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» remparts et fait piller tout ce qui s'y trouvoit; >> c'est l'ouvrage de Dien qui dit aux choses d'être, » et elles sont. Il a épargné les Egyptiens qui s'y » sont trouvés, les à honorés, nourris et vêtus..... » Il se trouvoit à Jaffa environ cinq mille hommes » des troupes de Djezzar; il les à tous détruits: » bien peu se sont sauvés par la fuite. De Jaffa il se >> porta à la montague de Nablous, dans un endroit appelé Quaqoùn, et brûla cinq villages de la mon>> tagne. Ce qui étoit dans les destins a eu lieu : le » maître de l'Univers agit toujours avec la même justice. Après il a détruit les murs d'Acre, le » château de Djezzar..... Il n'a pas laissé à Acre » pierre sur pierre, et en a fait un tas de décom»bres, au point que l'on demande s'il a existé une » ville dans ce lieu.... Voilà la fin des édifices des →tyrans. Il est retourné ensuite en Egypte pour » deux motifs le premier pour tenir la promesse

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qu'il avoit faite aux Egyptiens de retourner à eux » dans quatre mois, et ses promesses sont des en»gagemens sacrés; le second, c'est qu'il a appris » que divers mauvais sujets Mamelouks et Arabes >> semoient le trouble et la sédition pendant son ab>> sence.... Son arrivée les a tous dissipés..... Toute » son ambition est toujours la destruction des mé>> chans, et son envie de faire le bien aux bons..... >> Retournez donc, créatures de Dieu, vers Dieu; >> soumettez-vous à ses ordres, la terre lui appar

» tient; suivez ses volontés, et sachez qu'il dispose » de la puissance et la donne à qui il veut; c'est ce

qu'il nous a ordonné de croire..... Lorsque le gé» néral en chef est arrivé au Caire, il a fait con>>-noître au Divan qu'il aime les musulmans, qu'il » chérit le prophête..... qu'il s'instruit dans le Qo» ran, qu'il le lit tous les jours avec attention..... » Nous savons qu'il est dans l'intention de bâtir » une mosquée qui n'aura point d'égale dans le » monde, et d'embrasser la religion musulmane ».

Pendant notre expédition en Syrie, l'ordre s'étoit établi au Caire dans toutes les parties de l'administration. La Monnoie étoit en activité, et l'Institut poursuivoit ses recherches intéressantes. De tous côtés les Français avoient déployé leur industrieuse activité, et nos besoins en tout genre présentoient mille moyens de fortune aux spéculateurs adroits.

J'ai déjà dit que la rareté des femmes françaises avoient rendu précieux le petit nombre qui avoient suivi l'armée. Le besoin d'une compagne avec laquelle on pût s'entendre, prêtoit des charmes à la moins jolie, et c'est ainsi que des femmes de soldats, des vivandières, étoient devenues les maîtresses de plusieurs généraux et officiers supérieurs. Il falloit bien se contenter de ce qu'on pouvoit avoir. D'autres avoient attiré chez eux des femmes abandonnées des Mamelouks; quelques-unes étoient

belles, et tout en nous donnant des leçons d'arabe; apprenoient à prononcer des mots français : ce n'étoit pas ordinairement les plus décens qu'elles retenoient. De cette sorte il se formoit des sociétés et des échanges assez bizarres ; on donnoit des soirées, on prenoit du punch, on rioit, on s'étourdissoit en parlant de Paris, et l'on oublioit l'Egypte; ou bien l'on faisoit venir pour divertir l'assemblée, les danseuses du pays, dont les mouvemens lascifs flattoient notre imagination par des tableaux gracieux; ou bien encore ces escamoteurs adroits qui déployoient à nos yeux surpris tout le prestige de leur science, et faisoient danser en mesure devant nous les serpens et les insectes les plus hideux et les plus dégoûtans.

D'un autre côté, les Turcs s'enrichissoient avec nous; ils imitoient fort bien tous les ouvrages français, ils brodoient à merveille, et le luxe, que notre. séjour en Egypte devoit anéantir, se releva par leurs

soins.

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Toute l'armée mangeoit de fort beau pain et de. la viande de buffle. Cette viande ne faisoit peut-être. pas d'aussi bon bouillon, que celle du bœuf, mais elle n'étoit point mauvaise, et l'habitude fit bientôt oublier la différence de la blancheur. Le mouton gras et bien nourri offroit une excellente chair; sa queue monstrueuse, large à sa racine, contient une grande quantité de graisse, et j'en ai vu qui

pésoit depuis dix, jusqu'à quelquefois quatorze livres.

Bonaparte à peine arrivé au Caire, s'occupa de renouveler l'habillement de l'armée. Les troupes revénues de la Syrie en avoient surtout besoin. La difficulté de se procurer du drap bleu en assez grande quantité, fit qu'on adopta toutes les couleurs. Tel régiment étoit en rouge, tel autre en vert, en jaune, etc. Il prit enfin toutes les dispositions pour mettre promptement l'armée en état de marcher à de nouveaux combats. Il prévoyoit les orages qui se formoient en Asie et en Europe; notre séjour en Egypte devoit alarmer l'Angleterre, et l'on devoit croire qu'elle ne nous y laisseroit pas former paisiblement un établissement si dangereux pour son

commerce.

repos

Je goûtois au Caire, après tant de fatigues, un si chèrement acheté, lorsque le 6 messidor (24 juin) je reçus le matin l'ordre de me tenir prêt à partir avec le général Murat. J'allai le voir; c'étoit tout simplement une course à faire contre des Arabes qui étoient venus s'établir au midi du Caire, sur la rive droite du Nil. Le général en chef vouloit que, pour les surprendre, le général Murat, tournant le mont Mokattam, et combinant sa marche dans le désert, arrivât sur le camp des Arabes, situé près d'un village qu'on lui désignoit, à la petite pointe du jour.

Nous emmenâmes avec nous de la cavalerie, et

un détachement d'infanterie pour escorter notre convoi de chameaux qui portoient de l'eau et des vivres.

Nous partîmes dans l'après-midi, et sortant par la porte de Lacoubé, nous tournâmes le mont Mokattam, suivant la route que nous traçoit un guide arabe nous marchâmes toute la soirée. Avant de nous reposer, nous traversâmes une vallée de sables, au milieu desquels j'aperçus des morceaux de bois pétrifié, d'une grosseur remarquable. C'étoient des troncs et des parties d'arbres presqu'entiers. Je n'avois jamais rien vu d'aussi surprenant, et la quantité de ces restes étonnans indiquoit facilement que là, antrefois, avoit existé une forêt considérable. Plus loin, l'on apercevoit comme l'ancien lit d'un fleuve. Je pris une note de cette rencontre ́singulière, et à notre rentrée au Caire, peu de jours après, je la remis à M. Monge.

Il n'est pas extraordinaire que les voyageurs n'aient point parlé de cette forêt pétrifiée, située à environ trois lieues directes, sud-est du Caire; les révolutions locales dans les déserts sont très-fréquentes, comme on le sait, et tel objet, découvert aujourd'hui, sera englouti sous les sables dans quelque temps, tandis que tel autre, enfoncé profondément, revient par une cause très-simple et commune en Egypte, à la superficie du sol. Au moindre vent les -collines délogent pour ainsi dire, et le sable léger

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