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leur exemple, les classes industrieuses avaient confiance dans le protectorat du premier Consul. Le traité de Lunéville ayant fait reconnaître la république cisalpine, l'esprit public en acquit plus de force, et l'on attendait avec impatience de voir établir par une constitution appropriée au caractère et aux mœurs des peuples de la Haute-Italie, Findépendance de ce nouvel état, garantie solennellement par la France, l'Autriche et l'Empire.

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On voit quelle était la situation politique de Bonaparte à l'égard de la république cisalpine s'il l'émancipait et la laissait se constituer et se gouverner elle-même, il perdait tout l'avantage de sa conquête; les liens qui l'attachaient à la France ne pouvaient manquer de se relâcher de plus en plus, et le moindre désordre la livrait à la puissance rivale; s'il continuait à la retenir dans la dépendance, il violait manifestement l'article du traité de Lunéville, conçu en ces termes « Les parties contractantes se ga>> rantissent mutuellement l'indépendance

» desdites républiques (batave, helvétique, » cisalpine et ligurienne), et la faculté aux >> peuples qui les habitent d'adopter telle >> forme de gouvernement qu'ils jugeront >> convenable ». Nous allons dire comment le premier Consul s'affranchissant des scrupules diplomatiques, saisit le moment opportun pour fixer le sort de la Lombardie, et affermir sa puissance en Italie.

Le 14 novembre, une proclamation de la commission extraordinaire du gouvernement, annonça au peuple cisalpin la convocation d'une consulte extraordinaire à Lyon, pour fonder les bases de la république cisalpine, sous les auspices et en présence du premier Consul de la République française : une loi rendue par la consulte législative, deux jours auparavant, avait réglé la composition de cette singulière assemblée constituante, appelée sur un sol étranger à délibérer sur la constitution de son pays, sans autre mandat que les nominations faites par les différentes autorités. La loi portait que l'assemblée serait « composée des membres actuels

» de la consulta législative, de ceux de la >> commission du gouvernement, d'une dé» putation d'évêques, d'une députation des » tribunaux de justice, d'une des sociétés >> académiques et d'instruction publique, » d'une des administrations du département, » d'un député de chacune des quarante cités » principales, des gardes nationales, des » corps militaires soldés, des chambres de » commerce, et enfin de cent quarante-huit >> notables nommés par le gouvernement ». Tous les membres de la consulte, au nombre de quatre cent cinquante-deux, furent réunis le 31 décembre. Le conseiller d'état Petiet, ministre extraordinaire de France, depuis le rétablissement de la république cisalpine; et qui en avait présidé l'assemblée législative avec beaucoup de sagesse, et mérité les té moignages de la reconnaissance nationale, se rendit aussi à Lyon, avec le général en chef Murat. Rien ne fut négligé pour la solennité 'de l'ouverture de la consulta: les apprêts pour la réception du premier Consul furent magnifiques; le ministre des affaires étran

gères et celui de l'intérieur le précédèrent de quelques jours; et certes il ne pouvait choisir de plus habiles ni de plus utiles précurseurs le premier, M. de Talleyrand, disposait les esprits des députés avec sa séduction accoutumée; le second, M. Chaptal, administrateur éclairé et savant professeur, leur prodiguait, de concert avec les habi tans de Lyon, les soins d'une somptueuse hospitalité, et faisait briller à leurs yeux les miracles des arts, et les perfectionnemens que l'application de ses procédés ingénieux avaient apportés dans les manufactures. Les notables de l'Italie semblaient n'avoir été rassemblés dans cette métropole du com merce français, que pour assister à une fête nationale.

pas

On retrouve toujours sur les des hommes revêtus d'une grande puissance et surtout des conquérans, les mêmes hommages, les mêmes acclamations, la même adulation. On les blâme s'ils s'en laissent enivrer; mais combien de sages qui croient que la modération est une facile verlu, parce

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qu'ils n'ont jamais été éprouvés par les hautes faveurs de la fortune, auraient succombé à cet enthousiasme, à cette allégresse publique avec lesquels Bonaparte victòrieux, pacificateur, régulateur des destinées des peuples en-deçà et au-delà des monts, fut accueilli dans les murs de Lyon, le 11 janvier 1802. La Consulta avait ouvert ses séances le 4 janvier, sous la présidence du ministre Petiet, et s'était divisée en cinq sections correspondantes aux anciens territoires de l'Autriche, de l'État ecclésiastique, de la république de Venise, du Modénois, de la Valteline, et des démem bremens du Piemont. Chaque section devait délibérer sur les moyens les plus propres à accélérer la mise en activité de la constitution : ce n'était qu'après avoir terminé leurs opérations que les sections devaient, en vertu d'un nouvel arrêté, se réunir pour délibérer en commun. On avait élevé dans la salle destinée à l'assemblée générale, en face du fauteuil du président, une tribune pour le premier Consul; elle était ornée de trophées qui rappelaient

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