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que

l'exécution d'une convention que devoient garantir les avantages qui en résultoient, avoit lui-même ouvert l'Egypte à ceux qui prétendoient l'en chasser; l'ennemi étoit aux portes de la capitale ; qu'un jour plus tard, peut-être, il n'eût pas eu d'autre ressource que de se retirer sur Alexandrie. Si sa surprise fut extrême, s'il entrevit en un instant combien sa situation étoit critique, son ame resta calme au milieu des dangers qui le pressoient. Il n'avoit qu'un parti indiqué par l'honneur; il n'hésita pas à le prendre. Tous les sentimens se réunissoient pour tripler le courage de nos troupes: un doux espoir trompé, la mauvaise foi à punir, une insulte à et à côté de ces aiguillons puissans, la perspective d'une captivité douloureuse et déshonorante. Kleber, exalté par l'attrait d'une victoire difficile, et dont le souvenir seroit immortel, communiqua bientôt à toute son armée l'ardeur qui l'enflammoit. Il se rappela la bataille du Mont-Thahor, et combien cette quantité irrésolue d'ennemis avoit inuti

venger,

» drie; enfin, que les bâtimens qui seront rencontrés » retournant en Europe, avec des passe-ports accordés › en conséquence d'une capitulation particulière avec » une des puissances alliées, seront retenus comme prises, et tous les individus à bord considérés comme » prisonniers de guerre.

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Signé KEITH.

lement assiégé sa division foible et manquant de munitions. Il pensa qu'un petit nombre de gens intrépides, habitués aux périls de la guerre, éprouvés par tant de combats, disperseroit de nouveau cette nuée de barbares, ne sachant pas manœuvrer ni user de ses moyens. D'ailleurs, si jamais le Français a dû suivre cette devise, vaincre ou mourir, c'est dans cette circonstance qu'elle devoit recevoir son application absolue. Vaincue, c'en étoit fait de l'armée, à laquelle les Turcs réservoient sans doute, par le sentiment d'une vengeance qu'ils croyoient légitime,' la fin la plus affreuse.

Kleber, après avoir pris toutes les mesures que lui suggéra sa prudence pour mettre à l'abri de la fureur des habitans du Caire, les Français qui ne devoient point suivre l'armée, partit à la pointe du jour de Lacoubbé, le 29 ventosę (20 mars). En général habile et résolu, il sentoit qu'il ne devoit point se laisser prévenir par l'ennemi, et qu'il falloit diriger à propos cette première impulsion, ce premier élans si redoutable chez nos soldats. En laissant approcher les Turcs sous les murs du Caire, il s'exposoit d'ailleurs à se trouver inquiété sur les derrières par la population de cette capitale, encore enchaînée par la crainte, mais qui se seroit prononcée contre lui du moment qu'il eût été attaqué de front par les Ottomans. Il marcha donc droit à l'en

nemi. Son armée étoit forte de douze à treize mille hommes; celle du Grand-Visir, campée près d'ElHanka, étoit de plus de quarante mille, parmi lesquels se distinguoit une nombreuse cavalerie. Les équipages immenses de cette armée, heureusement inexpérimentée, couvroient la lisière du désert. Aussitôt qu'Youssef Pacha eut avis du mouvement de Kleber, il quitta son camp et se porta sur Matarich, village situé auprès des ruines de l'antique Héliopolis. C'est là que ces deux corps inégaux se rencontrèrent. La cavalerie turque essaya d'abord, mais en vain, d'ébranler notre infanterie et de l'arrêter dans sa marche. Un feu terrible de mousqueterie la tint en respect, et l'obligea de s'éloigner précipitamment. C'est après ce premier succès, que notre infanterie aborda les lignes ennemies, déjà ébranlées par le canon. L'affaire fut promptement décidée. Le Grand Visir voulut se replier sur son camp, mais voyant que l'armée française, par un mouvement de flanc, alloit le séparer des terres habitables, et le jeter dans le désert, il se détermina à se retirer. Cette retraite fut une déroute complète et sanglante. Toute l'artillerie des Turcs, et la plus grande partie de leurs équipages, tombèrent au pouvoir des vainqueurs, dont la perte fut bien foible, en comparaison de celle de l'ennemi, Les Turcs au contraire perdirent dans cette journée si fatale pour

eux, huit mille hommes tués ou blessés, sans compter ceux qui périrent dans le désert, de fatigues et de besoin.

Mourad Bey, posté avec 600 Mamelouks, sur une hauteur à portée du champ de bataille, fut témoin de la défaite des Osmanlis. Il avoit fait prévenir le général en chef qu'il ne prendroit aucune part à l'action, et il tint parole. Ce Bey, dont la Cour Ottomane avoit à se plaindre, redoutoit avec raison le rétablissement de l'autorité du GrandSeigneur en Egypte. Il ne se dissimuloit pas que la Sublime Porte avoit plus d'une infidélité à punir et plus d'un droit usurpé à revendiquer. La bataille d'Héliopolis, en prouvant à Mourad-Bey, l'immense supériorité de l'armée française, lui faisoit sentir d'un autre côté combien l'espoir de lutter contre elle étoit chimérique. Ces réflexions le déterminèrent, comme on le verra bientôt, à proposer à Kleber un arrangement particulier qui fut agréé.,

Mais pendant que Kleber chassoit devant lui les cohortes épouvantées du Grand-Visir, Nazouf Pacha, séparé dans le combat avec un corps de 6 à 8000 hommes, se jetoit entre Boulak et le Caire. Ces Turs firent un horrible massacre de tous les Français qu'ils rencontrèrent, et égorgèrent un grand nombre de Cophtes et de Grecs accusés d'avoir montré de l'attachement à notre armée. Ce

mouvement, inspiré par le danger, décida le soulèvement du Caire, et consterna les foibles garnisons restées dans les forts qui l'entouroient, Elles crurent l'armée entièrement détruite, et la joie qu'elles éprouvèrent au retour de Kleber, ne peut se comparer qu'à celle que ressent l'homme qui se voit tout à coup passer des périls les plus imminens, à la sécurité la plus parfaite.

Kleber, après avoir reconquis l'Egypte par un succès si éclatant et si complet, ne donna point de relâche à l'armée Ottomane, qu'elle n'eût franchi le ́désert de Cathieh (1). Youssef Pacha ne s'arrêta qu'à Ghazah, où il profita du répit qu'on lui laissoit pour s'occuper de réorganiser son armée considérablement réduite. L'armée française, débarrassée enfin de ce ramassis de barbares qu'elle avoit expulsés, revint victorieuse sur la capitale de l'Egypte. Elle étoit pressée dans sa marche par la faim qu'elle éprouvoit depuis plusieurs jours, et le général en chef, plus inquiet encore de ce qui se seroit passé pendant son absence, brûloit d'impatience d'y rentrer. Il arrive devant la ville (2). Quel spectacle frappe ses yeux.....! Plus de vingt mille hommes, composés

(1) Le 1er germinal (22 mars) il s'empara de Belbéis, et le 3 (24 mars) il arriva à Salehiéh.

(2) Le 6 germinal (27 mars),

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