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merce des deux puissances, dans les différentes parties du globe; il pensait que pour atteindre ce but, le ministère anglais devait présenter des bases plus conformes aux principes de modération et de justice dont il faisait profession.

Deux mois s'écoulèrent dans cette temporisation; les deux gouvernemens s'observaient mutuellement, et craignaient que toute nouvelle provocation ne fût taxée de pusillanimité, et considérée comme une disposition à céder sur les points les plus importans impatient de sortir du vague de cette situation, le premier Consul fit donner l'ordre à M. Otto, vers les premiers jours de juin, de demander qu'on spécifiât les propositions, et d'insister pour que les communications prissent un caractère plus officiel. Lord Hawkesbury répondit en se référant à l'aperçu qu'il avait remis dans les premiers jours d'avril; il ne se refusa point à continuer la discussion, à l'aide du moyen usité de notes officielles, au lieu de communications verbales, que le gouvernement français

avait d'abord crues préférables: il justifiait dans sa note les intentions de sa cour, faisait valoir comme une preuve de modération, que les succès des armes britanniques, dans le nord, n'eussent rien changé aux premières propositions du roi, et provoquait une explication sur celles que le gouvernement français jugerait à propos d'y opposer.

Loin d'ouvrir une voie pour sortir de la difficulté, cette réponse tendait à la rendre insoluble: elle rappelait le système de l'ancien ministère. Le roi d'Angleterre, disaiton, était d'autant moins guidé par des vues d'agrandissement, qu'il renoncerait volontiers à toutes ses conquêtes, si les puissances du continent recouvraient l'état où elles étaient avant l'année 1792. Dans le cas contraire, l'Angleterre avait le droit d'attendre que le gouvernement français acquiescerait à ce qu'elle se prévalût du succès de ses armes, pour conserver de ses conquêtes la partie capable de servir de contre-poids aux acquisitions immenses de territoire obtenues par la France, sur le continent en se

renfermant dans cette alternative, le ministère anglais sondait les intentions du premier Consul, et l'obligeait à s'expliquer.

Le 15 juin, M. Otto remit sa réplique; le gouvernement français reconnaissait que les changemens arrivés dans les limites des grands états du continent, pouvaient autoriser une partie des demandes du gouvernement britannique; il rejetait celles de la conservation de Malte, de Ceylan, de tous les états conquis sur Tippoo-Saïb, de la Trinité, de la Martinique; et pour convenir d'un ultimatum, il faisait cette interrogation « dans le cas où le gouvernement » français accéderait aux arrangemens pro» posés, pour les grandes Indes, par l'An» gleterre, et adopterait le rétablissement du » status ante bellum, pour le Portugal; sa » majesté britannique consentirait-elle à ce que le status ante bellum fût rétabli dans » la Méditerranée et en Amérique?»>

Ce

que nous avons dit dans l'un des chapitres précédens sur la guerre suscitée contre le Portugal, nous dispensé d'en rappeler

ici les motifs et le résultat. Le premier Consul, qui n'avait eu d'autre objet dans la soumission de ce royaume, que de s'assurer des garanties, s'empressa de prendre avantage de ce dernier succès; il venait de recevoir la nouvelle du traité conclu à Badajoz, par le prince de la Paix. Ce traité avait déjà imposé au Portugal des conditions rigoureuses, et dont les principales étaient dirigées contre l'Angleterre ; il refusa cependant de le ratifier, et fit connaître à l'Angleterre qu'il ne cherchait dans les avantages remportés en Portugal, que des moyens de compensation à offrir en échange des restitutions qu'on ferait aux alliés de la France; pour donner plus de valeur au gage saisi, et plus d'efficacité à ses menaces, il annonça qu'il était déterminé à ne point se désister de la déclaration notifiée à l'Orient, au ministre portugais, le chevalier d'Aranjo; que la paix avec la cour de Lisbonne ne serait conclue qu'autant que les alliés occuperaient trois provinces du Portugal qui pussent servir de

compensation pour leurs colonies, au moment de la paix générale.

Cette démarche mit à découvert les véritables intentions des deux parties, disons plutôt leurs vues également ambitieuses, puisque la contestation était désormais établie sur la valeur respective des conquêtes, et que l'intérêt que chacun affectait de montrer pour ses alliés, n'était qu'un prétexte pour couvrir la détermination de leur faire supporter tout le poids des sacrifices. Le gouvernement français consentait à la cession de Ceylan, mais il entendait recouvrer ses colonies d'Amérique, et soustraire Malte à la domination anglaise. De son côté le ministère anglais mettait à si haut prix l'abandon de Malte, que la France ne pouvait l'obtenir que par des sacrifices devenus impossibles : il ne se départait point du système de balance entre les acquisitions continentales et les possessions maritimes; il considérait que si la France conservait la puissance et l'influence qu'elle avait récemment acquises en Italie, si elle n'évacuait le comté de Nice et

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