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attaquoient de toutes parts), et enfin la grandeur des pertes incalculables et sans ressource, causées à la chambre apostolique, à ses finances et à ses sujets par la révolution qui vient d'avoir lieu.

» Comme il est de l'intérêt général de la chrétienté que les moyens ne manquent point à son chef, afin qu'il remplisse les devoirs qui lui sont imposés pour sa propre con. servation, conséquemment pour celle de la primatie que lui a donnée Jésus-Christ, et dont l'utilité est généralement reconnue, nous ne pouvons être indifférent à la perte de ces moyens, ni négliger aucune démarche dépendante de nos soins pour réparer cette perte autant qu'il est en nous. » C'est même l'obligation précise et positive d'un tuteur, d'un administrateur tel que nous sommes du patrimoine de saint Pierre, devoir d'autant plus obligatoire pour nous, que vient s'y joindre la force du serment que nous avons prêté à l'époque de notre élévation au pontificat. Nous sommes encore obligé, par les devoirs de la plus stricte justice, de payer aux créanciers du trésor pontifical, les intérêts de capitaux immenses, et de subvenir en même temps aux besoins des sujets de l'Eglise romaine réduits à la plus grande détresse par les calamités passées.

» L'accomplissement de nos devoirs, le soin de pourvoir à tant de nécessités urgentes; les secours dûs à tant de misères serrent notre cœur et affligent constamment notre caractère libéral et bienfaisant de sa nature. Nous déposons donc notre sollicitude dans le sein de Votre Majesté, vous priant et vous conjurant par ce Dieu auteur de la foi catholique, qui vous a si extraordinairement enrichi de ses dons, de réparer, autant qu'il est possible, tant de pertes et de dommages apportés au Saint Siége par un gouvernement qui, grâces à votre valeur et à votre mérite, n'a plus d'existence (1).

(1) On vouloit citer ici un fait très-important. Le traité de Tolentino avoit contraint Pie VI à payer trente millions de livres tournois.

» Nous pourrions facilement prouver le manque de titres du Directoire à faire occuper par des troupes l'État pontifical; nous pourrions développer des raisons politiques qui feroient voir qu'indépendamment de ce qu'il n'y auroit aucun danger pour la France, il seroit encore utile pour l'équilibre de l'Italie, de rendre ses domaines à un prince qui n'a d'autres armes défensives que sa foiblesse temporelle et sa dignité spirituelle: mais nous ne voulons mettre notre confiance en rien, après Dieu, qu'en la générosité et la grandeur de votre cœur magnanime.

Quelle ressemblance les sincères admirateurs de votre gloire n'aiment-ils pas à remarquer entre l'ancien fondateur et le présent restaurateur de l'empire des Français !

» Qu'il plaise donc à Votre Majesté Impériale, afin de rendre parfait le parallèle, de joindre ici l'imitation d'un acte si spontané et si célèbre, par lequel Charlemagne rendit à Saint Pierre tout ce qu'il avoit recouvré par ses armes glorieuses, du don que lui avoit déjà fait Pépin son père et qu'avoient envahi les Lombards qu'il vainquit; nous vou

Suivant M. Cacault, alors commissaire spécial à Rome, il étoit prouvé que d'après les estimations contradictoires, on avoit remis en diamans, or, argent, bijoux, calices, statues massives, une somme de vingt-neuf millions. M. Cacault demandoit que pour les frais de caisse, d'emballage, de transport, et les dépenses imprévues de toutes sortes, on abandonnat au gouvernement pontifical la somme d'un million, et qu'ainsi on accordat une quittance définitive des trente millions: mais Haller jeta tant de cris et parla si haut en corsaire, que le Pape donna ordre d'envoyer à Gênes une autre somme énorme consistant particulièrement en diamans, et sur laquelle on prendroit le surplus que Haller contraindroit à payer, et qui, en supposant qu'il fût seul entendu et pris pour arbitre dans ce différend, qui n'en étoit pas un, pourroit s'élever tout au plus à trois ou quatre millions. La somme envoyée à Gênes montoit à dix millions. Au moins six millions étoient encore la propriété du Pape, même aux termes du traité de Tolentino. Le trésor de l'armée avoit reçu ce dépôt en nantissement, puis l'avoit rendu. Ces diamans laissés franchement par le Pape à la garde d'un banquier dans une ville qui avoit garnison française, mais qui n'avoit pas perdu sa liberté politique, étoient encore à Gênes, lorsque le directoire fit tuer

lons dire de l'Exarchat et de la Pentapole (1), avec l'addition d'autres domaines, et particulièrement du duché de Spolète et de Bénévent,

» Ce sera encore un autre trait d'imitation du zèle constant que mit Charlemagne à défendre et même à étendre en toute rencontre les droits et les prérogatives du Saint Siége, si Votre Majesté, en toute autre occasion, et particulièrement dans la conjoncture où par hasard un congrès pour la paix générale viendroit à avoir lieu, assuroit au Saint Siége sa puissante protection, et lui obtenoit d'avoir aussi un envoyé, non pour qu'il se mêlât aux négociations temporelles, mais pour garantir avec une médiation trèsefficace les droits et les possessions du Saint Siége romain.

