Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

le batouer ou la raquette en la main), le mail, le balon, la dance, le saulter, la lucte, la chasse, la fauconnerie, la pesche et le nager.

Il se peult reconnoître en tout le corps de cette entreprinse que les Angevins n'ont jamais céddé à personne, lorsqu'il a esté question de tous lesdicts exercices, divin, lucratif et voluptueux, honorables, mécanicques, spirituels et corporels.

Quant aux femmes et filles, elles s'exercent à plusieurs ouvrages de laine, de lin et de soie à filer, couldre, tracer, pourtraire, broder, mailler; à travailler au petit poinct, à l'estame, et à faire mille délicates choses propres à la foiblesse et mollesse de leur sexe :

Ores en pelotons vont devidans leur laine,
Soubzmettent à leurs doigtz et sans trop grande peine
Leur ouvrage entreprins: molissent leur toison
En nuages esgaulx pour parer leur maison;
Tournent d'un poulce adroict une ronde fusée,

Ou tracent de leur main que Pallas a dressée (1).

Enfin l'Angevin est trop délicat en sa vertu et trop vertueux en sa délicatesse, pour s'estranger de toutes ces sortes d'exercices, qui sont la vraie saulce et le seul appétit de nostre nouriture.

(1) Sive rudem primos lanam glomerabat in orbes ;

Seu digitis subigebat opus, repetitaque longo
Vellera mollibat nebulas æquantia tractu;

Sive levi teretem versabat pollice fusum;

Seu pingebat acu: scires a Pallade doctam.

Ovide. Métamorph., liv. VI, fab. I.

L'ACADÉMIE DES PROTESTANTS

A SAUMUR.

Dom Jarno, religieux bénédictin et prieur de Saint-Florent près Saumur, a été, vers 1750, l'un des principaux collaborateurs de dom Housseau, pour sa collection historique sur l'Anjou et la Touraine, conservée à la Bibliothèque nationale, section des Manuscrits. Les copies des chartes de Saint-Florent, et même celles de Saint-Nicolas d'Angers, sont presque toutes de sa main. En outre, dom Jarno a fourni plusieurs mémoires et dissertations, dans lesquels la rapidité du travail ne nuit pas à la critique et à la justesse des appréciations. Parmi ces derniers, nous avons surtout remarqué une notice sur l'Académie des protestants de Saumur, faite d'après les registres de cette Académie, conservés alors et encore aujourd'hui à Saumur, dans les archives de l'Hôtel-Dieu (1).

Miroménil, dans le mémoire sur la généralité de Tours, dressé de 1697 à 1699 (2), constate que cet établissement attirait beaucoup de religionnaires étrangers. Les conséquences de leur départ sont ainsi exposées, dans une requête adressée au roi par les habitants de Saumur eux-mêmes, dont il existe une copie contemporaine dans les archives du département de Maine et Loire :

(1) I. Papier et Registre des affaires de l'Académie Royale établie à Saumur, depuis le mois d'octobre 1613 jusqu'au 20 mars 1675. Un volume petit in-folio, relié en parchemin, 229 feuillets.

II. Registre du Conseil Académique de ceux de la R. P. R. de Saumur, mis à l'Hôtel-Dieu en 1686, du 20 juin 1683 au 6 décembre 1684. Un volume in-folio, relié en parchemin, 18 pages.

III. Papier de Recette des deniers Académiques, du 1er novembre 1631 au 29 janvier 1865. Un volume in-folio, relié en parchemin, 113 pages.

(2) Archives d'Anjou, vol. I, p. 59 et 40.

>>

<< Sire, les habitants de votre ville de Saumur remontrent très hum» blement à V. M. que votre zèle leur a accordé la destruction de » l'Académie et du Temple (1) de ceux de la R.P.R. qu'ils ont sollicitée depuis plusieurs années; mais que le concours de la noblesse fran» çoise et étrangère, qui y faisoit les exercices et études, s'étant re» tiré, les marchands d'Hollande et autres provinces, qui faisoient » commerce à cause de ladite noblesse et écoliers, et presque tous » les artisans se sont pareillement retirés; et l'éloignement des uns » et des autres a rendu cette ville, qui, selon son étendue, étoit >> l'une des plus considérables du royaume pour le trafic, presque » déserte et sans négoce; et diminue tous les jours, s'il n'y est pourvu » par V. M. »

Parmi les branches de commerce qui fleurissaient à Saumur avant 1685, nous citerons ici la librairie. Cinq libraires, MM. Desbordes, Nobileau, Pean, Riboteau et Vaillant, sont nommés dans le papier de recette des deniers académiques, comme ayant fourni des livres donnés en prix aux écoliers. Ils n'étaient certes pas les seuls : l'Oratoire et le nombreux clergé catholique de la ville et des environs devaient aussi avoir les leurs. Aujourd'hui, il n'y a que quatre libraires à Saumur.

