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couvre : Telle année, tel mois, tel jour, à telle heure, Dien retira son souffle à lui, et Eliza mourut.

Auteur original, son admirateur et son ami, ce fut Eliza qui t'inspira tes onvrages, et qui t'en dicta les pages les plus touchantes. Heureux Sterne, tu n'es plus, et moi je suis resté. Je t'ai pleuré avec Eliza ; tu la pleurerois avec moi; et, si le ciel eût voulu que vous m'eussiez survécu tous les deux, tu m'aurois pleuré avec elle.

Les hommes disoient qu'aucune femme n'avoit autant de graces qu'Eliza; les femmes le disoïent aussi. Tous louoient sa candeur; tous louoient sa sensi bilité; tous ambitionnoient l'honneur de la con noître. L'envie n'attaqua point un mérite qui s'igno>

roit.

Anjinga, c'est à l'influence de ton heureux climat qu'elle devoit, sans doute, cet accord presqu'incom→ patible de volupté et de décence qui accompagnoit toute sa personne, et qui se méloit à tous ses mou vements. Le statuaire, qui auroit eu à représenter la volupté, l'auroit prise pour modele. Elle en auroit également servi à celui qui auroit eu à peindre la pudeur. Cette ame, inconnue dans nás contrées, lo ciel sombre et nébuleux de l'Angleterre n'avoit pu l'éteindre. Quelque chose que fit Eliza, un charme invinciblé se répandoit autour d'elle. Le desir, mais le desir timide, la suivoit en silence. Le seul homme honnête auroit osé l'aimer, mais n'auroit osé le lui dire.

Je cherche par-tout Eliza. Je rencontre, je saisis quelques uns de ses traits, quelques uns de ses agré ments épars parmi les femmes les plus intéressantes. Mais qu'est devenue celle qui les réunissoit ? Dieux, qui épaisâtes vos dons pour former Eliza, nè la fites vous que pour un moment, pour être un moment admirée, et pour être toujours regrettée Prose2

EXTRAIT DE RAYNAL.

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Tous ceux qui ont vu Eliza la regrettent. Moi, je la pleurerai tout le temps qui me reste à vivre. Mais est-ce assez de la pleurer ? ceux qui auront connu sa tendresse pour moi, la confiance qu'elle m'avoit accordée, ne me diront-ils pas elle n'est plus, et

tu vis ?

Eliza devoit quitter sa patrie, ses parents, ses amis, pour venir s'asseoir à côté de moi, et vivre parmi les miens. Quelle félicité je m'étois promise! Quelle joie je me faisois de la voir recherchée des hommes de génie, chérie des femmes du goût le plus difficile! Je me disois: Eliza est jeune, et tu touches à ton dernier terme. C'est elle qui te fermera les yeux. Vaine espérance! ô renversement de toutes les probabilités humaines ! ma vieillesse a survécu à ses beaux jours. Il n'y a plus personne au monde pour moi; le destin m'a condamné à vivre et mourir seul.

Eliza avoit l'esprit cultivé; mais cet art, on ne le sentoit jamais il n'avoit fait qu'embellir la nature; il ne servoit en elle qu'à faire durer le charme. A chaque moueni elle plaisoit plus, à chaque moment elle intéressoit davantage. C'est l'impression qu'elle avoit faite aux Indes; c'est l'impression qu'elle faisoit en Europe. Eliza étoit donc très belle? non; elle n'étoit que belle, mais il n'y avoit point de beauté qu'elle n'effacât, parcequ'elle étoit la seule comme elle.

Eliza a écrit, et les hommes de sa nation qui ont mis le plus d'élégance et de goût dans leurs ouvrages, n'auroient pas désavoné le petit nombre de pages qu'elle a laissées.

Lorsque je vis Eliza, j'éprouvai un sentiment qui m'étoit inconnu. Il étoit trop vif pour n'être que de l'amitié; il étoit trop pur pour être de l'amour. Si c'eût été une passion, Eliza m'auroit plaint: elle aus

roit essayé de me ramener à la raison, et j'aurois achevé de la perdre.

