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Charlemagne, à infester les côtes de l'empire. Sous les règnes agitės de Louis le Débonnaire et de Charles le Chauve, leurs incursions devinrent plus fréquentes et plus redoutables. Fortifiés dans leurs trois stations à l'embouchure de l'Escaut, de la Seine et de la Loire, ils ne cessèrent, pendant soixante et quinze ans, de répandre la terreur sur tous les points du royaume, par leurs massacres et leurs dévastations. Tous les récits contemporains attestent qu'à l'approche de ces barbares les populations épouvantées fuyaient sans opposer la moindre résistance, et que les rois ne parvenaient qu'à prix d'argent à écarter le fléau de ces terriblés invasions.

Cependant, au milieu de cette frayeur universelle, qui laissait le champ libre aux ravages des Normands, le besoin de se défendre se fit enfin sentir, et plusieurs actes d'héroïque résistance, couronnés par le succès, tirèrent la nation de sa stupeur, et relevèrent la gloire de ses armes.

L'an 866 les Normands, sous leur chef Hasting, avaient remonté la Loire jusqu'à Brissarthe, village situé à cinq lieues d'Angers. Ils y rencontrèrent le vaillant Robert, surnommé le Fort, comte d'Outre-Maine, chef illustre de la troisième race de nos rois. Robert les repoussa avec tant de vigueur qu'ils n'eurent plus d'autre ressource que de se réfugier et de se fortifier dans une église. Fatigué d'une longue marche, et se fiant au blocus étroit dont il enveloppait la place d'armes des barbares, Robert donna à ses soldats l'exemple de se dépouiller de leur armure et de prendre un peu de repos. Les Normands profitèrent de ce moment d'imprévoyance, et se jetèrent sur Robert et sa troupe. Désarmé, ils le tuèrent sans peine, et traînèrent son corps dans l'église. Cette église existe encore, quoique reconstruite à plusieurs reprises; elle a néanmoins une nef très-ancienne, que l'on croit celle même où les Normands s'enfermerent.

22. BATAILLE DE SAUCOURT EN VIMEU (juillet 881).

Par M. DASSY en 1837. Aile du Nord.
R.-de-chaussée.
Salle no 5,

L'an 881 le roi Louis III entendit le cri de ses peuples de Flandre et d'Artois, qui gémissaient sous les ravages des Normands appelés par la trahison d'Isembard, seigneur de la Ferté en Ponthieu. Ce fut à Saucourt en Vimeu, (village situé à peu près à moitié chemin entre Eu et Abbeville), que l'armée française rencontra les barbares. Il faut entendre sur cette journée l'auteur anonyme d'un

Aile du Midi.
1er étage.
Galerie des
Batailles.

No 137.

chant de victoire composé en langue tudesque peu de temps après la bataille, et dont nous citerons les passages suivants:

«Dieu voyant toutes les calamités qui pesoient sur la « France eut enfin pitié de son peuple. Il appelle le seigneur «Louis pour lui ordonner d'aller combattre les ennemis. << Louis, mon roi, délivre mon peuple si rudement châtié « par les Normands. » Le prince, ayant rassemblé ensuite <«<les grands, leur dit, entre autres paroles : «Consolez-vous, «mes compagnons, mes chevaliers: c'est par l'ordre de Dieu « que nous marchons, c'est lui qui assurera le succès de nos « armes..... Je ne m'épargnerai pas moi-même pour par« venir à vous délivrer; mais je veux qu'en ce jour ceux qui « sont restés fidèles à Dieu suivent mes pas. » On ajoute que le roi entonna un cantique au moment de livrer bataille, et que toute l'armée répondit par le cri de Kyrie eleison. « La « fureur et la joie, continue le poëte, colorèrent les joues « des Francs; chacun d'eux se rassasia de vengeance; mais << Louis les surpassa tous en courage et en adresse. Il perce « les uns, renverse les autres, et abreuve de l'amère bois« son du trépas tous ceux que rencontrent ses coups. » La défaite des Normands fut complète; leur chef Garamond resta parmi les morts. Deux siècles après la bataille de Saucourt, à l'époque où fut écrite la chronique de SaintRiquier, des chansons populaires se redisaient encore en l'honneur de cette glorieuse journée.

