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connus? Déjà M. de Pompignan, archevêque de Vienne, avoit adressé, à cet égard, au prince, des représentations pleines de sagesse. L'assemblée arrêta de suivre l'exemple de ce prélat. Le 20 juillet, elle adopta trois mémoires sur ces trois sujets différens. Dans le premier, elle exposoit au Roi combien il étoit temps de mettre un terme à l'assoupissement funeste où l'on sembloit plongé sur les progrès de l'esprit d'irréligion. Encore quelques années de silence, disoient les évêques, et l'ébranlement, devenu général, ne laissera plus apercevoir que des débris et des ruines; paroles remarquables, et qui se sont si tristement vérifiées quelques années après. Elles ne firent alors aucune impression. On affectoit même de se moquer de ces terreurs. On minoit chaque jour quelqu'une des institutions religieuses. Des couvens, des corps entiers disparoissoient par les soins d'une commission formée, disoit-on, pour épurer l'état monastique, mais qui ne paroissoit occupée qu'à le détruire. Des extinctions réitérées anéan tissoient des ordres anciens. Ce fut la matière d'un rapport, fait, le 17 août, par l'archevêque d'Arles. Sans parler, dit-il, de cette société célèbre dont le sort a si justement excité les regrets honorables des assemblées précédentes, nous avons vu tomber et disparoître en moins de neuf ans neuf congrégations, les Granmontains, les Servites, les Célestins, l'ancien

ordre de Saint-Benoit, ceux du Saint-Esprit de Montpellier, de Sainte-Brigitte, de Sainte-Croix de la Bretonnerie, de Saint-Ruf, et de Saint-Antoine. L'ordre de la Merci parott ébranlé jusqu'en ses fondemens, et le même orage gronde au loin sur les autres conventualités. On répand l'opprobre sur une profession sainte. L'insubordination exerce au dedans ses ravages. La cognée est à la racine de l'institut monastique, et va renverser cet arbre antique déjà frappé de stérilité dans plusieurs de ses branches. L'assemblée du clergé s'occupa à plusieurs reprises des ordres religieux et des atteintes qui leur avoient été portées, et elle signa particulièrement une réclamation générale contre la suppression de l'ordre de SaintAntoine, et contre l'union qu'on avoit faite de ses biens à l'ordre de Malte. L'assemblée donna aussi son attention à la nouvelle édition de Bossuet, dont étoit chargé dom Déforis, Bénédictin. Cet homme de parti chargeoit de notes injurieuses et maladroites les OEuvres de l'illustre évêque. Il sembloit que ce fut une fatalité attachée aux manuscrits de ce grand prélat, de tomber en des mains qui en abusassent. Après avoir appartenu long-temps à son neveu, l'évêque de Troyes, ils avoient passé aux Blancs-Manmaison de Bénédictins, de Paris, fort connue par son attachement à un parti tenace. C'est de là que partoit la nouvelle édition. D. Déforis, qui s'en

teaux,

presse

étoit chargé, après l'abbé Lequeux, en faisoit un dépôt de ses opinions exagérées. L'assemblée du clergé, justement jalouse de l'honneur d'un évêque dont les écrits sont le plus beau domaine de l'église gallicane, improuva de la manière la plus exle travail de l'éditeur, et pressa le garde des sceaux de lui renouveler l'ordre qu'on lui avoit déjà intimé de ne faire imprimer que le texte de Bossuet, dégagé de tout commentaire. Le 7 octobre, l'archevêque d'Arles fit un rapport sur les ouvrages pour et contre la religion. Il remarqua avec douleur que presque toutes les productions modernes étoient empreintes du venin de l'incrédulité, et qu'elle se glissoit dans les écrits les plus étrangers à ces sortes de matières. Il parla avec éloge des efforts de quelques ecclésiastiques qui avoient entrepris des travaux honorables à la religion, et il cita entr'autres l'abbé Bergier, l'abbé Guénée, et ses excellentes Lettres de quelques Juifs portugais à Voltaire; l'abbé Godescard et ses Vies des Saints, ouvrage plein de critique et en même temps de piété; l'abbé de la Blandinière, continuateur des Conférences d'Angers, etc. L'assemblée accorda des encouragemens à plusieurs d'entr'eux, et se sépara, le 11 octobre, après avoir fait de nouvelles et plus instantes représentations sur la multitude des mauvais livres, et sur l'impunité de ceux qui les distribuoient.

1781.

-Le 25 avril, jugement et réglement de l'empereur Joseph II, sur les matières ecclésiastiques. Marie-Thérèse venoit de mourir, le 29 novembre précédent. Dernier rejeton de la maison d'Autriche, elle en avoit soutenu la gloire par sa politique et par ses armes, et avoit fait élire empereur le duc François de Lorraine, son époux. Leurs enfans formèrent une nouvelle maison d'Autriche, entée sur la précé dente. Marie-Thérèse perdit l'empereur François Ier, le 18 août 1765; Joseph, son fils aîné, avoit déjà été élu roi des Romains. Ce prince ardent et singulier avoit été élevé, dit-on, dans des sentimens peu favorables à l'Eglise et au saint Siége. Plein de projets vastes et d'idées extraordinaires, il eut à peine été appelé à partager le fardeau du gouvernement, qu'il fit l'essai de ses systèmes. Du vivant même de Marie-Thérèse, princesse prudente et religieuse, il donna le signal des innovations. On avoit changé en beaucoup d'endroits les professeurs de théologie, pour en substituer d'autres qui eussent des idées toutes contraires. On étoit allé jusqu'à ôter aux évêques la direction de leurs séminaires et le choix des théologiens qui y devoient enseigner. Mais ce ne fut là que le prélude des changemens qu'opéra Joseph, quand il fut seul maître. A peine Marie-Thérèse cût-elle

fermé les yeux, qu'il donna l'essor à son caractère inquiet. On eût dit que cette grande princesse, en émportant dans le tombeau le nom d'une famille illustre, avoit aussi emporté la sagesse et la modération dans les conseils. On vit se succéder avec rapidité les lois les plus étranges sur les matières qui dépendent le moins de l'autorité civile. On frappa d'abord les religieux; on leur défendit d'obéir à leurs supérieurs étrangers; on supprima beaucoup de couvens; on s'empara de leurs revenus; on défendit de recevoir des novices. On favorisa les protestans. Le clergé eut ordre de donner un cadastre de ses revenus. II ne fut plus permis de recourir à Rome pour les dispenses de mariage. Le placet impérial fut prescrit pour toutes les bulles, brefs ou rescrits venant de Rome. Les évêques eurent défense de conférer de quelque temps les ordres. Enfin c'étoit une suite non interrompue de réglemens, qui changeoient tous les usages et renversoient la discipline. L'attention du réformateur s'étendoit sur les plus petits objets. Il supprimoit des confréries, abolissoit les processions, retranchoit des fêtes, prescrivoit l'ordre des offices, régloit les cérémonies, le nombre des messes, la manière dont devoient se dire les saluts, et jusqu'à la quantité de cierges qu'on devoit allumer aux offices. Ce sont ces ordonnances minutieuses qui le faisoient appeler par Frédéric, mon frère lé sacristain. Il

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