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ont eu une tendance bienfaisante, généreuse, favorable à la colonisation des étrangers dans l'Amérique espagnole et à la franchise du commerce avec ces régions lointaines; et l'essai fait dans l'île de Cuba a été suffisant pour démontrer par l'expérience que leurs intérêts, ceux de l'Espagne, et en général ceux de toutes les nations coïncident en un même point.

S. M. C. trouve aplani, par ce moyen simple et naturel, l'unique obstacle qui pourrait empêcher l'union la plus complète entre la politique de l'Espagne et celle des autres cabinets. Un gouvernement solide, stable, reconnu, et fidèle observateur de ses traités, se dispose à négocier avec les provinces dissidentes de l'Amérique, et offre aux autres puissances les plus grands avantages commerciaux : il serait impossible de désigner (quand bien même la question serait réduite à un simple calcul d'intérêts lucratifs) un objet qui pût servir de contre-poids dans l'extrême opposé.

La guerre civile et l'anarchie, qui souvent sont la suite d'une révolution, et plus particulièrement lorsque, comme en Amérique, ses élémens sont aussi hétérogènes et opposés, ne sont assurément pas propres à augmenter les produits d'échange d'un pays, ni à y attirer les étrangers en leur offrant cette sûreté qui ne laisse aucun doute et qui est l'âme du commerce, non plus que les gouvernemens chancelans, précaires et sans aucune garantie, qui ne peuvent eux-mêmes assurer les avantages qu'ils offrent. Buenos-Ayres, abandonné à lui-même, s'efforce en vain, depuis douze années, de consolider un gouvernement : la misère et la dépopulation des provinces de la côte ferme, au lieu de l'avancer, ont reculé l'époque de leur prospérité et de leur richesse. Dans des affaires de cette nature, et lorsque les faits sont à l'appui des discours, il est inutile d'opposer des espérances vagues et indéfinies à des résultats certains et connus.

Mais il semble qu'une nouvelle calamité est venue augmenter des maux que l'on aurait dû prévoir : l'insurrection du continent américain a favorisé la piraterie des mers; le commerce en général commence à se ressentir du manque de sûreté, et des dangers de cette guerre qui ne connaît d'autres lois que celles d'un sordide intérêt, et qui dépouille indistinctement les individus industrieux de toutes les nations.

Ainsi, par un enchaînement admirable, tout concourt à dé

montrer l'utilité, l'urgence même d'un arrangement définitif dans une affaire qui a d'aussi vastes et profondes ramifications; et tout contribue à presser le gouvernement espagnol de ne retarder, par aucun motif secondaire, une transaction aussi importante.

S. M. C., en entamant avec les provinces dissidentes cette négociation franche et amicale, s'attend, avec la plus grande confiance, à trouver dans tous les gouvernemens cette circonspection et cette retenue de conduite prescrites par la justice, recommandées par la politique, et inspirées par les sentimens de l'impartialité et de la bienveillance.

Lorsque la nation espagnole cherche à mettre un terme à cette brouillerie domestique, le même respect inviolable qu'elle professe pour les droits des autres nations lui inspire la juste espérance d'être traitée réciproquement avec la même considération et les mêmes égards; elle ne peut même soupçonner, de la part de celles qui désirent conserver avec elle amitié et bonne intelligence, aucune démarche hasardée qui pût supposer déjà résolue une question dont la décision appartient en propre à l'Espagne, faisant usage de ses droits légitimes reconnus, et auxquels elle n'a aucunement renoncé.

Dans cet état de choses, les démarches mêmes faites pour engager les différens états à reconnaître l'indépendance des provinces dissidentes de l'Amérique leur offriront, au contraire, une occasion solennelle pour sanctionner les principes fondamentaux sur lesquels est basée l'intégrité des territoires, le repos des nations, et la morale publique des gouvernemens.

Le texte et l'esprit des traités, la bonne foi qui doit régner entre des puissances amies, la conviction d'un devoir également appuyé sur une politique générale et sur celle du moment, le bien effectif des provinces dissidentes, et même l'utilité générale de toutes les puissances, sont autant de garanties pour S. M. C. que ses louables désirs trouveront chez ses augustes alliés l'accueil le plus amical.

IV.

Proclamation du général Bonaparte, adressée aux Français lors de son installation comme premier consul de la république; du 25 décembre 1799.

PROCLAMATION.

