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politique, éclairé, qui se fit, comme L'Hôpital, l'apôtre courageux de la tolérance et de l'humanité, à l'un des enfants les plus dignes et les plus illustres de notre pays, et qui a mérité ce bel éloge du chancelier d'Aguesseau : « Il fut un digne magistrat, un savant au»teur, un très bon citoyen. »>

La Bibliothèque d'Angers possède cinq ouvrages de Jean Bodin : 1. Methodus ad facilem historiarum cognitionem. Lyon. Apud Joannem Mareschallum, 1583. In-8°.

2. Réponse aux paradoxes de Monsieur de Malestroit, touchant l'enchérissement de toutes choses et le moyen d'y remédier. Paris. Martin le jeune. 1568. In-4°.

3. Les six livres de la République, à Mer du Faur, seigneur de Pibrac. Lyon. Jacques du Puys, 1579. In-fo.

4. De la Démonomanie des sorciers, à Mer Christophe de Thou. Paris. Jacques du Puys. 1580. In-4°.

5. Le Théâtre de la nature universelle, traduit par François de Fougerolles. Lyon, Jean Pillehote. 1597, in-8°.

INTERROGATOIRE

D'UN JEUNE VENDÉEN.

L'intérêt de ce document consiste dans les détails qu'il nous donne sur la manière dont se formaient les armées vendéennes, sur leur organisation, leurs chefs et leur marche depuis leur départ d'Angers, le 27 juin 1793, jusqu'à l'affaire de Doué, le 5 août suivant.

François Gelot, simple tisserand du faubourg Bressigny, n'est pas seulement un personnage inconnu, et dont nous n'avons pu retrouver que l'acte de baptême. Agé de près de dix-huit ans (1), et non pas de seize ans ou environ, comme le dit notre document, il ne dut l'honneur d'un long interrogatoire qu'à son air intelligent, et à l'espoir conçu par les membres du comité révolutionnaire d'Angers de recevoir de lui des renseignements importants. Les réponses du jeune tisserand et les faits qu'elles contiennent sur la formidable insurrection qui tenait la Convention en échec, frappèrent vivement ses interrogateurs. Tout en attribuant à leur prisonnier diverses appréciations et qualifications faciles à reconnaître, parcequ'elles ne s'accordent pas avec le reste de son interrogatoire, ils le consignèrent dans son entier sur leur registre, et ils le transmirent même de suite à la municipalité de Paris.

C'est d'après la copie envoyée à cette municipalité que nous publions l'interrogatoire de Gelot. Il nous a été communiqué par M. André Salmon.

(1) Né le 24 septembre 1775, dans la paroisse de Saint-Michel-la-Palud, il était fils de François Gelot et de Renée Buinier.

Aujourd'hui neuf août mil sept cent quatre-vingt-treize, l'an deuxième de la République une et indivisible, sur les cinq heures du soir;

Nous, membres du Comité révolutionnaire et de surveillance, nous sommes transportés aux prisons de la tour, situées en cette ville, à l'effet de visiter les prisonniers faits sur l'armée des rebelles. Où étant, nous avons requis le citoyen Blanchard, concierge desdites prisons, de nous conduire dans l'endroit où étaient lesdits prisonniers, et arrivés, nous les avons tous questionnés les uns après les autres; en ayant remarqué parmi eux, deux desquels nous pouvions recevoir des renseignemens importans, nous nous sommes retirés dans une chambre faisant partie du logement du concierge, à l'effet d'y interroger les deux prisonniers que nous avions distingués et que nous y avions fait amener.

Ensuite est comparu le nommé François Gelot, natif d'Angers, y demeurant faubourg de Bressigny, âgé de seize ans environ, tisserand de son état.

A lui demandé pourquoi il se trouvait du nombre des prisonniers faits sur l'armée des rebelles?

A répondu que, lors de la prise d'Angers par les rebelles, et lorsque ceux-ci se sont portés sur Nantes par Ingrandes et Ancenis, il les a suivis sans armes, et qu'il évalue le nombre des rebelles, qui ont pris Saumur et Angers, à environ vingt-cinq mille, avec douze ou treize pièces de canon, et que le nommé Stofflet les commandait, avec quatre cents hommes de cavalerie. Qu'une partie de cette armée était armée de fusils, de piques, et un très grand nombre, comme lui déposant, sans armes, à qui ils recommandaient de prendre des bâtons et de les porter comme des fusils, en ajoutant que cela fait nombre et en impose: recommandation qu'ils sont dans l'usage de faire dans toutes les actions qu'ils engagent.

A lui demandé combien l'armée des rebelles a mis de jours pour arriver aux portes de Nantes?

A répondu environ huit jours; qu'ils se sont d'abord portés sur Ancenis, où ils ont passé plusieurs jours, et de là à Varades. Que tout le long de la route, ils ont forcé les habitans à marcher avec eux pour grossir leur armée. Que dès leur arrivée devant Nantes, à huit heures du matin, le jour de la Saint-Pierre, Stofflet donna l'ordre d'attaquer les retranchemens de droite et de gauche pendant que les canonniers étaient sur la grande route. Que l'aile gauche a fléchi plusieurs fois, que les chefs les ont toujours ramenés au combat qui a duré jusqu'à sept heures du soir avec opiniâtreté. Que le feu de Nantes a fait un carnage épouvantable parmi les rebelles. Que le

commandant de leur cavalerie a eu la cuisse emportée d'un biscayen, de laquelle blessure il est mort depuis; qu'il ne se rappelle pas son nom (1), mais que depuis huit jours on lui a fait un service à Cholet.

