Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

<«<l'isolant de ses magasins et de sa base, à abandonner la « place d'Ulm, à combattre sur un terrain où les chances « seraient égales, à faire une retraite excentrique en li<<< vrant la Bavière au vainqueur, tel était ce projet si hardi « que sans les motifs pressants que nous venons d'exposer << on pourrait le taxer de témérité (1). »

Moreau commença par se rendre maître du cours du Lech cette rivière, grossie par la fonte des neiges, n'étant plus guéable, il en détruisit tous les ponts, et pendant qu'il dirigeait la plus grande partie de ses troupes du côté de Donawert, il faisait agir sa gauche sur l'Iller, où, en attaquant les postes avancés de l'armée autrichienne, il attirait l'attention du général Kray et l'isolait dans son camp retranché d'Ulm. Le 16 juin, l'armée française avait pris position, en avant de Laz, en face de la rive droite du Danube, et cependant l'armée autrichienne occupait Güntzbourg et Wertingen, et Kray restait toujours immobile dans Ulm.

Le général Moreau fit alors attaquer les postes autrichiens qui défendaient la rive droite du Danube, et pendant qu'il ordonnait des démonstrations d'un côté à Güntzbourg, et de l'autre entre Lauengen et Dillingen, il se portait, avec une partie de ses forces et sa réserve, derrière les bois vis-à-vis Blindheim et Gremheim. »>

Enfin le 19, à la pointe du jour, l'armée française ayant attaqué sur differents points et commencé le passage du Danube à Blendheim, «l'alarme fut donnée sur toute la li«gne, et les commandants autrichiens ne purent plus avoir «de doute sur le véritable point d'attaque ; ceux des places «<les plus voisines, Dillingen et Donawert, accoururent avec «tout ce qu'ils purent rassembler de forces.

«Le général Kray, promptement averti à Ulm, avait << détaché la plus grande partie de sa cavalerie sous les or«dres du général Klinglin (2) et toute son artillerie légère « pour soutenir l'infanterie qui, plus rapprochée du lieu de <«<l'action, s'était déjà mise en mouvement vers les cinq << heures du soir. Lorsque ces troupes arrivèrent, une partie « de l'armée française avait passé le Danube à Lauengen; «l'action devint bientôt générale; on se battait avec achar<<nement. Le général Moreau pressait le passage de ses trou<< pes sur la rive gauche, il voulait prévenir l'arrivée des

(1) Précis des événemens militaires, par le comte Mathieu Dumas, etc., t. IV, p. 39. (2) N....., baron de Klinglin, général major au service d'Au

triche.

<«< colonnes d'infanterie que le général Kray pouvait tirer << de son camp d'Ulm et qui pouvaient arriver pendant la <<nuit; il se porta de sa personne avec la réserve de cava«<lerie à son aile droite qui formait alors son avant-garde. « Il restait à peine deux heures de jour, lorsque cette ré« serve étant réunie à la cavalerie du général Lecourbe, le « général en chef la forma par échelons, fit soutenir ses « flancs par l'artillerie et ordonna d'attaquer.

« La cavalerie française s'avança en bon ordre elle << aborda franchement celle des Autrichiens qui resserra «ses lignes pour la recevoir; le combat s'engagea sur tous « les points, il fut sanglant, opiniâtre et se prolongea bien

avant dans la nuit.La cavalerie autrichienne soutint dans « cette grande mêlée sa réputation de valeur et de solidité; «la cavalerie française y fonda la sienne, et, quoique infé«rieure en nombre, prit, par la précision de ses mouve

ments, par sa force d'impulsion, par la prestesse de ses «ralliements et la vivacité de ses attaques, une supériorité « décidée. Les généraux Moreau et Lecourbe (1), au plus fort « de l'action, chargèrent eux-mêmes plusieurs fois, et ne « s'arrêtèrent qu'après avoir forcé les Autrichiens à re« passer la Brentz: ceux-ci ne pouvaient se soutenir plus « longtemps dans cette position avancée, le corps d'in«fanterie qui servait d'appui de pivot à leur aile droite ayant été repoussé, et Gundelfengen enlevé de vive «force.

