Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

tude, et, de plus, par la crainte d'éprouver les représailles de leurs innombrables victimes?

4. Le directoire exécutif s'établit au Luxembourg. Il forme son ministère de six départements: relations extérieures, justice, guerre, trésorerie, marine, intérieur. Le conventionnel Merlin dit de Douai, auteur de la loi des suspects (V. 17 septembre 1793), est ministre de la justice.

Sous la convention, les affaires étaient abandonnées aux caprices non contrôlés de chaque membre d'une assemblée non contrôlée elle-même, si ce n'est par la furie d'une populace sanguinaire, dont les moteurs siégeaient aux jacobins et à la commune de Paris. Le systême actuel de gouvernement, tout imparfait qu'il est, quoique mal assorti au caractère national, contient les germes d'une constitution pondérée; la séparation des pouvoirs s'y trouve indiquée, et cette confuse ébauche offre, du moins, les premiers linéaments du gouvernement représentatif.

17. Les Anglais évacuent l'Ile-Dieu, côtes de la Vendée (V. 2 octobre). Leur séjour sur une plage stérile, et leur inaction pendant six semaines, ouvrent un vaste champ aux conjectures sur la sincérité des projets que leur gouvernement déclare avoir formés pour le repos de la France et la paix de l'Europe. Ces délais et cette retraite donnent aussi lieu à beaucoup de doutes', touchant la sagacité ou la bonne foi des rapports adressés au cabinet britannique, par les émissaires des royalistes de l'Ouest. Ce séjour si vaine

ment prolongé des forces anglaises a laissé le temps à l'habile général Hoche, de porter ses troupes sur Charrette, qui s'attend et se résigne à périr victime des imprudentes démonstrations faites, contre son avis, en faveur de la cause royale dont il est le principal appui. Les Vendéens réduits par les armes, ou captivés par les ménagements de Hoche, et voyant qu'ils s'abusent de l'espoir d'avoir à leur tête un des princes Bourbons que, depuis trois années, ils appellent avec enthousiasme ; les Vendéens cessent de se réunir, de s'animer contre les républicains, de s'opposer au gouvernement; ils retournent à leurs travaux. C'est en vain que Monsieur, comte d'Artois, les fait assurer, au moment où il se voit reporté, malgré lui, de l'Ile-Dieu en Angleterre, qu'il ira bientôt les joindre. Après d'aussi cruelles épreuves, leur ardeur est amortie. Le feu de cette guerre intestine ne jettera plus que de fugitives étincelles rallumées par des chefs de bandes, qui n'éleveront, par intervalles, le drapeau blanc, que pour la satisfaction de quelques intérêts particuliers, pour se donner une

importance éphémère et marchander leur soumission, quand le gouvernement montrera le desir sincère d'assurer la paix dans ces contrées désolées (V. 15 août 1796, 18 janvier 1800).

--

23, 24. Bataille de Loano (2 1. O. de Final, rivière de Gênes). L'avantage très - important, qu'obtient l'armée d'Italie, est dû principalement au général Masséna. Les généraux Augereau, Victor, s'y font remarquer, ainsi que le chef de bataillon Suchet. Trentesix mille Français, sans cavalerie, dénués de vivres, de magasins, d'habits, dispersent cinquante mille Austro-Sardes. Environ huit mille ennemis sout tués, blessés ou pris. L'armée victorieuse s'empare d'une immense quantité d'approvisionnements. — Final, Vado, Savone, abandonnés ; le Milanais exposé: tels sont les résultats de ces deux journées; résultats susceptibles de devenir bien plus considérables, si Schérer, le plus inhabile de tous les généraux français, après Menou (V. 21 mars 1801), ne se rejetait pas dans l'inactivité.

25. Acte d'abdication de Stanislas Poniatowski, dernier roi de Pologne (V. 19 janvier), qui, en échange, reçoit de la Russie une pension alimentaire.

-

Décembre 1er. Bourse de Paris. Le louis d'or coûte trois mille cinquante francs en assignats. Des documents publics établissent leur montant en circulation, à dix-neuf milliards.

--

Combat et prise de Creutznach. Ce fait d'armes réfléchit une brillante lumière sur Bernadotte, général de division de l'armée de Sambre-et-Meuse.