23. EUDES, COMTE DE PARIS, FAIT LEVER LE SIÉGE DE PARIS (889).

'Par M. SCHNETZ en 1837.

L'an 887 Sigefroy, voulant s'emparer de Paris, avait remonté la Seine avec sept cents barques et quarante mille hommes. Il avait appelé autour de lui tout ce qu'il avait pu réunir de guerriers scandinaves, dans les stations de la Loire et de la Seine, sur les côtes de Belgique et d'Angleterre, et l'on croit que plusieurs barques fugitives de la grande bataille d'Hafursfiord, gagnée cette même année par le roi de Norwége, Harold Harfager (ou aux blonds cheveux), lui avaient amené de nouveaux renforts. Paris, alors renfermé dans l'étroite enceinte de la Cité, soutint pendant un an, l'effort de cette puissante armée. L'évêque Gozlin et le comte Eudes animèrent la population par leur héroïsme. Eudes, que ses glorieux services et l'accroissement de sa puissance désignaient aux suffrages du pays, fu

élu roi deux ans après (889), et inaugura sa royauté en faisant essuyer un nouvel échec aux Normands près de Montfaucon. Il faillit dans cette action être victime de son courage un barbare lui porta un coup de hache sur l'épaule; Eudes lui répondit en l'étendant à ses pieds. Un troisième combat, livré aux Normands par le roi Eudes, se termina encore à son avantage, mais ne le sauva pas de la triste nécessité de traiter avec eux comme les Carlovingiens, ses prédécesseurs. Aussi les incursions des Normands désolèrent-elles la France pendant plus de vingt ans encore, et elles ne trouvèrent leur terme qu'en 912 par le traité de Saint-Clair-sur-Epte, qui abandonna à Rollon la province de Neustrie, appelée dès lors Normandie.

24. LOTHAIRE DÉFAIT L'EMPEREUR OTHON II SUR LES BORDS DE L'AISNE (octobre 978).

R.-de-chaussée.
Salle no 5.

Par Charles DURUPT en 1837. Aile du Nord. Pendant le xe siècle, il s'était opéré en France une sorte de démembrement de la puissance publique, à peu près semblable à celui qui avait emporté en lambeaux l'empire de Charlemagne. Les diverses provinces s'étaient détachées successivement de l'autorité royale; les seigneurs qui les gouvernaient y avaient usurpé une souveraineté héréditaire, et d'un bout à l'autre du royaume, le régime féodal s'était établi avec le morcellement à l'infini du territoire et la hiérarchie du vasselage, qui sont ses caractères essentiels.

La dynastie carlovingienne, éteinte l'an 911 en Allemagne, était à la veille de finir en France. Deux fois déjà, dans la personne d'Eudes et de Raoul, la puissante maison de Robert le Fort avait occupé le trône presque sans contestation. Hugues Capet, fils de Hugues le Grand, comte de Paris et duc de France, entourait de ses vastes fiefs le domaine royal, réduit aux deux villes de Laon et de Reims. Tout annonçait une nouvelle dynastie. Cependant le roi Lothaire, ainsi affaibli, ne craignit pas d'attaquer l'empereur Othon II, maître puissant de l'Allemagne et de I'Italie.

L'ancien royaume de Lorraine était alors un sujet de querelle entre les nouveaux empereurs de la maison de Saxe et les princes carlovingiens de France. Les premiers réclamaient ce royaume comme province de l'empire, les autres, comme dépendance de l'héritage de Charlemagne; le dernier prince qui l'avait possédé était en effet Swentibold, fils d'Arnoulf, de la race carlovingienne. Lothaire fit un grand effort pour

Partie centrale.

1er étage. Salle des EtatsGénéraux. No 129.

défendre ses droits; il se jeta avec une armée sur la Lorraine, et faillit surprendre dans Aix-la-Chapelle l'empereur Othon avec toute sa famille.