« Ainsi finit cette longue bataille ou plutôt cette suite de grands combats dans un espace de sept à huit lieues, sur «la rive gauche du Danube, dans les plaines d'Hochstett. « C'est une circonstance digne de remarque, qu'à la même « époque, seulement à trois jours de différence, du 16 au 19 « juin, Moreau, qui aurait pu recevoir à Hochstett la nou«velle de la bataille de Marengo, remportait sur le Da« nube, et par la même manœuvre, un avantage pareil à ce<«<lui que Bonaparte remportait sur le Pô.

«Les trophées des combats d'Hochstett sur le champ de bataille ne furent pas moindres pour les Français que « ceux de Marengo, puisque cinq mille prisonniers, vingt « pièces de canon, plusieurs drapeaux et étendards reste<«rent entre leurs mains (2). »

(1) Voir la note p. 664. (2) Précis des événemens militaires, par le comte Mathieu Dumas, etc., t. VI, p. 53-56.

Aile du Midi. 1er étage. Galerie des Batailles. No 137.

844. BATAILLE DE HOHENLINDEN (3 décembre 1800).

Par M. SCHOPIN en 1837.

La bataille d'Hochstett, ainsi que celle de Marengo, ne tarda pas à être suivie d'un armistice. Les hostilités furent successivement suspendues en Italie et en Allemagne. On ouvrit des négociations, on parla de paix; mais ces négociations n'ayant point eu le résultat qu'on en attendait, on se prépara de part et d'autre à recommencer la guerre.

La France avait profité de l'armistice pour porter au complet toutes ses armées : celle d'Allemagne avait reçu de nombreux renforts : elle occupait sur la rive gauche de l'Inn tout le pays compris entre les gorges du Tyrol, depuis le Vorarlberg jusqu'au delà de la forêt d'Ebersberg en avant de Munich.

L'armée impériale avait été aussi considérablement augmentée: elle ne comptait pas moins de cent vingt mille hommes et s'étendait sur la rive droite de la rivière également jusqu'au Tyrol.

L'archiduc Jean (1) la commandait, et, fort de sa supério~ rité, il avait résolu de prendre l'offensive.

«Lors de la dénonciation de l'armistice, les deux ar«mées se trouvant dans ces positions, séparées par le « cours de l'Inn, et les Autrichiens étant maîtres des pas«sages à cause de la forte domination de la rive droite, « depuis Wasserbourg jusqu'à Passau, il était difficile de « pénétrer leurs desseins et de juger s'ils prendraient l'of<<fensive en avant de cette rivière, ou s'ils se borneraient « à en défendre le passage.

« L'Inn, sortant du Tyrol après s'être ouvert un passage « par la gorge de Kuffstein, coule avec la rapidité des « torrents à travers les débris de la barrière qu'il a forcée, « dans la direction du sud au nord, jusqu'à Wasserbourg; «il fléchit et dévie ensuite à l'est, au-dessous de Cray«bourg. L'intervalle entre le lit profond et resserré de « cette grande rivière et celui de l'Iser, à la hauteur de << Munich, est de douze à quinze lieues. Vers le milieu de «< cet intervalle, et précisément au partage des eaux, se << trouvent la forêt ou plutôt les bois de Hohenlinden, qui, « jetés, pour ainsi dire, par masses presque contiguës, (1) Jean-Baptiste-Joseph-Fabien-Sébastien, archiduc d'Autriche, cinquième frère de l'empereur François II, etc.

<< forment parallèlement aux cours des deux rivières une « ligne, une estacade naturelle de six à sept lieues d'éten<< due et d'une profondeur moyenne d'une lieue et demie. « Les deux chaussées de Munich à Wasserbourg et de Mu« nich à Mühldorf traversent cette forêt de sapins, épaisse « et serrée dans plusieurs parties, et principalement entre « le hameau de Hohenlinden, où se trouve la poste, et le « village de Mattenpot, qui est dans une éclaircie, à l'en«trée du défilé, en venant de Mühldorf. Le village « d'Ebersberg, sur la chaussée de Wasserbourg, à deux lieues sur la droite de Hohenlinden, est sur la lisière de « la forêt et à la tête du second défilé. On ne trouve entre «< ces deux routes que des chemins vicinaux, des commu«nications pour les coupes de bois, et qui sont presque << impraticables en hiver.

