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îles de Malte, de Gozo et de Comino, fussent solennellement reconnus et confirmés comme élant irrévocablement annexés à la couronne des Deux-Siciles; et qu'à cette cause, sa majesté sicilienne fournit une force de deux mille hommes pour servir de garnison dans les forteresses de l'île, jusqu'à ce que l'ordre fût en état de lever un nombre suffisant de troupes de la manière convenue.

Le plénipotentiaire français, loin d'admettre cette interprétation rigoureuse des préliminaires, expliqua dans une note fort étendue, le sens et le peu d'importance de ses premières conversations sur cet objet avant la réunion du congrès. Il niait le prétendu mécontentement des Maltais, et insistait en ces termes pour l'entière indépen dance: «Les moyens d'exécution des pré>>liminaires sont abandonnés à la sagesse » et à la bonne foi des deux gouvernemens ; >> ils doivent faire tout pour que Malte soit >> à l'ordre et rien au-delà, rien de ce qui » pourrait restreindre sa prérogative, rien » de ce qui, au lieu d'offrir une protection

>> aux chevaliers, semblerait leur donner » un maître ou diminuerait l'influence ex>>clusive qu'ils doivent avoir à Malte ». Enfin, puisqu'il était reconnu qu'une force étrangère était pour quelque temps nécessaire à Malte, la France proposait de faire lever un corps de mille Suisses, dont les officiers seraient choisis parmi ceux qui n'avaient pas porté les armes dans la présente guerre. Cette idée bizarre de transplanter des Suisses à Malte, prouvait l'embarras du premier Consul; il ne put même, en menaçant de rompre les négociations, vaincre la persévérance de l'Angleterre à ne vouloir remettre l'île qu'à des troupes napolitaines; il lui fallut céder sur ce point capital, et réduire la discussion à déterminer la force de cette garnison auxiliaire, et la durée de son séjour. Après avoir épuisé les chicanes, les formalités diplomatiques, jusqu'à faire douter d'une et d'autre part de la sincérité des protestations pacifiques, on se concilia; il fut arrêté << que la garnison fournie par le roi de Naples, >> serait maintenue à un effectif de deux

» mille hommes pendant un an, à dater de >> la restitution des forteresses; et que si, à >> l'expiration de ce terme, l'ordre n'avait pas >> encore levé la force suffisante, au jugement » des puissances garantes, pour servir de » garnison dans l'île et ses dépendances, les >> troupes napolitaines y resteraient jusqu'à >> ce qu'elles fussent remplacées par une au>> tre force jugée suffisante par ces mêmes >> puissances >>.

D'autres propositions incidentes, telles que la reconnaissance par l'Angleterre des nouvelles puissances d'Italie, pouvaient encore retarder la conclusion du traité définitif et amener de vifs débats. Elles furent écartées d'un commun accord, et la pacification maritime fut signée à Amiens, par les plénipotentiaires de France, d'Angleterre, d'Espagne et de Hollande, le 27 mars 1802.

Quoique les lenteurs de la négociation eussent beaucoup refroidi dans les deux pays les sentimens de conciliation que les préliminaires de la paix avaient fait naître ; quoique les appréhensions et les jalousies pro

duites

par les indiscrètes entreprises du pre

mier Consul eussent troublé d'avance la bonne harmonie qu'on s'efforçait de rétablir, la nouvelle de la signature du traité d'Amiens fut reçue avec joie en Angleterre et en France. Il n'y eut dans les cabinets de Londres et de Paris aucune arrière-pensée : on voulut des deux parts exécuter loyalement les clauses stipulées; il est juste de le recounaître. On n'est que trop enclin, sur la foi d'observateurs prévenus ou inconsidérés, à supposer qu'on a caché à dessein dans la paix le germe de la guerre, comme si l'histoire de deux nations rivales ne pouvait offrir des exemples de justice et de bonne foi. Eh! ne trouve-t-on pas assez de versatilité dans les intérêts et les passions des hommes, pour expliquer les cau ses des changemens politiques à diverses épo ques? Faut-il toujours chercher à lier entre eux les événemens mémorables par un tissu de perfidies? Ne croyons point, ainsi qu'on l'a dit depuis, que le cabinet anglais signa la paix d'Amiens, comme une trève nécessaire et dans l'intention de la rompre nous trou

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verons dans la suite de cet ouvrage, quand nous devrons assigner les causes du renouvellement des hostilités, l'occasion de faire ressortir cette vérité, et de rendre justice à la conduite franche de lord Hawkesbury. Nous pensons aussi que Bonaparte, après avoir habilement profité de la latitude que lui laissait le vague du traité préliminaire pour consolider les nouveaux états d'Italie, ne songeait pas à troubler l'Europe par de nouvelles guerres. La paix d'Amiens mettait le sceau à sa puissance; il le sentit; il voulait, il pouvait la rendre durable; mais il n'était pas dans son caractère de laisser agir le temps. Pour cueillir à la fois tous les fruits de la paix, il tomba dans de graves erreurs; la plus grande fut sa prévention contre l'admirable constitution de l'Angleterre. Nous ne développerons point ici cette observation qui plus tard trouvera mieux sa place; hâtons-nous de rappeler sommairement les objets les plus importans qui, à l'époque du traité définitif, occupaient tous les esprits,

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