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écririons à Votre Majesté pour lui donner des nouvelles de notre heureuse arrivée, et lui réitérer du lieu de notre résidence, nos remercimens de l'accueil reçu à Paris, et des soins qu'on nous a témoignés pendant tout notre voyage; nous allions envoyer une lettre par un courrier extraordinaire, quand on nous a présenté la lettre écrite par Votre Majesté le 9 mai, et qui nous a été apportée par deux employés dans le secrétariat de votre ministère des affaires étrangères, expédiés de Milan à Rome.

» Leur départ immédiat nous fournit l'occasion de satisfaire notre premier désir plus promptement que nous ne le ferions par un courrier extraordinaire : celui-ci partira plus tard pour porter le bref et les nouvelles lettres de créance que nous enverrons à Votre Majesté et au cardinal Caprara, au sujet de l'avénement au trône d'Italie. Le travail, quoique ordonné par nous au moment de notre arrivée, ne peut pas être terminé avant deux jours.

» Recevez donc, par la présente occasion, la nouvelle de notre retour, et nos remercîmens joints à nos vœux non interrompus pour votre santé et votre prospérité, que nous demandons au Seigneur.

» Nous allons aussi vous écrire sur une autre affaire. Nous avons trouvé, à notre retour, une dépêche de notre cardinal Caprara, arrivée à Rome peu d'heures avant nous. Le cardinal nous fait savoir que l'électeur archichancelier a manifesté le désir de nous voir envoyer en qualité de notre nonce à la diète de Ratisbonne, l'évêque d'Orléans, ce qui contribueroit, dit-il, à l'arrangement des scabreuses affaires ecclésiastiques de l'Allemagne. Le cardinal assure que Votre Majesté, instruite de cette disposition de l'archichancelier, l'approuve et en agréera l'exécution. En apprenant tout cela, nous avons été surpris, comme le sera Votre Majesté, quand elle saura ce qu'avec notre confiance ordinaire nous allons lui expliquer.

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L'électeur archichancelier a été le premier à nous déclarer, il y a quelques mois, que pour une telle mission, il n'y avoit pas de personne plus convenable que monsignor della Genga, notre sujet, lequel a été tant de temps nonce dans ces contrées, à la satisfaction générale.

» Nous avons fait part à l'électeur de notre consentement pour envoyer à la diète ce prélat : l'électeur en a ressenti le plus grand plaisir, et s'est mis en correspondance avec lui. On ne peut pas soupçonner que l'électeur ait changé d'avis, puisque ce matin même monsignor della Genga a reçu une lettre autographe du même archichancelier. Nous vous en envoyons une copie, et Votre Majesté y verra avec quelle insistance il continue à considérer ce prélat comme le nonce qui doit résider à Ratisbonne, et comine la personne la plus propre à réussir, de préférence à toute autre, dans le but qu'on se propose.

>> En cet état de choses, on ne peut concevoir comment le même archichancelier peut supposer qu'il y a lieu à une autre nomination, d'autant plus que nous avons annoncé il y a plusieurs mois cette destination à monsignor della Genga, et que nous en avons donné connoissance à l'empereur François II, et à divers princes d'Allemagne, qui en ont montré de la satisfaction. Comment à présent pourrions-nous, sans sacrifier la réputation d'une personne qui ne mérite pas une pareille insulte, comment pourrions-nous, sans faire nous-même une figure peu convenable devant tous ces princes, changer d'idée et nous retourner vers un autre prélat?

» Nous ajoutons à cela que monsignor della Genga, dans le long séjour qu'il a fait en Allemagne, a acquis une grande expérience des affaires, des localités et des personnes. Depuis son retour à Rome; il ne s'est occupé que du soin d'approfondir toutes ces questions dans tous leurs plus menus détails et dans leurs rapports, en cherchant des lumières et des informations auprès de personnes

habiles qui se sont elles-mêmes rendues à Rome. Nous aussi, nous en avons parlé avec lui plusieurs fois, et nous lui avons communiqué nos sentimens. Finalement, nous l'avons auprès de nous; nous nous sommes interné avec lui dans cette affaire, et nous pouvons, en l'expédiant, lui donner plus facilement nos complètes instructions.

"

D'après ces faits, nous ne doutons pas que Votre Majesté ne voie que les choses sont dans un état tel que notre convenance et la réunion de toutes ces réflexions, n'adinettent plus d'autre choix pour cette commission. D'ailleurs, ce prélat a tout ce qu'il faut pour l'accomplissement de ce devoir : ainsi Votre Majesté, nous n'en doutons pas, après avoir connu la vraie situation des choses, entrera dans nos idées pour cette nomination. Avec les aides et les bons offices si puissans que Votre Majesté interposera, et dans lesquels nous plaçons la plus vive espérance, cette affaire se terminera et tournera à la gloire de Dieu et de sa sainte religion.