10. Finances publiques. Loi portant qu'il sera fait un emprunt forcé, pour subvenir aux frais de la guerre, et aux dépenses d'urgence. Il sera gradué d'après la fortune connue ou évaluée des particuliers. Il sera payé en matières d'or et d'argent; les assignats ne seront admis pendant un mois, que pour un centième de leur valeur nominale. Cet emprunt est supposé devoir produire six cents millions. 19. Madame (fille de Louis XV1) sort de la tour du Temple, après une détention de quarante mois. Sa délivrance est, depuis quelque temps, l'objet des négociations du cabinet autrichien. L'Europe apprend alors qu'il s'intéresse aux infortunes de la famille royale. Dans toute l'Europe on dit que ce cabinet, profondément méditatif, ne s'est déterminé que par l'espoir qu'un mariage, unissant la jeune princesse à l'un de ses cousins, frère de l'empereur, aurait la vertu de faire rentrer l'Alsace et la Lorraine, fiefs non masculins, dans ́ l'héritage de la maison d'Autriche (V. 23 décembre).

21. Prise de Manheim par l'autrichien Wurmser, après un long

bombardement. La garnison française de sept à huit mille hommes est prisonnière.

23. Loi portant que les assignats, émis ou à émettre, ne pourront excéder la somme de QUARANTE MILLIARDS, et que, leur fabrication terminée, les planches seront brisées.

26. Échange effectué à Richen (près de Bâle) de Madame fille de Louis XVI (V. 19 décembre), contre, 1° les conventionnels Camus, Lamarque, Quinette, Bancal, et l'ex-ministre de la guerre Beurnonville, tous cinq livrés aux Autrichiens par Dumouriez (V. 1er avril 1793; 2° Maret, Sémonville, ex- envoyés diplomatiques de la convention, arrêtés par les Autrichiens, en juillet 1793; 3o Drouet, ex-conventionnel, maître de poste de Sainte-Menehould (V. 21 juin 1791), fait prisonnier en octobre 1792.

31. Armistice entre les armées française et autrichienne, sur le Rhin.

-

I

1796.

Janvier 1er. L'année s'ouvre par l'institution du ministère de la police. A la violente tyrannie du régime révolutionnaire, vient succéder cette sorte d'inquisition qui s'insinue dans les moindres actes de la vie privée, pour en troubler le mouvement. Le rapporteur de l'horrible loi des suspects ( V. 17 septembre 1793), Merlin dit de Douai est aussi l'introducteur de ce moyen d'arbitraire. Voici comme ce jurisconsulte de l'iniquité présente sa nouvelle décision: « Nous << aurons une république sage; un air pur règnera par-tout; par-tout « le citoyen pourra habiter en sûreté. »

Bourse de Paris. - Le louis d'or coûte quatre mille six cents fr. en assignats.

Février 1er. Bourse de Paris. cent fr. en assignats.

Le louis d'or coûte cinq mille trois

2. Installation des douze municipalités de Paris ( V. 21 février 1795). - Cette grande ville, livrée aux mains d'un seul maire, avait déployé une force irrésistible de sédition. Sa division en quarante-huit sections avait manifesté les dangers de ce grand nombre de foyers d'insurrection, qui, s'entretenant d'eux-mêmes, mettaient en défaut la vigilance des autorités supérieures. Un gouvernement, quelle que fût sa nature, devait donc redouter et l'influence dominante d'une espèce de muphti, et les mutineries de ces quarante-huit ortes de janissaires continuellement armées de piques et de canons. Par le clas

[ocr errors]

sement de cette nombreuse population en douze municipalités, le directoire la rend une masse inerte, et si néanmoins encore son poids est susceptible de faire pencher la balance chargée des destinées de la France, elle n'en sera plus l'unique mobile. Désormais la conduite du gouvernement, ou des causes diverses, détermineront plus spécialement les vicissitudes de la patrie commune.

24. Guerre de la Vendée. - Stofflet, qui, de garde-chasse, a su devenir l'un des chefs redoutés de la grande Vendée, est surpris à Jallais, près de Cholet (Maine et-Loire), et fusille, le lendemain, à Angers. Il avait repris les armes, un mois auparavant, à la sollicitation de Charrette.

[merged small][ocr errors][merged small]

7. Mort de l'ex-abbé Raynal, à Paris même, dans la quatre-vingtquatrième année de son âge. Cet auteur, ou principal collaborateur de l'Histoire philosophique des deux Indes, fit plus d'effet sur ses contemporains qu'il n'intéressera la postérité.

