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renouveler incessamment l'alliance défensive qui existait jusqu'ici entre elles, néanmoins avec de telles clauses et modifications qu'exige l'alliance entre la monarchie espagnole et la République française. Dans le même traité, on déterminera le nombre de troupes auxiliaires que les deux puissances se fourniront réciproquement, en cas de nécessité.

Le présent traité sera ratifié dans dix jours, ou plus tôt si faire se peut..

Lettre du prince de la Paix, à S. M. le roi Charles IV, sur l'issue de la guerre d'Espagne contre le Portugal.

Au quartier-général de Badajoz, le 28 juin 1801.

SIRE,

Il n'y a pas cinquante jours que je me séparai de votre majesté, pour venir prendre le commandement decette armée destinée à réduire le Portugal, à l'aider à se délivrer de la domination de l'Angleterre qui, profitant de ses ports et de ses richesses, nous a fait la guerre la plus honteuse et la plus cruelle, en dé-, truisant notre commerce.

Plusieurs années d'une guerre presque universelle, le surhaussement du prix de toutes choses, la vorace ambition des agioteurs, une mauvaise récolte, et d'autres causes qui ne doivent point être men

tionnées, avaient occasionné l'épuisement du trésor public et celui de son crédit ; d'où résultait une insuffisance indispensable dans les subsistances, les équipages, les approvisionnemens de l'armée : mais me confiant en son amour et sa vénération pour ses augustes souverains, en son intrépidité et sa valeur, je n'hésitai pas un moment à profiter de ces excellentes qualités caractéristiques du soldat espagnol.

Aussitôt que je fus assuré que les réponses du ministère portugais tendaient à différer la satisfaction de nos plaintes, je me résolus à ne plus traiter que par le langage de la force. En conséquence, les troupes de votre majesté pénétrèrent par divers points dans l'Alentejo, le 20 mai; et dès le 6 juin, elles s'étaient emparées de presque toutes les places qui couvrent cette vaste province. Elles avaient soumis par la force de leurs attaques, celle de Campo-Mayore, bien pourvue et bien approvisionnée : elles avaient battu plus d'une fois l'ennemi à Arronches et à Flor de Rosa; elles s'étaient rendues maîtresses du pays le plus intéressant, le plus riche et la plus peuplé de la province; elles avaient pris les magasins abondans que l'ennemi y avait formés ; elles l'avaient obligé à passer le Tage, ne se croyant point en sûreté, s'il n'était couvert par ce grand fleuve. Les onze drapeaux que fai l'honneur de présenter à votre majesté, par des officiers qui ont contribué à les conquérir, sont

la preuve des triomphes de vos armées royales. Nos ennemis (qu'on pourrait mieux appeler amis et parens préoccupés) ne purent plus différer; et ledit jour 6 juin, je signai la paix que votre majesté avait suspendue avec tant de regret. Par elle, les ports de la Lusitanie sont fermés à tous bâtimens de l'Angleterre, privant ainsi ces pirates de tout accès et de tout moyen de bloquer, obstruer, et en quelque manière fermer les nôtres; ce qui était le principal et même l'unique point, qui irritait le cœur paternel de votre majesté envers cette puissance, notre alliée et amie naturelle. Cet avantage, quoique le plus précieux, n'est pas le seul qui résulte de cette paix. Les grands dépôts de marchandises prohibées qui, situés sur toute la frontière du Portugal, étaient des sangsues pour le trésor public, et un puissant aiguillon pour l'avidité d'un grand nombre de malheureux dont ils occasionnaient la perte; ces dépôts ont été éloignés dans l'intérieur. La province d'Olivenza, une des plus fertiles de la péninsule, appartient à votre majesté ainsi que sa forte capitale ; ce qui assure l'Estramadure, et prive le Portugal de tout moyen de nous menacer à l'avenir par nos derrières. On pourrait ajouter à ces avantages, celui d'avoir abrégé l'effusion du sang de nos compatriotes, la modicité des dépenses infiniment moindres que dans toute autre expédition militaire, quelle qu'elle

t

soit, et enfin celui de n'avoir pas souffert le moindre

revers.

Je suis loin, sire, de me croire la cause de ces heureux événemens. La Providence, qui connaît la droiture et la piété du cœur de votre majesté, les a procurés, se servant pour cela de la valeur et du dévouement de vos troupes, dignes sous tous les rapports, de la bienfaisance de leur souverain. C'est pour moi néanmoins une extrême satisfaction, et une joie singulière que de présenter à votre majesté le laurier et l'olivier qui ont couronné ses armes, dont j'ai été le moteur. Mon cœur est pénétré d'un doux plaisir, en considérant que dans cette occasion, la fortune me présente aux yeux de vos majestés, correspondant par les moyens qui me sont possibles, aux grâces singulières et multipliées dont elles ont honoré ma loyauté et mon amour pour leurs augustes personnes, et à mes vifs et ardens désirs pour la perpétuité de la gloire et des prospérités de vos majestés.

Enfin, sire, je ne puis me taire en cette occasion, de ce que vos majestés, pères et amis de leurs troupes, ont daigné venir aujourd'hui pour la première fois, les voir réunies dans cette armée, et éprouver cette douce émotion qui est sentie avec attendrissement par des rois justes aimant leurs peuples, et étant aimés et placés au milieu d'une armée dans laquelle

ils trouvent réunies la valeur, la loyauté et les vertus nationales. Mais ma voix est trop faible, mes expressions sont trop limitées pour être l'organe de ses sentimens, et pour exprimer son allégresse, son impatience de voir et de saluer vos majestés, son désir de se sacrifier à votre service, et son espoir d'être récompensée de ses travaux. Que le ciel comble de ses bénédictions les desseins de vos majestés, autant que le désire votre plus loyal sujet!

Signé, MANUEL DE GODOY.

Réponse du roi Charles IV à la lettre du prince

de la Paix.

Badajoz, le 1er juillet 1801.

J'AI reçu avec grande satisfaction les drapeaux pris aux ennemis en Portugal, et que vous m'avez fait présenter, ainsi que le rapport que vous m'avez transmis. Je vois dans ces actes répétés les preuves de votre amour et de votre loyauté pour ma personne, et que vous avez rempli en tout mes intentions, comme vous l'avez toujours fait. Recevez un témoignage public de ma satisfaction. J'ai mandé à mon secrétaire par interim des dépêches de la guerre, de vous remettre deux des drapeaux que vous m'avez présentés, afin que vous les conserviez dans votre maison, et que vous les ajoutiez à vos

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