» Nous ne pouvons terminer cette lettre sans adresser nos salutations à votre auguste épouse. Nous donnons à Votre Majesté la paternelle bénédiction apostolique.

>> Du Quirinal, le 18 mai de l'an 1805, de notre pontificat le sixième.

» PIUS PP. VII. »

Dans la traduction mise sous les yeux de l'empereur, on a supprimé les salutations à l'auguste épouse.

Ainsi le Pape étoit revenu dans sa capitale, mais on avoit voulu qu'un Français fût son majordome, c'est-à-dire un des dépositaires de ses secrets domestiques les plus intimes; on vouloit actuellement que son nonce à Ratisbonne fût

un Français qui n'avoit pas suivi la carrière des prélatures à Rome. Cette réclamation du Pape toucha l'empereur; il répondit sur-le-champ :

« J'avois entendu parler vaguement du désir qu'avoit l'électeur archichancelier d'avoir l'évêque d'Orléans pour légat de Votre Sainteté ; je n'ai porté aucune espèce d'intérêt à cette affaire, et quel que soit le légat qu'elle ait à Ratisbonne, je lui accorderai toute l'assistance qui dépendra de moi, pour que les affaires réussissent au gré de Votre Sainteté.

» Sur ce, je prie Dieu, etc.

Cette lettre, datée du 23 mai, devoit en précéder une autre où l'empereur demanderoit une faveur particulière au Saint Père. Napoléon avoit l'habitude, du reste fort convenable et fort habile, de témoigner d'avance de l'amitié et de la déférence, quand le lendemain il devoit solliciter quelque faveur. On savoit cela très-bien à Rome, où on s'attendoit à un chagrin quand on avoit reçu une politesse.

Le 24 mai, l'empereur écrit à Sa Sainteté en

ces termes :

pas

« J'ai reçu la lettre de Votre Sainteté, du 18 mai. J'avois déjà été instruit de sa bonne arrivée à Rome. J'ai appris avec un vrai plaisir que sa santé ne se scit mal trouvée du climat et des fatigues d'un si long voyage. Un de ses premiers soins a été de faire prendre un décret pour le concordat; Votre Sainteté peut donc le faire publier à Rome, sans aucune espèce de doute; toutes choses peuvent s'arranger d'une manière convenable. Je rece

vrai demain le cardinal Caprara comine son légat, et c'est jeudi qu'aura lieu la fonction que j'ai retardée parce que nos préparatifs n'étoient pas terminés. J'ai remarqué que le temps avoit été mauvais l'autre jour.

>> Le ballon si heureusement arrivé à Rome le jour du sacre (le lendemain de la fête de la ville de Paris) sera conservé précieusement, pour constater cet événement extraordinaire, il faut le mettre dans un endroit où les voyageurs puissent le voir, et qu'une inscription constate qu'en tant d'heures il est arrivé à Rome.

» J'ai parlé plusieurs fois à Votre Sainteté d'un jeune frère de dix-neuf ans, que j'ai envoyé sur une frégate en Amérique, et qui après un mois de séjour s'est marié à Baltimore, quoique mineur, avec une protestante fille d'un négociant des États-Unis. Il vient de rentrer. Il sent toute sa faute. J'ai renvoyé mademoiselle Patterson, sa soidisant femme, en Amérique. Suivant nos lois, le mariage est nul. Un prêtre espagnol a assez oublié ses devoirs pour lui donner la bénédiction.

» Je désirerois une bulle de Votre Sainteté qui annulât ce mariage. J'envoie à Votre Sainteté plusieurs mémoires, dont un du cardinal Caselli, dont Votre Sainteté recevra beaucoup de lumières. Il me seroit facile de le faire casser à Paris, l'église gallicane reconnoissant (déclarant) ces mariages nuls. Il me paroîtroit mieux que ce fût à Rome, ne fût-ce que pour l'exemple des membres des maisons souveraines qui contracteront un mariage avec une protestante. Que Votre Sainteté veuille bien faire cela sans bruit ce ne sera que lorsque je saurai qu'elle veut le faire, que je ferai faire la cassation civile.

» Il est important, pour la France même, qu'il n'y ait pas aussi près de moi une fille protestante; il est dangereux qu'un mineur de dix-neuf ans, enfant distingué, soit exposé à une séduction pareille contre les lois civiles et toute espèce de convenances.

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