18. Finances publiques. Création de deux milliards quatre cents millions de mandats territoriaux destinés à rembourser les assignats à raison de trente capitaux pour un. Ce papier est décrédité, même' avant de sortir des presses nationales.

23. Guerre de la Vendée.— Charrette, l'un des premiers chefs des royalistes, est surpris, à Saint-Sulpice, près de Montaigu (Vendée), avec trente-deux des siens. Il se rend après avoir reçu plusieurs blessures. (V. l'art. suiv.)

29. Guerre de la Vendée.-Charrette est fusillé à Nantes.- Toujours brave un jour d'action, il porte devant le conseil qui le condamne cette noble fierté qui sied au guerrier pénétré d'avoir loyalement fait son devoir de citoyen, en combattant pour une cause qu'il estime juste. Il reste impassible aux outrages que lui prodiguent les autorités républicaines et plusieurs officiers indignes d'être Français et militaires. Il meurt avec fermeté, emportant toute la force de son parti. Heureusement pour les contrées de l'ouest, la du sagesse général Hédouville y ramènera, et bien promptement, la tranquillité, la confiance et l'oubli des maux.

[ocr errors]

A cette occasion, un Français cherche à se retracer la politique des puissances coalisées. — Puisque, dès 1793, elles avaient manifesté l'intention de ne ménager aucun des partis qui se prononçaient pour le maintien plus ou moins étendu des effets produits par la révolution; qu'elles avaient explicitement annoncé l'intention de ne

transiger avec aucune opinion démocratique ou simplement constitutionnelle, et de rétablir l'ancien régime en France (V. 25 juillet 1792), elles devaient, afin d'obtenir ce résultat, secourir avec fran chise et vigueur les royalistes de la Vendée; elles devaient leur fournir abondamment des armes, des vaisseaux, des secours de toute espèce, et y porter les princes français qui là, seulement, pouvaient être utilement placés pour reconquérir l'opinion publique. Car çette conquête devait être le but principal des efforts de nos princes, et même l'attitude militaire, qu'ils y eussent prise, ne pouvait servir que de moyen secondaire. Au contraire, les princes sont éloignés, abusés sans cesse par les plus fallacieuses promesses. On disperse les émigrés à Saint-Domingue, en Portugal, en Corse, dans les plus vaines et les plus meurtrières expéditions; ou bien, on les dévoue continuellement pour le salut de l'armée impériale. Le corps de Condé, pendant les campagnes de 1795, 96, 97, fera toujours l'avantgarde des Autrichiens dans les attaques, et l'arrière-garde dans les retraites. «< Ainsi le motif réel de la coalition, et spécialement du ca«binet de Saint-James, est de prolonger les déchirements de la << France, et non de les terminer dans l'intérêt général de l'Europe. -C'est au nom de l'empereur, que les généraux autrichiens s'emparent des places et du territoire de la Flandre (V. 20, 28 juillet 1793).

[ocr errors]

L'Angleterre déploie de grands efforts pour s'emparer de Dunkerque, cet ancien objet de sa convoitise; mais l'extrême incapacité du duc d'Yorck fait avorter le plan du ministre Pitt, assez malhabile pour choisir le plus malhabile des généraux britanniques (V. 9 septembre 1793). — Par une convention, tenue d'abord secrète, l'Alsace devait retourner à l'Autriche. Et, à ce sujet, quelles tentatives n'ont pas été faites à Vienne; de quelle obsession n'a-t-on pas usé, pour amener la fille de Louis XVI, la petite-fille de Marie-Thérèse (Madame), à recevoir la main d'un archiduc? Cet archiduc, c'est le prince Charles, dont le caractère magnanime fait bientôt cesser, par son désistement, les persécutions qu'éprouve sa trop infortunée cousine, engagée par des serments sacrés, prononcés dans la tour du Temple, à s'unir au duc d'Angoulême. Mais le mariage de la jeune princesse française avec un Autrichien aurait donné le prétexte d'un titre pour réclamer, dans une conjoncture favorable, et l'Alsace et la Lorraine, et d'autres fiefs des seizième et dix-septième siècles; fiefs réputés non-masculins ( V. 19 décembre 1795). Voilà l'éternelle, l'invariable politique du cabinet aulique, qui ne dévie pas plus que le bœuf n'abandonne son sillon, que l'àne ne s'écarte de

« ZurückWeiter »