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931779A

AUTOR, LENOX AND
TILDEN FOUNDATIONS

B

1938

L

Printed in France.

CLAUDE MÉNARD.

Les parens de M. Ménard sont issus d'une très noble famille de Bourgogne (1). Son père, Pierre Ménard, après avoir suivi quelque temps le barreau du parlement de Paris, fut pourvu de l'office de juge de la prévôté de Saumur, vacant par l'absence de M. Le Bœuf, qui s'étoit retiré en Angleterre, après la journée de la fête SaintBarthélemy, arrivée en 1572. Il avoit épousé Marie Vallier, veuve de feu M. Boileau, dont elle avoit un fils. C'étoit une digne et honnête femme d'Anjou. Après les cinq premières années de leur mariage, il en eut deux filles gemelles. Claude naquit le 7 décembre 1574. L'année suivante, ils eurent un second fils qui fut nommé Charles (2).

Les religionnaires ayant été rappelés en France, et rétablis dans leurs biens et dans leurs charges, M. Ménard quitta la ville de Saumur, et vint à Angers avec sa famille, où il acheta une charge de conseiller au présidial (3). Dans cette ville, il eut un troisième fils, nommé Denis, qui fut un parfait religieux; l'année d'après, un quatrième, nommé Nicolas, qui a été curé à Lyon. En 1588 arrivè

(1) D'après Audouys, Titres classés par familles, les Ménard, sieurs de la Pucelière, de la Barre, du Tertre et des Ruaux, portaient d'argent à une étoile d'or accompagnée de trois brins de spic de sinople, 2 et 1.

(2) Il fut conseiller du roi, et eut un fils, Nicolas M. sieur des Ruaux. Après la mort de sa femme, il se fit prêtre. Son décès eut lieu en 1648.

(3) Pierre Ménard du Tertre, ci-devant juge-prévôt à Saumur, office dont il avoit été pourvu par le roy, par la retraite d'un nommé Antoine Le Beuf, huguenot, qui, par l'édit de pacification, fut réhabilité dans son ancien office. Le roy, pour rembourser P. Ménard de l'office dont il se trouvoit exclu, créa pour lui un office de conseiller à ce siége (d'Angers), où il fut installé, nonobstant les oppositions que formèrent les officiers du présidial à sa réception dans cet office surnuméraire. Mss. Audouys. Cab. Grille, no 2820, f. 136.

rent en France les troubles de la Ligue, où chacun prit party. Claude fut envoyé avec ses frères chez les Jésuites à Paris, pour y faire leurs études. Ils y furent trois ans, pendant lesquels M. Ménard, leur père, qui étoit un des meilleurs catholiques de son temps et des plus attachés à la religion romaine, fut fait prisonnier dans la maison de justice de l'église d'Angers, en la cité, parce qu'il favorisoit la ligue (1), et ne vouloit pas reconnoître Henri IV pour roy, parce qu'il étoit hérétique. Outre les peines qu'il souffrit en prison, sa charge fut déclarée vacante. Il tomba malade. On le mit en liberté (2). Il se retira en une maison appelée le Bellay, proche le couvent des Loges, dépendant de Fontevraux, où il décéda très chrétiennement, en l'année 1592, et fut enterré en l'église d'Atonne.

Cependant sa veuve, se voyant chargée de deux filles et quatre garçons, après avoir souffert beaucoup d'ennuy et de pertes de biens pendant la captivité de son époux, par la faveur de ses amis, se fit restituer la charge de son mary, qui avoit été confisquée. Et en ayant obtenu des lettres de provision, à la charge d'en faire pourvoir un des siens, les deux aînés n'ayant pas l'âge prescrit par les ordonnances, elle maria Marie, sa fille aînée, à un jeune gentilhomme du Lymousin, nommé Gilles de Boussac (3), qui étoit venu étudier à Angers, parce qu'il y avoit deux oncles, l'un chanoine de la cathédrale, et l'autre religieux de Saint-Serge; et luy donna, avec sa fille, l'office de conseiller en mariage : d'où il sortit plusieurs enfants qui se sont tous distingués par leur science et par leur vertu, ainsy que nous verrons ailleurs.

