Abbildungen der Seite
PDF
EPUB

amèrement la mort des deux Guise, et y profère, contre la ville de Blois, à l'occasion de l'assassinat du Balafré, cette éloquente imprécation:

Ah! trois et quatre fois ville très misérable!
Misérable chasteau, du massacre coupable

D'un prince tant parfait! Les chouans pleins d'effroy
Les groles, les corbeaux volent toujours sur toy!

Jamais les habitans ne soient qu'en défiance!
Toute crainte et soupçon, toute infâme meschance,
Tout inceste y habite, et toute impiété,

Toute poltronnerie et toute lâcheté,

Du père envers le filz, du filz envers le père,
Du frère envers la sœur, de la sœur vers le frère,
Jusqu'à tant que les uns et les autres deffaits,
Et toujours y pullule un hydre de forfaits!
Qu'entr'eux ce grand malheur de race en race passe,
A celle fin qu'ainsi la vangeance se fasse

Sur eux, sur leurs enfans et dessus leurs neveux,
Sur les filz de leurs filz et ceux qui naistront d'eux!

Egaré par la haîne que lui inspiraient les Réformateurs, Jean le Masle est allé jusqu'à faire l'éloge de la Saint-Barthélemy. Nous ne voulons pas assurément le justifier de cette approbation donnée à un horrible drame, conçu par le génie pervers de Catherine, et si funeste aux intérêts mêmes de la cause catholique. Mais il faut tenir compte, en jugeant le poète ligueur, de l'exaltation qui s'empare des esprits dans les guerres civiles, et mettre en regard des sombres vers échappés à sa plume frémissante, le poème de sa vie entière, marquée par les plus belles et les plus mâles vertus.

LISTE DE SES OUVRAGES.

1. Brief discours sur les troubles, qui, depuis douze ans, ont continuellement agité et tourmenté le royaume de France, et de la deffaite d'aucuns chefs plus signalez des mutins et séditieux qui les esmouvoyent et mettoient sus quand bon leur sembloit, avec une exhortation à iceux mutins de bientost abjurer leur erreur et hérésie. Lyon, Benoist Rigaud, 1573, 14 feuilles in-12.

2. Chant d'allégresse sur la mort de Gaspard de Colligny, jadis admiral de France. Paris. Nicolas Chesneau. 1572.

3. Les Nouvelles Récréations poétiques, contenans aucuns Discours non moins récréatifs et plaisans que sentencieux et graves; au premier desquels est traité des louanges du droit et des loix civiles, ensemble de leur origine; au second, de l'origine et excellence de la noblesse; et au troisième, de l'origine des Gaulois, ensemble des Angevins et Manceaux, avec plusieurs sonnets, odes et autres œuvres. Paris, Jean Poupy. 1580. In-12.

Le Discours de l'origine des Gaulois, ensemble des Angevins et des Manceaux, a été publié à part. La Flèche, René Trois-Mailles, 1575, in-8. 23 pages. Il se termine par la vie et l'éloge de Jean Porthais, savant religieux de l'ordre de Saint-François, qui s'acquit une grande réputation en France, en Allemagne et en Italie, par ses prédications.

Les deux Discours sur l'origine du droit et de la noblesse se trouvent encore avec l'ouvrage suivant :

4. Le Breviaire des nobles, contenant sommairement toutes les vertus et perfections requises à un gentilhomme pour bien entretenir sa noblesse (prose). Paris. Nicolas Bonfons, 1578, in-8°. - D'après l'abbé Goujet et M. de la Monnoye, cet ouvrage ne serait qu'un Commentaire de celui qu'Alain Chartier a écrit en vers sur le même sujet.

5. Le Criton de Platon, ou de ce qu'on doibt faire translaté de grec en françois, et enrichi d'annotations pour l'intelligence des lieux les plus obscurs et difficiles; avec la vie de Platon mise en vers françois. Paris. Jean Goupy. 1582. In-4°.

La traduction du Criton est, ainsi que nous l'avons dit, de P. Du Val, évêque de Seez. Le Commentaire de Le Masle dénote une érudition étendue. La vie de Platon est suivie de plusieurs pièces de vers latins et français.

6. Le Temple des vertus, manuscrit in-8°, probablement autographe, dédié à Monseigneur le duc de Mercœur, gouverneur de Bretagne.

Jean Le Masle avait encore composé un grand nombre d'hymnes et de cantiques chrétiens, qui n'ont pas été imprimés, et dont on ne saurait trop regretter la perte.

La Bibliothèque d'Angers ne possède que les ouvrages désignés sous les Nos 3 et 5.

LE DÉPARTEMENT

DE MAINE ET LOIRE

EN L'AN XI.

Dans la première année de ce siècle, la France s'éveilla à la suite d'un affreux cauchemar, qui, pendant dix ans, avait anéanti toutes ses facultés. Tout avait été bouleversé, détruit; tout était à rétablir.

Le 18 brumaire avait remis le pouvoir entre les mains de l'homme de génie dont le nom domine notre siècle. Dès lors les actes d'organisation se succèdent avec rapidité. La loi du 28 pluviôse an VIII remplace les anciens directoires des départements par des préfectures, et institue des Conseils Généraux de département. La mission de ces Conseils est encore très restreinte : la répartition des contributions directes entre les arrondissements; la solution des demandes en réduction; la détermination du nombre de centimes additionnels affectés aux dépenses départementales; l'audition du compte annuel que rend le préfet de l'emploi de ces centimes, et enfin l'expression d'une opinion sur l'état et les besoins du département, tel est le résumé des devoirs imposés aux Conseils Généraux.

