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dans l'intérieur des maisons; proclama la dissolution de l'ordre; fit procéder au désarmement des habitans; ordonna la formation d'une liste de jeunes gens des plus riches familles pour être envoyés à Paris et élevés dans les écoles de la république ; il fixa même leur habillement ; les prêtres, religieux et religieuses qui n'étoient point natifs de Malte, reçurent l'ordre de l'évacuer dans un court délai; les cures et bénéfices vacans furent réservés exclusivement aux naturels de l'île ; il fut désormais prohibé de faire des vœux avant l'âge de trente ans ; les fondations particulières, couvents d'ordres séculiers et corporations de pénitens furent supprimés; il défendit à tout séculier, n'étant pas au moins sousdiacre, de porter le collet ou la soutane; aux prêtres latins, d'officier dans les églises appartenant aux Grecs; il accorda sa protection aux Juifs pour la fondation d'une synagogue; il déclara dignes de mort tous les Grecs de Malte, Gozo, des départemens d'Ithaque, de Corcyre, de la mer Egée (1), qui conserveroient des relations quelconques avec les Russes; les bâtimens grecs, naviguant sous pavillon russe, seroient coulés bas; il décréta un système d'impositions nouvelles, s'élevant à la somme de sept cent

(1) Bonaparte affecte ici de rendre à Corfou, aux Sept-Isles, etc., les noms qu'elles portoient ancien

nement.

vingt mille francs; il s'occupa dans un réglement dé l'entretien du pavé, de la propreté des rues, de leur éclairage, ainsi que de l'entretien des fontaines et du droit de passe pour les routes; il prescrivit encore la formation de quinze écoles primaires et d'une école centrale pour remplacer l'université et les autres chaires; il composa cette dernière de différens professeurs, et détermina leur traitement; il voulut qu'il fût fait à l'hôpital des cours d'anatomie, de médecine et d'accouchement; enfin, il défendit expressément à l'évêque, aux ecclésiastiques de rien recevoir pour l'administration des sacremens, le devoir étant de les administrer gratis, et aucun prince étranger ne devant avoir aucune influence dans l'administration de la religion, ni dans celle de la justice, il défendit encore aux ecclésiastiques et aux habitans d'avoir recours à aucun métropolitain, et surtout au pape.

Bonaparte envoya au directoire, par le général Baraguey - d'Hilliers, le grand drapeau de l'ordre avec une galère en argent, modèle de la première galère de l'ordre de Rhodes. «< Ainsi, cela, dit-il » dans sa lettre du 30 prairial ( 18 juin) est curieux » par son ancienneté. » Par la même occasion, il adressa au directoire un surtout de table venant de la Chine.

er

La flotte, partie de Malte le 1 messidor (19 juin),

ne mit que quatre jours à traverser la grande mer (1), et se trouva le 7 du même mois (25 juin), en vue de l'île de Gandie. L'amiral Bruies avoit soin d'arrêter tous les bâtimens qu'il rencontroit, et de les forcer à suivre l'armée, afin que l'escadre anglaise ne pût recevoir aucun avis sur notre marche. Les vents d'ouest, qui règnent dans cette saison, nous conduisoient directement à Alexandrie.

Le treizième jour de notre départ de Malte et le quarante-troisième de Toulon, nous aperçûmes les minarets d'Alexandrie, et sur la droite la tour des Arabes.

Mais quelle heureuse traversée! Passer près de quarante-trois jours en mer et ne pas rencontrer les Anglais! O fortune! que deviendroient les plus belles conceptions, que pourroient faire les plus grands génies sans toi qui couronnes ou poursuis les conquérans!

La frégate la Junon, envoyée à Alexandrie pour communiquer, prendre des renseignemens sur les Anglais et les dispositions des habitans, ramena le consul de France. Il annonça que la vue de la flotte avoit produit une grande fermentation, et que l'amiral Nelson, arrivé devant Alexandrie le 10 messidor (28 juin), après avoir envoyé demander au

(1) Les marins appellent ainsi la partie de la Méditerranée comprise entre Malte, Candie et l'Afrique.

consul anglais de nos nouvelles, avoir remis un paquet pour l'Inde, s'étoit dirigé vers le nord-ouest.

Je rendrai compte plus tard de la marche des deux escadres, et l'on verra combien peu s'en est fallu qu'elles ne se croisassent.

Les nouvelles apportées par le consul de France, firent sentir la nécessité de presser le débarquement. L'amiral Bruies vouloit s'approcher de l'anse du Marabou, mais une frégate venant à petites voiles se rencontra avec le vaisseau le Dubois sous le vent de l'Orient, qui pour causer moins de dommages et retarder sa marche, se décida à jeter l'ancre. Le vaisseau amiral rompit son heaupré dans ce triple abordage. Le Dubois et la frégate furent endommagés dans leurs voiles et agrès.

Cependant le vent souffloit avec violence, la mer étoit houleuse, et trois lieues nous séparoient de la côte bordée de récifs. Bonaparte connoissant le prix d'un instant, ordonna le débarquement malgré les difficultés qui se présentoient. Dans ce moment, les croisières signalent une voile; on pouvoit craindre de voir arriver l'escadre anglaise, Bonaparte s'écrie: << Fortune! m'abandonnerois-tu? Quoi! seulement >> cinq jours. >> Cette voile étoit la Justice, une des frégates de notre escadre.

Nos soldats, entassés dans des canots, sont jetés à la côte; ce ne fut pas sans perdre plusieurs hommes, surtout lorsque la nuit vint ajouter aux

dangers qu'offroit un rivage semé de rochers et d'écueils.Triste spectateur de ce qui se passoit autour de moi, je me rappèle encore les cris de plusieurs barques chargées de troupes, errant au gré du vent et des vagues, et demandant en vain des secours que l'on ne pouvoit leur donner.

Le général Menou prit terre le premier près du Marabou. Bonaparte et Kleber le joignirent dans la nuit.

On avoit distribué sur les vaisseaux la proclamation suivante :

PROCLAMATION.

BONAPARTE, Membre de l'Institut national, Général en chef de l'armée d'Egypte.

SOLDATS,

« Vous allez entreprendre une conquête dont les -> effets sur la civilisation et le commerce du monde >> sont incalculables; vous porterez à l'Angleterre le » coup le plus sûr et le plus sensible, en attendant » que vous puissiez lui donner le coup de la mort.

» Nous ferons quelques marches fatigantes, nous » livrerons plusieurs combats, nous réussirons dans >> toutes nos entreprises, les destins sont pour nous.

» Les beys mamelouks qui favorisent exclusive» ment le commerce anglais, qui ont couvert d'ava>> nies nos négocians, et tyrannisent les malheureux

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