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Quatre-vingts bâtimens, petits et gros, se sont présentés pour attaquer Alexandrie; mais ayant été >> accueillis par des bombes et des boulets, ils ont » été mouiller à Aboukir, où ils commencent à dé

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barquer. Je les laisse faire, parce que mon inten» tion est, lorsqu'ils seront tous débarqués, de les >> attaquer, de tuer tout ce qui ne voudra pas se ren» dre, et de laisser la vie aux autres pour les mener prisonniers, ce qui sera un beau spectacle pour la » ville du Caire..... Il y a sur cette flotte des Russes qui ont en horreur ceux qui croient à l'unité de » Dieu, parce que, selon leurs mensonges, ils croient qu'il y en a trois; mais ils ne tarderont pas à voir » que ce n'est pas le nombre des Dieux qui fait la » force.............. Le Musulman qui est embarqué sur » un bâtiment où est arborée la croix, celui qui tous, » les jours entend blasphémer contre le seul Dieu, >> est pire qu'un infidèle même. Je desire que vous >> fassiez connoître ces choses, etc. »

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Bonaparte apprit à Rahmanich, par le général Marmont, que les Turcs débarqués à Aboukir, d'abord au nombre de trois mille hommes, s'étoient emparés du fort qui avoit capitulé, et qu'en suite de ce succès, le reste de l'armée ennemie, forte en tout de quinze mille hommes environ, s'étoit établie dans la presqu'île, où elle se retranchoit et se fortifioit. Bonaparte conclut de cet avis, que les Turcs attendoient l'arrivée des Arabes et des Mamelouks, et

qu'il n'y avoit pas un moment à perdre pour détruire cette coalition dangereuse. Il mit aussitôt l'armée en mouvement, et se rendit lui-même à Alexandrie, qu'il quitta le 6 thermidor au soir (24 juillet), pour venir prendre position au puits, entre Alexandrie et Aboukir. Ce point devint le rendez-vous de l'armée,

Dans la nuit, Bonaparte fit appeler le général Murat; ils s'entretinrent du combat qui devoit se donner le lendemain, et dans cette conversation, Bonaparte s'écria:« Cette bataille va décider du sort du monde...» Le général Murat, étonné, et dont les idées étoient entièrement fixées sur l'importante affaire que le soleil alloit bientôt éclairer, lui répondit : « Au moins » du sort de l'armée; mais ce qui doit vous rassurer, » mon général, c'est qu'il n'y a pas un soldat qui ne » sente la nécessité de vaincre...., et nous vaincrons. » L'ennemi n'a pas de cavalerie, la vôtre est brave, » et je vous réponds que si jamais infanterie doit » être chargée par de la cavalerie, les Turcs le se>> ront par la mienne. »

Cette anecdote, preuve nouvelle du ton prophétique que Bonaparte avoit pris en affection, et qui peut être à la longue finit par l'abuser lui-même, est aussi la preuve évidente qu'il songcoit alors à son départ. Il avoit probablement reçu déjà les avis qui le déterminèrent, comme on le verra plus tard, à abandonner son armée en Egypte; c'est du moins le seul moyen d'expliquer l'exclamation que je viens de rapporter. En effet, la victoire que Bonaparte

se promettoit à Aboukir pouvoit assurer, pendant un certain temps, la possession de l'Egypte; mais cette possession, toute importante qu'elle étoit, ne décidoit point du sort du monde ; à moins que Bonaparte, préoccupé de tous les grands changemens auxquels il devoit incessamment présider, ne rapportât à sa personne tout l'intérêt de l'événement qui alloit se passer. Son imagination vive et ardente le plaçoit à la tête du gouvernement français, et lui montroit rapidement tous les moyens puissans dont il pourroit disposer pour amener un nouvel ordre de choses, et jouer un rôle plus important en Europe. Instruit assurément de ce qui se passoit en France, il voyoit les esprits agités, dégoûtés d'un gouvernement incertain, se réunir avec empressement autour du guerrier couvert de gloire sur lequel se reposoit tout espoir de salut et de prospérité. Une fois maître du pouvoir souverain, il n'avoit qu'à diriger cet esprit militaire, que l'amour d'une liberté chimérique avoit inspiré. Il appuyoit bientôt son influence sur les Etats voisins, de tout le développement des sentimens qui nous portoient vers la gloire et nous avoient déjà rendus redoutables aux puissances vainement coalisées contre nous. En ouvrant une immense carrière à toutes les ambitions, il s'attachoit tous ceux qui, dans un état qui se reforme, se poussent à la fortune et saerifient tout pour en acquérir. Enfin, il voyoit les Français séduits, entraînés par le guerrier qui jus

qu'alors les avoit toujours menés à la victoire, lui décerner, pour prix de ses succès glorieux, un trône pour récompense et le plus bel empire pour héritage, Enflammé lui-même par ce tableau brillant, sans doute il se croyoit l'arbitre de l'Europe, et dès-lors la bataille d'Aboukir décidoit du sort du monde, puisqu'elle devoit décider de son propre sort.

N'ayant pas été présent à la fameuse journée du 7 thermidor (25 juillet), et ne voulant point interrompre le récit des événemens, je crois faire plaisir au lecteur, en transcrivant ici le rapport du général Berthier.

« Le 7 thermidor (25 juillet), à la pointe du jour, » l'armée se mit en mouvement; l'avant-garde est » commandée par le général Murat, qui a sous ses » ordres quatre cents hommes de cavalerie et le général de brigade Destaing, avec trois bataillons » et deux pièces de canon.

>> La division Lannes formoit l'aile droite, et la » division Lanusse l'aile gauche. La division Kleber, qui devoit arriver dans la journée, formoit la réserve. Le parc, couvert d'un escadron de cava»lerie, venoit ensuite.

Le général de brigade Davoust, avec deux esca» drons et cent dromadaires, a ordre de prendre position entre Alexandrie et l'armée, autant pour faire face aux Arabes et à Mourad-Bey, qui pou

>> voit arriver d'un moment à l'autre, que pour as» surer la communication avec Alexandrie.

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» Le général Menou, qui s'étoit porté à Rosette, » avoit eu l'ordre de se trouver, à la pointe du jour » à l'extrémité de la barre de Rosette à Aboukir, au » passage du lac Madié, pour canonner tout ce que >> l'ennemi auroit dans le lac, et lui donner de l'in» quiétude sur sa gauche.

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Mustapha Pacha avoit sa première ligne à une >> demi-lieue en avant du fort d'Aboukir; environ » mille hommes occupoient un mamelon de sable, >> retranché à sa droite sur le bord de la mer, soutenu par un village, à trois cents toises, occupé >> par douze cents hommes et quatre pièces de canon. >> Sa gauche étoit sur une montagne de sable; à » gauche de la presqu'île isolée, à six cents toises » de la première ligne, l'ennemi occupoit cette po» sition, qui étoit mal retranchée, pour couvrir le » puits le plus abondant d'Aboukir. Quelques cha»loupes canonnières paroissoient placées pour dé» fendre l'espace de cette position à la seconde ligne; » il y avoit deux mille hommes environ, et six piè» ces de canon.

» L'ennemi avoit sa seconde position en arrière » du village, à trois cents toises; son, centre étoit » établi à la redoute qu'il avoit élevée; sa droite » étoit placée derrière un retranchement prolongé

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