Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

18 brumaire, les proclamations, les messages de cette époque, les notes inscrites dans le Moniteur, les lettres à Toussaint-Louverture, au roi d'Angleterre, etc., etc., et les bulletins de la grande armée.

Ces bulletins étaient toujours écrits sous la dictée de l'empereur, sur le champ même de bataille; ils doivent trouver la première place dans ses OEuvres. Nous avons choisi parmi les notes inscrites dans le Moniteur celles qu'il avait particulièrement rédigées ; les guides les plus sûrs nous ont conduits dans cette recherche. C'est à ces notes qu'il confiait toute sa haine contre l'Angleterre, et l'on savait bien alors même qu'elles sortaient toutes de sa pensée.

Dans l'avertissement qui précède, nous avons dit que toutes les Proclamations que nous publions sont de Bonaparte, qui les dictait seul, d'un premier jet, avec toute la rapidité de sa pensée; il y faisait peu de corrections; il attachait le plus grand prix à l'effet que devaient produire ces Proclamations et ces Bulletins qui suffiraient sans doute pour le placer parmi les plus grands écrivains et lui assurer la première place d'orateur dans l'éloquence militaire.

L'avertissement ci-joint était imprimé lorsqu'une communication vint nous faire connaître une des pièces les plus remarquables de l'expédition d'Égypte, dont nous n'avions pas eu connaissance, une Proclamation toute entière de la main de Bonaparte.

Au retour de la campagne de Syrie, le général en chef Bonaparte sentit la nécessité d'inspirer une nouvelle confiance aux habitans du Kaire. L'armée française fit son entrée par la porte de la Victoire; les soldats portaient des palmes. Tout ce qu'il y avait de considérable dans la ville, se rendit au-devant des troupes. Des marches, des manœuvres multipliées, la musique militaire, une grande affluence de peuple, tout concourait à faire de cette journée un jour de fête et de triomphe. Afin de frapper les esprits, on résolut que le divan adresserait une proclamation aux habitans de la Basse-Égypte, où des troubles s'étaient déclarés pendant la dernière expédition.

Le général en chef donna d'abord ses idées pour la rédaction de cette pièce, mais l'ayant trouvée insuffisante, il se mit à dicter à son secrétaire. C'est ce qu'on voit par la première ligne du fac simile.

Nous devons vous faire savoir que....... C'est ainsi qu'il faut lire cette première ligne. Il ajouta ensuite de sa main

trois lignes, avant le dernier alinéa. Mais il paraît que la personne qui devait écrire sous sa dictée ne pouvait aller assez vite pour suivre la parole. La plume passée sur deux commencemens de ligne annonce assez l'impatience du général Bonaparte. Enfin il saisit la plume, et se mit à écrire de suite une page in-folio et demie. Le style y est aussi rapide que l'écriture, et on y voit briller toute la force de l'éloquence militaire on en jugera par la traduction. Ce morceau précieux est tiré du cabinet de M. Jomard, qui a bien voulu nous le confier, quoiqu'il le destine à une publication particulière; il serait presqu'illisible pour quiconque ne connaîtrait pas la main de l'auteur, et surtout l'histoire de l'expédition de Syrie.

Ce morceau très-curieux, qui pourrait se placer parmi les manuscrits hiéroglyphiques de l'Égypte, a été parfaitement déchiffré nous laissons à nos lecteurs pour quelque temps le soin de s'exercer sur ces caractères, où la rapidité de la plume peint la rapidité de la pensée, et la fougue de l'écriture indique le génie prompt et hardi de l'auteur. Dans le volume qui suivra, nous en donnerons la traduction très-exacte.

DE NAPOLÉON

BONAPARTE.

EXPÉDITION D'ÉGYPTE.

(Suite).

Au quartier-général du mont Carmel, le 28 ventose an 7

(*18 mars 1799.)

Au général Reynier ou au commandant de Césarée.

Lescheick qui vous remettra cette lettre, citoyen général, me fait espérer qu'il pourra réunir assez de moyens de transport pour faire venir à Caïffa le riz et le biscuit qui doivent être arrivés à Césarée : concertez-vous avec lui et donnez-lui toute l'assistance dont il peut avoir besoin.

Nous sommes maîtres de Caïffa, où nous avons trouvé des magasins de coton et entre autres trois mille quintaux de blé. La route de Césarée à Saint-Jean d'Acre passe par Caïffa et va toujours le long de la mer. Le général Reynier doit avoir l'ordre de laisser un bataillon à Césarée et de se rendre avec le reste à Saint-Jean d'Acre.

reçu

Faites passer la lettre ci-jointe à l'adjudant - général Grezieux.

BONAPARTE.

Aa quartier-général da mont Carmel, le 28 ventose an

(18 mars 1799).

A l'adjudant-général Grézieux.

Nous nous sommes emparés de Caïffa, où nous avons trouvé des magasins de coton et trois mille quintaux de blé, prise d'autant meilleure, que ce blé était destiné à l'approvisionnement de l'escadre qui bloque Alexandrie.

Le capitaine Smith, avec deux vaisseaux de guerre anglais, est arrivé d'Alexandrie à Saint-Jean d'Acre: ainsi, si notre flottille arrivait, vous feriez debarquer promptement les denrées, vous feriez entrer dans la rade les bâtimens, tels que la Fortune, qui pourraient y entrer, et vous renverriez sur-lechamp les autres prendre leur station à Damiette.

Nous avons eu une affaire au village de Kakoun avec la cavalerie de Djezzar, réunie à des Arabes et à des paysans. Après quelques coups de canon, tout s'est dispersé; la cavalerie de Djezzar a fait en quatre heures deux journées de marche; elle est arrivée à Acre le même jour de l'affaire, et y a porté la consternation et l'effroi; la plupart de cette cavalerie est aujourd'hui dispersée. L'investissement d'Acre sera fait ce soir faites connaître ces nouvelles à Damiette et au Caire.

:

Envoyez-nous le plus de biscuit et de riz que vous pourrez, sur des bâtimens qui débarqueront à Courra ou à Tentoura: nous sommes bien avec les habitans de ce pays, qui sont venus au devant de nous et se comportent fort bien. ・

BONAPARTE.

« ZurückWeiter »