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membres de la régence qui avaient été d'avis qu'elle restât à Paris. Sur ce point, elle ne pouvait s'en prendre qu'à Joseph, et au respect aveugle que Napoléon avait habitué ses conseillers à avoir pour ses volontés. Mais la destinée de Marie-Louise était accomplie, il ne lui restait plus qu'à la subir; ce qu'elle fit avec résignation et non sans dignité.

Cependant l'impératrice, en quittant Orléans, se rendit à Rambouillet; et ce ne fut pas une des choses les moins remarquables de ces derniers temps, si féconds en événemens extraordinaires, que de voir et les souverains de l'Europe, et les souverains déchus de la France, et ceux qui revenaient en reprendre le sceptre, si voisins les uns des autres, et, pour ainsi dire, enchevêtrés tant à Paris que dans un rayon de quinze lieues de la capitale : un Bourbon aux Tuileries, Bonaparte à Fontainebleau, sa femme et son fils à Rambouillet; l'impératrice délaissée à trois lieues, les empereurs de Russie et d'Allemagne et le roi de Prusse à Paris; cela me paraît encore aussi extraordinaire aujourd'hui, que je l'ai vu, que cela m'eût semblé impossible deux ans auparavant,

Déchue de ses espérances, Marie-Louise se préparait à quitter Rambouillet, et à retourner en

Autriche avec son fils, sans avoir pu obtenir l'autorisation de revoir Napoléon, avant son départ, ainsi qu'elle en avait souvent témoigné le désir. Sur ce point, Napoléon avait compris les inconvéniens qu'auraient pu avoir de pareils adieux; car, sans cela, il est hors de doute qu'il eût fait d'une dernière entrevue une des clauses du traité de Paris et de Fontainebleau, et de son acte d'abdication définitive. Je sus dans le temps, que le motif qui empêcha de condescendre aux vœux de Marie-Louise fut la crainte que, par un de ces mouvemens si familiers aux femmes, elle voulût s'attacher à la mauvaise fortune de Napoléon et l'accompagner à l'île d'Elbe, et l'empereur d'Autriche voulait ravoir sa fille.

Les choses en étaient à ce point, et il n'y avait plus à revenir sur aucune des décisions arrêtées quand l'empereur d'Autriche alla voir sa fille à Rambouillet, et je me rappelle que l'on trouva alors extraordinaire que l'empereur Alexandre l'accompagnât dans cette visite; et en effet la vue du souverain que l'on regardait comme l'âme et l'arbitre de la coalition ne pouvait être agréable à l'impératrice détrônée. Voici ce que j'ai entendu raconter sur cette double entrevue; je le rapporte d'ailleurs sans le garantir, quoique je le tienne de

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personnes dignes de foi; mais je ne veux jamais donner pour certain ce dont je n'ai pas été moimême témoin, à moins que je ne puisse, avec leur consentement, me faire une autorité des personnes dont je tiens les faits. On m'a dit que les deux empereurs étant partis de Paris à peu d'intervalle l'un de l'autre, l'empereur d'Autriche arriva le premier chez sa fille, qui le reçut avec respect et en même temps avec tendresse; qu'elle se montra satisfaite de le revoir, mais que les larmes nombreuses qui s'échappèrent de ses yeux n'étaient pas toutes des larmes de joie; qu'après une première effusion de tendresse filiale, elle se plaignit de la position où elle était réduite. Son père, vivement ému, ne pouvait lui donner de consolation, puisque ses malheurs étaient irréparables. Mais le temps s'écoulait, et Alexandre allait bientôt arriver; il fallut donc que l'empereur d'Autriche lui dît que l'empereur de Russie, qui le suivait, demandait à la voir. Le premier mouvement de Marie-Louise fut un refus; elle persista long-temps à ne pas consentir à voir Alexandre, disant à son père : « Me fera-t-il aussi prisonnière » sous vos yeux? S'il entre ici de force, je me re» tirerai dans ma chambre; là, je pense, il n'o» sera pas me suivre devant vous! » Cependant

les momens devenaient de plus en plus précieux, car déjà François II entendait, dans les cours sonores de Rambouillet, le bruit des équipages de l'empereur de Russie; et moins il restait de temps, plus les instances de l'empereur d'Autriche auprès de sa fille devenaient vives et pressées; elle céda, et l'empereur d'Autriche alla luimême au-devant de son allié, et l'amena dans le salon où Marie-Louise était restée par déférence pour son père. Cette déférence n'alla pas toutefois jusqu'à faire un accueil favorable à celui qu'elle regardait comme l'auteur de tous ses maux; elle ne reçut qu'avec beaucoup de froideur les offres personnelles et les protestations d'Alexandre, et lui dit, pour toute réponse qu'elle n'avait plus qu'un seul désir à former, la liberté de retourner dans sa famille. Tels sont les détails que j'appris alors, et, peu de jours après cette pénible visite, Marie-Louise et son fils partirent pour Vienne.

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Convention conclue entre Eugène et le maréchal de Bellegarde. — Adieux d'Eugène aux troupes françaises, et refus de les conduire en France. Erreurs d'Eugène. — NégoExaspération des Italiens, et un mi

ciateur mal choisi.

nistre assassiné.

Séjour forcé des troupes françaises à Milan. - Le général Grenier, proclamation et la cocarde Chute de la couronne de fer, et réflexion.

blanche.

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Le pouvoir et la flatterie. Puissance du temps. Rapp à Dantzig.

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Capitulation conclue et non ratifiée. - Rapp prisonnier à Kiow. — Refus de Dayoust de croire aux événemens de Paris. Boulet tiré sur le drapeau blanc. Désignations de la police et individus fusillés. → Le Séide volontaire. Joie des Hambourgeois et haine sans vengeance. Le général Gérard à Hambourg. Départ de Davoust et du général Hogendorff. vrance définitive de Hambourg.

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Déli

JE consacrerai ce chapitre à jeter de derniers regards sur les débris de l'empire encore existans au moment de sa chute. Je les tournerai d'abord vers cette Italie, berceau de tant de gloire, et vers

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