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dre à l'armée la cocarde blanche. Le maréchal nous dit à ce propos : « Messieurs, j'ai bien pu » faire comprendre à mon corps d'armée qu'il fal» lait servir la France avant tout; aussi est-il rentré >> sous mon obéissance, et maintenant je vous en réponds. Mais ce dont je ne réponds pas, c'est » de le déterminer à abandonner les couleurs qui >> nous ont menés pendant vingt années à la vic>>toire. Aussi ne comptez pas sur moi pour une » chose que je crois impossible et tout-à-fait con>>tre les intérêts de la France. Au surplus, j'en » parlerai à l'empereur Alexandre. »

Telles furent les paroles que prononça Marmont; tout le monde eut l'air de se ranger à son opinion, et la discussion cessa. Cependant on éleva la question de savoir si le drapeau blane était un insigne de maison ou l'ancienne couleur nationale, et l'on s'arrêta à l'idée de demander à cet égard des renseignemens, pour lesquels on s'adressa à M. Lemaire (1), qui, par hasard sans doute, se trouvait dans une pièce à côté. On lé chargea donc de consacrer ses savantes recherches à découvrir l'origine des trois couleurs et l'origine du drapeau blanc. Quant à moi, je vois

(1) Aujourd'hui célèbre latiniste.

dans mes notes que je me prononçai vivement en faveur de l'avis du maréchal; et si aujourd'hui je n'omets pas cette particularité, j'ai lieu d'espérer que l'on ne m'accusera pas de la rappeler pour m'en faire un mérite; mais c'est la vérité : il faut donc que je le dise.

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L'opinion du maréchal ayant donc été adoptée, du moins provisoirement, on rédigea, séance tenante, un article conçu à peu près ainsi, et qui fut destiné au Moniteur: « La cocarde blanche, » dans les quatre jours qui viennent de s'écouler, » était le signe de la manifestation de l'opinion publique pour le renversement d'un gouverne» ment oppresseur; c'était le seul c'était le seul moyen de re» connaître les partisans du rétablissement de l'an»cienne dynastie, à laquelle nous allons enfin de>> voir le repos. Maintenant que ce gouvernement » n'existe plus, toutes couleurs étrangères à nos >> couleurs nationales sont inutiles; reprenons » donc celles qui nous ont conduits tant de fois » à la victoire ! » Il est possible qu'en écrivant cet article, j'y aie changé quelques mots, mais ce que je puis affirmer, c'est que c'en est l'esprit, et tout le monde en approuva tout haut la rédaction. Cependant le lendemain je fus très-surpris en ouvrant le Moniteur de n'y point voir cet article.

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Je ne sais ce qui se mêla dans tout cela d'un peu courtisan pour l'empêcher de paraître; mais, ce que je me rappelle parfaitement, c'est que Marmont fut très-mécontent de cette omission, et s'en plaignit à l'empereur Alexandre, qui promit d'écrire, et écrivit en effet au gouvernement provisoire pour que l'article fût inséré ; mais il ne le fut pas, et les jours suivans nous eûmes, comme on va le voir, le mot de cette énigme, que nous aurions peut-être trouvé si nous avions bien cherché. L'empereur Alexandre promit aussi à Marmont d'écrire au comte d'Artois pour lui dire que le vœu de la France était en faveur de la conservation des trois couleurs, mais je n'ai pu savoir si cette lettre avait été écrite, ni, dans le cas où elle l'aurait été, à quelle réponse elle a donné lieu.

Le maréchal Jourdan, qui était alors à Rouen, reçut une lettre, écrite à l'insu de Marmont, dans laquelle on lui mandait que ce maréchal avait fait prendre la cocarde blanche à son corps d'armée. Jourdan ne crut pouvoir mieux faire que Marmont, et il annonça au gouvernement provisoire qu'à l'exemple du duc de Raguse il venait de faire prendre la cocarde blanche à son corps d'armée. Muni de cette nouvelle,

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on attendit Marmont de pied ferme, et quand il vint se plaindre au gouvernement provisoire de ce que l'on n'insérait pas la note convenue, on lui dit : « Mais, M. le maréchal, cela n'est pas » possible; tenez, voyez; le corps du maréchal » Jourdan vient de prendre la cocarde blanche; >> voulez-vous donner deux drapeaux à l'armée?»

Marmont n'avait rien à répondre à un fait aussi positif. Ce n'est que depuis, que j'ai su que Jourdan ne s'était déterminé à arborer les couleurs blanches, que sur l'assurance positive que Marmont avait déjà pris ce parti. C'est ainsi que nous perdîmes les couleurs que Louis XVI avait portées, que Louis XVIII, prince, avait adoptées sans répugnance, et sous les auspices desquelles le comte d'Artois se montra à son retour aux Parisiens, puisqu'il entra dans Paris revêtu de l'uniforme de la garde nationale. Le subterfuge de quelques membres du gouvernement provisoire fut un subterfuge funeste; et que de maux on eût évités à la France si l'on eût adopté franchement l'opinion de Marmont!

CHAPITRE VII.

Napoléon seul à Fontainebleau, et les maréchaux à Paris. Proclamation à l'armée. Il accuse Marmont. Singulier éloge du sénat par Napoléon. Les trois

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gouver

nemens en France. Marie-Louise à Blois. Adresse de la régente au peuple français. Lettre de M. le comte de Montalivet. - Les dates à la main. Marie-Louise envoie le duc de Cadore à l'empereur d'Autriche. - La régence à Blois, et ses derniers actes. M. de Montalivet écrit une seconde lettre aux préfets. Arrivée de

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M. le duc de Cadore au quartier-général de l'empereur

d'Autriche. Marie-Louise. pour Napoléon.

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Réception de François II à l'envoyé de

Protestation d'amitié de l'empereur
Absence de Metternich. M. de Sta-

dion près de l'empereur, et sa haine pour Napoléon. Mauvaise issue de la mission de M. le duc de Cadore. Amitié de M. de Metternich pour Napoléon.

de M. le duc de Cadore près de Marie-Louise. de l'impératrice pour Orléans.

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Départ

L'EMPEREUR, comme je l'ai dit, avait envoyé émissaire sur émissaire à Essonne, pour intimer au maréchal Marmont l'ordre de venir le rejoindre à Fontainebleau; et l'on a vu que Marmont, s'é

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