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Un grand nombre de gardes nationaux accourent en armes sur les hauteurs de la Pape et de Montessui, et s'y placent en tirailleurs. Le général Musnier, de son côté, les fait soutenir par un petit détachement d'infanterie de ligne, et par quelques cavaliers. En même temps des milliers de bras sont occupés à faire sur la grande route et sur les points les plus accessibles, de larges coupures pour arrêter l'ennemi dans sa marche. La nuit même n'interrompt point les travaux : on les achève à la lueur des torches. La même ardeur se manifeste au loin dans les campagnes. Les journaux du temps citent l'exemple d'un petit village, St-Jean-de-Thurigneux, qui seul détruisit un détachement autrichien venu pour piller et enlever ses troupeaux.

Ces démonstrations, ces mouvemens fixent l'attention du général Bubna. Pour les éclairer, une colonne ennemie s'avance (1) en se dirigeant sur les hauteurs de la Pape. Elle est arrêtée par une fusillade de tirailleurs qui se prolonge pendant trois heures, sans beaucoup de perte de part ni d'autre, et chacun reprend ses positions. Vers le soir, un détachement autrichien d'environ 500 hommes, forçant tous les tirailleurs à la retraite, pousse jusqu'à la barrière de la Croix-Rousse, gardée par 30 hommes de la 20. compagnie de

(1) Le 18 janvier.

la garde nationale, parlemente quelques momens avec le lieutenant Lortet, qui commandait le poste, et se retire sans commettre, sans essuyer aucune hostilité.

Le lendemain matin le comte de Bubna sachant que le général Musnier avait pris position hors de la ville, et s'étant avancé en personne jusqu'à Reilleux, le fit sommer de rendre la place. Mais cet officier qui venait de recevoir un renfort de 300 hommes du 24. régiment, qui était arrivé le même jour, l'envoya pour toute réponse aux avant-postes de St-Clair et de la Croix-Rousse, où il força les premières gardes autrichiennes de rétrograder. En même temps, les tirailleurs recommencèrent la fusillade de la veille, furent tout le jour aux prises avec l'ennemi, lui tuèrent ou blessèrent quelques hommes, et lui firent des prisonniers.

CHAPITRE

CHAPITRE QUATRIÈME.

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RENFORT que se procure le Maréchal Augereau. Son retour à Lyon.Ses dispositions pour prendre l'offensive. Affaire de Montmeillan. Combat de la Grotte. Combat de Bellecombe. Combat de Montluel. Combat de Beaujeu.

CEPENDANT, ce n'était pas en vain que le maréchal Augereau et le sénateur Chaptal étaient allés chercher au loin des secours.

Pendant que l'un, déployant une grande activité, tirait des départemens de la Loire, de la Haute-Loire, du Cantal, du Puy-de-Dôme, de l'Allier, plusieurs bataillons de gardes nationales mobiles qu'il dirigeait sur Lyon, le Maréchal rassemblait en hâte à Valence et expédiait avec célérité sur Lyon, tout ce qui existait dans le département de la Drôme et dans les départemens voisins, en artillerie, en dépôts et autres moyens de défense. Le zèle infatigable que montra ce guerrier pour surmonter mille difficultés toujours renaissantes dans de telles conjonctures; la patience avec laquelle il était forcé de descendre dans les moindres détails; ces soins assidus et minutieux, ces veilles, tout cet obscur dévouement, si louable en général, et en général si peu

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honoré, et, en apparence, si peu conforme aux éclatantes fonctions d'un maréchal d'empire, ne fut pas l'un des moindres titres qui recommandèrent le zèle du duc de Castiglione, dans ces difficiles circonstances, à la reconnaissance publique. Suivons dans ces humbles travaux le vainqueur d'Arcole, de Castiglione, de Naumbourg; voyons comment de rien il va créer une armée.

:

En arrivant à Valence, le Maréchal n'y avait trouvé que six compagnies du 16. et du 140.e, formant environ 700 hommes de nouvelles levées, qui y étaient entrées la veille, et que le commissaire extraordinaire dans la 7. division militaire, appelait à Grenoble, quoique cette ville ne fût point encore menacée.

Le Maréchal qui réunissait les deux divisions sous son autorité, changea cette destination, et expédia en poste cette petite troupe pour Lyon.

Un dépôt d'artillerie existait aussi à Valence : tout ce qui s'y trouva de disponible, même en hommes non habillés, fut mis en route (1) avec la petite colonne d'infanterie, et une pièce de quatre.

On y ajouta un caisson que l'on fut obligé de monter sur affut et train étrangers.

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y avait quelques poudres dans les magasins de Valence, mais point de plomb; on fit des

(1) Le 18 janvier.

réquisitions, et dans un seul jour on parvint à fabriquer un nombre de cartouches suffisant pour en munir cette jeune infanterie.

Enfin, les poudres que, dans l'incertitude dest événemens on avait d'abord évacuées de Lyon, recurent contre-ordre, et y furent reconduites.

Ces détails peuvent paraître minutieux: mais ils montrent qu'il n'y a rien de petit aux yeux du vrai zèle, quand il s'agit de la chose publique, et en donnant occasion de remarquer à quoi peuvent tenir quelquefois les événemens les plus importans, ils ont droit d'intéresser.

Ces détachemens traversèrent les départemens de la Drôme et de l'Isère, au milieu des publiques acclamations on leur prodiguait les vivres, les soins; on fournissait les moyens de transport avec la plus touchante émulation.

Ils arrivent le 19 janvier, vers neuf heures du soir, au faubourg de la Guillotière: le bruit du tambour, une illumination spontanée les annoncent; une immense population se précipite sur leurs pas; on les accueille, on se les arrache comme des libérateurs; ce n'étaient pas des transports de joie, mais d'ivresse. Le nom du Maréchal était dans toutes les bouches, on le couvrait de bénédictions: effet connu de la faveur populaire, qui se donne et se retire avec la même rapidité !

Ce n'était là toutefois qu'une première colonne. Pendant qu'elle marchait, le Maréchal toujours à

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