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d'El-A'rich, et Kleber s'étoit porté avec toute son armée sur Saléhiéh, pour observer les mouvemens de l'ennemi et appuyer de sa présence les prétentions qu'il faisoit valoir par ses commissaires, en réponse au contre-projet de Sidney Smith. Il vouloit obtenir pour compensation de l'évacuation de l'Egypte, la restitution des îles vénitiennes, Corfou, Zante et Céphalonie ; la garantie de la possession de Malte à la France; la liberté de transporter son armée sur l'un de ces points à son choix, et enfin, la dissolution de la triple alliance entre la Porte, l'Angleterre et la Russie.

Cependant les plénipotentiaires avoient signé un armistice approuvé par Kleber. Les temps contraires ne permirent point au bâtiment envoyé à Jaffa d'aborder la côte et d'en transmettre l'avis au GrandVisir, qui, parti lui-même de Ghazah le 20 vendémiaire (10 octobre), s'étoit rendu de sa personne à El-A'rich, pour en presser la reddition. Ce retard fut la cause du massacre d'une partie de la garnison de ce fort. Après soixante jours de siége, les troupes françaises consentirent à capituler, et hissèrent sur leur, rempart, entamé par l'artillerie, le major anglais Douglas, qui venoit traiter avec elles. Les Turcs profitèrent de cette suspension d'armes pour s'élancer avec impétuosité sur une garnison trop confiante. Ils en égorgèrent 300 hommes, malgré tous les ef

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forts que firent les chefs et les officiers anglais pour arrêter cette affreuse boucherie, que les Turcs excusoient en rappelant l'horrible mort des prisonniers de Jaffa. Ce nouveau désastre, produit par une circonstance imprévue, ne changea rien aux dispositious des commandans des deux armées.

Sidney Smith, ayant pris connoissance des conditions exigeantes de Kleber, lui répondit le 11 nivose (1er janvier 1800), en lui envoyant, pour preuve du desir sincère qu'il avoit de faire tout ce qui dépendroit de lui, la copie du traité du 5 janvier. II l'engageoit à remarquer la franchise avec la quelle il agissoit dans cette affaire, et à juger luimême, par la lecture du traité conclu entre l'Angleterre et la Turquie, des liens qui le retenoient et de ce qui lui étoit permis de céder. Il ne pouvoit, par conséquent, acquiescer aux dernières proposi tions de Kleber et y donner son consentement, quand il étoit certain qu'elles ne seroient point approuvées. C'eût été abuser le général en chef et se compro÷ mettre lui-même inutilement. Il ajoutoit ensuite: que les lles vénitiennes n'étoient pas uniquement au pouvoir des troupes ottomanes; que Malte étoit assiégée conjointement par les Anglais et les Napo litains; qu'évidemment la cession et la garantie de cette île n'étoient point à la disposition de la Subli→ me Porte; que la triple alliance étant défensive et

non offensive, sa dissolution n'étoit point nécessaire; qu'il étoit impossible de consentir à transpor-. ter l'armée française où elle auroit la possibilité. d'attaquer de nouveaux états; mais que son retour: en France, avec armes et bagages, ainsi qu'il avoit été promis, seroit fidèlement exécuté.

Cependant les plénipotentiaires débarqués à Jaffa s'étoient rendus au camp du Grand-Visir, à ElA'rich, afin d'éviter les lenteurs qui se rencontrent si fréquemment dans les relations avec les Turcs. C'est alors que Kleber, voyant qu'il ne pourroit rien obtenir de plus favorable, envoya au général Desaix l'autorisation d'agréer définitivement l'arrangement convenu pour l'évacuation. J'ai déjà indiqué suffisamment les principaux motifs qui déterminèrent Kleber à traiter; mais on peut encore mettre dans la balance les observations suivantes, et qui devoient être de quelque poids.

L'armée Ottomane se montoit à plus de 60,000 hommes, dont une grande partie étoit déjà devant El-A'rich. Le reste étoit campé devant Jaffa et Ramléh. Les vaisseaux alliés approvisionnoient abondamment cette armée si difficile à nourrir. Les Arabes, arrivés de différentes contrées, avoient amené près de 15,000 chameaux. Rien ne s'opposoit plus au passage du désert, que la résistance que nous pouvions y apporter. Kleber n'avoit guère à présen

ter à l'ennemi qu'un corps disponible de 10,000 hommes, répartis sur les postes importans de Cathiéh, Salêhich et Belbéis, qu'il étoit obligé de garder avec une égale vigilance, pour conserver ses communications avec le Caire, et être en mesure de se porter par-tout où il seroit menacé. Il avoit 1000 hommes à Lesbéh environ, pour garantir ce côté de toute insurrection; 1800 à Alexandrie, Aboukir, Rosette et quelques endroits du Delta; 1200 au Caire et Gizeh, et 2500 à-peu-près dans la Haute-Egypte, tenant en échec Mourad-Bey, toujours actif, jamais abattu, et harcelant constamment nos troupes par ses apparitions continuelles (1). Telle étoit la situation de Kleber à l'époque où il conclut la convention d'El-A'rich, et l'on peut ajouter encore une circonstance assez intéressante pour n'être pas passée sous silence, c'est que les habitans, fatigués de notre séjour, ne desiroient pas moins que les Turcs de nous voir partir.

Voici la convention telle qu'elle fut signée à ElA'rich le 4 pluviose (24 janvier 1800)..

(1) Ainsi toute l'armée disponible pouvoit se monter à près de 16 à 18,000 combattans, et dans ce calcul il ne faut pas comprendre les ouvriers, les employés, les musiciens, les malades, les domestiques, etc., dont le nombre étoit encore assez considérable.

CONVENTION

Pour l'évacuation de l'Egypte, passée entre les citoyens Desaix, général de division, et Poussielgue, administrateur des finances, plénipotentiaires du Général en chef;

Et leurs Excellences Moussttafa-Rachyd, Effendi Defterdar, et Moussttafa-Rasychéh, Effendi Reys-ul-Kouttab, ministres plénipotentiaires de son altesse le Suprême Visir.

L'ARMÉE française en Egypte, voulant donner une preuve de ses desirs d'arrêter l'effusion du sang et de voir cesser les malheureuses querelles surve→ nues entre la République Française et la Sublime Porte, consent à évacuer l'Egypte, d'après les dispositions de la présente convention, espérant que cette concession pourra être un acheminement à la pacification générale de l'Europe.

ART. Ier. L'armée française se retirera avec armes, bagages et effets, sur Alexandrie, Rosette et Aboukir, pour y être embarquée et transportée en France, tant sur ses bâtimens que sur ceux qu'il sera nécessaire que la Sublime Porte lui fournisse; et pour que lesdits bâtimens puissent être promptement préparés, il est convenu qu'un mois après la

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