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» s'étoit élancé de nouveau au pas de charge sur la >> droite de l'ennemi.

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» Le général Murat, qui commandoit l'avant

garde, qui suivoit tous les mouvemens, et qui >> étoit constamment aux tirailleurs, saisit le moment » où le général Lannes lançoit sur la redoute les >> bataillons des 22 et 69, pour ordonner à un >> escadron de charger et de traverser toutes les po>> sitions de l'ennemi; jusque sur le fossé du fort. » Ce mouvement est fait avec tant d'impétuosité et d'à-propos, qu'au moment où la redoute est forcée, » cet escadron se trouvoit déjà pour couper à l'en

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»> nemi toute retraite dans le fort. La déroute est

complète; l'ennemi en désordre et frappé de ter>> reur, trouve par-tout les baïonnettes et la mort. » La cavalerie le sabre; il ne croit avoir de res» source que dans la mer, dix mille hommes s'y précipitent; ils y sont fusillés et mitraillés. Jamais

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spectacle aussi terrible ne s'est présenté. Aucun » ne se sauve; les vaisseaux étoient à deux lieues » dans la rade d'Aboukir. Mustapha Pacha, com» mandant en chef l'armée turque, est pris avec deux » cents Turcs; deux mille restent sur le champ de » bataille; toutes les tentes, tous les bagages, vingt pièces de canon, dont deux anglaises, qui avoient » été données par la cour de Londres au GrandSeigneur, restent au pouvoir des Français: deux » canots anglais se dérobent par la fuite. Le fort

» d'Aboukir ne tire pas un coup de fusil; tout est frappé de terreur. Il en sort un parlementaire qui » annonce que ce fort est défendu par douze cents » hommes. On leur propose de se rendre, mais les » uns y consentent, les autres s'y opposent. La journée se passe en pour-parlers; on prend po»sition; on enlève les blessés.

» Cette glorieuse journée coûte à l'armée fran»çaise cent cinquante hommes tués et sept cent cin» quante blessés, au nombre des derniers est le gé » néral Murat (1), qui a pris à cette victoire une » part si honorable; le colonel du génie Cretin, of» ficier du premier mérite, meurt de ses blessures, >> ainsi que Guibert (2), aide-de-camp du général ->>> en chef.

(1) Il avoit été blessé, d'un coup de feu, dans la partie inférieure de la mâchoire.

(2) Le jeune Guibert étoit neveu de Guibert, auteur de la Tactique. Il avoit été avec Joseph Bonaparte à Rome. Connu de M. Monge, il fut présenté par lui au général en chef Bonaparte. Plein d'enthousiasme pour le favori de la victoire, Guibert consentit à quitter la carrière diplomatique, pour entrer dans les guides à cheval de l'armée d'Egypte. Il fut admis dans ce corps à Malte, et fit tout le service, comme simple guide, pendant la marche de l'armée jusqu'au Caire.

Son avancement devoit être rapide, il le fut; mais

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» Dans la nuit, l'escadre ennemie communiqué >> avec le fort. Les troupes qui y étoient restées se réorganisent; le fort se défend; on établit des >> batteries de mortiers et de canons pour le ré>> duire.

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>> En attendant la reddition du fort, Bonaparte >> retourne à Alexandrie, dont il examine la situa» tion. On ne sauroit donner trop d'éloges au géné» ral Marmont sur les travaux de défense de cette place, tous les services sont parfaitement organisés, et ce général a pleinement justifié la con>> fiance que Bonaparte lui avoit témoignée, lorsqu'il lui donna un commandement aussi impor

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» tant.

» Le 8 thermidor (26 juillet), le général en chef >> fait sommer le château d'Aboukir de se rendre. » Le fils du Pacha, son Kiaya et les officiers veulent » capituler; mais les soldats s'y refusent.

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Le 9, on continue le bombardement.

» Le 10, plusieurs batteries sont établies sur la

Guibert passa successivement par tous les grades. Lorsque nous étions ensemble au Caire, il étoit sous-lieutenant; Bonaparte l'employoit déjà comme officier de correspondance. Avant de commencer la campagne de Syrie, il fut nommé aide-de-camp du général en chef. Autant instruit que brave, il eût parcouru brillamment sa carrière, sì un biscaien ne lui eût donné la mort.

» droite et sur la gauche de l'isthme; quelques cha» loupe canonnières sont coulées bas; une frégate » est démâtée et forcée de prendre le large.

» Le même jour, l'ennemi commençoit à man» quer de vivres. Il s'introduisit dans quelques mai» sons du village qui touche le fort; le général Lannes » y accourt, il est blessé à la jambe; le général Menou le remplace dans le commandement du

>> siége.

» Le 12,

le général Davoust étoit de tranchée ; >> il s'empare de toutes les maisons où étoit logé » l'ennemi, et le jette ensuite dans le fort, après lui » avoir tué beaucoup de monde. Le 22o d'infanterie » légère et le colonel Magny, qui a été légèrement blessé, se sont parfaitement conduits : le succès » de cette journée, qui a accéléré la reddition du fort, est dû aux bonnes dispositions du général >> Davoust...

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» Le 15, le général Robin étoit de tranchée ; les >> batteries étoient établies sur la contrescarpe, et les >> mortiers faisoient un feu très-vif; le château n'étoit » plus qu'un monceau de pierres. L'ennemi n'avoit

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point de communication avec l'escadre; il mouroit >> de faim et de soif; il prend le parti, non de capituler, >> ces hommes-là ne capitulent point, mais de jeter ses >> armes et de venir en foule embrasser les genoux du >> vainqueur. Le fils du Pacha, le Kiaya, et deux mille >> hommes ont été faits prisonniers. Ona trouvé dans

» le château trois cents blessés, et dix huit cents ca◄ » davres ; il y a des bombes qui ont tué jusqu'à six » hommes. Dans les vingt-quatre heures de la sortie » de la garnison Turque, il est mort plus de quatre » cents prisonniers, pour avoir bu et mangé avec » trop d'avidité.

Ainsi cette affaire d'Aboukir coûte à la Porte » dix-huit mille hommes, et une grande quantité

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» Les officiers du génie Liédot et Bertrand, le » commandant d'artillerie Faultrier, se sont com» portés avec la plus grande distinction. L'ordre et » la tranquillité n'ont cessé de régner parmi les ha>> bitans de l'Egypte, pendant les quinze jours qu'a » duré cette expédition, qui a terminé les glorieux » travaux de Bonaparte en Egypte »>,

Une remarque assez singulière, qu'on a pu faire à la lecture de ce rapport, c'est que c'est à la re¬ traite du 18° de ligne que nous devons, pour ainsi dire, le succès de cette journée. Si ce régiment ne se fût point retiré en laissant quelques blessés sur le champ de bataille; si les Turcs, déjà persuadés de leur victoire, ne se fussent pas précipités hors des retranchemens pour couper des têtes, la charge des divisions des généraux Lannes et Murat, n'eût pas eu l'effet aussi heureux qu'extraordinaire qu'elle produisit, en nous rendant maîtres du boyau qu'une trop aveugle confiance faisoit abandonner; mais.

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