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de nous; mais on voyoit qu'ils étoient embarrassés pour entamer des piétons qu'ils n'avoient point regardés comme ennemis dangereux, et qu'ils supposoient devoir exterminer facilement.

Le 20 (7 août), les divisions des généraux Lannes et Dugna arrivèrent, ainsi que le quartier-général, à El-Hanka.

Les trois divisions se mirent en marche le 22; elles arrivèrent le matin à Belbeis, chassant toujours devant elles les Mamelouks, qui se retirèrent à Saléhich, dernier village de l'Egypte, avant d'entrer dans le désert qui sépare l'Asie et l'Afrique.

Non loin de Belbeis, nous rencontrâmes la caravane de la Mekke qui s'avançoit lentement dans le désert: elle avoit été pillée par les Mamelouks et les Arabes Bonaparte en fit escorter les débris jus qu'au Caire.

Le 23 (10 août), nous couchâmes à Coreid ou Qouréyn; le 24 (11 août), le général en chef prit avec lui toute la cavalerie, qui pouvoit se monter à trois cents hommes environ, et précédant, l'infanterie, arriva aux bois de palmiers qui entourent la ville de Saléhiel; il s'arrêta auprès d'une citerne, et envoya reconnoître l'ennemi.

Le général Murat, qui avoit quitté Kélioub, nous joignit dans cette journée.

La reconnoissance apprit au général en chef, que les Mameloukş étoient pombreux, et qu'ils défiloient

en escortant des chameaux chargés de leurs bagages. Il fallut attendre l'infanterie; Bonaparte envoya ordre aux divisions de presser leur marche. Elles arrivè rent enfin ; et le quartier-général, la cavalerie suivant la lisière du bois, le dépassèrent bientôt, et aperçurent les Mamelouks engagés déjà dans le désert. Quatre cents environ protégeoient la queue de leur convoi, qui se perdoit à l'horizon.

Lorsque le général en chef les vit, il dépêcha le jeune Beauharnais à la division du général Regnier pour y prendre un bataillon et une pièce d'artillerie. Il avoit ordre, avec ce léger renfort, de doubler le pas et d'arriver promptement pour soutenir la cavalerie; mais la vue des chameaux, chargés, disoiton, des trésors des Beys, de leurs effets les plus précieux, avoit fait naître le desir de les posséder. Une tribu arabe, qui suivoit la queue des Mame louks, demanda à piller avec nous, ne supposant pas que nous voulussions nous battre pour d'autres

motifs.

Bonaparte accepta la proposition. Ils se tinrent tranquilles jusqu'à ce que le sort eût décidé à qui des deux partis resteroit la victoire.

Enfin notre cavalerie se trouva à portée du fusil; des détachemens du 7o hussard, et 22o chasseur, chargèrent avec intrépidité le groupe principal des Mamelouks. La poussière et le mirage empêchoient de bien distinguer ce qui se passoit; on entendoit

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quelques coups de feu, mais plus souvent l'on voyoit reluire l'arme blanche. Bientôt la charge devint générale, les guides suivirent les hussards; les généraux, les aides-de-camp donnoient l'exemple de l'intrépidité et du sang-froid. La jambe de bois du général Caffarelli n'arrêta point son courage. Le général Murat paroissoit arrivé exprès pour cette affaire : il s'élança dans la mêlée avec ce bonheur qui l'a rarement quitté.

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Ce combat fut de courte durée. Le général en chef étoit resté presque seul; le 3o de dragons s'avança au pas, et par une fusillade faite avec tranquillité et bien dirigée, força enfin les Mamelouks à fuir et à laisser deux mauvaises pièces de canon, l'une et l'autre sur le même affût.

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L'infanterie arriva trop tard, et ne put servir. On enleva les blessés, que l'on transporta dans une mosquée où l'on établit l'ambulance. Le chef d'escadron Détrée fut rapporté dans un manteau. Il avoit 14 coups de sabre sur le corps; les chirur giens le condamnèrent à mort; mais son bon tempérament et le climat le sauvèrent. Le général en chef le nomma colonel.

Sulkowski revint avec une balle qui lui avoit traversé le côté, et des coups de sabre. Il avoit conservé dans le combat un si grand sang-froid, qu'il racontoit l'habillement, la couleur de ceux qui s'étoient battus avec lui, Un noir entr'autres l'avoit fort

occupé; ce Mamelouk redressoit ses longues manches pour agir avec plus de liberté, et poussoit des cris épouvantables qui n'intimidèrent point le polonois, déjà éprouvé à Embabé où il avoit été fait chef d'escadron. A Saléhich il fut fait colonel,

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Il seroit trop long de citer ici les noms de tous les officiers qui se signalèrent dans cette affaire, la première où notre cavalerie se mesura isolément avec celle des Mamelouks. Nous y perdîmes beaucoup plus de monde que l'ennemi, et cela devoit être pour des raisons que je dois rapporter, Les Mamelonks, ces soldats pris dans

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dans toutes les

parties du monde, dès leur plus tendre enfance, 9,1 sont habitués au maniement du cheval et des armes ; s'ils montent cet animal, pour leurs plaisirs ou pour combattre, c'est toujours un esclave qui porte son tyran. Il faut que le cheval cède à toutes leurs idées, et la bride qui le guide prouve assez que les Mamelouks veulent être obéis.

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Le cheval le plus vigoureux, qui développeroit tous ses moyens dans une course, sera toujours obligé de s'arrêter sur-le-champ. Rien ne sauroit résister à la force de ces mors, dont le principal agent est une branche de fer qui s'introduit dans la bouche du cheval. Lorsque le cavalier veut arrêter son coursier, il lève la bride; le mors fait levier au moyen d'une gourmette en anneau qui entoure la mâchoire inférieure, et l'animal, quelque fougueux

qu'il soit, doit céder à la douleur d'un instrument qui lui fendroit la bouche s'il ne s'arrêtoit. Au moyen de ce mors et d'étriers tranchans, le Mamelouk fait de son cheval ce qu'il veut. Ces étriers tranchans servent encore à un autre objet. Dans une chargé contre l'ennemi, ils coupent et deviennent une arme offensive. Chez les européens qui marchent en ordre, ces sortes d'étriers ne pourroient s'employer, chacun blesseroit son voisin. Les Mamelouks n'ont d'autre rang que celui qu'indique le courage ou la témérité. Les selles sont un fauteuil, pour ainsi dire, et sur le devant s'élève un pommeau. Conformément à leurs usages, ils peuvent se tenir accroupis sur lé cheval comme ils le sont quand ils se reposent à terre; et les étriers, qu'ils portent très-courts, élevant le cavalier bien au-dessus de la selle, lui donnent une aisance et une grande force pour porter des coups. L'homme blessé ne court point le danger de tomber, il est soutenu de toutes parts. Le cheval · n'est point chargé de bagages; guerrier comme son maître, s'il marche aux combats il ne porte que les attirails de la guerre. Le Mamelouk, revêtu de pelisses, de turbans, se trouve protégé par ces Lèmes habits qui amortissent les coups de sabre; ils sont tous armés d'une manière formidable; ils ont à la ceinture une paire de pistolets et un poignard; aux arçons de la selle une autre paire de pistolets ainsi qu'une hache et une masse d'armes; d'un côté un

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