Eliza disoit souvent qu'elle n'estimoit personne autant que moi. A présent je le puis croire.

Dans ses derniers moments, Eliza s'occupoit de son ami; et je ne puis tracer unel ligne sans avoir sous les yeux le monument qu'elle m'a laissé. Que n'a-t-elle pu douer aussi ma plume de sa grace et de sa vertu! Il me semble du moins l'entendre: « Cette muse sé«vere quite regarde, me dit-elle, c'est l'Histoire « dont la fonction' auguste est de déterminer l'opi << nion de la postérité. Cette divinité volage qui plane « sur le globe, c'est la Renommée, qui ne dédaigna pas de nous entretenir un moment de toi. Elle m'ap porta tes ouvrages, et prépara notre union par l'es « time. Vois ce phénix immortel parmi les flammes: c'est le symbole du génie qui, ne meurt point, Que «ces emblêmes t'exhortent sans cesse à te montrer le défenseur de L'HUMANITÉ, de la VÉRITÉ, de la LIBERTÉ.

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Da haut des cieux, ta premiere et derniere pas, trie, Eliza, reçois mon serment. Je jure de ne pas écrire une ligne, où l'on ne puisse reconnoître ton ami.

(Hist. philos. des Etablissements des Européens dans les deux Indes, L. III, § 16.)

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THIS edition of Sterne's sentimental Journey is printed from and collated with two of the earliest and best copies printed in London. Where these differ from each other (as may be seen in some instances), the present editor has followed that which seemed most expressive of the author's meaning.

And it here it may be proper to observe, as well in regard to this work as to others printed or intended to be printed in this form, that there are several words in the english language the orthography of which is not absolutely fixed. In all such cases the author's orthography has been followed, except where an error has evidently appeared to be merely the effect of inadvertency.

The readers of Sterne's works must have remarke ed a singularity in his ponctuation by lines instead of the stops commonly used. As he had probably some reasons for this deviation from the common method, it was s judged right to adopt his manner in this work. For any grammatical errors in the English, the au thor is left responsable: errors in the French phrases are corrected.

Page 1. The title announces a journey through France and Italy. It appears by some of the author's letters, that this account of his journey, which extends no further than Lyons, was not finished till the end of the year 1767; and as he died the 13th march 1768, it is probable that he had not completed the whole of his design pool sit of dosaqa a'ofindi() Ibid., line 21. (droit d'aubaine) This jour ney was undertaken in 1762, when the French and out fakiter ola

English were at war a circumstance which probably occasioned a temporary suspension of a declaration made by Louis XV at Compiegne 19th july 1739, and registered by the Parliament the 14th august following, by which the Personal Estates of English subjects, were exempted from the droit d'aubaine.

Pag. 9, lin. 14. Benefit of the clergy, etc. Among the privileges granted to the Clergy in ancient times of ignorance, was that of not being subject to the jurisdiction of the temporal courts in criminal cases. By an abusive extension of this privilege, all who could read were considered as clerks or clergy, and by that means generally escaped capital punishment. This abuse has been long suppressed in fact tho' not wholly so in form. This privilege now called the Benefit of Clergy, is allowed in some cases of felony, in order to mitigate the rigour of the law; and many criminals are now sentenced to be transported to fo= reign parts, instead of suffering capital punishment at home, To these the author alludes in the first class of travellers with the Benefit of the Clergy; in the second class he includes those who are transported or sent by their parents to travel under the direction of tutors, generally clergy-men educated at the Universities of Oxford, Aberdeen, Glascow, etc.

Pag. 29, lin. 23. Smelfungus: Smollet; a writer of great merit, author of an history of England, and of several romances little inferior to Tom Jones, He was in so bad a state of health when he travelled, that he could enjoy no pleasure from any object he met with in his travels.

Pag. 30, lin. 5. Wherein he spoke etc. a part of Othello's speech to the Senate, in one of Shakespear's Tragedies, act. I, scen. III.

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Ibid. lin. 12, Mundungus: Sharp, an eminent surgeon, and respectable man, who retired from his

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