» Plaise au ciel que pour votre gloire et notre consolation complète, on puisse écrire de vous ce que nous trouvons écrit dans les monumens de l'Eglise, d'un de nos prédécesseurs, Étienne IV, et de Louis Le Pieux, fils de Charlemagne, qui avoit reçu de lui la couronne impériale. » Le Seigneur daignoit accorder à ce Pontife tant de protection, qu'il obtint tout ce qu'il demanda à ce prince, >> au point que ce pieux monarque dans son amour pour Étienne IV, entr'autres dons qu'il lui offrit, fit présent

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Duphot à Rome, oui, véritablement, le fit tuer, puisqu'il suscita l'émeute où ce général digne d'un meilleur sort fut renversé d'un coup de feu. A la première nouvelle de cet événement, le Directoire qui la savoit à peu près d'avance, fit saisir tout le dépôt de diamans et se l'appropria. J'ai su, depuis, que c'est à cause de ce vol insigne, qu'on avoit conseillé à Pie VII de ne pas donner de présens ornés de diamans à l'occasion du concordat. Certainement alors on avoit tort de risquer de rompre une grande négociation pour un si petit intérêt de quelques boîtes ornées de brillans. Tous ces faits étoient vrais, mais Pie VII ne voulut pas qu'on en fît mention dans le mémoire dont il s'agit ici, et cependant Bonaparte avoit été souvent, pouvoit-on ajouter, un géné ral intègre, toujours prompt à punir sévèrement les déprédations des fripons.

(1) La Pentapole comprenoit Rimini, Fano, Pesaro, Ancône et Humana aujourd'hui détruite.

» à l'apôtre saint Pierre d'un manoir (curtem) provenant » de ses propres biens, situé sur la frontière des Gaules, et » commanda de constater par un acte authentique cette » donation perpétuelle. »

Ce mémoire fut examiné avec une grande attention. Il ne faut pas ici juger légèrement la conduite du Pape Pie VII. Comme il le dit avec beaucoup de calme et de sincérité, il n'étoit que le tuteur et l'administrateur du Saint Siége. On a enlevé, sous les prétextes que nous avons vu se développer, plusieurs provinces de l'État ecclésiastique; le devoir du Pape est de les réclamer. Quel que soit le détenteur, le Pontife doit redemander le bien dont il a la garde. Quand Dieu aura rendu à la France ses anciens souverains, c'est à eux encore que Pie VII redemandera l'héritage de saint Pierre. Napoléon lui-même sentit si bien l'importance de ces raisons, qu'il ordonna de faire une réponse où il étoit aisé de reconnoître qu'il refusoit parce qu'il n'avoit pas la puissance de rendre. Hâtons-nous d'offrir un document où le bon sens, la civilité la plus circonspecte, le respect dû au chef de l'Église, dominent encore différons d'autant moins que peut-être nous y trouverons des dispositions mystérieures qui nous annonceront que si Dieu n'avoit pas arrêté dans sa volonté suprême et profondément réparatrice, d'autres destinées pour la France, le soldat-roi lui-même auroit cherché à guérir les blessures de l'Église.

Voici le mémoire de l'Empereur que le Pape reçut en réponse à ses demandes.

Paris, 11 mars 1805.

« L'empereur a lu avec le plus vif intérêt le mémoire qui renferme diverses réclamations de Sa Sainteté sur les pertes que le Saint Siége a éprouvées depuis le milieu du dernier siècle jusqu'à ce jour. Les réflexions nobles et pieuses que le Saint Père exprime en cette occasion, ont redoublé pour lui la vénération de l'empereur. Les sentimens de confiance et d'affection que le Saint Père manifeste envers l'empereur, augmenteroient, s'il étoit possible, son amour et sa gratitude filiale.

>>

L'empereur a toujours pensé qu'il étoit utile à la religion que le souverain Pontife de Rome fût respecté, nonseulement comme chef de l'Eglise catholique, mais encore comme souverain indépendant. Dans tous les temps l'empereur regardera comme un devoir de garantir les États du Saint Père, et de lui procurer, dans les guerres qui pourront encore à l'avenir diviser les États chrétiens, une tranquillité entière et assurée. Le siècle qui vient de finir (1) et celui qui l'a précédé, ont été funestes à la puissance temporelle du Saint Siége. La puissance spirituelle a reçu encore de plus fâcheuses atteintes. Dieu a permis qu'un

(1) Il s'agit ici d'Avignon que le traité de Vienne, en rendant les Légations au Saint Siége, a laissé de la manière la plus positive à la France. A ce sujet, nous rapporterons le fragment d'une dépêche de M. le duc de Choiseul à M. de Bernis, en date du 12 novembre 1770. La France occupoit Avignon, et Naples, Bénévent. Voici ce que M. le duc de Choiseul écrivoit au cardinal : « Sa Majesté consentira à donner au Saint Siege un prix pour le Comtat et Avignon. J'ai déjà mandé à Votre Excellence qu'il falloit ménager les finances du roi, mais Sa Majesté croit que quatre à cinq millions sont le prix juste de ce petit pays.» Je ne tire de ceci aucune conséquence, car le traité de Vienne est clair. Je veux seulement établir que sous Louis XV, quand on vouloit s'emparer d'un Etat avec convenance, on offroit une compensation.

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