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n'obtenoient encore rien du Pontife, et il continuoit de résister à leurs conseils. Pendant ce temps-là, beaucoup de personnes de Paris, éminemment religieuses, et entr'autres la famille Montmorency-Laval, et madame la marquise de La Riandrie, faisoient parvenir au Saint Père des témoignages de leur inaltérable dévouement.

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CHAPITRE XXIV.

DÉTAILS SUR L'ÉPOUVANTABLE Catastrophe de RUSSIE. M. DUVOISIN, ÉVÊQUE DE NANTES. L'EMPEREUR VIENT A FONTAINEBLEAU. CONCORDAT DE 1813. ARRIVÉE A FONTAINEBLEAU DES CARDINAUX PACCA ET CONSALVI. Le pape se DÉTERMINE A PROTESTER CONTRE LE CONCORDAT DE 1813.

CINQ mois après l'arrivée du Saint Père à Fontainebleau, l'empereur Napoléon revint de sa désastreuse campagne de Russie (1); et s'étant

(1) Je placerai ici un passage des mémoires du cardinal Pacca (page 221, chap. IV, 2o édition). « Je dois ajouter un fait ainsi qu'une obser»vation qui sera accueillie avec moquerie et dérision par nos modernes >> penseurs, mais je soumets cette réflexion aux ames pieuses qui, dans >> les événemens du monde, voient et reconnoissent toujours les opéra>>tions d'une main supérieure et invisible, gouvernant les choses hu>> maines. Une lettre de l'empereur Napoléon adressée au prince Eu» gène, contenant des plaintes contre Pie VII, parce qu'il n'avoit >> pas voulu condescendre à plusieurs demandes, portoit ces notables >> paroles : « Ignore-t-il combien les temps sont changés? me prend-il » pour un Louis-le-Débonnaire? ou croit-il que ses excommunications » feront tomber les armes des mains de mes soldats? » Après la susdite >> excommunication, dans les entretiens qu'il eut avec le cardinal Ca» prara, sur ce sujet, Napoléon qui répétoit souvent les mêmes pen»sées, lui dit fréquemment à travers des ironies et des sarcasmes, que >> comme l'excommunication ne faisoit pas tomber les armes des mains » de ses soldats, il s'en moquoit. Mais Dieu permit que le fait de la >> chute des armes des mains des soldats s'accomplit. Je lus avec éton>> nement et stupeur dans l'histoire de Napoléon et de la grande ar» mée, pour l'année 1812, écrite par M. le comte de Ségur, un des génétémoin oculaire de cette grande catastrophe, que les armes des

>> raux,

attaché d'abord avec son incroyable et infatigable activité militaire et administrative à réparer ses pertes par de nouvelles levées, et à exciter la nation la plus belliqueuse, à de nouveaux sa

» soldats parurent un insupportable poids à leurs bras glacés. Dans » leurs chutes fréquentes, les armes s'échappoient de leurs mains, se bri» soient et se perdoient dans la neige. S'ils se relevoient, ils s'en trou» voient privés. Ils ne les jetoient pas, la faim et le froid les leur ar» rachoient. On lit dans les mémoires pour servir à l'histoire de » France, sous le gouvernement de Napoléon Bonaparte, par M. Sal» gues, on lit ces autres paroles: Le soldat ne put tenir ses armes : » Elles s'échappèrent des mains des plus braves, et plus loin, chap. vII, >> pag. 164: Les armes tomboient des bras glacés qui les portoient. Nos » libres penseurs répondront que ce furent les neiges, les glaces et les >> tempêtes qui produisirent cet effet, mais qui est celui qui commande >> à ces météores? L'écriture nous l'apprend, ps. 148. Nix, glacies et » spiritus procellarum faciunt verbum ejus. »

Au moment où je transcris ce passage des mémoires du cardinal Pacca, je viens de voir un de nos plus célèbres généraux d'artillerie qui m'a dit que tous ces récits ne sont pas des suppositions hasardées et poétiques. 11 accompagnoit d'un geste déchirant le témoignage rendu à la vérité. Lui-même, il a vu, dans la retraite, nos infortunés soldats s'arrêter, chanceler, baisser la tête, laisser échapper leurs fusils, ne montrer aucune volonté de les reprendre, et tomber morts.

