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13. Mort de Charles III, roi d'Espagne, à soixante-treize ans. Il a pour successeur son fils aîné, le prince des Asturies, qui prend le nom de Charles IV.

20. Arrêté des ducs et pairs de France, assemblés au Louvre. It est signé par trente d'entre eux, et présenté au Roi. -« Sire, les <pairs de votre royaume s'empressent de donner à V. M. et à la « nation des preuves de leur zèle pour la prospérité de l'état et de ⚫leur desir de cimenter l'union de tous les ordres, en suppliant V. M. « de recevoir le vœu solennel qu'ils portent aux pieds du trône, de ⚫ supporter tous les impôts et charges publiques dans la juste pro< portion de leur fortune, sans exemption pécuniaire quelconque. Ils ne doutent pas que ces sentiments ne fussent unanimement exprimés par tous les autres gentilshommes de votre royaume, s'ils « se trouvaient réunis pour en déposer l'hommage dans le sein . de V. M. »

27. Résultat du conseil-d'état sur la forme de convocation des états-généraux. Il est déterminé, 1o que les députés aux prochains états-généraux seront au moins au nombre de mille; 2° que ce nombre sera formé en raison composée de la population et des contributions de chaque bailliage; 3° que le nombre des députés du tiers-état sera égal à celui des deux autres ordres réunis (V. 12 décembre).

1789.

Janvier 24. Lettres du Roi aux bailliages portant convocation des états-généraux.

26-27. Rixes sanglantes à Rennes, entre les nobles et les bourgeois.

Février 13. La société de la charité maternelle, qui a pris naissance l'année précédente, sous la protection de la reine Marie-Antoinette, voit confirmer son institu.on, l'une de celles qui honorent davantage la bienfaisance éclairée du XVIIIe siècle. Les fondateurs instruisent le public de leurs premiers succès, en exposant leurs ressources et leurs besoins.

Avril 7. Mort d'Achmet IV, empereur des Turcs. Il a pour successeur le fils de son frère, Sélim III, âgé de vingt-huit ans.

28. La maison et la manufacture de papiers peints de Réveillon, dans le faubourg Saint-Antoine, sont pillées et incendiées par le bas peuple.

Mai 5. Ouverture de l'assemblée des états-généraux, à Versailles, après cent soixante-quinze ans d'interruption.

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Clergé : quarante-quatre prélats; cinquante-deux abbés, chanoines, vicaires-généraux, professeurs; deux cent cinq curés; sept moines ou chanoines réguliers : total trois cent huit. — Noblesse: deux cent soixante-six gentilshommes d'épée; dix-neuf magistrats de cours supérieures: total deux cent quatre-vingt-cinq. ( La noblesse de Bretagne a refusé de siéger, dans l'espoir que son absence, jointe à l'absence de plusieurs autres députations de la noblesse, invaliderait les actes de l'assemblée.) — Tiers-état : quatre prêtres sans exercice public; quinze nobles ou administrateurs militaires; vingtneuf maires ou magistrats municipaux; deux magistrats de cours supérieures ; cent cinquante-huit magistrats de cours inférieures ; deux cent quatorze hommes de loi ou notaires; cent soixante-dixhuit négociants, propriétaires, cultivateurs, bourgeois - rentiers ; douze médecins; cinq hommes de finances ou d'administrations civiles; quatre hommes de lettres : total six cent vingt-un. des deux premiers ordres, cinq cent quatre-vingt-treize.

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Total

Le Roi prononce le discours suivant : « Messieurs, le jour que mon « cœur attendait depuis long-temps est enfin arrivé, et je me vois « entouré des représentants de la nation, à laquelle je me fais gloire « de commander.- Un long intervalle s'était écoulé depuis les der<«< nières tenues des états-généraux, et, quoique la convocation de « ces assemblées parût être tombée en désuétude, je n'ai pas balancé « à rétablir un usage dont le royaume peut tirer une nouvelle force, « et qui peut ouvrir à la nation une nouvelle source de bonheur. « La dette de l'état, déja immense à mon avènement au trône, s'est <«< encore accrue sous mon règne : une guerre dispendieuse, mais honorable, en a été la cause; l'augmentation des impôts en a été a la suite nécessaire, et a rendu plus sensible leur inégale répartition. Une inquiétude générale, un desir ‹ngéré d'innovations, se sont emparés des esprits, et finiraient par égarer totalement les opinions, « si l'on ne se hátait de les fixer par une réunion d'avis sages et mo« dérés. — C'est dans cette confiance, Messieurs, que je vous ai rassemblés, et je vois avec sensibilité, qu'elle a déja été justifiée par « les dispositions que les deux premiers ordres ont montrées à renoncer à leurs priviléges pécuniaires. L'espérance que j'ai conçue de voir « tous les ordres, réunis de sentiments, concourir avec moi au bien « général, ne sera point trompée. — J'ai déja ordonné dans les dé