Dans son Rapport au roi (2), fait en 1664, Charles Colbert, après avoir parlé de l'Université d'Angers, s'exprime en ces termes :

» L'autre Université, ou plutôt Académie, est à Saumur, tenue et » exercée par ceux de la religion prétendue réformée, qui y réu– » nissent tout ce qu'il y a de gens d'esprit dans leur parti, pour la » rendre célèbre et florissante. Il y a pour exercice cinq classes de >> grammaire, humanités et rhétorique; deux classes de philosophie, » un professeur de langue hébraïque, un particulier de langue » grecque, mais dont les leçons ont cessé depuis quelque temps, >> faute de fonds; deux professeurs de théologie, qui font tous les » deux jours deux leçons publiques; et de plus une école particu» lière d'éloquence, qu'ils appellent profession d'éloquence, séparée » de la rhétorique, dont le professeur, appelé Douille (3), est fort >> habile.

>> Ils avoient autrefois 4,500 livres de fonds sur le roy; mais à pré» sent ils n'ont plus rien du tout, et ne subsistent que de la contribu

(1) L'arrêt du Conseil d'Etat et les Lettres -Patentes du 15 janvier 1685, qui ordonnent la destruction du Temple, ont été imprimés dans l'édition donnée en 1845, par MM. Dubosse et Godet, des Recherches Historiques de J.-F. Bodin sur l'Anjou, vol. 1, p. 618 bis.

(2) Archives d'Anjou, vol. I, p. 127.

(5) Il signait W. DOULL.

» tion de leurs églises prétendues (réformées), et de ce qu'ils peuvent » tirer des écoliers, qui est environ 300 livres. »>

En 1637, la dépense pour le personnel de l'Académie s'élevait à la somme de 4,130 livres, répartie de la manière suivante :

[blocks in formation]

Ces chiffres sont fournis par le papier de recette, page 18, et nous y trouvons encore, page 112, les noms des professeurs de chaque classe, lors de la suppression de l'Académie, sauf celui du second professeur de théologie.

THÉOLOGIE, MM. de Prez, principal du collége.

[blocks in formation]

Les historiens de l'Anjou et les écrivains protestants eux-mêmes, faute d'avoir connu les trois registres conservés dans les archives de l'Hôtel-Dieu de Saumur, ont dû rester très incomplets sur un établissement fondé dès 1593, supprimé le 8 janvier 1684, neuf mois avant la révocation de l'édit de Nautes, et qui a jeté un grand éclat au XVIIe siècle.

La notice de dom Jarno contient, sur l'Académie et ses principaux membres, d'intéressants détails, exposés avec une bonne foi et une impartialité qui sont les qualités ordinaires des Bénédictins.

Ecrit précipitamment, surchargé d'additions et de corrections, le texte de plusieurs de ses phrases présente des irrégularités qu'il était indispensable de faire disparaître. On pourra du reste constater que nous avons exactement reproduit le travail du savant moine de Saumur, en recourant à son manuscrit, dans le XVIIIe portefeuille de la collection de dom Housseau. Il occupe ci-après les numéros I et II.

Comme complément, nous publions sous le numéro III, les curieux programmes des études, arrêtés par l'Académie pour les années 1683 et 1684.

Enfin l'arrêt du conseil d'Etat et les lettres-patentes qui prononcent la suppression de l'Académie étant inconnus ou à peu près en Anjou, nous croyons devoir les publier sous le numéro IV, d'après le texte de François Ernou (imprimeur-libraire ordinaire du roi et des pères de l'Oratoire de Saumur), dont un exemplaire a été retrouvé dans les archives départementales.

I.

L'ACADÉMIE DE SAUMUR.

L'Académie des Protestants de Saumur fut établie par une ordonnance des églises, en 1599, et l'on trouve même, dans le registre académique, fol. 50 r., une ordonnance et lettre-patente du roy, antérieure à cette date.

Voici, en abrégé, en quoi consistoit ce corps :

Il étoit composé d'un recteur, qui exerçoit pendant un an. Au bout de ce temps, le conseil ordinaire et extraordinaire s'assembloit au temple, ou au château (du temps que Du Plessis-Mornay en étoit gouverneur), ou en quelque autre lieu, et on y élisoit un nouveau recteur. L'Académie fit, dans la suite (3 novembre 1614), un règlement par lequel elle ordonna que les recteurs exerceroient pendant deux ans. Elle en continua même quelques-uns pendant trois ans de suite.

Cette Académie avoit un collége complet, où l'on enseignoit toutes les humanités, depuis la rhétorique jusqu'à la sixième inclusivement. Il y avoit deux professeurs pour la théologie, et autant pour la philosophie, un professeur en hébreu, un autre en grec, et un principal qui avoit inspection sur tout le collége.

Le conseil académique étoit composé d'un certain nombre de personnes choisies, qu'on nommoit conseillers et qui étoient substi– tuées en cas de mort ou d'éloignement, par des gens de mérite que l'Académie choisissoit dans la robe ou dans quelque autre état, et elle se les incorporoit.

On avoit grand soin de ne donner les chaires de théologie, philosophie et autres qu'à des personnes d'une capacité reconnue et éprouvée.

« ZurückWeiter »