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tiques, le ministre de S. M. a pu placer des insinuations par lesquelles il tend à s'immiscer aux affaires intérieures de la République, et qui ne sont pas moins injurieuses pour la nation française et pour son gouvernement, que ne le seraient pour l'Angleterre et pour S. M. une sorte de provocation vers le régime républicain, dont l'Angleterre adopta les formes au milieu du siècle dernier, ou une exhortation à rappeler au trône cette famille que la naissance y avait placée et qu'une révolution en a fait descendre.

» Si, à des époques peu éloignées, et quand le système constitutif de la république ne présentait ni la force ni la solidité qu'il renferme aujourd'hui, S. M. britannique a cru pouvoir provoquer ellemême un rapprochement et des conférences de paix, comment ne serait-elle pas empressée de renouer des négociations auxquelles l'état présent et réciproque des affaires promet une marche prompte? De toute part la voix des peuples et de l'humanité implore la fin d'une guerre marquée déjà par de si grands désastres, et dont la prolongation menace l'Europe d'un ébranlement universel et de maux sans remède. C'est donc pour arrêter le cours de ces calamités, ou afin que leurs terribles conséquences ne soient reprochées qu'à ceux qui les auraient provoquées, que le premier Consul de la République française

propose de mettre sur-le-champ un terme aux hostilités, en convenant d'une suspension d'armes, et en nommant immédiatement de part et d'autre des plénipotentiaires qui se rendraient à Dunkerque, ou dans toute autre ville non moins avantageusement située pour la rapidité des communications respectives, et qui travailleraient, sans aucun retard, au rétablissement de la paix et de la bonne amitié entre la République française et l'Angleterre. » Le premier Consul offre, à cet égard, de donner passeports qui seraient nécessaires.

» Signé, CH.-MAURICE TALLEYRAND ».

Note de M. Otto.

12 germinal an 9 (2 avril 1801.)

LE soussigné a communiqué à son gouvernement la note de son excellence milord Hawkesbury, en date du 21 mars 1801.

Le premier Consul persiste dans son amour con-stant pour la paix; et le soussigné est spécialement chargé de faire connaître la vive satisfaction que le premier Consul a éprouvée, en voyant que le cabinet britannique se montrait enfin disposé à mettre un erme au fléau qui désole l'Europe depuis huit années entières.

La campagne commence : les flottes de sa majesté britannique paraissent prêtes à porter la guerre au sein de la Baltique; les puissances continentales sont en disposition d'attaquer le Portugal et le Hanovre. Comment, au milieu de ces apprêts de guerre et de ces nouveaux motifs d'exaspération, espérer quelque heureux résultat d'une négociation d'apparat commencée sans être d'accord sur les premières bases?

Ne serait-il pas plus naturel de faire précéder toute négociation par une suspension d'hostilités, en convenant des articles d'une trève générale. Ou, si les obstacles à une suspension d'armes maritime paraissent plus difficiles à lever que ceux qui s'opposent au rétablissement même de la paix, ne serait-il pas au moins convenable de s'entendre préalablement sur les bases de celle-ci ?

Le soussigné, a les pleins pouvoirs et les instructions nécessaires pour donner au lord Hawkesbury les explications ultérieures que son excellence pourra désirer.

Le premier Consul regardera comme le plus beau jour, celui où le commerce de l'Europe pourra jouir sans inquiétude de la prospérité, résultat infaillible de la paix des mers.

Réponse de lord Hawkesbury.

2 avril 1801.

LE Soussigné, secrétaire d'état de S. M. au département des affaires étrangères, ne perd pas un moment à informer M. Otto de la satisfaction sincère que S. M. a éprouvée en apprenant que les sentimens du gouvernement français, pour le rétablissement de la paix, sont conformes aux siens. D'après la manière dont les ouvertures de S. M. ont été reçues à Paris, elle a le plus grand espoir d'atteindre un but aussi désirable pour les intérêts et le bonheur des deux nations.

Quant à la proposition d'un armistice, qui est sug gérée comme une première alternative, les difficultés prévues dans la note de M. Otto, sont de nature à faire craindre au soussigné qu'on ne les trouve'insurmontables; ce qui, à tout événement, occasionnerait beaucoup de délais. Mais l'autre proposition, savoir, une communication immédiate, pleine et confidentielle, touchant les termes et les préliminaires de la paix, est entièrement conforme au vœu de S. M.

Le soussigné sera autorisé, sous peu de jours, à entrer en négociation avec M. Otto; et il recevra les pleins pouvoirs nécessaires pour terminer promptement cette affaire importante.

Note de M. Otto.

12 prairial an g. (1er juin 1801.) Le gouvernement français voit avec peine que, depuis les premières ouvertures faites par S. M. britannique, pour entamer des négociations relatives à la paix, deux mois se sont écoulés sans qu'il ait été possible de fixer les bases d'une pacification aussi importante pour les deux nations et pour l'Europe entière.

Dans l'état actuel des choses, il ne saurait se convaincre que des événemens militaires quelconques, et surtout les opérations de quelques petites armées, si peu proportionnées aux forces réelles et disponibles des deux pays, dussent influer essentiellement sur une mesure qui a pour objet de former enfin un système propre à rétablir la paix et à en garantir la durée.

Les déclarations publiques du ministère britannique ont instruit l'Europe de la détermination de S. M., de travailler à une pacification générale, sans se laisser éblouir par les succès, ni abattre par les revers: ces sentimens sont partagés par le premier Consul de la République française, par son conseil, et par la nation entière; ils sont également animés du désir sincère et constant de mettre un terme à la guerre. Mais sans vouloir compromettre en aucune

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