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cupé! monsieur le comte a tant d'affaires! mon>> sieur le comte ne peut pas y suffire!-Monsieur >> le comte, lui dis-je, s'en repentira peut-être. » Bonjour, monsieur. »

J'appris ainsi, par ma propre expérience, l'exactitude de ce que j'avais entendu dire de M. de Blacas: ce que, au reste, plusieurs circonstances m'ont confirmé depuis. Il n'y avait pas de doute à avoir: M. de Blacas avait succédé au comte d'Avaray, jouissait de toute la confiance du roi, et concentrait tout le pouvoir dans son cabinet. Lorsque l'on voulait faire quelque communication à Louis XVIII, ceux-là même qui étaient le plus avant dans son intimité devaient s'adresser à M. de Blacas. Quant à lui, dès que quelqu'un avait à lui faire tenir un avis salutaire, il disait, avec une imperturbable suffisance : « Qui?... cet >> homme-là?... Ah! bah!... c'est un intrigant, un >> bonapartiste, un visionnaire, un alarmiste, un » frondeur. Je ne veux pas en entendre parler. >> Et l'homme aux bons avis était éconduit. Ce n'est pas seulement par moi-même que j'ai eu la preuve de ce que je viens de dire; je l'ai eue encore quelques jours après l'inutile tentative que j'ai racontée, par ce qui arriva au général Bala

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thier. Ce général désira de parler au roi sur les événemens qu'il prévoyait, et dont on l'avait entretenu comme moi. Le roi se contenta de dire: « Qu'il voie Blacas. » Balathier fut reçu par le ministre favori, qui, après l'avoir écouté, lui dit : << Eh! bon Dieu! Monsieur, ce sont des fagots. >> Voilà qui est bien singulier! vous croyez donc » en savoir plus que nous qui sommes à la tête » des affaires ? Certainement, monsieur le » comte, lui dit Balathier, avec sa franchise toute » militaire, certainement j'en sais là-dessus beau>> coup plus que vous, qui n'êtes entouré que de >> flatteurs, qui ne vous disent jamais que ce qui » peut vous plaire. Monsieur, je vous répète, » que j'en sais assez sur ce que vous voulez me >> dire. >> Quelle pitié!

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Cependant, toujours frappé du danger qui menaçait la France, et ne pouvant enfreindre l'espèce de blocus que M. de Blacas avait formé autour de la personne du roi, je pris le parti d'écrire à M. de Talleyrand, pour lui rendre compte de toutes les communications qui m'avaient été faites. M. de Talleyrand correspondait directement avec le roi; et je ne fais nul doute que mes avis ne soient parvenus à Sa Majesté; mais il y avait eu bien du temps de perdu, et les événemens se

précipitèrent avec tant de rapidité, que quand Louis XVIII fut informé de ce qui devait arriver, il n'était plus temps d'y mettre obstacle. Ainsi ces avis, que j'avais voulu donner en temps utile, furent sans résultats, et l'on verra bientôt que mes prévisions furent confirmées par une lettre de l'île d'Elbe, lettre qui tomba dans les mains du gouvernement peu de temps après mes infructueuses tentatives. On ne peut réellement concevoir quel esprit de vertige s'empara alors des plus intimes conseillers de la couronne. Quoi qu'il en soit, je ne terminerai pas ce chapitre sans dire encore un mot du digne secrétaire de M. de Blacas, quoique ce que j'ai à en dire se rapporte à une époque postérieure.

Après la seconde rentrée de Louis XVIII, je rencontrai l'abbé Fleuriel aux Tuileries. Nous nous entretînmes des malheurs qu'avait attirés sur la France le 20 mars. L'abbé me dit : « J'ai » été, dans le temps, bien fâché de ne pas vous » voir reçu par M. de Blacas; » mais il ne voulut pas en démordre, et eut le front de me répéter: Mais, si vous saviez comme il était occupé! — » M. l'abbé, lui dis-je, je m'en doute bien, et on >> peut en juger par ses œuvres. Mais ne pensons » plus à cela; le mal a été grand, mais il est ré

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paré, puisque les Bourbons sont ici. » Du reste je ne fis aucun autre reproche à l'ex-secrétaire de

M. de Blacas, qui n'avait fait que jouer son rôle d'automate.

CHAPITRE XVI.

Approches du 20 mars et mes préparatifs de départ. Un envoyé des Tuileries le 13 mars. - M. Hue me conduit chez Louis XVIII. Paroles mémorables du roi. Ma nomination à la préfecture de police. Ma proscription à Lyon. Conseil aux Tuileries.

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Singulière ignorance de

quelques conseillers de la couronne.

un brave homme et le petit caporal.

Propos de soldats;
Discussion sur

l'itinéraire du roi. - Je prédis l'arrivée de Bonaparte. — Liste autographe de vingt-cinq proscrits. Insistance du roi pour l'arrestation de Fouché. Bons services de M. Foudras. Fouché manqué. Davoust proscrit et non inquiété. Longue conversation avec M. de Blacas.

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· Inutilité des arrestations. Confiance du roi en moi.

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Correspondance de l'île d'Elbe avec un habitant de Grenoble. Lettre interceptée et temps perdu. -Preuves évidentes d'une conspiration. Rien de fait, et ce qu'il aurait fallu faire. Comment eût été déjouée la conspiration. Les courtisans radoucis par le malheur.

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Ceux qui s'opposèrent à l'exécution du traité

conclu avec Napoléon, à l'époque de son abdica

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