Othon, pressé de se venger, annonça à Lothaire qu'au premier octobre de la même année (978) il lui rendrait sa visite dans son royaume. En effet, à l'époque dite, on le vit paraître sous les murs de Paris, à la tête de soixante mille hommes. Hugues Capet s'y était enfermé. L'Empereur, ne pouvant l'attirer au dehors, lui fit dire « qu'il alloit lui faire «chanter une litanie plus sonore qu'aucune de celles qu'il << avoit jamais entendues; et, allant se poster sur les hau<«teurs de Montmartre, il y rassembla un grand nombre « de prêtres, dont il soutenoit les choeurs par les cris de «ses soldats, et leur fit entonner le cantique des martyrs, «Alleluia, te martyrum candidatus laudat exercitus,. « d'une manière si bruyante, que tous les habitants de « Paris purent l'entendre (1). »

Les Allemands, croyant par cette bravade avoir vengé leur honneur, se retirèrent et marchèrent sans obstacle jusqu'au passage de l'Aisne. Mais Othon étant arrivé sur cette rivière à la fin de la journée, une partie seulement de son armée put la traverser le même soir les bagages et l'arrière-garde restèrent sur l'autre rive. Lothaire profitant de ce que pendant la nuit des pluies avaient grossi la rivière, attaqua et défit cette portion de l'armée impériale sous les yeux d'Othon, qui ne pouvait la secourir.

25. HUGUES CAPET PROCLAMÉ ROI DE FRANCE PAR LES GRANDS DU ROYAUME (mai 987).

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Par M. Jean ALAUX en 1837.

Louis V, le dernier des Carlovingiens, était mort en 987, et son oncle Charles, duc de basse Lorraine, se trouvait trop éloigné pour recueillir immédiatement son héritage. Hugues Capet, duc de France, comte de Paris et d'Orléans, et seigneur d'un grand nombre d'abbayes, était depuis longtemps appelé au trône par l'éclat héréditaire de sa race et par sa puissance. A ses nombreux vassaux se joignirent son frère Henri le Grand, duc de Bourgogne, et son beau-frère Richard sans Peur, duc de Normandie, qui représentèrent à Noyon tout le baronnage de France, et le proclamèrent roi. Hugues Capet se fit tout aussitôt sacrer à Reims, et l'année suivante (988), il donna aux droits de son fils Robert la même consécration.

(1) Balder, Chron., p. 282.

26. LEVÉE DU SIÉGE DE SALERNE (vers l'an 1016).

Par Eugène ROGER en 1839. Partie centrale.

1er étage.

No 128.

Les Normands, établis pacifiquement dans la Neustrie et Salle convertis au christianisme, n'en avaient pas moins gardé leur des Croisades. passion pour la guerre et les aventures. Plus d'un siècle avant les croisades, les pèlerinages de la terre sainte leur étaient devenus familiers; ils allaient en foule chercher les émotions du danger, en même temps que celles de la piété, dans ces lieux où le tombeau du Christ était sous la garde du cimeterre musulman.

C'est en revenant d'un de ces pèlerinages, sur des vaisseaux de la république marchande d'Amalfi, que quarante de ces belliqueux pèlerins débarquèrent à Salerne, au commencement du XIe siècle (1). Presque au même temps une petite flotte de Sarrasins vint assaillir cette ville, et les habitants, cachés derrière leurs murs, attendaient dans un immobile effroi le pillage et la mort. Les quarante chevaliers normands demandent au prince Guaimar III des chevaux et des armes, se font ouvrir les portes, et, malgré leur petit nombre, chargent intrépidement les Sarrasins qu'ils mettent en fuite. Leur héroïsme rend le courage aux Salernitains, qui accourent sous leurs pas et achèvent la défaite de l'ennemi. Le prince de Salerne combla de présents ces braves aventuriers, et s'efforça, mais en vain, de les retenir à sa cour. Ils lui promirent seulement de lui envoyer ceux de leurs compatriotes que tenteraient les richesses et la fertilité de l'Italie méridionale.

27. BATAILLE DE CIVITELLA (18 juin 1053).

Par M. Adolphe ROGER en

....

On raconte qu'en effet les beaux fruits de la Campanie étalés devant les Normands eurent pour eux un charme irrésistible, et que tout aussitôt une centaine d'aventuriers, sous les ordres de Drengot, s'achemina vers le mont Gargano, but apparent d'un pieux pèlerinage (1016). Là, les Normands se mêlèrent à toutes les querelles de l'Italie méridionale, et, après diverses fortunes, tour à tour engagés au service de chacun des petits souverains du pays, ils finirent

(1) Aucune chronique ni histoire ne fournit la date précise de cet évé nement.

Partie centrale, 1er étage. Salle

des Croisades. No 128.

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