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dans la nuit du 18, par une fusillade bien dirigée, balayeroient les remparts de droite et de gauche, ces bataillons devoient empêcher la garnison de sortir de la ville, ou peut-être, en la repoussant, y entrer avec elle. Il paroît, d'après le rapport du général Berthier, que ces divers mouvemens combinés ne s'exécutèrent point avec l'ensemble nécessaire: toutefois, indépendamment de cette circonstance fâcheuse, nos troupes, en arrivant sur la brêche trouvèrent un formidable retranchement intérieur qui fermoit toute issue, et contre lequel vinrent échouer la valeur et l'intrépidité de nos soldats. Les Turcs arrivés la veille, firent un feu si nourri du haut des maisons crénelées qui dominoient cette nouvelle barrière, et des rues barricadées à la bâte, que nos troupes furent obligées de se replier, après avoir laissé dans la ville d'Acre, sur son sol ensanglanté, bon nombre des héros qui en avoient franchi les remparts abattus. Il faudroit une autre plume que la mienne, pour peindre les détails de ces attaques réitérées, les mouvemens hardis de nos soldats, leur constance et l'ardeur de leurs chefs. Ce nouvel assaut fut terrible, mais il ne fut pas le dernier. C'étoit la sixième fois que nos guerriers gravissoient ou franchissoient les murs ébranlés de Saint-Jeand'Acre, et la seule qu'ils pénétrèrent aussi avant. Lannes fut blessé dangereusement à la tête, et le général Rambaud tué. Si nous avions développé

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tous nos moyens, l'ennemi avoit de son côté déployé toutes ses ressources, et les renforts qui lui étoient arrivés ont pu seuls sauver la puissance de Djezzar.

La division Kleber, restée en observation à Nazareth, revint au camp le 20 floréal ( 9 mai ), Bonaparte résolut de faire les derniers efforts. « La » victoire, avoit-il dit, est au plus opiniâtre. » Les troupes de Kleber étoient fraîches en comparaison de celles qui n'avoient point quitté le camp.

Le 21 (10 mai), à deux heures du matin, Bonaparte fit donner encore un assaut. Il fut sans succès. A quatre heures après midi, le général en chef commande une seconde attaque. Venoux, colonel du 25o de ligne, rencontre le général Murat, au moment où il se rend à la tranchée, et lui serrant la main d'une manière expressive, il fui dit: « Si Saint>> Jean-d'Acre n'est pas pris ce soir, sois sûr que » Venoux est mort. » La ville ne fut point prise, et le colonel du 25° tint sa parole. Les résultats de cette journée furent affreux pour nous. Nous perdimes l'adjudant-général Fouler, jeune homme d'un mérite distingué, tué sur la brèche. Le général Bon. fut blessé mortellement d'un coup de feu qui lui traversa le bas ventre, et l'aide-de-camp de Bonaparte, Croisier, par une balle qui lui abyma la jambe. Ce dernier expira dans la traversée du désert, entre Ghazah et El-A'rich. Après cette tentative infruc

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tueuse, nous dûmes renoncer enfin à tout espoir de prendre Saint-Jean-d'Acre, et nous revînmes le soir à notre camp, le cœur et l'esprit accablés par les pertes irréparables que venoit de faire l'armée.

Le lendemain de ce jour, on voulut entamer des négociations avec Djezzar, pour nettoyer la tranchée; mais le parlementaire ne fut point accueilli la première fois, et la seconde qu'il entra dans la ville, rien n'annonça que l'ennemi voulût consentir à la proposition que lui avoit faite le général Berthier, pour la sépulture des cadavres (1).

Le 26 floréal (15 mai), en nous réveillant, nous n'aperçûmes plus les vaisseaux anglais ; ils avoient mis à la voile dans la nuit. Sidney Smith, instruit que les frégates aux ordres du contre-amiral Pérée avoient pris quelques bâtimens turcs, s'étoit dirigé sur la côte de Jaffa. Le Thésée, qui tenoit la tête de

(1) Voici la lettre que le général Berthier écrivit à cet effet à Ahmet, Pacha El-Djezzar :

« Le général en chef me charge de vous proposer une « suspension d'armes pour enterrer les cadavres qui » sont sans sépulture sur le revers des tranchées. Il » desire aussi établir un échange de prisonniers; il a » en son pouvoir une partie de de la garnison de Jaffa, » le général Abdallah, et spécialement les canonniers et » bombardiers qui font partie du convoi arrivé il y a > trois jours à Acre, venant de Constantinople. ».

l'escadre anglaise, reconnut en effet nos frégates, et porta dessus aussitôt. Il avoit une marche si supérieure, qu'il gagnoit sensiblement nos bâtimens, lorsqu'un accident mit le feu à des obus et des bombes rangés sur sa dúnette, L'incendie embrâsa dans un moment la partie supérieure du vaisseau; l'explosion et les éclats tuèrent le capitaine et blessèrent plusieurs hommes de l'équipage. Le Thésée vira de bord, et mit en panne pour réparer le désordre et les dégats causés par cet événement, qui sauva notre petite escadre.

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Dans la journée du 27 (16 mai), l'ennemi fit deux vigoureuses sorties. Son audace s'étoit accrue de l'inutilité de nos efforts.

Le 28 (17 mai), je trouvai à mon arrivée au camp Ja pièce suivante; les assiégés l'avoient jetée dans la tranchée, de sorte qu'elle fut bientôt répandue parmi les troupes.

Le ministre de la Sublime Porte, aux généraux, officiers et soldats de l'armée française qui se trouvent en Egypte.

« Le Directoire français, oubliant entièrement le » droit des gens, vous a induits en erreur, a sur» pris votre bonne foi, et au mépris des lois de la » guerre, vous a envoyés en Egypte, pays soumis à

» la domination de la Sublime Porte, en vous faisant >> accroire qu'elle même avoit pu consentir à l'enva» hissement de son territoire.

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» Doutez-vous qu'en vous envoyant ainsi dans une région lointaine, son unique but n'ait été de vous » exiler de la France, de vous précipiter dans un » abyme de dangers, et de vous faire périr tous tant » que vous êtes? Si dans une ignorance absolue de » ce qui en est, vous êtes entrés sur les terres d'E»gypte, si vous avez servi d'instrument à une vio» lation des traités, inouie jusqu'à présent parmi les » puissances, n'est-ce point par un effet de la perfi» die de vos directeurs? Oui, certes; mais il faut » pourtant que l'Egypte soit délivrée d'une invasion » aussi inique. Des armées innombrables marchent >> en ce moment; des flottes immenses couvrent déjà >> la mer. Ceux d'entre vous, de quelque grade qu'ils » soient, qui voudront se soustraire au péril qui les » menace, doivent, sans le moindre délai, manifes» ter leurs intentions aux commandans des forces de » terre et de mer des puissances alliées. Qu'ils soient » sûrs et certains qu'on les conduira dans les lieux » où ils desireront'aller, et qu'on leur fournira des » passeports pour n'être pas inquiétés pendant leur >> route par les escadres alliées, ni par les bâtimens » armés en course. Qu'ils s'empressent donc de pro»fiter à temps de ces dispositions bénignes de la Su

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