Claude Ménard avoit l'esprit si bouché, dans ses humanités, qu'il n'y put presque apprendre ni grec ni latin, et n'avoit aucune ouverture pour la poésie. Mais depuis que son père fut mort, sa mère l'envoya à Thoulouse, où il s'appliqua si fort à l'étude des bons li

(1) Du Tertre-Ménard, conseiller, est en effet porté sur la liste des habitants d'Angers qui ont esté en prison fermée, suivant l'ordonnance du maréchal d'Aumont, en date du 15 avril 1589. V. Journal de Louvet.

(2) Le 27 avril 1590, honorable homme Pierre Ménard intervient dans un acte passé devant Math. Grudé, notaire à Angers, comme fondé de pouvoir de son frère H. H. Mre Vincent Ménard, sieur du Tertre et de l'Angevinière. Audouys, reg. 5.

(3) 8 juin 1592, en la paroisse de Saint-Maurille d'Angers, célébration du mariage de demoiselle Marie Ménard, fille de feu N. H. Mre Pierre Ménard, vivant sieur du Tertre, conseiller au présidial d'Angers, et de dame Marie Vallier, avec Mre Gilles de Boussac, écuyer, sieur de la Barre, avocat audit Angers.

Le 27 janvier 1598, par acte passé devant Bauldry, notaire à Angers, N. H. Mre Gilles de Boussac, conseiller au siége présidial, dudit Angers, et demoiselle Marie Ménard, sa femme, se font donation mutuelle de tous leurs biens. Ibid.

vres, qu'il devint un des plus savants hommes de son temps, surtout dans l'histoire ecclésiastique et profane, et dans la science des manuscrits; mais il savoit peu de chose dans le droit civil et dans la pratique du palais.

Etant revenu en Anjou, il épousa, âgé de vingt-quatre ans, le jour de la Saint-Pierre de l'année 1598, demoiselle Bertranne ou Bertrande Le Peletier (1), et se fit pourvoir de la charge de lieutenant de la prévôté d'Angers (2). Claude, qui avoit beaucoup de piété, se proposa de faire de sa famille une vraie maison de Dieu, par l'observance de sa loy et le règlement de sa vie, ayant toutes ses heures marquées pour l'oroison, l'étude et les exercices de piété. Dieu luy donna une fille l'année d'après son mariage. Il la fit nommer Marie sur les fonts de baptême, et composa, à l'honneur de la Sainte Vierge, une oroison très dévote pour la consacrer à Dieu, sous la protection de cette divine mère des vierges, la suppliant d'accepter cet enfant pour sa fille. Ses vœux furent exaucés, car à peine cutelle atteint l'âge de seize ans, qu'elle se fit religieuse au couvent des Bénédictines du Calvaire, dédié à la mère de Dieu, et y a été une très fervente religieuse.

Il pratiqua à la lettre cet avis de saint Paul qui dit qu'un chrétien doit se comporter avec sa femme comme s'il n'en avoit point, et user des biens de ce monde comme s'il n'en possédoit aucun, parce que le temps de la vie est fort court; c'est-à-dire que les soins de son ménage et l'administration de son bien ne l'empêchoient point de vaquer à l'unique affaire de son salut : se mettant beaucoup plus en peine d'augmenter dans son âme les biens de la grâce que ceux de la fortune; ses plus beaux meubles étant quelques tableaux de piété; ses divertissements les plus ordinaires l'étude de quelque livre ou la

(1) Fille de Mathurin Le Peletier, notaire royal à Angers, et de Françoise Ciquot ou Sicot. Elle était née le 3 mai 1577. V. Mairie d'Angers, état civil, la Trinité. Sa sœur Françoise épousa, le 9 janvier 1606, Charles Ménard, frère puîné de Claude. V. Audouys, 1. c. p. 2. Elles étaient sœurs de Laurent Le Peletier, moine ct prieur de Saint-Nicolas d'Angers, aussi renommé par sa piété que par sa science, qui a publié divers ouvrages très remarquables, et laissé un manuscrit non moins important, le second cartulaire de Saint-Nicolas, dont nous citons plus loin quelques passages.

(2) Le titre de cette charge était : Lieutenant au siége de la prévôté royale de la ville et quinte d'Angers. — Ménard ne s'en fit pourvoir qu'en 1604, en remplacement de François Lefebvre, écuyer, sieur de l'Aubrière, qui était passé, comme conseiller, au parlement de Bretagne, et il l'exerça jusqu'en 1610. Son successeur fut François Eveillard, conseiller du roi. (V.Bruneau de Tartifume, Phinandinop, p. 1090, et Audouys, no 2820, f. 167.)

