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» il ne doit y avoir qu'une autorité, celle du capi»taine, qui doit être plus absolue que celle des >> consuls dans les armées romaines.

» Si nous n'avons pas eu un succès sur mer, ce » n'est ni faute d'hommes capables, ni de matériel, » ni d'argent, mais faute de bonnes lois. Si l'on >> continue à laisser subsister la même organisation » maritime, mieux vaut-il fermer nos ports; c'est y jeter notre argent ».

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A peine l'armée s'étoit-elle engagée dans le désert qui sépare l'Asie et l'Afrique, que quelques soulèvemens se manifestèrent sur différens points. La circonstance paroissoit favorable pour agir avantageusement contre les troupes restées en Egypte. Cependant la tranquillité du Caire et des autres principales villes ne fut pas troublée. Dans le nombre de ces insurrections qui furent promptement déjouées, il en est une qui mérite d'être citée à cause de sa singularité. Je rapporterai encore les propres paroles du général en chef.

Au commencement de floréal, une scène, la » première de ce genre que nous ayons vue, mit >> en révolte la province de Bahhyréh. Un homme, » venu du fond de l'Afrique, débarqué à Dernéh, » arrive, réunit des Arabes, et se dit l'Ange ElMahdy, annoncé dans le Qôran par le Prophête. » Deux cents Maugrabins arrivent quelques jours après comme par hasard, et viennent se ranger

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» sous ses ordres. L'Ange El-Mahdy doit des» cendre du Ciel, cet imposteur prétend être des» cendu du ciel au milieu du désert : lui qui est nu » prodigue l'or, qu'il a l'art de tenir caché. Tous » les jours il trempe ses doigts dans une jatte de lait, se les passe sous ses lèvres, c'est la seule » nourriture qu'il prend. Il se porte sur Demen» hour, surprend soixante hommes de la légion

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nautique (1), que l'on avoit eu l'imprudence d'y » laisser, au lieu de les placer dans la redoute de »Rahmâniéh, et les égorge. Encouragé par ce » succès, il exalte l'imagination de ses disciples; il » doit, en jetant un peu de poussière contre nos » canons, empêcher la poudre de prendre, et faire » tomber devant les vrais croyans les balles de nos » fusils un grand nombre d'hommes atteste cent » miracles de cette nature qu'il avoit faits tous les jours.

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» Le colonel Lefebvre partit de Rahmaniéh avec » quatre cents hommes, pour marcher contre l'ange; >> mais voyant à chaque instant le nombre des en

(1) Tout ce qu'il y avoit de Français dans le village se retira dans une mosquée qu'ils barricadèrent. Les insurgés y mirent le feu, et la garnison périt dans des tourmens horribles.

La légion nautique étoit composée des matelots échappés au désastre du combat naval d'Aboukir.

» nemis s'accroître, il sent l'impossibilité de pou» voir mettre à la raison une si grande quantité » d'hommes fanatisés. Il se range en bataillon car» ré, et tue toute la journée ces insensés qui se précipitent sur nos canons, ne pouvant revenir y de leur prestige. Ce n'est que la nuit que ces fanatiques, comptant leurs morts (il y en avoit plus de mille) et leurs blessés, comprennent que Dieu ne fait plus de miracles ».

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Demenhour, qui étoit devenu le foyer de l'insurrection, fut détruit par le général Lanusse. Il y passa quinze cents hommes au fil de l'épée.

Il est probable que cette scène singulière se rattachoit à un mouvement combiné avec la marche des Mamelouks, qui cherchoient à se rapprocher de la basse Egypte, et avec l'arrivée de la flotte turque, qui fut obligée de se détourner pour secourir SaintJean d'Acre.

Après la bataille de Sédymân le général Desaix parcourut la province du Faioum. Il séjourna dans la ville de ce nom jusqu'au 16 brumaire (6 novembre 1798) qu'il se remit en marche pour visiter les provinces de Bénésouef et de Miniet, et disputer la levée des impositions à Mourad-Bey, qui fesoit de son côté des incursions pour les percevoir.

Bonaparte vonlant absolument chasser entièrement de l'Egypte les Mamelouks ou les détruire, fit partir, le 16 frimaire (5 décembre 1798), le général

Davoust avec mille hommes de cavalerie et trois pièces d'artillerie.

Desaix, avec ce renfort considérable, se remit en mouvement le 26 frimaire (16 décembre 1798) et ne perdit pas un seul instant les traces de MouradBey. Tous les jours sur le point de l'atteindre, jamais il ne pouvoit le joindre. Desaix arriva avec une célérité remarquable à Siout, le dépassa pour gagner Girgéh, où il entra le 9 nivose (29 décembre 1798). La flotille qui portoit ses vivres et qui n'avoit pu remonter le Nil aussi promptement que lá division, l'obligea à demeurer vingt jours à Siout pour l'attendre.

L'intrépide Mourad-Bey ne négligeoit, pendant ces momens de répit, aucuns moyens de défense. Il faisoit un appel à tous les pays avec lesquels il étoit en communication; il écrivoit aux chefs d'Yambo et de Jedda (de l'autre côté de la Mer Rouge) pour les inviter à venir se rénnir à lui; il attiroit de la Nubie des renforts composés de noirs et d'hommes de toute espèce, armés d'arcs et de flèches, et peut satisfait de ces forces qu'il croyoit encore insuffisantes, il excitoit au soulèvement les habitans des villages situés sur les derrières de la division, et les engageoit à attaquer vigoureusement nos foibles garnisons et notre flotille.

Desaix isolé dans ces climats brûlans, éloigné de plus de cent lieues du Caire, suppléoit au petit nom

bre de ses troupes par une inconcevable activité et une extrême prudence. Un autre genre de maladie affligeoit nos soldats dans cette partie de l'Egypte, C'étoit l'ophtalmie. Officiers et soldats en étoient également attaqués.

Mais Desaix joignoit aux talens militaires, les vues les plus étendues en administration, et les connoissances les plus variées en tout genre. Brave comme Bayard, il avoit toute la noblesse de son caractère. On ne pouvoit le voir sans l'aimer, et le connoître sans l'estimer et l'admirer.

Les obstacles qu'il rencontroit à chaque pas, ne le rebutoient point. Partout il lui falloit repousser des ennemis, qui sembloient se multiplier par les pertes, et pourvoir à la solde, à la subsistance de sa petite armée. Desaix enfin avoit dans ses attaques, la constance que Mourad-Bey montroit dans ses revers.

Je ne m'attacherai point à rapporter les combats répétés de cette division, qui devoit planter l'étendard français sur les cataractes du Nil, et parcourir ces lieux célèbres où quelques voyageurs ont pénétré avec tant de peines. Je suivrai seulement sa marche intéressante et curieuse.

Le trois pluviose (22 janvier 1799) Desaix rencontre au village de Samânhout, Mourad-Bey auquel s'étoient réunis Hassan et Osman-Bey, ainsi qu'une foule de Nubiens, de Maugrabins et d'habitans d'Yambo et de Jedda. Il partage sa troupe en

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