A lui demandé pourquoi l'armée a cessé de combattre à sept heures du soir?

A répondu qu'ils ont été rebutés de la résistance des Nantais, et de la perte que leur armée rebelle avait éprouvée, tant en hommes qu'en chevaux d'artillerie; qu'à ce moment leur armée de l'aile gauche s'est mise dans une déroute complète, en abandonnant leurs canons et en jettant leurs fusils pour la plupart pour mieux courir; que ce n'est qu'une heure après que leurs commandans, qui avaient toujours fait soutenir la déroute par quelques pièces de canon du centre, s'apercevant qu'ils n'étaient pas poursuivis, ont ramené une partie des fuyards qui ont emmené les canons qu'ils avaient abandonnés; qu'ils ont profité de la nuit pour se retirer précipitamment et dans le plus grand désordre à Ancenis, où ils ont restés deux jours, ayant été instruits par leurs espions qu'ils n'étaient pas poursuivis; que d'Ancenis ils ont traversé la Loire dans de grands bateaux, avec leur artillerie, et qu'ils se sont rendus à Saint-Florentle-Vieux, à trois lieues du lieu de leur débarquement, et que les chefs de l'armée des brigands craignaient que l'armée de Saumur ne s'emparât de Cholet et Mortagne, qui se trouvaient absolument sans défense, tous les habitans de ces cantons faisant partie des diverses armées qui avaient marché contre Nantes, ce qui avait aussi favorisé la prise de Châtillon par Westermann.

A lui demandé où il s'est rendu en quittant Saint-Florent-le-Vieux? A répondu qu'il s'était rendu à Cholet dès le surlendemain de son arrivée à Saint-Florent; que l'armée qu'il venait de quitter s'y est rendue peu après, grossie des paroisses des environs ainsi que des habitans de Cholet; que cette armée, forte d'environ vingt mille hommes, se porta sur Châtillon et y surprit, sur environ midi, celle de Westermann.

A lui demandé quels étaient les chefs qui commandaient l'armée des brigands, lors de l'affaire de Châtillon?

A répondu que c'étaient Stofflet, Larochejacquelein, d'Autichamp et plusieurs autres.

A lui demandé si les chefs de l'armée catholique sont braves, et s'ils se mettent à la tête des troupes?

(1) Cathelineau, élu généralissime des armées catholiques et royales le 12 juin précédent, à Saumur.

A répondu que les trois dénommés ci-dessus sont les seuls qui s'y présentent; et que les autres s'éloignent et se tiennent toujours sur les derrières de l'armée, pour faire avancer leurs paysans.

A lui demandé combien l'armée catholique a fait de prisonniers à l'affaire de Châtillon?

A répondu environ huit cents, qui ont été conduits à Cholet et renfermés dans une église.

A lui demandé comment ils traitent les prisonniers?

A répondu qu'ils leur demandent d'abord s'ils veulent prendre parti parmi eux, qu'ensuite ils les abandonnent à la garde des paysans, qui leur font éprouver les plus mauvais traitemens. Qu'il arrive souvent que, faute d'avoir des subsistances pour eux-mêmes, ils laissent leurs prisonniers en manquer plusieurs jours de suite; mais que les patriotes et les gens humains, qui sont restés dans ces endroits, s'empressent de leur envoyer ce dont ils ont besoin, en pain, viande, soupe et comestibles rafraichissants.

A lui demandé s'ils gardent longtemps les prisonniers?

A répondu qu'ils en renvoyent de temps en temps, lorsque la demande leur en est faite par quelques habitants du pays ou par des gens de leurs armées, et qu'ils ne les renvoyent qu'après leur avoir coupé les cheveux; mais qu'il pense que le véritable motif est le défaut de subsistances.

A lui demandé si l'armée des rebelles qui a attaqué Westermann était forte en canons?

A répondu qu'il y en avait environ douze ou quatorze pièces.

A lui demandé si les chefs de l'armée des rebelles ont des magasins de blé?

A répondu qu'il ne leur en a jamais connu nulle part; mais que, quand ils en ont besoin, ils en font demander aux cultivateurs du pays qu'ils occupent, qui ne leur en refusent pas, sur des bons qu'ils leur donnent.

A lui demandé quels moyens employent les chefs de l'armée des rebelles pour la substanter lorsqu'elle se met en marche?

A répondu qu'ils ne calculaient que sur le temps qu'ils devaient mettre à terminer l'expédition qu'ils projetaient; que chacun des soldats emportait de chez lui du pain dans ses poches, ou en mettait au bout de sa pique ou hallebarde, et que le plus grand nombre enfilait un pain rond, de trois livres environ, et le portait en jacole comme l'on porte la giberne; qu'ils font suivre encore quelques voitures de pain et des bœufs, quand ils doivent séjourner en quelqu'endroit; qu'il leur arrive souvent d'être une journée sans manger faute de précautions.

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