Le 8 mai 1606, il se fit recevoir dans la Noble Confrairie des Bourgeois des Trois-Estatz de la ville d'Angers, à laquelle étaient affiliés les principaux magistrats et plusieurs de ses parents. Thorode, Notes.

composition de quelques ouvrages. Lorsqu'il alloit au palais ou en revenoit, il étoit toujours accompagné de pauvres, auxquels il distribuoit tout l'argent de ses poches; souvent même, il en empruntoit pour assister les plus nécessiteux dans leurs besoins. Sa maison étoit l'asile de tous les religieux, et il se plaisoit à loger. Outre l'aînée dont nous avons parlé, Dieu luy donna sept enfants, savoir: cinq filles et deux garçons. La première fut Jeanne, qui mourut en bas âge. La seconde fut Catherine, qui se rendit religieuse en l'abbaye de Nioyseau, où elle est morte en odeur de sainteté, le 16 juillet 1645. La troisième, appelée Anne (1), fut mariée à M. de Cherbé, seigneur d'Ardenne. Outre ces quatre filles, il eut tout à la fois deux garçons, dont l'aîné, nommé Pierre, se fit chartreux à Lyon (2). Il avoit été élevé auprès de son oncle paternel, curé de Saint-Nizier.Le second s'appela Charles, surnommé de la Roche (3), qui fut plus héritier des vertus de son père que de ses biens. La cinquième et dernière fut Claire, morte à l'âge de huit ans, ayant eu l'inclination de se faire aussi religieuse (4). Quelque temps

(1) 3 octobre 1621, devant Pierre Davy, notaire royal à Baugé, résidant à Corzé, contrat de mariage de Dlle Anne Ménard, fille de N. H. Claude Ménard, conseiller du roy, lieutenant civil et criminel au siége de la prévôté royale d'Angers, et de Dlle Bertrande Le Peletier, avec N. H. Jacques Descherbaye, écuyer, sieur d'Ardenne et de Mareac, gentilhomme ordinaire de la vénerie du roy, gouverneur pour S. M. dans la ville et citadelle de Noyon et vieil palais de Rouen, capitaine des gardes de Mgr le duc de Montbazon, fils aîné et principal héritier de Mre Gédéon Descherbaye, écuyer, sieur d'Ardenne, et de Dlle Claude d'Orvaulx. Audouys, Reg. 5.

(2 Le 20 novembre 1630, devant N. Chesneau, notaire royal à Angers, acte de donation faite par Mre Claude Ménard, sieur du Tertre, ancien lieutenant au siége royal de la prévoté dudit Angers, en faveur des Pères Chartreux de la ville de Lyon, de tous les droits qui peuvent lui appartenir comme héritier de Dom Pierre Ménard, son fils, religieux audit monastère, et de la succession de feu Mre Nicolas Ménard, conseiller aumonier du roy, sacristain de l'église de SaintNizier de Lyon, et vicaire général de Mgr l'illustriss. et révérend. cardinal archevêque de Lyon, primat des Gaules, etc., etc.; sous quelques réserves. Ibid.

(5) Ch. Ménard, écuyer, sieur de la Barre. Il épousa Dlle Marie Abot, avec laquelle il demeurait dans la maison seigneuriale dudit lieu de la Barre, paroisse de Varennes-sous-Montsoreau, lorsqu'elle lui donna, le 1er février 1653; pouvoir de prendre, à constitution de rente, onze ou douze mille livres, sous la garantie de Mre Descherbaye et de sa femme, oncle et tante dudit Ch. Ménard. Ibid. Il était aussi seigneur de Lugré, terre qu'il vendit, le 2 janvier 1660, à Pierre de Saint-Martin. Thorode, Notes.

(4) Dans son Angers, vol. 1, p. 369, Bruneau, sieur de Tartifume, s'exprime ainsi, à l'article de l'église de Saint-Maurille : « J'ay entré en une petite chapelie, au costé droict de la» quelle y a une lame de pierre blanche. Au hault d'icelle se void un petit tableau, où est dépeint un jeune enfant ayant le bras

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deux costez dudit tableau est ce chiffre

» Menardæ filiæ benemeritæ deliciis

gauche accoudé sur une teste de mort. Aux Au dessoubz est escript ce qui suit : Claræ suis Claudius pater, ex proprætor urbis, et

• Bertranda Peletaria, infelicissimi parentes, adflicti præ posteritate naturæ humanæ,

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