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Les Autrichiens ayant trouvé un gué au-dessus, s'y jetèrent au nombre de 1800 hommes, et menaçaient encore de couper le capitaine Lacroix. Le colonel Bugeaud lui envoya un renfort de plusieurs compagnies, avec ordre de rejeter l'ennemi dans la rivière. Ce qui fut exécuté avec une ardeur incroyable. Par ce mouvement, les Français demeurèrent maîtres de la rive droite. Mais quoique l'ennemi y eût perdu beaucoup de monde, il ne se rebuta pas: il renouvela presque au même instant une attaque sur l'Hôpital, par le pont sur lequel il parvint à jeter quelques planches; les grenadiers qui le défendaient commençaient à perdre du terrain le capitaine Syès les ramena à la charge, la baïonnette en avant, renversa tout ce qui se présentait, et couvrit le pont de morts. L'ennemi étonné hésitait; il avait déjà perdu sa supériorité morale; mais le colonel Bugeaud, menacé par de nouveaux renforts, et commençant à manquer lui-même de munitions, fit retirer sa petite troupe, et évacua encore une fois le village pour se concentrer en avant, sa droite appuyée à l'Isère, et sa gauche aux montagnes qui couvrent le col de Tamiers. Il attendit dans cette position un bataillon du 67. qui devait arriver par ces montagnes, bien résolu d'attaquer aussitôt qu'il aurait reçu ce renfort. L'ennemi intimidé n'osa point s'engager dans la plaine, et se contenta d'occuper le village. Le bataillon arriva enfin; les Autri

chiens furent de nouveau chargés, et repoussés avec perte sur la rive gauche de l'Arly. Plusieurs de leurs corps et leur artillerie étaient en pleine retraite, et le colonel Bugeaud s'apprêtait à repasser le pont pour achever leur déroute, lorsque très-heureusement pour les troupes alliées, un ordre mal interprêté fit cesser le combat et le carnage. Cet ordre était du maréchal Suchet, qui, ayant reçu du baron de Frimont l'acceptation d'un armistice, et ne pouvant être instruit au moment du départ de son courrier, du combat de l'Hôpital, donnait aux troupes placées sous son commandement, l'avis de la suspension des hostilités : ce qui, par une interprétation un peu rigoureuse (1), mais dont l'humanité se félicita, fut pris pour un ordre de cesser la poursuite.

Suivant les rapports, la perte des alliés, dans cette journée, était déjà de 400 prisonniers, 800 morts et beaucoup de blessés. Les Français n'eurent à regretter, suivant les mêmes rapports, que 20 -morts et 78 blessés. Jamais peut-être ils ne s'étaient montrés si animés: ce n'était pas du courage, de l'intrépidité, c'était de la fureur.

L'armistice convenu suspendit enfin l'effusion du sang jusqu'au 2 juillet.

(1) Ordre du jour du maréchal Suchet, du 12 juillet, où il dit Par une interprétation trop rigoureuse de mes - ordres.

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CHAPITRE SEIZIÈME.

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IMPRESSION que produit à Lyon, sur les factieux, la bataille de Waterloo et l'abdication de Buonaparte.

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mené en triomphe. Reprise des hostilités.

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Napoléon II proclamé et pro

Proclamation du général Frimont.

Combat au défilé de la Faucille.

Retraite du général Pannetier commandant aux Echelles. Combat et capitulation de Grenoble. - Les Français abandonnent et font sauter le fort de l'Ecluse. Capitulation de Lyon. Pillage d'une maison dans cette ville. Fureurs des factieux.

CEPENDANT la catastrophe qui venait de terminer la vie politique de Buonaparte, avait été annoncée dès le 24 juin, aux Lyonnais, par des affiches du préfet et du général Dulauloi, alors gouverneur de la division. Ce grand événement produisit une impression d'autant plus vive, qu'il contrastait davantage avec les fausses nouvelles qu'on s'était plu à répandre sur la prochaine dissolution de la coalition et sur l'anéantissement de ses armées. Les factieux en furent atterrés; l'effroi se peignait sur leurs fronts, le désordre, la confusion étaient dans leurs paroles. Mais bientôt la consternation fit place à des transports de rage: des militaires, le sabre à la main, et autour d'eux des troupes de furieux,

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se répandirent dans les rues aux cris de vive l'Empereur! arrachant les affiches, insultant, maltraitant tout ce qui ne paraissait pas applaudir à leur révolte. Toute la journée, le tumulte alla en croissant, et un grand nombre de boutiques furent fermées la nuit se passa toute entière en vociférations, en menaces, en hurlemens; on parla d'incendie; la voix des autorités était méconnue; la dernière heure de la ville semblait près de sonner. Toutefois cet affreux orage se calma.

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Le lendemain, le croirait-on? il obtint des éloges. On lut sur tous les murs, cette étrange proclamation du général Dulauloi :

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» Je suis loin de blâmer les mouvemens d'effer·»vescence patriotique que vous avez fait éclater » hier. Mais les prolonger serait donner à nos en>> nemis des armes qu'il n'ont pas.

» Tout à la patrie et pour la patrie. » DULAULOY. Une pareille pièce suffirait pour peindre à elle seule ces temps d'exécrable mémoire.

Les factieux n'en tinrent pourtant pas compte à son auteur. Des officiers qui ne reconnaissaient plus ni frein ni discipline, osèrent accuser leur chef de trahison, pour avoir publié l'abdication de Buonaparte et les communications du ministre de la guerre: l'esprit de sédition fut porté si loin, que le général Dulauloi, au lieu de les livrer à un conseil de guerre, comme on l'eût fait dans d'autres temps,

crut

crut devoir peu après se retirer lui-même, laissant son difficile gouvernement au général Ledru des Essarts. Le préfet eut à son tour à essuyer les mêmes outrages de la canaille, et courut des dangers.

Telle était l'anarchie qui divisait les factieux, et qui menaçait les citoyens des plus affreux

désordres.

Pour relever leur parti abattu, les ligueurs imaginèrent alors la plus ridicule comédie: ils chercherent dans un enfant prisonnier chez leurs ennemis, un appui qu'ils n'avaient pu trouver dans le nom, l'audace et le génie de Buonaparte combattant avec toutes leurs forces: ils proclamèrent Napoléon II; quelques fédérés de la garde nationale forcèrent les autorités de se prêter à cette extravagance. Le buste en cire de cet Empereur fait à la hâte, fut promené dans la ville avec solennité. Après la cérémonie, on le présenta aux avantpostes il faisait très-chaud, dit un écrivain du jour (1); à six heures Napoléon II était fondu.

On exigea pourtant de l'autorité, que cet acte de délire fût affiché. Le gouverneur s'y prêta encore, mais avec répugnance et en deux lignes. On ne fut pas content, ces deux lignes parurent un peu exiguës; on murmura. Le malheureux gouverneur, qui déjà se repentait de sa faiblesse, saisit cette occasion pour rejeter le blâme sur ceux à qui il

(1) Tableau historique, page 142.

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