« A la gauche de Hohenlinden, la forêt continue, bor«dant la route qui va à Mosbourg et Landshut par Hartof << et Erding.

« Depuis Mühldorf jusqu'à Hohenlinden, qui est le << point central entre l'Inn et l'Iser, le pays est montueux, « tourmenté, coupé par des ruisseaux, parsemé de bou«quets de bois; et ce n'est qu'après avoir traversé la forêt « et dépassé Hohenlinden, qu'on entre dans la belle plaine « qui s'étend jusqu'aux bords de l'Iser. »

Le général Moreau (1) dans la position de Hohenlinden attendait le résultat des premières opérations de l'armée impériale. Il s'était retiré avec une partie de ses troupes, l'aile gauche de son armée, entre Hohenlinden et Hartof. Une division, celle du général Richepance, occupait Ebersberg en dehors de la forêt sur la droite de Hohenlinden; une autre, celle du général Decaen, se trouvait en arrière.

L'armée autrichienne était en marche; « le mouvement « des principales forces de l'ennemi, décidément dirigé « sur Munich par la grande chaussée de Mühldorf, et ceux « des corps détachés de son aile droite indiquant l'effort « qu'il méditait de faire contre la gauche de l'armée fran«çaise, le général Moreau envoya au général Richepance (*), « à Ebersberg, l'ordre de se mettre en mouvement à la « pointe du jour, et de marcher par Saint-Christophe sur «Mattenpot, pour tomber sur les derrières de l'armée au« trichienne, lorsqu'elle serait engagée dans le défilé. Le

(1) Voir la note p. 509. 2, Idem p. 590.

« général Decaen (1) reçut à Zornottingen celui de suivre le « général Richepance.

« Le 3 décembre, l'armée impériale sur trois colonnes <<< suivait son mouvement sur Munich; elle marchait à tra« vers la forêt d'Ebersberg, traversant Mattenpot, et arriva « à Hohenlinden où elle rencontra les troupes françaises.

« Le général Moreau, qui lui barrait le passage avec le f « corps du général Grenier, y soutint tous les efforts de l'ar«mée impériale. »

Pendant ce temps on se battait à Mattenpot. Le général Richepance parti d'Ebersberg avait porté sa division à Saint-Christophe suivant l'ordre qu'il en avait reçu; « il <<< marchait à la tête de sa colonne à travers les bois, par des «< chemins affreux, dont les guides ne pouvaient même re<< connaître la direction, parce que la neige, qui tombait «< comme par nuées, effaçait toutes les traces et ne per«mettait pas de déméler les objets à dix pas devant soi. « La moitié de la division (la huitième et la quarante<< huitième de ligne, et le premier régiment de chasseurs) << avait dépassé Saint-Christophe, » lorsque Richepance rencontra un corps considérable de l'armée autrichienne, qui, en l'attaquant par le flanc, l'avait séparé de la moitié de ses troupes : ne s'arrêtant pas à combattre et suivant l'ordre qu'il avait reçu, après avoir recommandé au général Drouet de tenir jusqu'à l'arrivée du général Decaen qui venait sur les derrières et pouvait le dégager, il suivit sa route à travers les bois, marchant toujours dans la direction qui lui était ordonnée.

Le général Richepance arrivant à Mattenpot y rencontra l'arrière-garde de l'armée impériale, qui défendait l'entrée de la forêt; il n'avait plus que cinq mille hommes sous ses ordres, le régiment de chasseurs par qui il avait fait commencer l'attaque ayant été ramené. « Le général Ri«chepance se détermine alors à se jeter en masse dans le dé«filé pour porter le désordre sur les derrières de l'ennemi.

« Cette manœuvre fut exécutée avec la rapidité de la «foudre. Le général Walther (2), prenant le commandement « de la droite, en se dirigeant vers la forêt, contint la ca« valerie, lui faisant tête et combattant en arrière-garde, << pendant que Richepance, à la tête de la quarante-hui« tième, pénétra dans la forêt de Hohenlinden.

(1) Voir la note p. 591. (2) Frédéric-Henri Walther, général de brigade', depuis général de division, comte et colonel commandant les grenadiers à cheval de la garde impériale.

[ocr errors]
« ZurückWeiter »