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auxquels je suis le plus attaché; ce ne sera que » momentanément, et le général que je leur laisse, » a la confiance du gouvernement et la mienne. »

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Lorsque Bonaparte s'embarquoit, une corvette anglaise vint observer les deux frégates; les officiers qui l'accompagnoient en tiroient un triste présage, et disoient qu'il seroit difficile d'échapper à la vigilance

situation des affaires en France, des querelles du Directoire avec le Conseil des Cinq-Cents. Joseph annonçoit à son frère que sa présence étoit souhaitée en France par tous ceux qui desiroient sauver l'Etat, et qu'à son arrivée, il trouveroit les esprits disposés en sa faveur et prêts à le seconder dans tous ses desseins.

A cette lettre devoit être joint, sans doute, l'ordre du Directoire.

Le grec Bourbaki partit en diligence, se rendit å Livourne, mit à la voile sans perte de temps, et arriva heureusement à Alexandrie. J'ai une idée confuse, en effet, d'avoir entendu parler au Gaire, du voyage mystérieux de ce Grec. La lettre de Joseph décida Bonaparte à quitter l'Egypte.

Comme il n'a jamais été question de l'ordre du Directoire que j'ai cité plus haut, on peut conclure que s'il· a effectivement existé, Bonaparte ne crut pas devoir user de ce moyen, et qu'il n'eût été pour lui qu'une justification dangereuse et illusoire, si le Directoire se fût cru assez puissant pour arrêter Bonaparte dans ses vastes projets.

de l'ennemi....« Bon! s'écria Bonaparte, nous ar» riverons......, la fortune ne nous a jamais aban» donnés.....; nous arriverons en dépit des Anglais.» On mit à la voile dans la nuit, et le contre-amiral Gantheaume, maître absolu de ses manœuvres, gea la côte d'Afrique, prenant à la vérité la route d'une navigation plus longue, mais plus sûre.

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Le 8 vendémiaire an 8 (30 septembre 1799), les deux frégates entrèrent dans le golfe d'Ajaccio. Le 16 du même mois ( 8 octobre), étant en vue des côtes de France, la petite escadre aperçut huit à dix voiles anglaises; le contre-amiral Gantheaume voulut aussitôt faire virer de bord pour retourner en Corse: «Non, non, s'écria Bonaparte, cette ma»nœuvre nous conduiroit en Angleterre......, et je » veux arriver en France. » C'étoit la première fois qu'il avoit une volonté depuis son départ d'Egypte, et sa volonté le sauva.

Le 17 (9 octobre), Bonaparte débarqua à Fréjus, après quarante-un jours de la traversée la plus surprenante sur une mer couverte de vaisseaux ennemis.

Nous apprimes tout à la fois au Caire l'arrivée du général en chef à Alexandrie, sou embarquement et son départ. Cette nouvelle plongea tout le monde dans la consternation. Habitués à voir ce chef favori de la fortune, commander pour ainsi dire aux événemens, nous avions déposé sur sa tête nos destinées individuelles. Nous n'apercevions aucun moyen

de sortir d'Egypte, mais nous étions persuadés que Bonaparte en avoit mille. Notre confiance étoit telle en lui, que nous nous crûmes destinés à mourir en Afrique, lorsque nous apprêmes qu'il avoit fait voile d'Alexandrie. Telle fut la première impression que fit sur l'armée le départ du général en chef. La mauvaise humeur devoit succéder aux regrets, et elle fut générale. Les uns rappeloient ce qu'il avoit dit en apprenant la perte de notre flotte, et lui reprochoient de séparer son sort de celui des soldats qui avoient tout fait pour sa gloire; les autres cherchoient à l'excuser en trouvant des motifs puissans à un départ si secret et si précipité; de grands intérêts seuls pouvoient l'avoir déterminé à laisser l'Egypte; il alloit sauver la France : quelques-uns plus pénétrans lui supposoient des vues ambitieuses; mais tous , par un retour sur notre position, l'accusoient d'ingratitude et de mauvaise foi. Telle est la marche de l'esprit humain, qu'après avoir épuisé toutes les conjectures les plus défavorables, toutes les probabilités d'un avenir affligeant, il se rattache avec empressement à la lueur la plus légère d'une espérance souvent mensongère ainsi, l'espoir d'un changement salutaire en France et l'espoir plus flatteur encore d'une paix prochaine et glorieuse, vint calmer insensiblement l'agitation dans laquelle nous étions. Bonaparte nous avoit promis de prompts secours, et nous y comptions, en calculant sur l'im

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portance qu'il devoit attacher à la conservation de sa conquête. Enfin, le nom de Kleber acheva de tranquilliser les esprits les plus alarmés; il avoit l'estime, la confiance des troupes, et il les méritoit.

Kleber étoit grand et bel homme, il avoit une tournure militaire, imposante; sa figure étoit noble et fière, ses yeux vifs et perçans; ses traits inspiroient le respect. Sa voix étoit sonore, son carac tère tout-à-la-fois violent et réfléchi; sa conversation annonçoit un homme instruit, profond et connoissant bien le cœur humain. Quelques mots de lui sur Bonaparte, font connoître qu'il le jugeoit fort difléremment que bien d'autres ; c'est que Kleber étoit pen susceptible d'enthousiasme. Il paroît que la campagne de Syrie n'avoit pas répondu dans sa manière de voir, à l'idée qu'il s'étoit faite des talens militaires de Bonaparte. Il rendoit justice à son activité extraordinaire; mais il blâmoit par-dessus tout cette impatience qui ne respecte jamais les fatigues et la vie du soldat. Il disoit encore ces mots remarquables et que je me rappelle fort bien : « Ce n'est rien que -» d'aller, il faut pouvoir revenir; ce n'est rien que » de prendre, il faut savoir garder ». Kleber avoit les qualités d'un grand général; et ce qui est assez rare, il savoit servir et obéir comme un soldat.

La défaite des Ottomans à Aboukir, en assurant notre tranquillité, au moins pendant un certain temps, accroissoit notre prépondérance en Egypte,

de toute la grandeur d'un succès qui venoit d'enlever aux Mamelouks la seule espérance qui leur restât. Mourad-Bey qui n'avoit pu seconder la descente des Turcs, remontoit encore une fois le Nil, et s'éloignoit de nouveau de la ville si chère à son souvenir. Il retourna dans les provinces éloignées, que Desaix avoit été obligé d'abandonner, et s'y établit en attendant patiemment les circonstances favorables qui ne tardèrent pas à s'offrir.

Kleber n'ayant plus, de son côté, d'ennemis à repousser dans l'intérieur, s'occupa de tout ce qui pouvoit contribuer au bien-être de l'armée. Il étendit sa sollicitude sur les diverses branches de l'admi nistration, particulièrement sur les hôpitaux. Il fit travailler activement à la confection de l'habillement des troupes, et leur assigna des cantonnemens rapprochés, où elles se reposèrent en attendant de nouveaux combats. Il voulut aussi que désormais les habitans du pays lui rendissent les honneurs qu'ils décernoient aux Beys, aux Pachas. Bonaparte ne développoit point un grand appareil lorsqu'il passoit dans le Caire, à moins que ce ne fût dans les cérémonies. Il n'étoit ordinairement accompagné que par ses aides-de-camp et quelques guides. Il avoit pris seulement, pour se conformer aux usages, deux domestiques Egyptiens portant des jérides ou des piques; ils couroient à côté de son cheval, et l'un tenoit la bride, l'autre l'étrier lorsqu'il en descendoit.

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