En 1800, le département de Maine et Loire sortait à peine de la guerre civile qui avait dévasté son territoire et décimé sa population. Le Conseil Général, à peine organisé, avait trop de vœux à former pour que son action pût être régulière. Le nouveau préfet était lui-même trop préoccupé de tous les besoins qu'il devait satisfaire pour se rendre un compte bien exact de la situation du département. Aussi n'est-ce qu'au 16 floréal an XI (6 mai 1803) qu'un rapport détaillé est présenté au Conseil Général par le préfet de ce temps, M. Nardon. Ce rapport expose d'une manière exacte et précise l'état de choses dans le département de Maine et Loire, à la

sortie de la Révolution. Il fait comprendre l'étendue des désastres que celle-ci a causés. En même temps, si l'on veut comparer ce qui existait alors avec la situation présente, on reconnaîtra l'immense progrès qui a été réalisé, bien qu'un grand nombre de projets de ce temps-là soient encore aujourd'hui à l'état de projets.

A ce point de vue, l'impression de ce document offre un caractère d'intérêt public et d'utilité qui n'a pas échappé aux éditeurs de la Revue de l'Anjou. Quelques notes, ajoutées à ce travail, présenteront des termes de comparaison qui éviteront des recherches aux lecteurs.

M. Hugues Nardon avait été nommé préfet le 30 fructidor an X (17 septembre 1802), et installé le 19 ventôse an XI (10 mars 1803). Il n'a administré le département que jusqu'au 6 thermidor an XIII (25 juillet 1805). Il était le second préfet de Maine et Loire depuis l'institution des préfectures.

Angers, le 16 floréal, an 11 de la République française.

LE PRÉFET DU DÉPARTEMENT DE MAINE ET LOIRE

AUX MEMBRES COMPOSANT LE CONSEIL GÉNÉRAL DUDIT DÉPARTEMENT.

Citoyens,

J'ai eu l'honneur de vous soumettre, hier, le compte de l'an X et années antérieures, l'état des dépenses variables, administratives et judiciaires de l'an XII, enfin la répartition des contributions de ce dernier exercice.

Mais, citoyens, votre mission ne se borne pas à ces objets importants. Le gouvernement n'a pas voulu que vous vous occupassiez toujours des charges des administrés et jamais de leurs besoins; il vous a constitués, en quelque sorte, les organes et les représentants du département. C'est à vous de lui indiquer tous les projets d'utilité publique, toutes les vues d'amélioration que peuvent comporter nos circonstances locales; c'est sur vos lumières qu'il compte et qu'il a droit de compter, pour porter l'agriculture et le commerce du département au plus haut point de splendeur dont ils soient susceptibles.

Vous pouvez juger, citoyens, de l'intérêt que le gouvernement attache aux propositions des Conseils Généraux, par le soin qu'il a pris jusqu'ici de les recueillir, de les analyser et de les rendre publiques. Cet intérêt se prouve encore mieux par les efforts et les sacrifices qu'il a faits pour en réaliser quelques-unes d'une grande importance.

Sans doute tous les vœux des Conseils Généraux ne peuvent être accomplis à la fois; sans doute on ne peut pas réparer tout à coup les folies ou les erreurs de douze années de désordre et d'anarchie; mais ce n'est pas une raison pour les Conseils de se livrer au découragement, et d'attendre, pour proposer des vues au gouvernement, que celui-ci soit en état de les remplir. Qu'ils les déposent toujours dans leurs cahiers, et, comme la semence confiée à la terre, ils les verront, tôt ou tard, germer, éclore et fructifier.

Il m'est bien agréable, citoyens, de vous annoncer que tous les vœux, consignés dans vos procès-verbaux de l'an X, n'ont pas été stériles, et que plusieurs ont reçu ou recevront sous peu leur exécution. Veuillez me suivre un instant dans le développement du compte succinct que je vais vous rendre à cet égard.

AGRICULTURE.

Marais de la Dive. - Le Conseil Général avait signalé le desséchement des marais de la Dive et de l'Authion, comme le premier objet d'amélioration agricole qui dût fixer l'attention du gouvernement.

Depuis la session de l'an X, l'administration n'a pas cessé de s'occuper de ce projet important. Les ingénieurs ont rédigé un mémoire sur les moyens d'exécution tant du desséchement des marais que de la reprise du canal de la Dive, et jeté les bases du traité à conclure avec une nouvelle compagnie; les héritiers Lafaye, premiers entrepreneurs de ces travaux, étant reconnus hors d'état de les continuer. Ce mémoire, ainsi que le projet de transaction qui l'accompagnait, ont été examinés par l'assemblée des Ponts et Chaussées, et approuvés par le Conseiller d'Etat, chargé de cette partie, lequel m'a autorisé à me concerter avec la compagnie pour l'établissement définitif des conventions respectives.

La compagnie, pressentie à ce sujet, n'a pas voulu se déclarer ostensiblement, ni parler d'obligations actives ou passives, avant l'approbation finale du projet par le gouvernement, et la rédaction de devis et détails bien circonstanciés, constatant et le montant de la dépense à faire pour la construction du canal, et le genre de travaux auxquels les entrepreneurs seraient engagés.

« ZurückWeiter »