Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

Sa division transportait des troupes, des vivres et des munitions à la Guadeloupe et à la Martinique. Ayant appris, à la mer, que cette dernière colonie était tombée au pouvoir des Anglais, Troude se dirigea sur les Saintes où il mouilla le 29 mars. Il venait d'informer de son arrivée le général Ernouf, capitaine général de la Guadeloupe, lorsque des voiles furent aperçues. Bientôt renforcé par un convoi venant de la Martinique avec trois mille hommes, l'amiral Cochrane, qui commandait la flotte ennemie (cinq vaisseaux, cinq frégates et quelques navires de rang inférieur), établit un étroit blocus. Les troupes britanniques s'emparèrent des hauteurs qui dominaient la rade et travaillèrent à y élever des batteries.

Menacé d'une destruction complète, Troude résolut de prendre la mer avec ses trois vaisseaux ; il supposait avec raison qu'il entraînerait à sa suite la plupart des bâtiments anglais.

Le 14 avril, par une nuit fort obscure et un ciel très chargé, la division française mit sous voiles et sortit de la rade; la brise, qui soufflait très fraiche de l'est, lui permit de prendre un peu d'avance sur l'ennemi.

Le 15, au point du jour, trois vaisseaux, dont un à trois ponts, et plusieurs frégates, étaient en vue. Le D'Hautpoull restait un peu de l'arrière; le brick de 18 canons, Recruit, capitaine Charles Napier, sur lequel ce dernier vaisseau tirait avec ses canons de retraite, était le seul navire qui fut à portée. Le commandant Troude prévint le Polonais et le D'Hautpoult qu'il mettrait, à huit heures du soir, le cap à l'ouest-nord-ouest, et que le D'Hautpoult serait, à la même heure, libre de manœuvrer comme il le jugerait convenable. Quand le moment fut venu, le Courageux

et le Polonais mirent le cap à la route indiquée, tandis que le D'Hautpoult gouvernait plus au nord.

Le 16, lorsque le jour parut, le Courageux et le Polonais, qui n'apercevaient plus l'ennemi, poursuivaient leur route vers la France.

Lorsque le vaisseau de Leduc se sépara du commandant Troude, il fut suivi par le Pompée, vaisseau de 82 canons, et par le Neptune, vaisseau à trois ponts de 108 canons, qui était commandé par Charles Dilkes et portait le pavillon de commandement du contreamiral Alexander Cochrane. Au jour, le premier était à trois mille et l'autre, plus encore de l'arrière; au loin se voyaient les frégates Latona, de 48 canons, et Castor, de 40. Le 17, à 2 heures 45' du matin, cette dernière frégate commença à envoyer des boulets au D'Hautpoult; celui-ci, embardant pour la découvrir, ralentit sa marche et à 4 heures, il fut atteint par le Pompée qui le combattit par le travers de bàbord, à la portée de pistolet, tandis que la Latona le canonnait par la hanche de tribord. Un quart d'heure plus tard, alors que Leduc lançait sur bâbord pour aborder le vaisseau anglais, le D'Hautpoult reçut un boulet qui se logea entre le gouvernail et l'étambot, et empêcha le jeu de la barre. Le capitaine du Pompée s'aperçut aussitôt de la difficulté avec laquelle le vaisseau français gouvernait, et il en profita pour lui envoyer une bordée d'écharpe qui fut désastreuse. Le jour se faisait; dix bâtiments étaient en vue et, sur ce nombre, deux nouveaux vaisseaux. Les voiles et le gréement du D'Hautpoult étaient hâchés; ses vergues ne tenaient plus que sur leurs bosses; le mât d'artimon et les mats de hune, percés de part en part, menaçaient de s'abattre; sa coque était criblée.

A 5 heures 30', le pavillon fut amené (1). Leduc avait reçu deux légères blessures dans les sourcils, par des éclats de bois.

Leduc ne resta pas longtemps prisonnier des Anglais. Rendu à la liberté, il vint prendre, à Anvers, les fonctions de sous-chef des mouvements. Dans ce poste qu'il occupa jusqu'au 19 décembre 1810, il rendit des services utiles qui furent d'autant plus remarqués que, pendant près de six mois, il fut, par intérim, le chef militaire de l'arsenal.

Du 20 décembre 1810 au 5 mars 1811, il eut le commandement du vaisseau le Tilsitt, dans l'escadre de l'Escaut.

Le 6 mars, il était appelé à commander le vaisseau le Golymen (2), qu'il conduisit de Lorient à Brest. Avec ce bâtiment il fut chargé, pendant plusieurs années, de faire des croisières aux abords de Brest. Appareillant presque tous les jours, chaque fois que le temps le permettait, il sortait très souvent du Goulet et faisait des évolutions jusqu'aux Pierres-Noires, ce qui rendait cette navigation plus pénible qu'en haute mer.

Débarqué le 23 mars 1814, il eut ensuite (24 mars15 juin 1814) le commandement du vingt-troisième équipage de haut bord, employé à la garde des côtes de Bretagne.

Le 16 juin, il rentrait à Dunkerque où il resta sans emploi jusqu'au 30 décembre 1815, ayant été admis, à

(1) Au moment de sa prise, le D'Haultpoult, qui eut le nom d'Abercombry dans la marine anglaise, se trouvait à 18 milles dans le S. O. du cap Roxo de Porto-Rico.

(2) Nom donné en souvenir d'une bataille gagnée par les Français sur les Russes (26 décembre 1806) commandés par le fel-maréchal Kamensxy, près de Golymin, village de Pologne, situé près de Pultusk, dont on a fait Golymen par corruption.

ce moment, à faire valoir ses droits à une pension de retraite.

Leduc, qui avait assisté à huit combats sur mer et avait été souvent blessé, comptait alors trente-quatre ans, onze mois, deux jours de services effectifs.

Le capitaine de vaisseau Leduc est décédé à Dunkerque le 17 mars 1832. Louis XVIII l'avait créé chevalier de Saint-Louis ; il portait aussi la croix du Lys.

Le Musée de Dunkerque possède le portrait de cet enfant du pays, peint par Jean-Louis Elschoecht, en grande tenue de capitaine de vaisseau.

DE

GRAVELINES

(depuis son origine jusqu'à nos jours)

PAR

M. L'ABBÉ HARRAU

(Suite) (1)

CHAPITRE TROISIÈME

GRAVELINES SOUS LA MAISON D'AUTRICHE

(1477-1566)

Gravelines sous Maximilien d'Autriche; intrigues du roi de France; Herman Wliestedte à Gravelines; Louis XI ordonne à Philippe de Crevecœur, seigneur d'Esquerdes, d'envahir l'Artois (1482). Les Français font des courses dans notre pays; traité d'Arras (1482). — Avènement de Charles VIII au trône de France; la guerre recommence en Flandre; D'Esquerdes s'empare sucessivement de Saint-Omer, de Bergues, de Bourbourg et de Gravelines (1484-1489). Complot au château de Gravelines, pour reprendre Saint-Omer aux Français ; SaintOmer, Bergues, Gravelines ouvrent leurs portes aux Bourguignons; réapparition du seignenr d'Esquerdes en Flandre, et ses exploits; traité de Montilz-lez-Tours (1489); Gravelines exemptée de toute contribution de guerre. Affreuse misère

(1) Voir les Bulletins des 30 Juin 1900 et 1901.

« ZurückWeiter »