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Après ce discours fréquemment interrompu par les applaudissemens, on procéda à la lecture de la constitution de la république cisalpine sur l'énoncé de ce titre, tous les membres de l'assemblée se levèrent spontanément, et demandèrent que la dénomi nation de République italienne fût substituée à celle de République cisalpine: le premier Consul se rendit au vou général, et ce grave et hardi changement fut sur-le-champ proclamé.

Cette loi constitutionnelle préparée dans le cabinet du premier Consul, et qui ne devait rencontrer aucune opposition de la part des notables italiens convoqués pour la sanctionner, peut servir à faire connaître la théorie du gouvernement qu'il s'était formée et dont il essayait l'application; ses trois colléges électo raux de possidenti dotti et commercianti, en nombre invariablement fixé, n'étaient qu'une bizarre déviation du vrai système de gouver nement représentatf; cette classification exclusive ne pouvait produire qu'une faible oligarchie, s'il ne l'avait en même temps rendue

illusoire par l'organisation et les attributions d'un vigoureux pouvoir exécutif : celui-ci était concentré dans les mains du président, et en son absence, du vice-président de la république, ayant auprès de lui une consulte d'état et un conseil législatif. Le Corps législatif, composé de soixante-quinze membres nommés par les colleges, n'avait aucune sorte d'initiative, et votait passivement et secrètement sur les lois proposées par le gouvernement après avoir entendu la discussion ouverte entre des orateurs nommés d'office. On eût dit que les auteurs de cette constitution avaient à résoudre ce problème insoluble, admettant ce principe républi cain, que la souveraineté réside dans l'universalité des citoyens, comment doivent-ils déléguer l'exercice de leurs droits et des pouvoirs qui en dérivent, pour que l'autorité suprême une fois établie ne rencontre plus d'obstacles, et que ses actes ne puissent être ni contredits ni contrôlés?

Dès que la lecture des cent vingt-huit articles de la constitution fut terminée, où pro

clama les listes des colléges, celle du Corps législatif et les noms des principaux membres du gouvernement: le général Bonaparte, président; de Melzy, vice-président; Giuicciardi, secrétaire d'état; Spanocchi, grand-juge. Le premier Consul invita le comte de Melzy à venir se placer auprès de lui et l'embrassa. L'assemblée fut profondément émue de ce mouvement affectueux. L'homme d'état qui en était l'objet, fut l'un des plus éclairés et des plus sages qui de son temps aient pris part aux affaires publiques; il aimait sa patrie, il souhaitait ardemment l'indépendance de l'Italie, il la voulait surtout dans l'intérêt de la France: la justice que Bonaparte rendait au caractère et à la considération personnelle de M. de Melzy, était d'autant plus remarquable, que jamais celui-ci n'avait capté sa faveur, et qu'en admirant son génie et ses talens, il redoutait et blàmait hautement ses vues ambitieuses. Si sa nomination à la place de vice-président de la république italienne fut le résultat d'une combinaison

politique, son acceptation fut certainement un acte de dévouement à son pays.

Ayant ainsi terminé la session de la Consulte extraordinaire, et pleinement rempli dans la courte durée de son séjour à Lyon l'objet de son voyage, le premier Consul retourna à Paris; des salves d'artillerie annoncèrent son arrivée, il reçut les félicitations du Sénat, du Corps législatif et de toutes les autorités, sur l'heureux résultat du congrès de Lyon, L'éclat et les conséquences probables de cet événement, qui fixait l'attention de l'Europe, alarmèrent les puissances jalouses; et d'un autre côté, les zélés républicains affectaient de plaindre le sort du peuple cisalpin, et ne voyaient dans l'assujettissement de l'Italie, à l'influence du général Bonaparte, que l'ébranlement de la paix encore incertaine, et de nouvelles chances de guerre. Le concert de louanges dont relentissait le palais des Tuileries ne rendit point le premier Consul insensible au danger de ces alarmes, ni sourd à ces reproches. Il fit insérer dans les feuilles officielles un écrit, dont l'objet était de dé

montrer que les accroissemens modernes de la puissance de la France, n'étaient qu'en raison de ceux qu'avaient pris dans les derniers temps les forces des autres grands états de l'Europe, assertion vraie au fond quant aux extensions de territoire, puisque depuis les deux partages de la Pologne, si la France était contenue dans ses anciennes limites, elle cessait, malgré l'avantage de sa position et de sa nombreuse population d'être une puissance du premier ordre. Le moyen de maintenir l'équilibre invoqué comme le seul garant de la durée de la paix, était présenté dans cette note d'une manière au moins trèsspécieuse. L'on y comparait l'ancien et le nouveau système en Allemagne et en Italie: pour l'Allemagne, on observait que la Pologne, la Turquie et la Suède, que leurs intérêts naturels réunissaient au système politique de la France, étaient détachées, et que la destruction de la couronne de Pologne, l'affaiblissement de la puissance Ottomane et de l'influence de la Suède, par le rapide accrois sement de la Russie, ayant ou neutralisé ou

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