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neste à la société et à la religion. L'impiété, l'au dace, le mépris des souverains et l'esprit d'indépen dance sont, dit-il, tellement empreints dans cet ouvrage, qu'on peut dire que l'auteur n'a fait qu'un code barbare, qui n'a d'autre but que de renverser les fondemens de l'ordre civil. En rapprochant toutes les parties du systéme répandu dans la totalité de cette Histoire, on pourroit tracer le plan de subversion générale que renferme cette affreuse production. Le magistrat s'éleva avec force contre les principes de Raynal, et signala le but où tendoit cet écrivain enthousiaste et emporté. Sur sa plainte le parlement ordonna que le livre seroit brûlé, et l'auteur envoyé en prison. On prétend que ce fut le Roi qui fit rendre eet arrêt. On lui avoit mis à dessein sur sa table un exemplaire de l'ouvrage, comme pour le préparer à ce qu'il devoit attendre un jour. Cette lecture l'indigna. Cette ame droite et vertueuse fut révoltée de tant de déclamations et d'emportemens. Le monarque reprocha à deux de ses ministres d'avoir souscrit, et voulut qu'on écrivit à Genève pour engager la république à interdire l'ouvrage. C'est que l'édition étoit dite imprimée dans cette ville, quoiqu'elle l'eût été à Lyon. Rayual, averti à temps, prit la fuite et se retira dans les Pays-Bas, où son livre lui attira de nouvelles traverses qui l'obligèrent à se réfugier dans les Etats du roi de Prusse.

1782.

-Le 22 mars,

1782.

Pie VI arrive à Vienne. Ce pontife étoit parti de Rome le 27 février. Il reçut partout sur sa route les honneurs dus à son rang. En entrant dans les Etats de l'Empereur, il trouva des seigneurs et une escorte qu'on avoit envoyés au-devant de lui; car Joseph, décidé à maintenir ses édits, voulut du moins accorder au saint Père des égards extérieurs et de vaines consolations. Une affluence prodigieuse se rassembloit sur la route du Pape. L'Empereur étoit allé à sa rencontre à quelques lieues de Vienne, avec un de ses frères et une partie de la cour. Il le logea dans l'appartement de Marie-Thérèse. On prétend, à la vérité, que le Pape étoit prisonnier dans. ce palais, que toutes ses actions étoient épiées, et qu'on ne laissoit entrer chez lui que très-peu de personnes. On assure même que les évêques des Etats héréditaires avoient eu défense de venir à Vienne pendant le séjour du Pontife; précaution bizarre, et mortifiante pour Pie VI. On avoit craint, sans doute, que ces prélats ne puisassent dans leurs entretiens avec lui trop d'attachement pour le saint Siége. D'ailleurs, le Pape obtint quelques modifications, quoiqu'assez légères, dans les édits. Il sacrifia des avantages pour en conserver d'autres. Il auroit désiré la conservation de

tous les monastères; du moins Joseph, en supprimant ceux qu'il prétendoit superflus, n'anéantit aucun ordre religieux. Le prince, expliquant son décret sur la constitution Unigenitus, défendit d'en disputer publiquement, mais permit aux professeurs d'en donner à leurs écoliers une connoissance historique. Il dé→ clara que le placet impérial, qu'il avoit prescrit, ne s'étendoit point sur les bulles en matière dogmatique. Il permit de recourir à Rome pour les dispenses de mariage dans les empêchemens plus proches que le troisième et le quatrième degré. I annonça que le plan adopté pour la censure des livres n'empêchoit pas que les évêques ne fissent des représentations sur ceux qu'ils croiroient nuisibles. Ce fut à peu près les seuls points où Joseph se relâcha de sa roideur, et l'on voit qu'il ne céda que le moins possible. Les conseils du prince de Kaunitz le fortifioient contre les sollicitations du Pape, auquel il n'accorda que quelques courts entretiens; et ce ministre, encore moins réservé que son maître, fit essuyer à Pie VI plu→ sieurs mortifications, et ne remplit même pas, diton, envers lui les devoirs de la politesse la plus commune. Le pontife reçut, pendant son séjour à Vienne, des questions qui lui étoient adressées par onze évé→ ques des Etats de l'Empereur sur plusieurs nou veaux édits; et dans ses réponses, pleines de sagesse et de modération, il leur exposa les règles qu'ils au

roient à suivre, et leur accorda des pouvoirs pour les matières réservées par l'usage à son autorité. Il disoit, relativement à la bulle Unigenitus, qu'on devoit l'enseigner dans les écoles, mais qu'il n'étoit pourtant pas nécessaire qu'on en disputât publiquement. Avant le départ du saint Père, Joseph lui fit présent d'un superbe pectoral, et lui remit aussi un diplôme de prince de l'Empire pour le duc Braschi-Onesti; mais le généreux Pontife ne voulut pas qu'on pût l'accuser d'avoir négligé les intérêts de l'Eglise pour ceux de sa famille, et refusa ce dernier présent. Il quitta enfin Vienne, avec le chagrin de n'y avoir pas fait tout ce qu'il eût désiré. Il prit sa route par Munich, où l'électeur de Bavière, prince qui protégeoit la religion et tout ce qui sert à la rendre respectable, donna lui-même à ses sujets l'exemple de l'attachement et du respect pour le successeur de saint Pierre. Il passa trois jours à Augsbourg, dans cette ville fameuse dans les annales du lutheranisme. Mais les soins de l'électeur de Tréves, évêque d'Augsbourg, les hommages des peuples et les respects des protestans mêmes, ne permirent pas au pontife de s'apercevoir de la différence de religion. Venise lui fit la réception la plus brillante. Il rentra dans Rome, le 13 juin, aux acclamations des habitans, se flattant du moins d'avoir accru sur son passage l'attachement à la religion et au saint Siége. Mais son voyage étoit à peine ter

miné, qu'il apprit de nouveaux changemens opé→ rés en Allemagne. La nomination d'un archevêque de Milan devint un nouveau sujet de chagrin pour Fie VI. Joseph venoit de s'emparer, par un édit, du soin de conférer les évêchés de Lombardie, qui, depuis un temps immémorial, étoient à la nomination du Pape. C'étoient tous les jours de nouveaux envahissemens, dont il n'étoit pas possible de prévoir la fin. Joseph fit, de son autorité, un nouvel arrondissement des évêchés de ses Etats. Il abolit les séminaires diocésains, et en établit de généraux dans cinq ou six grandes villes seulement. Il donna un décret pour ôter les images des églises. Il supprima les empêchemens dirimans, en établit de nouveaux, et permit le divorce en certains cas. En même temps il traitoit despotiquement ceux qui contrarioient ses vues. L'archevêque de Goritz, M. d'Edling, prélat très-pieux, ne s'étant point montré favorable aux innovations, l'Empereur supprima son siége, voulut qu'il donnât sa démission, et, sur son refus, lui ordonna de partir pour Rome. Il réservoit les dignités de l'Eglise pour les admirateurs de ses systêmes. Il encourageoit des écrivains à en prendre la défense. Il protégeoit à Pavie une réunion de théologiens, qui, comme Ricci à Pistoie, cherchoient à rabaisser le saint Siége et à réformer l'enseignement, faisoient revivre les écrits des ap

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