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protection donnée aux alliés était, selon lui, dérisoire, quand on laissait arracher au Portugal la belle province d'Olivenza, et que pour prixdu fidèle dévouement da prince d'Orange, son nom n'était pas même prononcé dans le traité. « Ceylan et la Trinité n'étaient pas, » disait-il, des indemnités suffisantes'; 'lá » cession du cap de Bonne Espérance et » de Cochin rouvrait la route de l'Inde >> et l'entrée du Malabar; la France ac» quérait une forte position à l'entrée de la » rivière des Amazonies; et recouvrait lá » Martinique et Saint-Domingue, et PAn »gleterre s'exeluait elle-même de la Me »diterranée, par l'évacuation' de' Malte. » Enfin, cette paix précaire était surtout » dangereuse, parce qu'elle faisait triompher les principes de la révolution française, » affermis par l'attrait et l'éclat des succès ». Lord Pelhami, répliquant à cette amere critique du traité, en fit valoir les conditions en les comparant à celles que les anciens ministres avaient proposées au Directoire français en 1797, et qui ne différaient des

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préliminaires qu'en un seul point, la franchise du cap de Bonne-Espérance.

Lord Grenville pénétra plus avant dans la question. « Il n'avait pas, disait-il, à » examiner s'il fallait consentir aux condi» tions de paix, puisque déjà l'honneur

national était engagé; mais bien si la » chambre oserait assurer sa majesté qu'elle » approuvait des clauses si nuisibles et si » humiliantes. Ne pouvant traiter sur la »base de la situation respective avant la » guerre, il fallait prendre celle de l'état » des choses au moment de la négociation, » car, on ne peut dévier de ces principes >> sans avouer une infériorité de succès, de P moyens et de ressources qu'il était loin » de reconnaître si le continent d'Europe » ne pouvait être rétabli dans son ancien n état, il était d'autant plus nécessaire de retenir avec fermeté les contrepoids de la > puissance de la France. La comparaison » avec le projet fait, à Lille en 1797 était fausse puisqu'on ajoutait aux cessions >> alors proposées, celles de Surinam, de

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Minorque et de Malte: qu'aujourd'hui, » après quatre années de combats glorieux » et d'énormes dépenses, on donnait plus, >> et l'on recevait moins qu'à cette époque >> malheureuse où la suspension des paye» mens de la banque, la défection des alliés >> et l'insurrection des matelots avaient tout

» à coup précipité l'Angleterre dans la si» tuation la plus alarmante. Encore à Lille, » en fléchissant aux circonstances, n'aban» donna-t-on pas les alliés ». Aucun article du traité n'échappa à la sévère investigation de lord Grenville: il démontra qu'il n'y avait point de réciprocité ; que la France seule retenait ses conquêtes, et restait partout en mesure d'envahir les pays qu'elle feignait d'évacuer ; que la durée de la paix dépendait de la bonne foi de son gouvernement, et que loin de s'endormir dans une fausse sécurité, il fallait que le peuple anglais se considérât désormais comme la garnison d'une forteresse, qui ayant laissé surprendre et enlever tous les ouvrages extérieurs, et n'ayant pu conserver que la

citadelle, devait se résoudre à s'ensevelir sous ses ruines.

Lord Moira, en appuyant l'adresse et approuvant les préliminaires, ne balança pas à reconnaître que l'Angleterre n'avait pu traiter que comme puissance plus faible; les acquisitions qu'elle avait faites ne pouvant, sous aucun rapport, être comparées à celles de la France, dont la moindre conquête, la Savoie par exemple, était d'une plus grande valeur que toutes les îles dont les Anglais s'étaient emparés dans les Indes occidentales. On avait donc fait une aussi bonne paix que les circonstances dussent la faire espérer. Lord Nelson atténua beaucoup, par le poids de son opinion, l'importance qu'on attachait à divers établissemens maritimes, tels que Minorque trop éloigné des côtes de France, Malte qu'il suffisait de ne pas laisser entre les mains des Français, et le cap de BonneEspérance peu profitable comme colonie, et devenu moins utile comme relâche depuis que les vaisseaux de la Compagnie,

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doublés en cuivre et bons voiliers, font de l'Inde sans toucher à aucun Voyage port. L'adresse fut votée avec l'expression d'un plein assentiment au traité. La minorité fut seulement de dix voix.

Dans la chambre des communes, lord Hawkesbury fit un exposé des motifs qui avaient déterminé le gouvernement à souscrire des conditions de paix également avantageuses aux deux pays. Il démentit l'assertion que l'objet de la guerre eût jamais été d'intervenir dans les affaires intérieures de la France pour y étouffer la révolution. On avait seulement voulu préserver l'Angleterre de ses fureurs, et on avait au moins réussi à changer la direction du torrent, dont aucun pouvoir humain ne pouvait arrêter le cours. Les observateurs les plus superficiels ne pouvaient nier le changement qui s'était opéré dans les mœurs, les opinions, les actions du peuple français pour soutenir le système de la continuation de la guerre. Il fallait prouver que l'Angleterre eût encore le pouvoir de former une

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