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près les principes de l'hospitalité qui sont la base de l'ordre.

A la suite de ces plaintes et des menaces qui les suivirent, on dressa un exposé de la conduite de Malte à l'égard de la France, depuis 1791 jusqu'à l'époque actuelle, et ses torts furent démontrés par plusieurs ordres du commandeur Grimaldi, pour le recrutement en faveur des vaisseaux anglais, et par un manifeste du grand-maître, en date du 10 novembre 1793. Mais ces reproches n'étoient que de vaines formalités dont on vouloit couvrir l'occupation indispensable de l'île.

La descente fut anssitôt ordonnée. Le convoi de Civita-Vecchia l'effectua dans la calle de MarsaSiroco, celui de Gènes à la calle Saint-Paul, celui de Marseille à l'île de Gozo.

Le général Lannes, le colonel Marmont descendirent sous le canon de la place. Desaix, avec le général Belliard et le 21o d'infanterie, s'empara des forts qui défendoient la rade et le mouillage de Marsa-Siroco.

Les batteries maltaises tiroient sur nos vaisseaux, et sembloient vouloir s'opposer au débarquement. La résistance fut foible, nos troupes eurent promptement repoussé jusque dans la Valette les postes qui en défendoient l'approche.

Le 22 prairial, je joignis le quartier-général à Bircarcara dans l'intérieur de l'île, et mangeai les,

premières oranges. Elles me firent grand plaisir, L'eau du bord étoit fétide, les approvisionnemens frais étoient épuisés; une orange étoit une jouissance. La chaleur, déjà très-forte, commençoit à nous importuner; c'étoit un échantillon de celle nous devions ressentir bientôt.

que

La simple inspection des remparts de la Valette suffit pour convaincre qu'on auroit tenté vainement de la prendre de vive force. Les momens étoient précieux, les Anglais pouvoient paroître ; vaincus ou vainqueurs, l'expédition eût été sûrement manquée. Continuer notre route sans prendre Malte, étoit, sinon dangereux, du moins impolitique, soit par la facilité que nous laissions aux Anglais de s'en emparer, soit par les ressources dont nous nous privions. L'armée avoit besoin de se rafraîchir; on pouvoit craindre les maladies : quelques jours de repos devenoient indispensables. Faire le siége de la Valette étoit impossible; on tenta les négociations: elles réussirent heureusement. Il est évident que si l'ardeur et l'audace de l'attaque épouvantèrent d'abord les Maltais surpris, Bonaparte ne fut pas moins secondé par les intelligences qu'il avoit dans la Valette avec les chevaliers de notre nation. La ville eût pu supporter un siége aussi mémorable que celui qu'elle avoit soutenu en 1565; mais la faiblesse du grandmaître, les négligences dans les préparatifs de défense, le trouble et la terreur qu'apportèrent les

habitans effrayés, la diversité des opinions qu'une volonté ferme pouvoit seule contenir, achevèrent de jeter la confusion dans les conseils, et paralysèrent le desir que le gouvernement avoit justement conçu de s'opposer aux efforts de l'armée française, infailliblement suivie et menacée par les Anglais.

M. Dolomieu, chevalier de Malte, le général Junot et M. Poussielgue furent les négociateurs. Le grand-maître Hompesch nous fit ouvrir les portes, et après nous être emparés successivement des forts environnans, le général Vaubois, nommé commandant de Malte, fit son entrée dans la ville. Le drapeau tricolore remplaça la bannière maltaise.

Le 25, toute la flotte salua, sous voile, par une décharge générale, le nouveau pavillon de Malte. Nos vaisseaux annoncèrent ainsi notre surprenante victoire, et la chute d'un gouvernement qui n'avoit point éprouvé de changement depuis 1530, que Charles-Quint avoit donné l'île à Villiers de l'IsleAdam, grand-maître de l'ordre.

La flotte entra dans le port, et l'on voyoit l'Orient et les autres vaisseaux de ligne rangés à la portée du pistolet du quai (1); elle reçut ordre de se tenir prête à mettre à la voile le 1er messidor ( 19 juin ).

cr

Je dois citer ici un mot heureux du général Caf

(1) Le port de la Vallette est d'une profondeur remarquable,

farelli, commandant le génie de l'armée. Il se promenoit avec Bonaparte autour des remparts de la Valette; on en admiroit les travaux extérieurs et formidables taillés dans le roc, l'on se récrioit sur leur force: « Ah! dit Caffarelli en s'adressant au général » en chef, il faut convenir, mon général, que nous » sommes bien heureux qu'il y ait eu du monde dans la ville pour nous en ouvrir les portes. >>

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Ce qui frappe particulièrement dans l'île de Malte, c'est son terrain pierreux et arrangé en escaliers. La terre y est conservée précieusement dans des petits carrés entourés de pierre de taille qui y sont extrêmement communes. Toutes les maisons en sont construites, jusqu'à celle du plus pauvre. Elles ont toutes un air d'aisance remarquable, l'extérieur est toujours plus séduisant que l'intérieur, qui répond aux moyens du propriétaire. Presque toutes les maisons sont surmontées d'une terrasse et précédées d'une petite cour ordinairement garnie d'orangers qui charment l'odorat par leur parfum délicieux, réjouissent la vue par leurs aimables fleurs, et flattent le goût par leurs fruits succulens.

On trouva dans Malte deux vaisseaux de guerre, une frégate, quatre galères, douze cents pièces de canon, quarante mille fusils, etc.

D'après une convention, signée le 24 prairial (12 juin 1798) à bord de l'Orient, la république s'engagea à faire une pension de trois cents mille francs

au grand-maître, en lui promettant ses bons offices pour lui faire obtenir au congrès de Rastadt une principauté équivalente à celle qu'il perdoit. Les chevaliers français pouvoient rentrer dans leur patrie, et leurs propriétés dans l'île leur étoient garanties. Le même jour, Bonaparte écrivit une lettre à l'évêque de Malte; on y remarque les

vans:

passages sui

« Je ne connois pas de caractère plus respectable » et plus digne de la vénération des hommes, qu'un >> prêtre qui, plein du véritable esprit de l'évangile, » est persuadé que ses devoirs lui ordonnent de prêter obéissance au pouvoir temporel, et de >> maintenir la paix, la tranquillité et l'union au mi» lieu d'un diocèse,

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» Je desire, M. l'évêque, que vous vous rendiez » sur-le-champ dans la ville de Malte, et que, par » votre influence, vous mainteniez le calme et la tranquillité parmi le peuple. Je m'y rendrai moi» même ce soir. Je desire que, dès mon arrivée, >> vous me présentiez tous les curés et autres » chefs d'ordre de Malte et autres villages environ

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»> nans, >>

Bonaparte, pendant son séjour, pourvut àl'administration de l'île. Il y organisa une garde nationale ; il prescrivit aux habitans de porter la cocarde tricolore; il abolit l'esclavage connu sous le nom de Bonnivagli; défendit les armoiries à l'extérieur et

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