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penses des retranchements considérables ; vous me présenterez en« core, à cet égard, des idées que je recevrai avec empressement; « mais, malgré la ressource que peut offrir l'économie la plus sévère, je crains, Messieurs, de ne pouvoir pas soulager mes sujets aussi promptement que je le desirerais. Je ferai mettre sous vos yeux la situation exacte des finances; et, quand vous l'aurez examinée, je « suis assuré d'avance que vous me proposerez les moyens les plus efficaces pour y établir un ordre permanent et affermir le crédit public. Ce grand et salutaire ouvrage, qui assurera le bonheur du royaume au-dedans et sa considération au-dehors, vous occupera « essentiellement.-Les esprits sont dans l'agitation; mais une as⚫semblée des représentants de la nation n'écoutera sans doute que les conseils de la sagesse et de la prudence. Vous aurez jugé vous⚫ mêmes, Messieurs, qu'on s'en est écarté dans plusieurs occasions récentes; mais l'esprit dominant de vos délibérations répondra aux ⚫ véritables sentiments d'une nation généreuse, et dont l'amour pour ⚫ses rois a toujours été le caractère distinctif; j'éloignerai tout autre souvenir. -Je connais l'autorité et la puissance d'un Roi juste au • milieu d'un peuple fidèle et attaché de tout temps aux principes de « la monarchie : ils ont fait la gloire et l'éclat de la France; je dois « en être le soutien, et je le serai constamment. Mais tout ce qu'on

⚫ peut attendre du plus tendre intérêt au bonheur public, tout ce • qu'on peut demander à un souverain, le premier ami de ses peuples, vous pouvez, vous devez l'espérer de mes sentiments.-Puisse, Messieurs, un heureux accord régner dans cette assemblée, et cette • époque devenir à jamais mémorable pour le bonheur et la prospérité du royaume! c'est le souhait de mon cœur, c'est le plus ardent de mes vœux ; c'est, enfin le prix que j'attends de la droiture de mes intentions et de mon amour pour mes peuples.

Le garde-des-sceaux, Barentin, retrace ensuite avec quelle facile condescendance le Roi dispose les moyens d'amener la prospérité publique, et combien il importe de seconder ses efforts par une confiance égale à celle qu'il témoigne à ses sujets..... « L'ambition ou plutôt le tourment des Rois oppresseurs est de régner sans entraves, de franchir les bornes de toute puissance légitime, de sacrifier les douceurs du gouvernement paternel aux fausses jouissances d'une domination illimitée, d'ériger en loi les caprices effrénés du pouvoir arbitraire: tels ont été ces despotes dont la tyrannie fournira toujours à l'histoire des contrastes frappants avec

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« la bonté de Louis XII, la clémence de Henri IV, et la bienfaisance « de Louis XVI. Vous le savez, Messieurs, le premier besoin de S. M. « est de répandre des bienfaits. Mais, pour être une vertu royale, « cette passion de faire des heureux doit prendre un caractère pu«blic et embrasser l'universalité de ses sujets. Des graces versées sur ⚫ un petit nombre de courtisans et de favoris, quoique méritées, ne << satisferaient pas la grande ame du Roi..... Qu'on se retrace tout ce qu'a fait le Roi depuis son avènement au trône, et l'on trouvera ⚫ dans cet espace assez court une longue suite d'actions mémorables: « la liberté des mers que l'humanité réclamait, et celle de l'Améri« que, assurée par le triomphe des armes ; la question préparatoire, a proscrite et abolie, parce que les forces physiques d'un accusé ne peuvent être d'une mesure infaillible de l'innocence et du crime; « les restes d'un ancien esclavage détruits; toutes les traces de la << servitude effacées, et l'homme rendu à ce droit sacré de la nature, « que la loi n'avait pu lui ravir, de succéder à son père et de jouir << en paix du fruit de son travail; le commerce et les manufactures protégés; la marine régénérée; le port de Cherbourg créé, celui de Dunkerque rétabli, et la France ainsi délivrée de cette dépendance «< où des guerres malheureuses l'avaient réduite..... »

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Le ministre des finances, Necker, insiste sur la nécessité de procéder avec lenteur dans les réformes, et de n'être pas envieux du temps..... « On ne saurait rétablir la fortune de l'état, qu'en agis<< sant avec ménagement sur les intérêts particuliers. Vous n'avez pas << seulement à faire le bien, mais, ce qui est plus important encore, « à le rendre durable et à l'abri des injures du temps et des fautes << des hommes..... » Ce ministre présente les comptes très-détaillés du trésor pour l'année courante.

Dette publique.....

3,090,000,000 1.

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Dans la soirée de ce même jour, les députés du tiers, assemblés par provinces, dans la salle commune, décident que les députés du clergé et de la noblesse se réuniront à eux, pour procéder à la vérification des pouvoirs respectifs.

6. Les députés du tiers-état se rendent dans la salle commune, et y attendent inutilement les députés du clergé et de la noblesse. Ceux-ci, assemblés dans des salles séparées, décident (le clergé, à la majorité de cent trente-trois voix contre cent quatorze; la noblesse, de cent quatre-vingt-huit contre quarante-sept) que les pouvoirs seront vérifiés et légitimés dans chaque ordre séparément. Le tiersétat, au contraire, tient pour principe, que toutes les délibérations, et sur-tout les vérifications des pouvoirs, doivent se faire en présence des trois ordres, et que, sans cette vérification préalable, les représentants de la nation n'ont aucun caractère reconnu.

Ainsi, dès le second jour, la scission a lieu sur un point important. - Les partisans de la réunion s'appuient sur les témoignages historiques les plus anciens. Ils montrent que, depuis l'assemblée générale convoquée par Philippe-le-Bel, en 1303, dans laquelle le tiers-état parut pour la première fois, jusqu'aux états-généraux

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