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Fig. 1.

Bataille des Pyramides (21 juillet 1798), d'après le tableau de Gros. (Musée de Versailles.)

ROGER PEYRE

1848-

L'EXPÉDITION

D'ÉGYPTE

OUVRAGE ORNÉ DE 48 GRAVURES

PARIS

LIBRAIRIE DE FIRMIN-DIDOT ET CIE

IMPRIMEURS DE L'INSTITUT, RUE JACOB, 56

1890

AMBOILIAC

P4

L'EXPÉDITION

D'ÉGYPTE.

CHAPITRE PREMIER.

LES CAUSES.

Pour bien comprendre le caractère et les résultats de l'expédition des Français en Égypte, à la fin du dix-huitième siècle, il importe de la considérer comme une des phases de cette question d'Orient qui occupe depuis si longtemps l'attention des hommes politiques de tous les pays.

Ce n'était pas la première fois que la France pensait à établir sa suprématie sur la vallée du Nil. Sans remonter jusqu'aux croisades, on sait qu'en 1672 le philosophe allemand Leibnitz avait engagé Louis XIV à tourner contre les musulmans du Nil les forces dont il menaçait la Hollande. Tout récemment, en 1777, avec M. de Sartines, alors ministre de la marine, et surtout en 1781, avec M. de Saint-Priest, ambassadeur à Constantinople, il avait été sérieusement question à Versailles de chercher en Égypte une compensation aux conquêtes de Catherine II en Pologne et du côté

L'EXPÉDITION D'Égypte.

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de la mer Noire; 'et de donner ainsi à la France une part importante dans le démembrement imminent de l'empire turc.

Ce projet devait se réaliser vingt ans plus tard. La Révolution avait d'abord amené la désorganisation complète de notre marine; mais, dès que les circonstances permirent à notre pays de reconstituer une flotte, des considérations de politique générale aussi bien que des compétitions de pouvoir, des passions diverses nées du patriotisme aussi bien que de l'intérêt, ramenèrent à la fois le gouvernement du Directoire et le jeune général qui fixait, entre tous, les regards du monde, à l'idée d'une expédition vers les bords du Nil.

Le traité de Campo-Formio avait été accueilli en France avec enthousiasme, et il avait fait autant pour la popularité de Bonaparte que ses victoires.

De toutes les puissances qui avaient pris les armes contre la République, l'Angleterre seule, grâce à sa situation géographique, avait pu échapper à l'obligation d'une paix humiliante. Elle restait toujours menaçante et pouvait d'autant mieux nous nuire impunément que nous ne savions plus où la frapper à notre tour; car nous ne pouvions plus l'atteindre sur le continent, puisqu'elle n'y avait plus ni troupes ni alliés. D'autre part, nous n'étions pas en état de lutter avec elle sur mer. Notre marine était dans une situation déplorable, non pas tant par le manque de vaisseaux que par l'absence de matelots et d'officiers. Les traités de la Haye (1795) avec la Hollande, de Saint-Ildefonse (1796) avec l'Espagne, nous avaient bien assuré le concours des flottes batave et espagnole; mais ces vaisseaux, bloqués dans leurs ports par les flottes anglaises, ne nous rendaient pas d'autre service que d'immobi

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