à neuf heures du soir, on a battu la générale. Royal - Cravatte s'est transporté sur la place pour dissiper le peuple; la municipalité n'avait pas encore donné ses ordres et on ne pouvait rien faire. Les trois régiments ont passé

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