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changemens qui convenaient à sa politique : nous allons les faire connaître le plus sommairement possible.

« L'Helvétie (nous rapportons les propres expressions du premier Consul dans son exposé de la situation de la République, à la fin de 1801), « l'Helvétie avait depuis » deux ans donné le spectacle d'un peuple » déchiré par les partis, et chacun de ces » partis invoquant le pouvoir, et quelque>> fois les armes de la France, il l'avait, di» sait-il, toujours rappelée à son indépen>> dance ».... Ses conseils s'étaient bornés à leur dire : « Souvenez-vous du courage et » des vertus de vos pères, ayez une organi»sation simple comme vos mœurs; songez » à ces religions, à ces langues différentes » qui ont leurs limites marquées ; à ces val» lées, à ces montagnes qui vous séparent, » à tant de souvenirs attachés à ces bornes >> naturelles ; et qu'il reste de tout cela une >> empreinte dans votre organisation ». Il ajoutait, « que ses conseils avaient été froide>>ment reçus, et que l'Helvétie était restée

» sans pilote au milieu des orages ». Le ministre de la République ne s'était montré que comme un conciliateur au milieu des partis divisés; et le général des troupes françaises avait refusé aux factions l'appui de ses forces. En effet, l'essai d'une nouvelle république fédérative, dont la diète formée de quatre-vingt-un députés des cantons devait décréter la constitution, n'avait pu réussir : l'ancien esprit qui liait ces parties hétérogènes n'existait plus; l'Helvétie, devenue un théâtre de guerre et d'intrigues, ne ressemblait plus à la Suisse d'autrefois, paisible asile de la liberté on ne pouvait la reproduire, on ne pouvait lui rendre l'ensemble détruit par la violation de sa neutralité, ni la simplicité de ses moeurs que n'altéraient pas les institutions oligarchiques de quelques cantons, ni la majesté de ses traditions historiques; tous ces liens étaient rompus: on voulait centraliser et rendre plus fort le gouvernement général; mais tous les intérêts étaient divergens. La diète ne put s'accorder sur cette première base; les débats

furent plus vifs encore sur l'assiette de l'impôt, que les petits cantons rejetèrent obstinément; les vues qu'on soupçonnait à la France pour le démembrement du Valais, augmentaient encore le mécontentement et la confusion.

Le 28 octobre, un mois avant la publication de cet exposé du premier Consul, une nouvelle révolution éclata subitement à Berne: la majorité des membres de la diète connus par leurs principes révolutionnaires, avait précipitamment rédigé un projet de constitution démocratique, toute opposée à celle qui avait été concertée avec le gouverne ment français par le parti modéré; les députés de neuf cantons quittèrent la diète et protestèrent. Toute la partie orientale de la Suisse se trouva séparée de la partie occidentale, c'est-à-dire des cantons dits aristocratiques, à cause des formes de leurs anciennes constitutions. Les membres restés à la diète n'en furent que plus ardens à poursuivre l'exécution de leurs plans; ils nom

mèrent les membres d'un nouveau sénat qui fut installé le 27 octobre.

La nuit suivante, une partie du conseil législatif se rassembla secrètement, et donna plein pouvoir de renverser la nouvelle constitution aux citoyens Dolder et Savary, membres de l'ancien conseil exécutif; ceux-ci nommèrent sur-le-champ un commandant en chef des troupes suisses, et invitèrent en même temps le général Montchoisi qui com mandait les troupes françaises, à les soutenir de tous ses moyens pour maintenir le bon ordre. Dès la pointe du jour, tous les postes, et particulièrement celui de la maison d'État, furent renforcés; la salle des séances fut fermée; les dictateurs déclarèrent que le conseil législatif était dissous, et le nouveau plan de constitution annullé. Ils firent connaître, par une proclamation, les motifs de cette mesure extraordinaire, et organisèrent un sénat provisoire de vingt-cinq membres: il fut composé de personnes de divers partis, même de partisans de l'ancien régime; les seuls révolutionnaires en furent exclus, La

force armée (c'est-à-dire le militaire français), avait seule agi; l'envoyé de France, Verninac, n'avait pris ostensiblement aucune part à ces changemens; Dolder et Savary lui écrivirent « que l'unique but de cette révolu >>tion était de seconder les vues du peuple » helvétique, auquel le premier Consul pre>> nait un intérêt si vif, et de lui frayer la » route vers la modération et la sagesse, par >> lesquelles la France était parvenue à as» surer sa tranquillité intérieure et sa pro>> spérité ».

A peu près vers le même temps, par les mêmes motifs et la même influence, on vit changer en Hollande la forme du gouverne ment, et introduire une constitution plus rapprochée des anciennes institutions des Provinces-Unies, et plus en harmonie avec celle du gouvernement français. Cette révolution, calquée sur celle du 18 brumaire, avait été préparée par l'ambassadeur Schimmelpenninck, qui se rendit à La Haye pour la diriger d'après le plan concerté à Paris. Le Directoire batave servit aussi d'instrument

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