Et Napoléon, s'il ne laissa pas tomber ses armes, ne laissa-t-il pas, plus tard, tomber son courage? Que signifie cette demande du nombre des excommunications lancées avant la sienne? Etoit-elle si calme cette conscience d'un général qui savoit mépriser vaillamment les périls des batailles? Un homme comme Napoléon étoit trop fier pour avouer que cette séparation prononcée par le Pape, qu'il avoit forcé de venir le sacrer, pouvoit inquiéter les nuits d'un guerrier, mais plusieurs fois il avoua que sa conduite politique avec le Pape avoit été mal combinée. L'orgueil s'ingénie à ne se reconnoître que des torts légers. Il confesse une faute, il ne confesse pas un bourrelement de conscience. D'ailleurs, attendons encore quelque temps, et nous saurons ce qu'a pu souffrir Napoléon, quand nous le verrons maître de ses actions religieuses, au milieu d'hérétiques qui ne le tourmentoient pas sous ce rapport, demander avec instance qu'on lui envoie, du chef-lieu du Saint Siége, un prêtre catholique, et achever sa grande vie franchement, loyalement, honnêtement, dans les manifestations d'un attachement sincère à la religion catholique, apostolique romaine.

crifices, il pensa ensuite que, dans cette circonstance, un rapprochement entre lui et le Pape, ou vrai, ou au moins apparent, pourroit lui être utile. Il savoit bien que le nombre des sincères catholiques en France est plus considérable qu'on ne le croit communément, et que des persécutions dictées, comme on le disoit, par l'ambition et l'orgueil, les aliénoient et leur étoient odieuses. En Allemagne, les princes et les ministres, qui souffroient avec dépit leur dépendance des moindres signes de l'empereur, quoiqu'euxmêmes ils eussent quelquefois foulé aux pieds les droits du Saint Siége, commençoient cependant à s'appuyer sur les réclamations des peuples à propos des tourmens dont on accabloit le Pape dans sa prison, pour animer et irriter leurs sujets contre le gouvernement impérial et la nation française. L'empereur avoit surtout appris

que

les Polonais lui adressoient à cet égard de graves reproches, et que les injures dont s'étoit plaint le Pape avoient beaucoup refroidi leur zèle. Napoléon averti par de si puissantes raisons, se hâta de renouveler ses essais d'accommodement avec le captif de Fontainebleau, pour obtenir son approbation définitive, et sans restrictions, des propositions que les évêques lui ayoient faites à Savone; et prenant pour prétexte le commencement de l'année 1813, il envoya dans cette résidence un chambellan chargé de complimenter le Saint Père, ainsi qu'il est d'usage

dans les cours, et de demander des nouvelles de Sa Sainteté. Cet acte de courtoisie et de convenance obligea le Pape d'envoyer à Paris une personne de sa cour, pour remercier l'empereur, et le choix tomba sur le cardinal Joseph Doria, parce qu'il n'étoit pas désagréable à Napoléon. Dans le séjour que ce cardinal fit à Paris, en cette occasion, il fut établi, d'un commun accord, que l'on rouvriroit les négociations. L'empereur chargea de ses intérêts monseigneur Duvoisin, évêque de Nantes, tandis que le Pape (dit encore le cardinal Pacca) pouvoit difficilement trouver, parmi ceux qui l'assistoient, un champion égal en habileté et en adresse.

M. Duvoisin suivit de près le cardinal Doria à Fontainebleau; et de la part de l'empereur, il présenta une suite de propositions. Nous en citerons quelques-unes :

« 1o Le Pape et les futurs Pontifes, avant d'être élevés au pontificat, devront promettre de ne rien ordonner, de ne rien exécuter qui soit contraire aux quatre propositions gallicanes. 2o Le Pape et ses successeurs n'auront à l'avenir que le tiers des nominations dans le sacré collége. La nomination des deux autres tiers appartiendra aux princes catholiques. 3o Le Pape, par un bref public, désapprouvera et condamnera la conduite des cardinaux qui n'ont pas voulu assister à la fonction sacrée du mariage de Napoléon avec l'impératrice Marie-Louise. Dans ce cas, l'empereur leur rendra ses bonnes grâces et leur permettra de se réunir au Saint Père, pourvu qu'ils acceptent et qu'ils signent ledit bref pontifical. Finalement seront exclus de

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