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ses troupes jusqu'à El-Arich, où elles s'établirent. On a vu dans le premier livre que Bonaparte, instruit de ces démonstrations hostiles, se détermina à aller chercher Djezzar.

Tandis que le général Regnier marchoit sur ElA'rich, Kleber, dont la division avoit été embarquée à Damiette pour être transportée à Tinéh sur le lac de Meuzaléh, arrivoit le 18 pluviose ( 6 février) à Peluse. Après avoir rallié toutes ses troupes à Cathiéh, il continua sa marche pour soutenir la division du général Regnier, et le joignit peu de temps après devant El-A'rich.

Cependant Djezzar, instruit de nos mouvemens, avoit fait marcher sa cavalerie, soutenue par de l'infanterie, pour s'opposer aux progrès des troupes françaises. Cette cavalerie asiatique, à laquelle s'étoient réunis les Mamelouks d'Ibrahim-Bey, arriva le 25 (13 février), à une petite distance d'ElA'rich, sur nos derrières et sur le plateau d'un ravin assez escarpé, et qui semble avoir été autrefois la rive d'un fleuve dont on peut distinguer encore le lit.

Kleber et le général Regnier concertèrent pour la nuit du 26 au 27 ( 14 au 15 février) un mouvement décisif pour surprendre le camp des Mamelouks et les mettre en déroute. En effet, à minuit, l'ennemi, confiant dans sa supériorité, fut cerné en silence attaqué et enlevé avec fureur. Cette leçon le rendit plus circonspect,

y

Parti le 22 pluviose ( 10 février) du Caire, Bonaparte arriva le 24 ( 12 février) à Saléhich. Nous trouvâmes une petite citadelle construite en bois de palmiers, non capable de tenir contre les attaques d'une troupe nombreuse et expérimentée, mais suffisante pour défendre, contre les Arabes et les pay

sans, les magasins qu'on y avoit établis.

Le 26 (14 février), nous arrivâmes à Cathich. Ce sont des citernes dans le désert; elles étoient également gardées par un petit fort en bois. On y avoit rassemblé quelques vivres à la hâte. Quel voyage que celui de Saléhieh à Cathieh! Les soldats chargés de leurs bagages, de leurs armes, d'eau et de vivres, se traînoient avec peine au milieu des sables brûlans, qui, cédant sous leurs pieds, les faisoient reculer, pour ainsi dire, à chaque pas qu'ils faisoient. S'ils se reposoient, c'étoit sur un terrain que la main pouvoit à peine toucher, et sans trouver l'ombre d'un arbuste qui put les garantir de l'ardeur du soleil: pour appaiser la soif, ils n'avoient qu'une eau saumâtre qu'ils se disputoient souvent, et que le cheval refusoit de boire. Les employés de l'armée évitoient, dans cette route pénible, d'approcher les colonnes; ils étoient à cheval, et excitoient naturellement la mauvaise humeur du soldat, qui murmure lorsqu'il voit des êtres souffrir moins que lui. Les privations et les souffrances amènent d'ordinaire, dans les armées, deux fléaux épouvantables,

l'insubordination et l'égoïsme. Nos soldats accablés, par la fatigue et le besoin, ne respectoient plus personne. Ils perçoient les outres que portoient les chameaux des généraux même, et il eût été aussi dangereux qu'inutile de vouloir les empêcher de salisfaire des desirs impérieux auxquels tout cède.

que

Avant d'atteindre, le 28 ( 16 février), les fon¬ taines de Massoudiac, la nuit nous gagna en route, Plus nous approchions des bords de la mer, plus nous sentions le vent et les sables qu'il soulevoit : bientôt les traces des chevaux, des roues de canon. disparurent entièrement; nous marchions .comme sur une terre couverte de neige. Dans le désert, le déplacement des montagnes est commun, et malheur à celui qui n'auroit d'autres moyens de direction: la hauteur des collines inconstantes qu'on rencontre à chaque pas. Le général en chef fut obligé de: s'arrêter, d'envoyer ses aides-de-camp et des guides; de tous les côtés, pour reconnoître le chemin que nous: pensions avoir perdu. Nous descendîmes de cheval, et la figure plus près du sol, nous cherchions ainsi les traces des premières divisions: il restoit la ressource de nous jeter tout-à-fait sur la gauche et de gagner la mer; nous aurious plus sûrement trouvé les fontaines de Massoudiac, mais nous pouvions être éloignés du rivage, et la fatigue, le besoin nous faisoient desirer vivement de l'eau et du repos. Enfin, après quelques instans d'une incertitude toujours

pénible dans une semblable situation, nous retrouvâmes notre chemin, et quelques coups de fusil nous ramenèrent les guides, qui s'étoient éloignés pour aller à sa perquisition.

Le 29 (17 février), le quartier-général arriva devant El-A'rich; les deux autres divisions s'y réunirent également, ainsi que le parc. El-A'rich est le plus triste village, dans le plus affreux séjour. Le fort qui le domine est carré et de peu d'importance lui-même ; mais il étoit indispensable de le prenpar dre pour conserver et assurer nos communications avec l'Egypte. La garnison étoit composée d'Arnautes et de Maugrabins; mais ils n'avoient point d'artillerie, et la tranchée avoit été ouverte hors de la portée du fusil. Une batterie de brèche fut établie dans l'intérieur d'une maison et en face de la tour nord de la citadelle. Cette batterie, composée de pièces de campagne, faisoit peu d'effet sur des murailles en pierre et assez solides. Nos boulets ricochoient et alloient fort souvent tomber dans les camps de nos divisions. Nous avons eu quelques hommes tués de cette manière.

Un plus long séjour devant El-A'rich nous eût placés dans une position cruelle. Les vivres nous manquoient. Déjà nous mangions les ânes et les chameaux; et ils nous eût été également difficile d'aller en avant ou de revenir sur nos pas. L'espérance de retrouver quelques ressources dans le fort,

augmentoit l'impatience de s'em emparer. Le 2 ventose (20 février), le général Berthier somma la garnison de se rendre, et heureusement pour nous elle mit bas les armes. Un certain nombre de Maugrabins prit du service dans notre armée.

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La nécessité nous fit goûter à ce siége d'un mets tout à fait nouveau pour nous. Nos soldats mangèrent beaucoup de cœurs de palmiers ils sont blancs et tendres; le goût ressemble assez à la noisette, mais c'est un aliment lourd et d'une digestion pénible. Le palmier est peut-être l'arbre du plus grand usage; tout le monde connoît la bouté de son fruit le noyau pilé devient pour les dromadaires une pâte que les Arabes leur distribuent, lorsqu'ils sont en course dans les déserts. Les feuilles servent à faire des couffes, des paniers de toute espèce; les rameaux, des divans, des cages et tout ce qui peut contribuer à meubler des appartemens; les branches qui portent le fruit font des balais : l'espèce de chemise qui enveloppe la naissance des rameaux, fait des cordes; l'arbre luimême sert à la charpente et à la construction des maisons. Ainsi dans cet arbre précieux, rien n'est perdu, et les services qu'il rend paient au centuple les soins du cultivateur.

Le 4 ventose (22 février), la division Kleber se mit en marche pour gagner Kan-Jounes, premier village de la Palestine. Elle s'égara pendant qua

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