Rendre la république chère aux citoyens, respectable aux étrangers, formidable aux ennemis, telles sont les obligations que nous avons contractées, en acceptant la première magistrature. Elle sera chère aux citoyens, si les lois, si les actes de l'autorité sont toujours empreints de l'esprit d'ordre, de justice, de modération. Sans l'ordre, l'administration n'est qu'un chaos; point de finances, point de crédit public; et avec la fortune de l'état s'écroulent les fortunes particulières. Sans justice, il n'y a que des partis, des oppresseurs et des victimes. La modération imprime un caractère auguste aux gouvernemens comme aux nations. Elle est toujours la compagne de la force, et le garant de la durée des institutions sociales. La république sera imposante aux étrangers, si elle sait respecter dans leur indépendance le titre de sa propre indépendance; si ses engagemens, préparés par la sagesse, formés par la franchise, sont gardés par la fidélité. Elle sera enfin formidable aux ennemis, si ses armées de terre et de mer sont fortement constituées; si chacun de ses défenseurs trouve une famille dans le corps auquel il appartient, et dans cette famille un héritage de vertus et de gloire; si l'officier formé par de longues études obtient par un avancement régulier la récompense due à ses talens et à ses travaux. A ces principes tiennent la stabilité du gouvernement, les succès du commerce et de l'agriculture, la grandeur et la prospérité des nations. En les développant, nous avons tracé la règle qui doit, nous juger. Français, nous vous avons dit nos devoirs; ce sera vous qui nous direz si nous les avons remplis.

Le premier consul BONAPARTE,

Par le premier consul.

Le ministre secrétaire d'État,

H. B. Maret.

V.

Proclamation du premier consul adressée à la nation, lors de la paix générale du continent; du 21 mars 1802.

PROCLAMATION.

Français, une paix glorieuse a terminé la guerre du continent. Vos frontières sont reportées aux limites que leur avait marquées la nature. Des peuples long-temps séparés de vous se rejoignent à leurs frères, et accroissent d'un sixième votre population, votre territoire et vos forces. Ces succès, vous les devez surtout au courage de nos guerriers, à leur patience dans les travaux, à leur passion pour la gloire, à leur amour pour la liberté, pour la patrie; mais vous les devez aussi à l'heureux retour de la concorde, et à cette union de sentiment, d'intérêts, qui, plus d'une fois, sauva la France de la ruine. Tant que vous fûtes divisés, vos ennemis n'espérèrent pas de vous vaincre ; ils espérèrent que vous seriez vaincus par vous-mêmes, et que cette puissance, qui avait triomphé de tous leurs efforts, s'écroulerait dans les convulsions de la discorde et de l'anarchie.

Leur espoir a été trompé; que cet espoir ne renaisse jamais! Soyez éternellement unis par le souvenir de vos malheurs domestiques, par le sentiment de votre grandeur et de vos forces: craignez d'avilir, par de lâches passions, un nom que tant d'exploits ont consacré à la gloire et à l'immortalité. Qu'une généreuse émulation féconde nos arts et notre industrie ! Que d'utiles travaux embellissent cette France que les peuples ne nommeront plus qu'avec respect et admiration! Que l'étranger, qui s'empressera de la visiter, retrouve parmi vous ces vertus douces et hospitalières qui caractérisèrent vos aïeux! Que toutes les professions s'élèvent à la dignité du nom français ! Que le commerce, en reformant ses relations avec les autres peuples, y porte cette fidélité qui fixe la confiance et qui asseoit la fortune, non sur des spéculations hasardées et fugitives, mais sur des rapports constans, dont l'estime et l'intérêt mutuel garantissent la force et la durée. Ainsi notre commerce reprendra le rang qui lui est dû. Ainsi se fortifieront les liens qui attachent à notre cause les peuples éclairés du continent de l'Europe. Ainsi cette nation même qui est encore armée contre la

France abjurera des prétentions excessives, et sentira enfin qu'il n'est, pour les peuples comme pour les individus, de bonheur véritable que dans la prospérité de tous.

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Proclamation de l'Empereur d'Allemagne, lors de la guerre avec la France; du 13 novembre 1805.

PROCLAMATION.

S. M. l'empereur n'a jamais eu d'autre désir que le maintien de la paix : ce désir se trouvait dans les principes de son gouvernement comme il se trouve dans son âme. Éloignée de tout projet quelconque tendant à s'agrandir ou à se dédommager des sacrifices qu'elle avait faits au repos de l'Europe à Lunéville et à Ratisbonne, S. M. ne demanda autre chose que de voir l'empereur de France animé du même esprit, d'une politique éclairée et bienveillante, rentrer dans les bornes qui avaient été fixées par la paix de Lunéville.

Tous ceux qui s'intéressent sincèrement au sort de l'Europe ont dû sentir la justice et la modération de ces vues.

Fidèle aux mêmes principes, S. M., au milieu de la guerre actuelle, a été dans chaque moment prête à tendre la main vers la paix ; et elle n'aurait pas autrement agi après les victoires les plus brillantes, qu'elle ne le fait sous l'influence d'événemens malheureux.

S. M. s'était effectivement flattée que le grand et beau moment de cette réconciliation et du retour de la prospérité publique ne serait plus éloigné, puisque l'empereur de France avait, dans différentes occasions, professé des sentimens analogues, et avait parlé précisément dans le même sens à des généraux au · trichiens que le sort de la guerre avait rendus ses prisonniers. Pénétrée de confiance par des dispositions pareilles, et pressée par le désir de détourner de sa capitale, de Vienne, aussi chère à son cœur, le danger qui la menaçait, et en général de ses bons et fidèles sujets les calamités d'une guerre prolongée, S. M. en

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